Immigration, élites, et sentiment populaire
L'immigration est un, si ce n'est le sujet politique clés des deux scrutins majeurs de l'an dernier : le vote de la Grande-Bretagne pour quitter l'Union Européenne et l'élection de Donald Trump comme président des Etats-Unis. Certains y verront le succès d'une démagogie tendance xénophobe. Mais de récents graphiques de The Economist indiquent que les électeurs avaient de bonnes raisons.
Et si les électeurs avaient raison ?
Encore une fois, The Economist démontre une incroyable capacité à donner des munitions à ses opposants. Le graphique sur les statistiques de migrations en Grande-Bretagne est frappant : dans les années 70 et 80, le solde annuel est proche de zéro, avec environ deux cent mille entrées et sorties. Mais au début des années 90, les chiffres s'emballent, avec régulièrement six cent mille entrées par et un solde net autour de deux cent mille, et plus de trois cent mille sur les dernières années. Bref, les électeurs n'ont pas révé la forte augmentation de l'arrivée de migrants. Et avec les problèmes de terrorisme ou de communautarisme islamiste, n'est-il pas logique qu'ils aient souhaité fortement appuyer sur le frein ?
Idem pour les Etats-Unis, où, entre 1990 et 2015, un million de personnes par sont devenus des résidents légaux, un doublement du rythme de la période précédente. Et dans le même temps, The Economist montre que le sort de la classe populaire blanche ne cesse de se dégrader, davantage victime du chômage, après avoir montre que l'afflux de migrants pèse sur les salaires. N'est-il pas alors légitime que l'électorat se porte sur un candidat qui propose de construire un mur tout au long de la frontière ? Quand les politiques laissent passer tous ceux qui le souhaitent, le retour de bâton n'est-il pas logique ?
A noter que même si l'immigration a un coût en France, et qu'il convient de viser un solde net proche de zéro dans une période de fort chômage et de tensions communautaristes pour permettre l'assimilation, il faut noter qu'il y a trois fois moins de migrants qui viennent chez nous qu'en Grande-Bretagne, relativisant les inutiles et volontiers xénophobes mensonges des dirigeants du FN.
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