L'investiture de Donald Trump : une déclaration de guerre à la démocratie en 10 bombes, par Olivier Picard
Du lourd…
Source : Le Plus Nouvel Obs, Olivier Picard, Olivier Picard Chroniqueur politique, 22-01-2017
LE PLUS. L'impossible s'est donc réalisé avec l'entrée, vendredi, de Donald Trump à la Maison Blanche. Pour Olivier Picard, la cérémonie d'investiture a confirmé les pires craintes qu'il suscite chez les démocrates du monde entier. En quelques heures, au moins dix gestes révélateurs ont mis en évidence le visage autocrate du 45e président des États-Unis.
OB : Parler d’autocratie aux États-Unis, comment dire…
Ce fut donc pire que tout ce que les démocrates du monde entier avaient redouté. Avec ses tribunes désertées, l'atmosphère sinistre qui a caractérisé la parade d'investiture de Donald Trump a eu des airs d'enterrement. À juste titre : c'est un fossoyeur de leur démocratie que les Américains ont fait entrer le 20 janvier à la Maison Blanche.
À peine avait-il prononcé le serment de protéger la Constitution des États-Unis que le nouveau président a commencé à la traîner dans la boue à la façon d'un apprenti dictateur.
Une agression délibérée qu'une collection d'instantanés a résumée en quelques heures seulement…
1. Une entrée en scène désinvolte
Il est arrivé sur la terrasse du Capitole manteau et veste non boutonnés, cravate rouge criard mal ajustée, le pas lourd, volontairement sans discipline, tenant vulgairement la rampe de l'escalier qui le menait pourtant au pouvoir suprême… Une façon de dire au Congrès le peu de cas qu'il fait de son univers, de ses règles, de sa dignité.
2. Un visage mussolinien
OB : Celui-là est mon préféré…
La gravité du moment n'a jamais empêché tous ses prédécesseurs d'afficher le bonheur de vivre un instant exceptionnel du temps démocratique américain.
Lui n'a fait aucun effort pour éclairer un peu sa mine renfrognée. Sans doute voulait-il, à la façon des autocrates fascistes, renvoyer le visage d'un homme dur qui n'hésitera pas à se montrer brutal pour appliquer ses idées et faire respecter le nouvel ordre trumpien.
3. De glaçantes insultes en direct
Qu'on se le dise : le héros du jour n'est pas du genre magnanime. Le simple respect d'une politesse démocratique aurait dû lui dicter des paroles rassembleuses. Au lieu de cela, ce sont des mots dépeignant un pays ravagés par ses élites politiques qui sont tombés de ses lèvres. Une insulte à l'histoire de son pays et à l'héritage des pères fondateurs de l'Amérique.
OB : c’est à se demander pourquoi il a gagné…
Sans pitié, Trump s'est mué en procureur du système démocratique devant la crème de ses représentants qui – eux – ont eu la courtoisie de l'applaudir… fut-ce en restreignant au minimum cet hommage.
OB : il est vrai qu’il est dur de ne pas changer de discours après avoir été élu…
4. Une gifle aux représentants du peuple
En promettant au peuple de lui “rendre le pouvoir”, il a sous-entendu que ce dernier lui avait été confisqué par les élites de Washington… massées dans les tribunes à ses côtés. C'est très clair, il veut court-circuiter la démocratie représentative en imposant un mode de démocratie directe.
La démocratie directe aux États-Unis ???????????????????? WTF ?
Même Jean-Marie Le Pen, qui s'est toujours dit respectueux du parlementarisme (il me l'a souvent répété), n'est jamais allé aussi loin ! Quant à Mitterrand, qui avait invoqué, lui aussi, l'idée de “rendre le pouvoir au peuple”, c'était un parlementaire définitif qui se méfiait comme de la peste de la tyrannie des pulsions populaires.
Si quelqu’un a compris…
5. America First, nouvelle religion d'État. Un avertissement aux hérétiques ?
America First, répété deux fois, sera la nouvelle religion d'État qui se substituera aux principes de l'Amérique.
OB : phrase qui démontre une bien belle connaissance de l’Amérique…
Certes, les États-Unis ont déjà connu des périodes isolationnistes mais, cette fois, c'est un isolationnisme de combat qui est prêché.
OB : j’imagine que quand les États-Unis nous ont laissé tomber en 1914 et 1940 (ce que je ne leur reproche pas), c’était un isolationnisme de paix…
Le reste est lourdement suggéré : ceux qui ne s'y convertiront pas au nouveau culte patriotique seront de mauvais Américains coupables de vendre le pays aux intérêts étranger. Une trahison ?
6. Le poing levé, un signal de force
Le pouce levé pour saluer la foule était déjà limite. Le poing levé pour conclure le discours a, lui, volontairement dépassé les bornes. On sait à quel point les dictateurs jouent avec ce genre de symbole de brutalité pour ancrer dans l'imaginaire du peuple une image de puissance.
OB : Oui, c’est vrai, là j’avoue
7. L'ennui affiché au déjeuner du Capitole
Le nouveau président n'a que faire de la respectabilité offerte par sa fonction et par les honorables parlementaires qui, comme le veut la tradition, l'ont accueilli pour un déjeuner solennel. Lui a donné de bout en bout l'impression d'attendre que ce moment pénible se termine.
Et s'il a fait applaudir les Clinton, c'était pour mieux les réduire à des accessoires de son propre triomphe. Comme s'il cherchait à les compromettre, ou en tout cas, à les récupérer comme des adversaires appartenant définitivement au passé.
OB : alors que c’est l’avenir !
8. Une parade de la force
Il s'en est fallu de peu pour que les engins lances-missiles ne soient de la fête, comme sur le traditionnel défilé de la place Rouge le 1er mai. Bien sûr, il y a eu les pom-pom girls habituelles, mais l'ensemble de la cérémonie, glaciale, a été beaucoup plus martiale qu'à l'ordinaire. Ce n'était pas un hasard, mais une volonté personnelle du nouveau président pour marquer le style sécuritaire et la brutalité à laquelle il n'hésitera pas à recourir.
9. Une censure immédiate à la Maison Blanche
Avant même que le président ne s'installe dans le bureau ovale (dont il a remplacé les sobres rideaux pour un tissu doré prétentieux), le site de la présidence a été refondu. L'onglet réchauffement climatique a été remplacé, par le projet énergétique. Ceux des droits des femmes et des droits civiques ont purement et simplement disparu.
10. Des décisions autocratiques
Le décret autorisant la reprise des forages des hydrocarbures de schiste, grande attente des compagnies pétrolières, a été immédiatement signé et le retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique acté dans l'instant sans aucune consultation préalable du Congrès.
OB : c’est bien connu, en France le gouvernement consulte le Parlement avant de rédiger ses décrets…
Trump veut “rendre le pouvoir au peuple, mais commence par se l'accaparer personnellement. On connait par cœur ce scénario sinistre. Les réseaux sociaux s'en émeuvent, mais trop de journalistes continuent de relativiser ce glissement inédit. “Le Figaro Magazine” se demande si, après tout, il ne fera pas le job…
OB : quelle honte cette masse de 2 journalistes qui ne rentrent pas dans le rang…
Trump n'est pas Reagan et il est capable d'être bien pire que le sénateur Mc Carthy, champion de la chasse aux sorcières dans les années 1950.
OB : c’est bien de citer Mc Carthy en ce moment… Merci
Il faut désormais être lucides : c'est bien un homme d'extrême droite qui a pris le pouvoir dans les urnes le 8 novembre dernier et qui fera tout pour le conserver.
OB : Merde, comme en Ukraine et Israël ?
La démocratie américaine, fragilisée, ne le digèrera pas si facilement.
Source : Le Plus Nouvel Obs, Olivier Picard, 22-01-2017
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Deux Unes de l’Obs : à savourer…
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Voici le discours de Trump :
On se souviendra du 20 janvier 2017 comme de la date à laquelle le peuple aura retrouvé le pouvoir dans cette nation
Le président Trump prononcé son discours après avoir prêté serment, le 20 janvier.
Le président – Monsieur le Président de la Cour suprême Roberts, Monsieur le Président Carter, Monsieur le Président Clinton, Monsieur le Président Bush, Monsieur le Président Obama, mes chers concitoyens et habitants du monde entier, merci. (Applaudissements)
Nous, citoyens d'Amérique, participons maintenant à un grand effort national pour reconstruire notre pays et rétablir sa promesse envers tous ses habitants. Ensemble, nous allons déterminer l'avenir de notre pays et celui du monde pour de nombreuses années à venir. Nous aurons des défis à relever. Nous aurons des difficultés à surmonter. Mais nous ferons ce qu'il faut pour réussir.
Tous les quatre ans, nous nous rassemblons sur ces marches pour effectuer une passation méthodique et pacifique des pouvoirs. Et nous sommes reconnaissants au président Obama et à la Première dame Michelle Obama de leur bienveillance tout au long de cette transition. Ils ont été magnifiques. Merci à eux. (Applaudissements)
Mais la cérémonie d'aujourd'hui revêt un sens très particulier. Parce qu'aujourd'hui, il ne s'agit pas d'une simple passation de pouvoir entre deux gouvernements ou entre deux partis. Il s'agit d'une passation du pouvoir qui part de Washington et qui vous est rendu à vous, le peuple.
Pendant trop longtemps, une petite élite dans la capitale de notre pays a tiré profit du gouvernement au détriment du peuple. Washington a prospéré mais le peuple n'en a pas profité. Les politiciens ont prospéré mais les emplois ont disparu. Et les usines ont fermé leurs portes. Les membres de l'establishment se sont protégés mais ils n'ont pas protégé les citoyens de ce pays. Leurs victoires n'ont pas été les vôtres. Leurs triomphes n'ont pas été les vôtres. Et pendant qu'ils les célébraient dans notre capitale, les familles en difficulté partout à travers le pays avaient peu de raisons de se réjouir.
Tout cela va changer, ici, et maintenant. Car ce moment est votre moment. Il vous appartient. (Applaudissements) Ce moment appartient à tous ceux réunis ici et à tous ceux qui nous suivent à travers l'Amérique.
Ceci est votre jour. Ceci est votre célébration. Et ces États-Unis d'Amérique sont votre pays. Ce qui compte vraiment, ce n'est pas de savoir quel parti est au pouvoir ; l'important, c'est de savoir si le gouvernement est aux mains du peuple. On se souviendra du 20 janvier 2017 comme de la date à laquelle le peuple aura retrouvé le pouvoir dans cette nation. Les laissés pour compte de notre pays ne seront plus laissés pour compte. Tout le monde vous écoute. Vous êtes venus par dizaines de millions pour participer à ce mouvement historique, un mouvement comme le monde n'en avait encore jamais connu.
Au cœur de ce mouvement réside une conviction profonde – à savoir que la nation existe pour servir ses citoyens. Les Américains veulent de bonnes écoles pour leurs enfants, des voisinages où règne la sécurité pour leur famille, de bons emplois pour eux-mêmes. Ce sont là des revendications justes et raisonnables, celles de gens vertueux et d'un public vertueux.
Mais trop de nos concitoyens sont confrontés à une réalité entièrement différente. Des mères et leurs enfants pris au piège de la pauvreté dans nos quartiers défavorisés, des usines délabrées dispersées à travers notre pays comme des tombes dans un cimetière, un système scolaire riche, mais qui n'enseigne rien à notre belle jeunesse. Et la criminalité, les gangs et la drogue qui ont dérobé trop de vies et ont privé notre pays de tant de son potentiel. Ce carnage américain s'arrête ici et maintenant.
Nous formons une seule nation, et leur souffrance est la nôtre. Leurs rêves sont les nôtres, et leurs succès seront les nôtres. Nous avons un cœur, un foyer et une glorieuse destinée en commun.
Le serment que j'ai prêté aujourd'hui est un serment d'allégeance à tous les Américains.
Pendant de nombreuses décennies, nous avons enrichi des industries étrangères aux dépens de la nôtre, subventionné les armées d'autres pays alors que nous assistons à la déperdition de la nôtre. Nous avons défendu les frontières d'autres pays tout en refusant de protéger les nôtres. (Applaudissements) Et nous avons dépensé des milliers de milliards de dollars à l'étranger alors que l'infrastructure américaine est tombée dans le délabrement et le déclin.
Nous avons enrichi d'autres pays tandis que la richesse, la force et l'assurance de notre pays se sont dissipées au fil du temps. L'une après l'autre, nos usines ont fermé et ont quitté nos rives, sans même une pensée pour les millions et millions de travailleurs américains laissés pour compte. La richesse de notre classe moyenne a été arrachée de nos foyers pour être redistribuée dans le monde entier. Mais c'est le passé et nous nous tournons maintenant vers l'avenir. (Applaudissements)
Nous qui sommes réunis ici aujourd'hui prenons un nouveau décret qui sera entendu dans toutes les villes, toutes les capitales étrangères et tous les centres du pouvoir. À partir d'aujourd'hui, une nouvelle vision gouvernera notre nation. À partir d'aujourd'hui, ce sera strictement l'Amérique d'abord – l'Amérique d'abord. (Applaudissements) Toutes les décisions sur les échanges, la fiscalité, l'immigration, les affaires étrangères seront prises pour bénéficier aux travailleurs américains et aux familles américaines. Nous devons protéger nos frontières des ravages que font d'autres pays quand ils fabriquent nos produits, volent nos entreprises et détruisent nos emplois. (Applaudissements)
La protection aboutira à la prospérité et à la force. Je me battrai pour vous avec chaque souffle en moi. Et jamais, jamais, je ne vous décevrai. (Applaudissements) L'Amérique sera de nouveau gagnante, plus encore qu'autrefois. (Applaudissements)
Nous ramènerons l'emploi. Nous rétablirons nos frontières. Nous rétablirons notre prospérité et nous rétablirons nos rêves. (Applaudissements)
Nous construirons de nouvelles routes et autoroutes, et des ponts, et des aéroports, et des tunnels et des voies de chemin de fer à travers notre magnifique nation.
Nous libérerons les gens de l'aide sociale et nous les remettrons au travail pour reconstruire notre pays avec une main-d'œuvre américaine et un labeur américain. (Applaudissements)
Nous respecterons deux règles très simples – acheter américain et embaucher américain. (Applaudissements)
Nous chercherons l'amitié et la bonne volonté auprès des nations du monde.
Mais nous le ferons en sachant que toute nation a le droit de mettre ses propres intérêts en avant. Nous cherchons non pas à imposer notre mode de vie sur les autres, mais à le faire rayonner par l'exemple. Nous rayonnerons par l'exemple. (Applaudissements)
Nous renforcerons les alliances existantes et en forgerons de nouvelles. Et nous unirons le monde civilisé contre le terrorisme islamiste radical, que nous éradiquerons entièrement de la surface de la Terre. (Applaudissements)
Le socle de notre politique sera l'allégeance totale aux États-Unis d'Amérique, et par notre loyauté envers notre pays, nous redécouvrirons notre loyauté les uns envers les autres. Quand vous ouvrez votre cœur au patriotisme, il n'y a pas de place pour les préjugés. (Applaudissements)
La Bible nous dit comme il est bon de voir tous les peuples de Dieu vivre en harmonie. Nous devons parler franchement, discuter de nos désaccords ouvertement, mais toujours rechercher la solidarité. Lorsque l'Amérique est unie, rien ne peut l'arrêter. (Applaudissements)
Il n'y a pas de raison d'avoir peur. Nous sommes protégés, et nous le serons toujours. Nous serons protégés par les hommes et femmes remarquables de nos forces armées et de la police. Mais surtout, Dieu nous protégera. (Applaudissements)
Enfin, nous devons penser grand et rêver plus grand encore. En Amérique, nous comprenons qu'une nation ne peut vivre que tant qu'elle fait son possible. Nous n'accepterons plus les politiciens qui ont du bagou mais qui ne font rien, qui se plaignent tout le temps mais qui ne font jamais rien pour changer les choses. (Applaudissements)
Le temps de la parlote est fini. L'heure de passer à l'action est arrivée. (Applaudissements) Ne laissez personne vous dire que ça ne peut pas se faire. Aucun défi n'est trop grand devant le cœur, l'ardeur et l'esprit de l'Amérique. Nous n'échouerons pas. Notre pays va réussir et prospérer de nouveau.
Nous sommes à l'aube d'un nouveau millénaire, prêts à percer les mystères de l'espace, à libérer la Terre des misères de la maladie, et à maîtriser les énergies, les industries et les technologies de demain. Une nouvelle fierté va nous animer, élever nos regards, panser nos divisions.
Le moment est venu de nous rappeler les sages paroles que nos soldats n'oublieront jamais – à savoir, que nous soyons noir, brun ou blanc, nous avons tous dans nos veines le même sang rouge des patriotes. (Applaudissements) Nous jouissons tous des mêmes libertés glorieuses, et nous saluons tous le même grand drapeau américain. (Applaudissements) L'enfant né dans la ville tentaculaire de Detroit et celui né dans les plaines du Nebraska balayées par le vent voient le même ciel nocturne, emplissent leur cœur des mêmes rêves, et leur souffle de vie leur a été donné par le même Créateur Tout-Puissant. (Applaudissements)
À tous les Américains de toutes les villes proches et éloignées, petites ou grandes, d'une montagne à l'autre, d'un océan à l'autre, écoutez ces paroles : vous ne serez plus ignorés. (Applaudissements) Vos voix, vos espoirs et vos rêves définiront notre destinée américaine. Et votre courage, votre bonté, votre amour nous guideront pour toujours tout au long du chemin.
Ensemble, nous rendrons à l'Amérique sa force. Nous rendrons à l'Amérique sa richesse. Nous rendrons à l'Amérique sa fierté. Nous rendrons à l'Amérique sa sécurité. Et oui, ensemble, nous rendrons à l'Amérique sa grandeur.
Merci. Que Dieu vous bénisse. Et que Dieu bénisse l'Amérique. (Applaudissements) Merci. Que Dieu bénisse l'Amérique. (Applaudissements)
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