En 2012, la CIA a espionné l'élection présidentielle en France
Dans un document obtenu par Wikileaks et publié par Libération, Mediapart et la Repubblica en Italie, on apprend que l'agence de renseignements américaine a surveillé de très près les principaux candidats en 2012.
Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, François Hollande, mais aussi Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn : tous étaient sous surveillance de la CIA avant l'élection présidentielle de 2012. C'est ce que dévoile un document révélé par Wikileaks et publié par Libération, Mediapart et la Repubblica.
Daté du 17 novembre 2011, le document a tout d'un ordre de mission d'espionnage. La CIA commence par indiquer le contexte de l'époque et la justification d'une telle demande de renseignements.
Ainsi, les analystes de la CIA "surveilleront de près l'élection présidentielle" de 2012, après avoir "regardé de près la primaire socialiste" de 2011 apprend-on dans cette partie introductive. On y voit également la liste des partis et personnalités politiques dignes d'intérêt pour la CIA : le PS, le FN, l'UMP, Dominique Strauss-Kahn, Nicolas Sarkozy, Martine Aubry, François Hollande et Marine Le Pen.
Financement et stratégie des partis d'opposition
L'agence de renseignements anticipait déjà, en novembre 2011, une défaite du parti au pouvoir. L'UMP "n'est pas assuré de gagner l'élection présidentielle", peut-on lire dans le document. Voilà pourquoi la CIA a réclamé de plus amples informations sur les différents partis.
Dans la partie consacrée à ces partis d'opposition, on apprend que la CIA veut connaître "les plans et stratégies des partis", mais aussi leurs "principales sources de financement" pour la campagne, les vues économiques des partis, les relations ("soutien ou opposition") entre les différents partis ou encore les éventuels liens entre les candidats et des élites économiques.
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Sur le plan international, la CIA s'intéresse évidemment à l'opinion des formations politiques vis-à-vis des Etats-Unis. Elle veut également savoir si des efforts ont été consentis par les leaders "pour entrer en contact avec d'autres pays" dont l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Libye, Israël, la Palestine, la Syrie et la Côte d'Ivoire. Enfin, elle veut connaître la position des partis quant à la crise de la dette grecque et quant au couple franco-allemand.
Sarkozy et l'UMP au centre des interrogations
"Comment Sarkozy et ses conseillers interagissent" ; quel est "le niveau de confiance qu'a Sarkozy dans sa capacité à gagner l'élection": voilà deux des interrogations de la CIA quant au président en exercice de l'époque. La CIA cherchait à anticiper une défaite de Nicolas Sarkozy et s'intéressait aux deux finalistes de la primaire socialiste : le victorieux François Hollande et la défaite Martine Aubry.
Les analystes américains cherchaient également à savoir si le favori socialiste déchu Dominique Strauss-Kahn influait l'élection de quelque manière que ce soit.
Dans les rangs même de l'UMP, le renseignement américain scrutait "tout schismes ou alliances qui se développent parmi l'élite de l'UMP, et les raisons de tels événements". Pour cela, la CIA voulait savoir ce que les dirigeants de l'UMP pensaient de Nicolas Sarkozy et leurs "réactions privées aux initiatives politiques et à la stratégie électorale de Sarkozy".
Pas d'amis
Comment la CIA pouvait donc connaître ces "réactions privées" ? En mettant sur écoute les leaders de l'UMP ? Les révélations de Wikileaks ne le disent pas. Si les ordres de mission sont dévoilés, aucune information n'est divulguée sur les renseignements précis ensuite obtenus par la CIA ou sur les moyens utilisés pour les obtenir.
Contactés par Libération, ni la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ni le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), qui dépend de Matignon, n'a voulu réagir aux révélations.
Cette nouvelle affaire d'espionnage en rappelle une autre datant également de 2012, quand des ordinateurs de l'Elysée avaient été piratés par la NSA. Elle rappelle aussi, qu'à l'heure où la Russie est régulièrement accusée d'espionnage ou d'interférer dans la campagne présidentielle française, aucun pays n'est véritablement ami en matière d'intelligence extérieure.
Sensibilités
Ces renseignements de Wikileaks n'étaient pas censés être dévoilés aux yeux des non-Américains. C'est ce qu'indique la classification du document: "SECRET//NOFORN". NOFORN signifie "no foreign nationals", donc interdit aux ressortissants étrangers. Le document précise que les exigences de la CIA, visant un pays "ami", sont en effet de nature à toucher les "sensibilités" de la France.
Néanmoins, la CIA a transmis des versions alternatives du document à l'Australie, au Canada, à la Grande-Bretagne et à la Nouvelle-Zélande, pays qui forment avec les Etats-Unis l'alliance de services secrets appelé Five Eyes, Cinq Yeux.
Source : L'Express.fr
Informations complémentaires :
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