Macron, ou la victoire de l'héritier de Hollande et Sarkozy
Hier, la France a élu l'ancien conseiller et ministre de François Hollande à la présidence de la République, malgré le bilan désastreux de ce quinquennat. Mais, aussi large qu'ait été le score, il ne faut pas oublier que plus de 25% de la population s'est abstenue, plus de 4 millions des votants (11,5%) ont choisi le vote blanc ou nul, Emmanuel Macron rassemblant finalement 43,6% des inscrits.
Président et première opposante par défaut
Il ne faut sans doute pas s'arrêter aux plus de 66% des suffrages exprimés réalisés par le nouveau président. D'abord, en réalité il a réuni 58,4% des votants, contre 30% à Marine Le Pen, avec 11,5% de votes blanc et nul si on comptait ces derniers, comme le proposaient plusieurs candidats. En outre, il ne faut pas oublier non plus que Macron avait moins rassemblé au premier tour que Sarkozy et Royal en 2007, ou que Hollande et Sarkozy en 2012, alors qu'il avait pourtant un large espace politique entre Hamon et Fillon. Bref, il n'y a pas d'enthousiasme, si ce n'est chez ses militants : Macron sera avant tout un président par défaut, qui profite de l'effondrement des partis traditionnels.
Et finalement, qui mieux que lui pour rassembler du PS aux Républicains, en passant par le Modem ? Après tout, comme conseiller puis ministre du président sortant, il porte une lourde responsabilité dans le mauvais bilan du quinquennat Hollande, dont il propose uniquement de poursuivre la droitisation économique des dernières années, poussant l'agenda politique qu'il avait construit dans la commission Attali commandée par Sarkozy. Et s'il doit son ascension politique à l'actuel locataure de l'Elysée, sa stratégie doit beaucoup à son prédécesseur, qui avait déjà réussi, en 2007, à permettre la réélection de sa majorité en marquant fortement sa différence, appelant alors à une rupture avec le passé.
Mais outre un président par défaut, hier soir, nous avons aussi gagné une opposante par défaut. Le score de Marine Le Pen est mauvais. Celle qui était au-delà des 25% dans les sondages de premier tour, a réuni à peine 30% des votants au second tour. Bien sûr, les frontistes pourront toujours se rassurer en se comparant aux 18% de Jean-Marie Le Pen au second tour de 2002, ou en se référant aux 10,6 millions de voix rassemblées, tout en expliquant que, promue première opposante, elle pourra gagner dans cinq ans. Sauf que son socre révèle la persistance d'un fort et bas plafond de verre, que sa prestation désastreuse lors du débat d'entre deux tours a probablement consolidé.
Avec seulement 21% des voix au premier tour, à peine 3 points de plus qu'en 2012, dans un contexte ultra-favorable (une gauche discréditée après 5 ans de pouvoir, et une droite qui s'était choisie un candidat au programme économique extrémiste, empétré dans les affaires), puis 30% des votants au second tour, le FN a de nouveau démontré qu'il est l'idiot utile du système, le parti qui permet finalement l'élection des sortants, et non le renouveau nécessaire de notre vie politique. Il y a fort à parier que ce vieux parti, né il y a 45 ans, ne parviendra jamais au pouvoir, sauf comme roue de secours d'un autre, comme le PCF avant lui. C'est lui qui permet l'incroyable élection de l'ancien conseiller d'Hollande.
Macron pourra chaleureusement remercier le président sortant lors de la passation, car s'il doit son élection à sa rupture, il la doit également à la stratégie de droitisation de Hollande, qui devait lui donner un espace politique pour essayer de se faire réélire en 2017, en réduisant l'espace politique de l'opposition de droite. Ce faisant, Hollande a créé des circonstances favorables à l'élection de son héritier.
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