Les Africains sont, dans leur immense majorité, restés sourds à la controverse entretenue médiatiquement autour de l’usage de l’hydroxychloroquine et pour cause ! Ne dit-on pas que l’on ne change pas une équipe qui gagne ? Pleinement satisfaits des résultats obtenus sur le terrain grâce à l’hydroxychloroquine, ils ne sont pas près de changer et de s’en priver, d’autant que le coût du traitement est très bas et que les effets secondaires sont inexistants. Hormis les Tunisiens, ils refusent également de donner suite aux directives de l’OMS prises à la suite de la publication d’une étude rétrospective qualifiée de « foireuse » par le professeur Didier Raoult et parue dans la revue médicale « The Lancet ». Quoiqu’il en soit, l’épidémie est en voie d’extinction et l’on se demande à juste titre à quoi pourraient être utiles la directive de l’OMS et la décision du gouvernement français puisqu’il n’y a quasiment plus de malades. Malgré la publication récente d’études concluant à l’inefficacité, voire à la nocivité de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine face au Covid, des pays persistent.
Malgré la publication récente d’unenouvelle étude dans « The Lancet » concluant à une utilisation inefficace, voire néfaste, de la chloroquine ou de lâ™hydroxychloroquine, et malgré la décision de lâ™Organisation mondiale de la santé (OMS) de suspendre les essais cliniques à ce sujet, des pays persistent. à rebours de la France, qui a annoncé mercredi 27 mai quâ™elle nâ™autorisait plus ce type de traitements, le Sénégal, le Tchad, lâ™Algérie et le Maroc font pour lâ™heure un choix différent. Et le Gabon, lui, sâ™interroge. Le Sénégal
Le Sénégal, inspiré par le professeur français Didier Raoult, a rapidement fait le choix de généraliser la prescription de lâ™hydroxychloroquine en milieu hospitalier. « Le traitement avec lâ™hydroxychloroquine va continuer au Sénégal, lâ™Ã©quipe du professeur Seydi maintient son protocole thérapeutique », a écrit à lâ™AFP le Dr Abdoulaye Bousso, directeur du Centre des opérations dâ™urgences sanitaires.
Le professeur Moussa Seydi, infectiologue qui coordonne la prise en charge des contaminés, a également répondu par lâ™affirmative aux questions de lâ™AFP à ce propos. Il invoque une réduction plus rapide de la charge virale chez le malade traité avec lâ™hydroxychloroquine et une bonne tolérance au médicament. Il souligne quâ™elle nâ™est administrée quâ™en milieu hospitalier avec lâ™accord du patient et accompagnée dâ™un électrocardiogramme. Le Tchad
Le Tchad maintient aussi « pour le moment » le protocole consistant à donner aux malades du Covid-19 de la chloroquine associée à lâ™antibiotique azithromycine, a déclaré le professeur Ali Moussa, chargé de la prise en charge de la pathologie.
« Nous constatons quâ™il y a beaucoup de débats autour de cette question, mais en attendant des recherches approfondies avec des résultats probants, nous continuons notre protocole », déclare-t-il. Lâ™Algérie
Lâ™Algérie ne renoncera pas non plus à lâ™utilisation controversée de lâ™hydroxychloroquine dans le traitement contre le coronavirus. « Nous avons traité des milliers de cas avec ce médicament avec beaucoup de succès à ce jour. Et nous nâ™avons pas noté de réactions indésirables », a déclaré à lâ™AFP le docteur Mohamed Bekkat, membre du Comité scientifique de suivi de lâ™Ã©volution de la pandémie de Covid-19 en Algérie. « Nous nâ™avons enregistré aucun décès lié à lâ™utilisation de (lâ™hydroxy)chloroquine », a précisé le médecin, également président du Conseil de lâ™ordre des médecins algériens.
Lâ™Algérie avait décidé fin mars de soigner les patients atteints du nouveau coronavirus avec un double traitement dâ™hydroxychloroquine et dâ™azithromycine, un antibiotique. « Pour les cas confirmés, nous utilisons lâ™hydroxychloroquine et de lâ™azithromycine. Ensuite il y a tout un protocole pour les cas graves », a confirmé lundi à lâ™AFP un responsable du ministère de la Santé.
Pour le docteur Bekkat, lâ™Ã©tude publiée par « The Lancet » « prête à confusion » car elle « semble concerner des cas graves pour lesquels lâ™hydroxychloroquine nâ™est dâ™aucun secours ». « Il y a lieu de constater que lâ™utilisation de lâ™(hydroxy)chloroquine par des pays arabes et africains sâ™est révélée efficace quand elle est utilisée précocement », a-t-il expliqué. Le Maroc
Le Maroc a une position semblable. « Les avis divergent. Mais lâ™essentiel est que la chloroquine intervient dans lâ™inactivation virale », a confié au quotidien « Lâ™Ã‰conomiste » le ministre de la Santé Khalid Aït Taleb. Selon le responsable, « le virus infecte lâ™hôte en sâ™introduisant dans la cellule en plusieurs étapes. Une des étapes est inhibée par la chloroquine ». Sur les 7 556 cas de Covid-19 recensés au Maroc, 4 841 sont guéris en suivant le protocole à la chloroquine, et les autres sont en cours de traitement, précise-t-il. Le Brésil
Très touché par lâ™Ã©pidémie, le Brésil a lui aussi annoncé, via le ministère de la Santé, quâ™il maintiendrait sa recommandation dâ™utiliser lâ™hydroxychloroquine pour traiter le virus. « Nous restons très calmes et sereins, et il nâ™y aura aucune modification » dans nos consignes, a déclaré lundi Mayra Pinheiro, secrétaire à la gestion du travail et à lâ™Ã©ducation sanitaire, lors dâ™une conférence de presse à Brasilia.
Sous la pression du président Jair Bolsonaro, le ministère de la Santé du Brésil a publié la semaine dernière un document qui étendait les recommandations dâ™utilisation de la chloroquine et de lâ™hydroxychloroquine y compris aux cas bénins de Covid-19 malgré le manque de preuves concluantes de son efficacité. Le Gabon sâ™interroge
Au Gabon, le ministre de la Santé, Max Limoukou, a convoqué ce jeudi une réunion dâ™experts et de responsables afin de décider si les médecins doivent continuer ou non dâ™administrer aux malades hospitalisés de lâ™hydroxychloroquine associée à lâ™azythromicine, comme ils le font depuis avril, a déclaré le conseiller en communication du ministère, Lionel Ndong Eyeghe. Photo dâ™illustration : une boîte dâ™hydroxychloroquine. (GEORGE FREY / AFP)
Lâ™Obs 28 mai 2020
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