Glyphosate : l'UE, soutien intéressé de Monsanto
Merci à Natacha Polony de nous avoir alerté sur ce sujet. Dans le mauvais feuilleton de l'autorisation des créations de Monsanto, alors que l'Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA) doit se prononcer sur la toxicité du glyphosate, le principe actif du Roundup, le pesticide le plus utilisé dans le monde, des ONG ont dénoncé les conflits d'intérêts patents qui remttent en cause son impartialité.
Leurs intérêts avant notre santé
Ici, il faut remercier le Monde de nous informer d'une manière assez objective, présentant les arguments des deux parties. Le 6 mars, une soixantaine d'ONG et d'associations, dont Greenpeace, ont affirmé que « nous sommes préoccupés par le fait que plusieurs membres, ainsi que le président, du comité d'évaluation des risques de l'ECHA apparaissent avoir des conflits d'intérêts ». En cause, un expert qui défendait les dossiers des industriels devant l'ECHA et le président de l'Agence, qui a travaillé pendant vingt ans, et jusqu'à la veille de sa nomination, comme consultant pour l'industrie chimique. Pas de problème pour l'Agence, les deux experts pointés n'étant ni rapporteur ni réviseur sur la question.
Mais ce n'est pas tout. Les ONG reprochent également à l'ECHA de se baser sur des études fournies par les industriels, et non publiées. Pour Greenpeace, « il faut mettre fin à l'utilisation des études non publiées qui viennent de l'industrie, afin que les décisions des agences européennes puissent être vérifiées indépendamment ». Il faut noter que l'agence de l'OMS qui l'avait jugé « cancérogène probable » en 2015, s'était appuyée uniquement sur des études publiées dans la littérature scientifique, quand l'avis contradictoire de l'autorité européenne de sécurité des aliments, puis du groupe joint d'experts de l'OMS et de la FAO en 2016 s'étaient tous les deux principalement fondés sur des études industrielles non publiques, fournies par le secteur, sans possibilité d'étude par des tiers.
Bref, entre des études rendues publiques qui en soulignent le danger, et l'avis d'experts en position de possibles conflits d'intérêts sur la foi d'études qu'ils refusent de communiquer, le choix ne devrait pas être difficile à faire. Malheureusement, dans ce maelstrom institutionnel et juridique européen mélé à des traités qui permettent à des cigarettiers de poursuivre des Etats qui agissent pour défendre la santé des citoyens, les intérêts des multinationales, aussi dangereux soient-ils, sont bien protégés. Nos dirigeants se sont placés dans une situation où ils peuvent attribuer leur inaction au cadre qu'ils ont construit, tout en exhibant leurs votes contre les OGM de Monsanto au sein de l'UE.
Mais cela est trop facile. Pourquoi donc un pays ne pourrait-il pas choisir librement et indépendamment de prendre des mesures contre un produit qu'il estime dangereux ? Pourquoi faudrait-il attendre si longtemps l'avis opaque et pas vraiment indépendant d'experts pour agir ? Il y a urgence à changer notre manière de faire dans le domaine. D'abord, reprendre en main la protection de notre santé au niveau national et rendre à nouveau nos dirigeants responsables des règles en vigueur en France. Ensuite, imposer la transparence dans l'évaluation de la dangerosité des produits, pour permettre des avis contradictoires. L'opacité des avis favorables au glyphosate est extraordinairement suspecte.
L'ECHA doit se prononcer dans les jours qui viennent sur l'autorisation du glyphosate. Malheureusement, encore une fois, nous ne pourrons pas vraiment avoir confiance en ces experts. « Circus Politicus » avait bien montré les conflits d'intérêts à l'échelle européenne, qui existent aussi aux Etats-Unis, avec le récent scandale sur un rapport de l'Académie des Sciences américaine sur les OGM…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire