samedi 24 septembre 2016

Affaire Kerviel : La Société Générale va-t-elle devoir rembourser 2197 milliards d’impôts à l’Etat ?

Affaire Kerviel : La Société Générale va-t-elle devoir rembourser 2197 milliards d'impôts à l'Etat ?

La Cour d’appel de Versailles (Yvelines) a pointé du doigt, ce vendredi, la responsabilité de la banque dans cette affaire…

Le siège de la Société générale à La Défense. - ERIC FEFERBERG / AFP

La justice a toujours été une question de balance. Et pour la Société Générale, elle a radicalement changé de sens, ce vendredi, avec l’arrêt rendu par la cour d’appel de Versailles (Yvelines) dans le dossier Kerviel. Alors qu’elle demandait à bénéficier de 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts, la banque va peut-être, à l’inverse, être contrainte de rembourser plus de deux milliards d’euros d’impôts à l’Etat.

>> Les faits : Jérôme Kerviel jugé «partiellement responsable»

La Cour d’appel de Versailles a, en effet, jugé Jérôme Kerviel « partiellement responsable » de la fraude qui porte son nom depuis 2008. L’autre « partie responsable » n’est autre que la Société Générale elle-même. Noir sur blanc, dans leur arrêt, les magistrats ont pointé du doigt « l’organisation défaillante » et « l’accumulation de manquements en matière de sécurité et de surveillance des risques » de la banque.

 
Extrait de l'arrêt de la Cour d'appel de Versailles. - Cour d'appel de Versailles

La banque a-t-elle commis une faute ?

La décision de la Cour d’appel de Versailles change tout. Pour la comprendre, il faut remonter au début de l’année 2008 alors que « l’affaire » venait à peine d’éclater. Se basant sur la législation existante en matière de fraude, la Société Générale a bénéficié, à cette époque, d’une ristourne fiscale de 2,197 milliards d’euros d’impôts, soit un peu plus d’un tiers de la perte qu’elle estime avoir subie. Tout est légal dans cette opération.

>> Reportage : «Ce soir, nous serons des héros ou des chiens galeux...»

Sauf que pour bénéficier d’un tel cadeau fiscal, la législation précise bien que la banque ne doit pas avoir commis de fautes. La Cour d’appel de Versailles a estimé, ce vendredi, que ce n’était pas le cas. Et se pose désormais la question de savoir si la banque va devoir rembourser à l’Etat 2197 milliards d’euros d’impôts.

Kerviel, « pourvoyeur d’argent public »

Intéressés par cette question de longue date, Jean-Luc Mélenchon (PG), Eva Joly (EELV) ou encore Thierry Solère (LR) n’ont pas attendu longtemps avant de demander aux services de Bercy de réclamer des comptes à la banque. Bien aidés en cela par les avocats de Jérôme Kerviel qui estiment que leur client est aujourd’hui « le plus gros pourvoyeur d’argent public en France ».

Sans surprise, Jean Veil, l’avocat de la Société Générale a une tout autre analyse du problème. Pour qu’il y ait un remboursement « il faudrait une faute volontaire, une faute excessive [de la banque] et ça n’est pas ce qui est écrit dans l’arrêt de la Cour d’appel de Versailles. » La Société Générale a d’ailleurs rapidement publié un communiqué précisant que la décision était « sans effet » sur sa situation fiscale.

Michel Sapin veut défendre les « intérêts de l’Etat »

Ce n’est sans doute pas à elle d’en décider. En déplacement à Berlin (Allemagne), Michel Sapin, le ministre de l’Economie et des Finances a indiqué « avoir demandé à l’administration fiscale d’examiner les conséquences de cet arrêt sur la situation fiscale de la Société Générale (…) et de préserver intégralement les intérêts de l’Etat. »

 

Source : 20minutes.fr

Information complémentaire :

Crashdebug.fr : « Emprunts toxiques » - Interview exclusive de Jérôme Kerviel

 

Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce samedi 24 septembre 2016

Revue de presse du jour comprenant l'actualité nationale et internationale de ce samedi 24 septembre 2016

Chers lecteurs et chères lectrices, tout d’abord j’aimerais vous rappeler que nous sommes samedi, rien que ce fait devrait vous donner le sourire. Nous allons enfin pouvoir profiter de nos proches et nous détendre. Cerise sur le gâteau, grâce à Spartou ; ) j’ai enfin trouvé un hébergeur vidéo qui avait des c… bien sûr, ils sont russes, donc, on devrait tester ça asap. Là pour l’instant, je suis occupé sur un nouveau livre de programmation, et alors que les autres étaient dépassés, celui-ci néccesite de passer à Windows 8.x ! Caramba ! … Heureusement j’ai un portable à « sacrifier » à la gloire de Bill Gates (enfin non quand même pas…  je l’aime bien mon « portable »… ; )

Amitiés,

f.

revue_de_presse_02_12_2015.png

 

Actualités françaises :

24.09.2016

Affaire Kerviel : La Société Générale va-t-elle devoir rembourser 2197 milliards d’impôts à l’Etat ? (20 Minutes.fr)

Bruxelles : La Commission serait-elle un nid de corruption et de fainéantise ? (L'Humanité.fr)

Plusieurs anomalies détectées sur des équipements de l’EPR (Le Monde.fr)

Dépakine : une information judiciaire ouverte pour "tromperie aggravée"  (Les Echos.fr)

Cigarettes : fortes hausses de prix en vue (Le Figaro.fr)

23.09.2016

La croissance a reculé et non stagné au deuxième trimestre, selon l'Insee (Les Echos.fr)

Le tabac à rouler va augmenter, pas les cigarettes (20 Minutes.fr)

Deux policiers belges interpellés après avoir déposé des migrants en France (France Info)

Jérôme Kerviel devra verser un million d'euros de dommages et intérêts à la Société générale  (Le Figaro.fr)

Près de 2000 mineurs radicalisés en France (Le Figaro.fr)

Sondages de l'Elysée : Anticor veut que Sarkozy témoigne (Les Echos.fr)


Divers :

23.09.2016

Philippe Béchade : « Ça va dans le mur… » (Olivier Demeulenaere)

20.09.2016

Olivier Delamarche VS Emmanuel Lechypre BFMTV Intégrale Placement 19 septembre 2016 : « L'économie américaine est-elle sur un niveau de récession ? » (Bfmbusiness.bfmtv.com)


Moment détente :

22.09.2016

La Corée du Nord ouvre accidentellement son intranet au monde entier (Libération.fr)

19.09.2016

François Hollande va recevoir le prix "d'homme d'Etat mondial de l'année" (L'Express.fr)


Actualités internationales :

24.09.2016

Gabon : la Cour constitutionnelle valide la réélection du président Ali Bongo (L'Express.fr)

L’Allemagne donne des cours de séduction aux réfugiés (Le Monde.fr)

Obama oppose son véto à une loi autorisant des poursuites contre Riyad (France 24.com)

23.09.2016

Paul Joseph Watson (Infowars) : Etats Unis, les émeutes de Charlotte : ce qu’ils ne vous disent PAS ! (Vidéo vost) (Le Blog à Lupus)

Les Etats-Unis menacent d'enterrer le TTIP si l'Europe cède aux pressions chinoises (L'Express.fr)

Des caméras de surveillance en quête de suspects (Le Monde.fr)

Brexit : le Royaume-Uni compte activer l'article 50 début 2017 (France 24.com)

JO-2024 : la maire de Rome refuse de soutenir la candidature de sa ville (France 24.com)

Compte à rebours à haut risque au Gabon (L'Express.fr)


High-Tech :

24.09.2016

Un hélicoptère décolle à l'énergie solaire (Le figaro.fr)

23.09.2016

Des ingénieurs mettent au point le premier véhicule Transformer (L'Express.fr)

22.09.2016

Piratage d'une Tesla : ils transforment une voiture connectée en jouet téléguidé (L'Express.fr)

20.09.2016

5 conseils pour limiter son exposition aux ondes électromagnétiques (Le Parisien.fr)

ESPN, Sky, ProSieben... les chaînes s'intéressent aux courses de drones (Les Echos.fr)

Mon facteur est un drone ! (France Info)

"Je me suis senti menacée" : Laeticia, Youtubeuse, accuse Google de censure (L'Express.fr)


Sciences :

23.09.2016

Les Aborigènes australiens constituent la civilisation la plus ancienne sur Terre (France Info)

Oui, il a essayé de modifier le génome humain… (Sputniknews.com)

22.09.2016

Trois questions sur la future chute dans l'atmosphère du laboratoire spatial chinois Tiangong-1 (France Tv Info.fr)

19.09.2016

EN IMAGES. Les plus belles photos astronomiques de l'année 2016 (France Info)


Informatique :


20 Minutes par jour :


Sécurité :

23.09.2016

Yahoo! confirme le piratage de 500 millions de comptes d'utilisateurs (France 24.com)
 

21.09.2016

Couvrez votre webcam, c'est le patron du FBI qui vous le recommande (L'Express.fr)

19.09.2016

Après la coalition contre le terrorisme, voici venir la coalition... contre les fausses informations  (Fawkes)


Dossiers :

24.09.2016

Thorium, la face gâchée du nucléaire (Arte)

18.09.2016

Cash Investigation : « Industrie agro-alimentaire : business contre santé » (France 2)


Livres :


Twilligth Zone :


Cinéma :

04.09.2016

Mr. Robot - Saison 1, épisode 1/09 : Hellofriend


 

Le complément de la Revue de presse du jour comprenant les informations de ce qui fait l'actualité française et internationale du 20 au 22 septembre vues par notre Contributeur anonyme.

 


 

FRANCE : ... le gouvernement lâche 200 millions aux départements pour le RSA

http://www.lesechos.fr/politique-societe/regions/0211310037178-rsa-le-gouvernement-lache-200-millions-aux-departements-2028786.php

FRANCE : ... les régions financées par la TVA = bientôt à 25% comme en Grèce

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/09/22/20002-20160922ARTFIG00004-les-regions-pourraient-etre-financees-par-la-tva.php

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/05/23/20002-20160523ARTFIG00006-de-nouvelles-hausses-de-tva-mettent-la-grece-au-regime-sec.php

 

VIDEO DU JOUR

Gilbert Cette sur la crise financière en Chine

http://www.boursorama.com/actualites/une-crise-financiere-en-chine-serait-tres-dangereuse-selon-l-economiste-gilbert-cette-24b1eb82821fc6193d71545d653afe65

Jacques Sapir du 20/09

http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/jacques-sapir-vs-jean-francois-robin-12-attentisme-sur-les-marches-avant-le-discours-de-janet-yellen-2009-867867.html
http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/jacques-sapir-vs-jean-francois-robin-22-vu-le-contexte-geopolitique-mondial-l-europe-est-elle-plus-attractive-2009-867869.html

Les banques ne prêtent plus

http://www.boursorama.com/actualites/les-banques-nous-pretent-elles-suffisamment-7f1660d3598bbdad075275ca03fb8ab6

A chaque fois que vous vous retrouvez du côté de la majorité, il est temps de commencer à réfléchir. Mark Twain

SIGNE DES TEMPS :

BANK : .


GRAPH : ... assurance-chômage en faillite + fusion des minima sociaux = baisse/suppression

http://www.leprogres.fr/france-monde/2016/09/20/l-assurance-chomage-au-bord-de-la-faillite

http://www.leparisien.fr/economie/minima-sociaux-le-changement-c-est-pas-pour-maintenant-20-09-2016-6134003.php

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/09/21/20002-20160921ARTFIG00100-rsa-contre-benevolat-la-justice-va-trancher-sur-la-legalite-du-dispositif.php


 

1. VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL FINANCIER

FRANCE : ... après Grigny, Lille s'effondre ... record de collecte de Livre A

http://www.insolentiae.com/apres-grigny-lille-ou-leffondrement-de-notre-pays/

http://www.latribune.fr/vos-finances/la-collecte-du-livret-a-bat-des-records-600991.html

MARCHES-FINANCIERS : ... banqueroute mondiale par The Telegraph ... or comme garantie ... BCE détiendra 10% des dettes des entreprises européennes

http://www.brujitafr.fr/2016/09/le-monde-fait-face-a-une-vague-de-defauts-sans-precedent-craint-un-veteran-de-la-banque-centrale-par-ambrose-evans-pritchard.html?

https://www.goldbroker.fr/actualites/pas-tout-monde-coule-avec-titanic-diversification-politique-1008

https://www.goldbroker.fr/actualites/or-ultime-outil-de-preservation-fortune-contre-irresponsabilite-gouvernements-1009

http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0211313559848-la-bce-va-bientot-detenir-plus-de-10-de-la-dette-des-entreprises-europeennes-2029195.php

ITALIE : ... chute de 6% de BMPS

http://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/zoom-la-bmps-chute-de-plus-de-6-inquietudes-sur-la-mise-en-oeuvre-du-plan-de-sauvetage-57e15ca2cd703f6ab8cd5385

CORÉE DU SUD : ... chute boursière de Hanjin

http://www.romandie.com/news/Hanjin-Shipping-laction-coule-face-a-la-crainte-dun_RP/737938.rom

CHINE : ... surendettée

http://www.businessbourse.com/2016/09/20/michael-snyder-banque-des-reglements-internationaux-la-dette-chinoise-risque-dexploser-effondrement-imminent/

USA : ... PDG de Wells Fargo sur la sellette ... le plus gros hedge fund licencie

http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/banque-wells-fargo-le-patron-s-excuse-pour-les-comptes-fantomes-600699.html

http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0211305344622-lete-agite-de-bridgewater-plus-gros-hedge-fund-mondial-2028581.php

RUSSIE : ... les banques tombent les unes après les autres titre Le Monde

http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/09/20/en-russie-les-banques-ferment-les-unes-apres-les-autres_5000635_3234.html

VENEZUELA : ... écoliers sans nourriture

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/09/19/97001-20160919FILWWW00394-venezuela-plus-assez-de-nourriture-pour-les-ecoles.php

ESPAGNE : ... Novo Banco à vendre ... Banco Popular supprime 3000 emplois 

http://www.boursorama.com/actualites/le-patron-de-novo-banco-confiant-pour-le-processus-de-vente-98e1c7450416e5bd22e8f0f2dcee2440

http://www.romandie.com/news/Banco-Popular-va-supprimer-pres-20-de-son-effectif-pour-etre-plus-rentable/738032.rom

JAPON : ... la BOJ fait un geste envers les banques à cause des taux négatifs

http://www.boursorama.com/actualites/la-banque-du-japon-fait-un-geste-envers-les-banques-fb37660845e2123b7ab708182953975e

PORTUGAL : ... austérité

http://www.atlantico.fr/decryptage/aviez-deja-oublie-grece-attendez-peu-voir-portugal-dettes-banques-et-grand-ecart-que-coalition-au-pouvoir-devra-faire-pour-2827789.html

 

2. VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL SOCIÉTAL

FRANCE : ... salaire net median 1743€

http://www.latribune.fr/economie/france/le-salaire-mensuel-net-median-dans-le-prive-atteint-1-783-euros-en-2014-600840.html

JUSTICE : ... la justice donne raison à Dexia gagne contre des communes

http://www.ouest-france.fr/economie/saint-cast-le-guildo-emprunts-toxiques-la-justice-donne-raison-dexia-4506557

 

 

Merci à notre Contributeur anonyme, pour lui faire spécifiquement un don, c'est ICI ! ; )

 


 

Cette Revue de presse vous a intéressé ? Crashdebug.fr a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son activité, faites un don.

Pas rassasiés ? Vous voulez encore plus d'infos ? Je vous rappelle donc l'existence de la page Defcon Room actualisée 7j/7 et 24h/24 en libre service. ; )

Et bien sûr l'ensemble des Revues de presse précédentes dans la section qui leur est dédiée.

(Si vous venez de découvrir notre petit site voici une vidéo qui vous en expliquera rapidement le mode de fonctionnement)

 Amicalement,

l'Amourfou...

Thorium, la face gâchée du nucléaire (Arte)

Thorium, la face gâchée du nucléaire (Arte)

Depuis des années nous militons pour faire connaître les réacteurs à sels fondus, comparés aux réacteurs à base d’uranium, ces derniers sont sûrs et ont une foule d’avantages. Cette technologie existe depuis les années 1970, mais alors pourquoi n’a-t-elle pas été exploitée... ? C’est ce que je vous propose de découvrir (entre autres) dans ce documentaire d’Arte, bien sûr, comme d’habitude vous trouverez des « informations complémentaires » en bas d’article.

Une énergie nucléaire sans danger ni déchets, c'est la promesse, longtemps sabotée par les lobbies de l'énergie et de la défense, que brandissent les partisans du thorium. Ce combustible alternatif, découvert à la fin du XIXe siècle, représente-t-il une piste sérieuse pour échapper aux dangers et à la pollution induits par l'utilisation du plutonium par l'industrie atomique ?

Une énergie nucléaire "verte" ? Au début de la série Occupied, diffusée par ARTE fin 2015, le nouveau chef écologiste du gouvernement norvégien, pour mettre un terme à l'exploitation pétrolière, inaugurait une centrale fonctionnant au thorium. Une hypothèse nullement fictive, selon ce documentaire, qui montre combien ce combustible alternatif, découvert à la fin du XIXe siècle et répandu sur toute la planète, représente une piste sérieuse pour échapper aux dangers et à la pollution induits par l'utilisation du plutonium par l'industrie atomique. Si le nucléaire n'avait pas été inventé pour bombarder Hiroshima et propulser des flottes militaires, nos centrales fonctionneraient sans doute aujourd'hui avec des réacteurs à sels fondus de thorium. Tchernobyl et Fukushima seraient peut-être restés des points anonymes sur la carte du monde. La surexploitation de l'énergie fossile aurait probablement cessé beaucoup plus tôt, et le changement climatique se révélerait moins alarmant qu'il ne l'est aujourd'hui...

La Chine à l'avant-garde ?

Pour réaliser ce scénario, qui semble aujourd'hui utopique, il aurait peut-être suffi de s'intéresser vraiment aux travaux visionnaires du physicien américain Alvin Weinberg qui, après avoir participé à la fabrication de la bombe atomique, a voulu travailler sur une utilisation civile et pacifique de l'atome. Il s'est acharné de 1945 à sa disparition, en 2006, à inventer les conditions d'une énergie nucléaire propre reposant sur des réacteurs révolutionnaires et sur l'extraction du thorium. Mais les intérêts liés aux lobbies de l'énergie et de la défense en ont décidé autrement. Les États qui ont opté pour l'énergie atomique ont longtemps cherché à étouffer l'éolien et le solaire, et aucun n'a voulu prendre en compte les problèmes bien connus d'enfouissement des matières fissiles. Aujourd'hui, pourtant, l'idée d'un recours à des combustibles nucléaires liquides et à des réacteurs à sels fondus refait surface, défendue par le monde de la recherche et même par des écologistes combattant l'industrie nucléaire. Le gouvernement chinois a décidé d'investir 350 millions de dollars pour étudier cette filière révolutionnaire. La Fondation de Bill Gates s'y intéresse aussi. L'Europe va-t-elle rester à la traîne ? Un voyage teinté d'espoir vers la face gâchée du nucléaire.

 

Source : Arte.tv

Informations complémentaires :

 

« Ou, nous allons perdre toute la classe moyenne… » : PDG de Gallup

« Ou, nous allons perdre toute la classe moyenne… » : PDG de Gallup

Article intéressant sur les raisons de la disparition des classes moyennes aux Etats-Unis, bref, ce qui nous attend en France (informations complémentaire en bas d'article)

La reprise économique, mais pas pour les «  Américains invisibles »

Jim Clifton, président et PDG de Gallup, qui préside les enquêtes interminables des consommateurs et des entreprises américaines, et connaît une chose ou deux sur eux, a un message pour les médias et l'establishment politique qui semblent être désemparés : ceci en parlant à propos de la récupération de  l'économie américaine – « il a même été claironné à la 1re page du The New York Times et du Financial Times la semaine dernière », dit-il  - « Je ne pense pas que cela soit vrai. »

Dans un article publié sur le site Web de Gallup, il a fait son cas :

Le pourcentage des Américains qui disent qu'ils sont dans la classe moyenne ou moyenne supérieure a baissé de 10 points de pourcentage, à partir d’une moyenne de 61% entre 2000 et 2008 à 51% aujourd'hui .

Dix pour cent de 250 millionsd'adultes aux États-Unis, soit 25 millions de personnes dont la vie économique s’est écrasée.

Ce que les médias manquent de rappeler c’est que ces 25 millions de personnes sont invisibles dans le taux de chômage officiel largement rapporté des États-Unis qui est de 4,9%.

Disons que quelqu'un a un bon travail de la classe moyenne ou il est payé 65.000 $ par année. Ce travail s’est envolé dans un monde changeant, perturbé, et son nouvel emploi à temps plein est payé 14 $ par heure - soit environ $ 28.000 par an. Cela reste des Américains dévastés, et comptés comme « emploi à temps plein », parce qu'il a encore du travail à temps plein - mais avec un salaire et des avantages considérablement réduit. Il est tombé hors de la classe moyenne et il est invisible dans le présent rapport.

Et ces «Américains invisibles», comme il les appelle, sont confrontés à l'impact émotionnel « désastreux » souvent associés à une perte nette du revenu des ménages. Cela frappe «  l'estime de soi et la dignité », et produit un « environnement de désespoir. » Même beaucoup d'Américains, avec de bons emplois, ont des revenus qui sont juste « un degré » au-dessus de la misère de ceux avec des baisses des salaires, ou les sous-employés ou les sans emploi.

Clifton donne trois métriques « qu’il faut surveiller, ou nous allons perdre toute la classe moyenne» :

« La libre entreprise est en chute libre - mais est réparable », dit-il. Tout dépend des petites entreprises. Elles ont besoin de se développer à nouveau. Elles sont « notre meilleur espoir » pour que l'économie reprenne un peu de vitesse. Et une fois qu'elles seront en plein essor à nouveau, elles pourront « rétablir la classe moyenne » :

Gallup estime que les petites entreprises - startups et « shootups », ceux qui grandissent rapidement - sont le moteur d'une nouvelle énergie économique. Selon la US Small Business Administration, 65% de tous les nouveaux emplois sont créés par les petites entreprises, et non pas par les grandes.

Mais les petites entreprises en tant que groupe ne vont pas bien. Au cours des trois dernières décennies, les États-Unis ont en moyenne près de plus de 120.000 naissances d’entreprises que de décès par an. Mais entre 2008 et 2011, selon les données du Bureau du recensement, en moyenne 420.000 entreprises sont nées par an, alors qu'en moyenne 450.000 sont mortes. Que le cœur de la machine à création d'emplois des États-Unis soit défaillant n’est pas un signe d'une bonne santé, ou même d’une économie en « récupération ».

Un message dégrisant de Clifton - qu'une grande partie des ménages américains, et donc les consommateurs, sont encore dans un grave désarroi, en partie à cause des problèmes auxquels les petites entreprises sont confrontées - semble s’être totalement perdu dans le battage médiatique, y compris le ramdam assourdissant sur les 5,2% d’augmentation dans « le revenu des ménages », rapporté la semaine dernière par le Bureau du recensement, et largement mal interprété par les médias.

Ce désarroi est encore pire, une fois qu'il est analysé, comme le Bureau du recensement l’a fait, par les hommes et les femmes. Parce que le revenu médian des hommes, corrigé de l'inflation, est maintenant inférieur à ce qu'il avait été en 1974 !  Lire la suite ...  

 

Source : Wolfstreet.com

Traduction : ~ folamour ~
Corrections : ~ chalouette ~

Informations complémentaires :

 

Revue de presse mixte de fin d’été

Revue de presse mixte de fin d'été

Pour la reprise, une revue d’articles, francophones comme anglophones, collectés en juillet-août. Nous sommes toujours à la recherche de volontaires pour participer à la sélection d’articles pour les revues. Pour nous rejoindre, il vous suffit de disposer d’un peu de temps et de vous inscrire via le formulaire de contact du blog. Bonne lecture.

Et voici le « faucon » Hillary

Et voici le « faucon » Hillary

Source : New Republic, le 07/06/2016

David McNew/Getty Images

David McNew/Getty Images

En s’attaquant à l’imprudence de Donald Trump, Clinton s’est trouvée associée à la critique néoconservatrice du président Obama.

Par Jeet Heer | 7 juin 2016

Mardi dernier, dans son discours donné à San Diego sur la politique étrangère « dangereusement incohérente » de Donald Trump, Hillary Clinton a porté un coup décisif à son adversaire Républicain présumé, le mettant sur la défensive et rassurant les Démocrates qui craignaient que Clinton ne puisse pas avoir le courage de se mesurer à Trump. Pourtant, alors que Clinton a qualifié le comportement imprudent et les préférences de politique générale de Trump avec beaucoup d’agressivité et de mordant, les libéraux ont de bonnes raisons de s’inquiéter de l’alternative offerte par Clinton.

Tandis qu’elle se présente elle-même comme l’héritière de Barack Obama et met en avant la fermeté du Président pour donner le feu vert au raid pour tuer Oussama ben Laden, Clinton a également adressé un message clair pour dire qu’elle était, pour de très nombreux points, proche des critiques d’Obama envers les faucons néoconservateurs. Le contraste entre Obama et Clinton était souligné par le discours de politique étrangère du Président qu’il avait prononcé un peu plus tôt ce jour-là, discours qui abordait les mêmes thèmes mais avec une différence frappante dans le ton et la teneur. Les deux discours se devaient d’être complémentaires, mais il y avait suffisamment de différences significatives pour rendre évident le fait que Clinton se dirige vers une présidence beaucoup plus « faucon ».

Obama et Clinton ont affiché, tous les deux, la même position envers Trump (son nom n’a pas été mentionné par Obama mais c’était clair dans les sous-entendus). Tous les deux se prononcèrent contre la vision pessimiste de Trump sur le déclin des États-Unis et affirmèrent que l’Amérique restait une grande puissance et un pilier essentiel pour le maintien de l’ordre international. Mais, en parcourant le discours d’Obama, on percevait une mise en garde contre les dangers d’une politique expansionniste et également une tentative pour tirer une simple leçon des guerres perdues au Vietnam et en Irak : le pays se doit d’être prudent dans l’utilisation de la force militaire.

Les thèmes de la prudence et de la coopération internationale, qui étaient nettement absents du discours de Clinton, semblaient être partout dans celui d’Obama :

Bien évidemment, gouverner avec sagesse signifie aussi résister à la tentation d’intervenir militairement chaque fois qu’il y a un problème ou une crise dans le monde. L’Histoire est jonchée de ruines d’empires ou de nations qui se sont agrandis démesurément, épuisant leur pouvoir et leur influence. C’est la raison pour laquelle nous devons suivre une voie plus sensée. Comme nous l’avons vu au Vietnam ou en Irak, la plupart du temps, le plus grand préjudice porté à la crédibilité américaine arrive quand nous voulons en faire trop, quand nous ne réfléchissons pas aux conséquences de toutes nos actions. Et, ainsi, nous devons retenir l’enseignement de notre Histoire. Et cela signifie aussi que nous devons veiller à nos hommes et à nos femmes en uniforme…

Et on est leader, non pas en imposant sa volonté aux autres nations, mais en travaillant avec eux en tant que partenaires ; en traitant les autres pays et leurs populations avec respect et non pas en leur faisant la morale. Et ce n’est pas uniquement parce que cela doit être ainsi : c’est dans notre propre intérêt. Ainsi, les pays seront plus enclins à travailler avec nous et, au bout du compte, cela accroît notre sécurité.

L’insistance d’Obama pour que l’armée soit la solution de dernier recours montre bien la défense explicite d’une politique sur laquelle lui et Hillary Clinton ne sont pas d’accord, politique concernant la Syrie. « Ma décision de ne pas frapper la Syrie après l’utilisation d’armes chimiques a été contestée par certains à Washington, » explique Obama. « Mais, parce que nous avons saisi l’option diplomatique, appuyée par la menace de notre armée, des nations se sont unies et nous avons réalisé beaucoup plus que ce que nous aurions pu faire avec des frappes militaires : la totalité des armes chimiques stockées par la Syrie a été éliminée avec succès. » Bien sûr, Clinton était partisane d’une plus large intervention militaire en Syrie.

Enfin, Obama s’est enorgueilli d’avoir pris l’initiative du rapprochement vers Cuba et vers le Vietnam, activités diplomatiques que Clinton n’a pas mentionnées, même si elle pouvait prétendre à un certain mérite en tant que Secrétaire d’État d’Obama.

L’axe principal du discours d’Obama était, selon ses propres termes, les avantages de l’utilisation de « la diplomatie, pas la guerre ». Le discours de Clinton a pris une approche très différente. Elle a efficacement critiqué l’inconstance de Trump, mais elle l’a opposé à sa détermination inébranlable et non pas à ses compétences diplomatiques. Lorsqu’il s’est agi de parler d’autres nations, son refrain invariable était qu’elle était suffisamment forte pour les faire plier à la volonté de l’Amérique ; rien sur les inquiétudes d’Obama sur les dangers de « donneur de leçons » aux autres pays.

Quand bien même elle aurait pu s’enorgueillir du succès diplomatique de l’accord nucléaire avec l’Iran, Clinton l’a encadré de termes militaires, assurant à ses auditeurs qu’elle utiliserait la force militaire si l’accord était violé : « Maintenant, nous devons faire respecter rigoureusement cet accord. Et comme je l’ai déjà dit à maintes reprises, notre approche doit être “méfiance et vérification”. Le monde doit comprendre que les États-Unis agissent avec fermeté si nécessaire, y compris par des actions militaires, pour empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire. »

Parfois, Clinton s’est trouvée plus à droite que Donald Trump. Ainsi, elle a critiqué Trump pour avoir soi-disant dit « qu’il va rester neutre sur la sécurité d’Israël. » En fait, ce que Trump avait promis, c’était d’être un intermédiaire honnête entre les Israéliens et les Palestiniens dans les négociations de paix, une position également adoptée par Bernie Sanders et conforme à l’opinion traditionnelle en matière de politique étrangère américaine. Clinton a dit que Trump avait trop tendance à aller dans le sens de la Russie et de la Chine, en opposition à sa politique d'”affrontement” avec ces pays.

Pour couronner le tout, Clinton a répété les références aux États-Unis comme un pays « exceptionnel ». « Je crois de tout mon cœur que l’Amérique est un pays exceptionnel, » a déclaré Clinton. Elle a ajouté plus tard, « le réseau américain d’alliés fait partie de ce qui nous rend exceptionnel. »

L’utilisation du mot « exceptionnel » était clairement un coup de sifflet destiné aux néoconservateurs qui ont souvent critiqué Obama pour sa prétendue aversion à l’idée de « l’exceptionnalisme américain » et de l’indifférence supposée au déclin à long terme de l’Amérique. Attirer les néo-conservateurs est un jeu politique intelligent pour Clinton. Beaucoup d’entre eux ont franchement peur des aberrations sur la politique étrangère de Trump et sont réceptifs à voter pour Clinton. Bien que peu nombreux, les néoconservateurs pourraient tirer vers eux un plus grand ensemble de Républicains qui se sentent en décalage avec le Trumpisme.

Si le but des discours d’Hillary Clinton est de gagner sur la droite, cela a clairement marché. Elle a attiré des critiques dithyrambiques de nombreux experts conservateurs. Noah Rothman, qui écrit dans National Review, l’a saluée comme « un défenseur de l’héritage de Ronald Reagan ». Dans le Washington Post, Jennifer Rubin a soutenu : « En somme, son but était de peindre Trump comme une menace pour le pays et elle-même comme un dirigeant posé et expérimenté. Elle a atteint son premier but, et à la surprise de beaucoup de ses détracteurs, a marqué un point de poids contre eux. Cela devrait réconforter des millions de Républicains et d’indépendants qui ne peuvent pas se résoudre à voter pour Trump. » Ces sentiments ont été largement repris à droite.

Mais cela devrait inquiéter les libéraux qui ont soutenu la politique étrangère d’Obama ou qui sont à gauche du président. Dans son discours de San Diego, Clinton n’a assimilé aucune des leçons de la guerre en Irak. A l’écouter, on pouvait conclure qu’élue présidente elle utiliserait plus facilement la force militaire à grande échelle qu’Obama. Alors que la primaire touche à sa fin, les libéraux font face à la sombre réalisation que la seule alternative à l’isolationnisme de Trump est le libéralisme va-t-en guerre de Clinton qui a plus en commun avec le néoconservatisme qu’avec la doctrine de prudente retenue d’Obama.

Source : New Republic, le 07/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Bertrand Russell sur Lénine

Bertrand Russell sur Lénine

Source : The Virginia Skeptic

Extrait de LENINE, TROTSKY ET GORKY

Lequel est extrait de La pratique et la théorie du Bolchévisme par Bertrand Russel.

 

Peu après mon arrivée à Moscou j’ai eu une conversation d’une heure avec Lénine en anglais, qu’il parle assez bien. Un interprète était présent, mais ses services furent rarement requis. Le bureau de Lénine est très dépouillé ; il contient un grand bureau, quelques cartes sur les murs, deux bibliothèques, une chaise confortable pour les visiteurs et deux ou trois chaises ordinaires de plus. Il est évident qu’il n’a aucun amour pour le luxe ni même pour le confort. Il est très amical et apparemment simple, sans la moindre trace de dédain.

Si on le rencontrait sans savoir qui il est, on ne pourrait se douter qu’il possède un tel pouvoir ou même qu’il est quelqu’un d’important. Je n’ai jamais rencontré de personnage aussi dépourvu de suffisance. Il regarde ses visiteurs très attentivement et plisse un œil, ce qui donne l’impression d’augmenter, de façon inquiétante, le pouvoir pénétrant de l’autre. Il rit beaucoup ; d’abord son rire paraît simplement amical et gai, mais progressivement j’en suis venu à le sentir plutôt sinistre. Il est dictatorial, calme, incapable de crainte, extraordinairement exempt d’arrivisme, une théorie incarnée. La conception matérialiste de l’Histoire est, semble-t-il, son élément vital. Il ressemble à un professeur dans son désir de faire comprendre cette théorie et dans sa fureur envers ceux qui ne la comprennent pas ou ne la partagent pas ; de même que, dans son amour de l’explication, j’ai eu l’impression qu’il détestait bien des gens et qu’il était un aristocrate intellectuel. […]

Quand je suggérai que les changements possibles en Angleterre pouvaient être réalisés sans effusion de sang, il rejeta ma suggestion comme invraisemblable. J’ai eu l’impression d’un manque de connaissances ou d’imagination concernant la Grande-Bretagne. En effet la tendance entière du marxisme s’oppose à l’imagination psychologique, puisqu’il attribue tout, dans la politique, aux causes purement matérielles.

Je lui demandai ensuite s’il pensait possible d’établir solidement et totalement le communisme dans un pays à si grande majorité de paysans. Il admit que c’était difficile et a ri sur l’échange de nourriture contre du papier que le paysan est contraint de faire ; l’inutilité du papier russe lui a semblée comique. Mais il m’a dit – ce qui est sans doute vrai – que les choses s’arrangeraient d’elles-mêmes quand il y aurait des marchandises à offrir aux paysans. Pour cela il pense en partie à l’électrification dans l’industrie qui, dit-il, est une nécessité technique en Russie, mais prendra dix ans pour être terminée. Il a parlé avec enthousiasme, comme tous le font, du grand plan pour produire de l’électricité au moyen de la tourbe. Bien sûr, il comptait sur la levée du blocus comme le seul remède radical ; mais il n’était pas très optimiste sur son achèvement total ou permanent autrement que par des révolutions dans d’autres pays. La paix entre la Russie bolchevique et les pays capitalistes, a-t-il dit, sera toujours précaire. L’Entente pourrait être amenée à conclure la paix en raison de la lassitude et de ses dissensions internes, mais il demeurait convaincu que la paix serait de courte durée. J’ai trouvé en lui, comme dans presque tous les leaders communistes, beaucoup moins d’ardeur pour la paix et la levée du blocus que dans notre délégation. Il croit que rien d’important ne peut être réalisé sans la révolution mondiale et l’abolition du capitalisme ; je présume qu’il a considéré la reprise de commerce avec des pays capitalistes comme un simple palliatif d’un intérêt douteux.

Il décrivit la tension entre paysans riches et paysans pauvres et la propagande du gouvernement adressée à ces derniers contre les premiers qui conduisait à des actes de violence qu’il semblait trouver amusants. Il parla comme si la dictature à l’égard du paysan devait continuer longtemps, en raison de l’attirance du paysan pour le libre-échange. Il dit qu’il connaissait des statistiques (ce que je peux croire) disant que les paysans ont eu plus de nourriture ces deux dernières années qu’ils n’en avaient jamais eu. “Et pourtant ils sont contre nous,” a-t-il ajouté un peu amer. Je lui demandai sa réponse aux critiques selon lesquelles, dans son pays, il n’avait instauré que la propriété paysanne, et non le communisme ; il répondit que ce n’était pas tout à fait la vérité, mais ne précisa pas ce qu’était la vérité.

La dernière question que je lui posai était si la reprise du commerce avec les pays capitalistes, si elle avait lieu, ne créerait pas des centres d’influence capitaliste, et ne rendrait pas la préservation du communisme plus difficile. Il me semblait que les communistes les plus ardents pourraient bien redouter les relations commerciales avec le monde extérieur, comme conduisant à une infiltration d’hérésie, et rendant le maintien du système en place presque impossible. Je voulais savoir s’il avait un tel sentiment. Il admit que le commerce créerait des difficultés, mais estima qu’elles seraient inférieures à celles de la guerre. Il rappela que, deux ans auparavant, ni lui ni ses camarades ne pensaient pouvoir survivre à l’hostilité du monde. Il attribue leur survie aux jalousies et aux intérêts divergents des différents pays capitalistes, ainsi qu’à la puissance de la propagande bolchevique. Les Allemands, dit-il, avaient ri lorsque les bolcheviques prétendirent lutter contre les armes avec des tracts, mais l’Histoire avait prouvé que les tracts étaient tout aussi puissants. Je ne pense pas qu’il reconnaisse que les partis Travailliste et Socialiste ont eu un rôle quelconque en la matière. Il ne semble pas conscient de ce que l’attitude du Parti Travailliste Britannique a fait beaucoup pour empêcher une guerre de grande ampleur contre la Russie, puisqu’il n’a laissé au gouvernement que la possibilité d’actions clandestines, qui puissent être niées sans mensonge trop flagrant.

Je pense que si je l’avais rencontré sans savoir qui il était, je n’aurais pas deviné qu’il était un grand homme ; il m’a frappé comme étant trop opiniâtre et étroitement orthodoxe. Sa force vient, je pense, de son honnêteté, son courage, sa foi inébranlable – foi religieuse dans l’évangile marxiste, qui remplace l’espérance du paradis des martyrs chrétiens, sauf qu’elle est moins égoïste. Il a aussi peu d’amour de la liberté que les chrétiens qui souffrirent sous Dioclétien, et ripostèrent quand ils acquirent le pouvoir. Peut-être que l’amour de la liberté est incompatible avec la croyance de tout cœur dans une panacée pour tous les maux de l’humanité. Si oui, je ne peux que me réjouir de la colère sceptique du monde occidental.

J’étais communiste en arrivant en Russie ; mais le contact avec ceux qui ne connaissent pas le doute a intensifié considérablement mes propres doutes, non quant au communisme en soi mais dans la sagesse de s’en tenir à une croyance si fermement  que, pour elle, des hommes sont prêts à infliger la misère généralisée.

Source : The Virginia Skeptic

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

=======================================

“Pourquoi je ne suis pas communiste”

Source : Richard Geib’s Personal Website

Par Betrand Russell

russell

“Je suis dans l’incapacité totale de comprendre comment il est arrivé que certaines personnes à la fois humaines et intelligentes aient pu trouver quoi que ce soit d’admirable dans le vaste camp d’esclaves produit par Staline.”

En ce qui concerne toute doctrine politique, il y a deux questions à se poser : (1) ses principes théoriques sont-ils fondés ? (2) Sa mise en pratique est-elle susceptible d’augmenter le bonheur humain ? Pour ma part, je pense que les principes théoriques du communisme sont faux, et je pense que ses maximes pratiques sont de nature à produire une augmentation incommensurable de la misère humaine.

Les fondements théoriques du communisme sont pour la plupart dérivés de Marx. Mes objections à Marx sont de deux sortes : l’une, qu’il avait la tête embrouillée ; et l’autre, que sa pensée a été presque entièrement inspirée par la haine. La doctrine de la plus-value, qui est censée démontrer l’exploitation des salariés sous le capitalisme, a abouti à : (a) accepter subrepticement la doctrine malthusienne de la population, bien que Marx et tous ses disciples la contestent explicitement ; (b) appliquer la théorie de Ricardo de la valeur aux salaires, mais pas aux prix des articles manufacturés. Marx est tout à fait satisfait du résultat, non parce qu’il est en conformité avec les faits ou parce qu’il est logiquement cohérent, mais parce qu’il réussit à éveiller la fureur chez les salariés. La doctrine de Marx selon laquelle tous les événements historiques ont été motivés par des conflits de classe est une extrapolation épidermique et fausse à toute l’histoire mondiale de certaines caractéristiques importantes en Angleterre et en France il y a une centaine d’années. Sa conviction qu’il existe une force transcendante appelée Matérialisme Dialectique régissant l’histoire indépendamment des volontés humaines est une pure mythologie. Ses erreurs théoriques, cependant, ont peu d’importance sinon du fait que, comme Tertullien et Carlyle, son principal désir était de voir ses ennemis punis, sans se soucier de ce qui arrive à ses amis dans le processus.

La doctrine de Marx était déjà mauvaise, mais les développements qu’elle a subis sous Lénine et Staline la rendirent encore pire. Marx avait enseigné qu’il y aurait une période de transition révolutionnaire après la victoire du prolétariat dans une guerre civile et que, pendant cette période, le prolétariat, conformément à la pratique habituelle après une guerre civile, priverait ses ennemis vaincus du pouvoir politique. Cette période devait être celle de la dictature du prolétariat. Il ne faut pas oublier que, dans la vision prophétique de Marx, la victoire du prolétariat devait venir après qu’il ait grandi pour devenir la vaste majorité de la population. La dictature du prolétariat donc, telle que conçue par Marx, n’a pas été essentiellement anti-démocratique. Dans la Russie de 1917, cependant, le prolétariat représentait un petit pourcentage de la population, la grande majorité étant des paysans. Il a été décrété que le parti bolchevique était dépositaire de la conscience de classe du prolétariat, et qu’un petit comité de ses dirigeants était dépositaire de la conscience de classe du parti bolchevique. La dictature du prolétariat aboutit ainsi à être la dictature d’un petit comité, et, finalement, d’un seul homme – Staline. En tant que seul prolétaire conscient, Staline a condamné des millions de paysans à la mort par la famine et des millions d’autres au travail forcé dans les camps de concentration. Il alla même jusqu’à décréter que les lois de l’hérédité seraient désormais différentes de ce qu’elles étaient, et que le noyau cellulaire obéirait aux décrets soviétiques au lieu d’obéir à ce prêtre réactionnaire, Mendel. Je suis dans l’incapacité totale de comprendre comment il est arrivé que certaines personnes à la fois humaines et intelligentes puissent trouver quoi que ce soit d’admirable dans le vaste camp d’esclaves produit par Staline.

Je me suis toujours trouvé en désaccord avec Marx. Ma première critique hostile a été publiée en 1896. Mais mes objections au communisme moderne vont plus loin que mes objections à Marx. C’est l’abandon de la démocratie que je trouve particulièrement désastreux. Une minorité appuyant ses pouvoirs sur les activités de la police secrète est vouée à être cruelle, oppressive et obscurantiste. Les dangers du pouvoir irresponsable parvinrent à être généralement reconnus au cours des XVIIIe et XIXe siècles, mais certains ont oublié tout ce qui a été douloureusement appris pendant les jours de la monarchie absolue, et sont retournés à ce qu’il y avait de pire au Moyen Age avec l’étrange illusion d’être à l’avant-garde du progrès.

Il existe des signes qu’au cours du temps le régime russe deviendra plus libéral. Mais, bien que cela soit possible, c’est très loin d’être certain. En attendant, tous ceux qui apprécient non seulement l’art et la science, mais une quantité suffisante de pain et la délivrance de la crainte qu’un mot imprudent de leurs enfants à un instituteur puisse les condamner aux travaux forcés dans un désert de Sibérie, doivent faire ce qui est en leur pouvoir pour préserver dans leur propre pays une manière de vivre moins servile et plus prospère.

Certains, opprimés par les maux du communisme, arrivent à la conclusion qu’une guerre mondiale est le seul moyen efficace de les combattre. Je pense que c’est une erreur. À une autre époque, une telle politique eût été possible, mais maintenant la guerre est devenue si terrible et le communisme si puissant que personne ne peut dire ce qui resterait après une guerre mondiale, et ce qui en résulterait serait probablement au moins aussi mauvais que le communisme. Cette prédiction ne repose pas sur les effets inévitables des destructions massives par les bombes à hydrogène et au cobalt et peut-être les maladies volontairement propagées. La façon de lutter contre le communisme n’est pas la guerre. Ce qui est nécessaire, en complément de ces armements en tant que dissuasion des communistes d’attaquer l’Occident, est une diminution des motifs de mécontentement dans les régions les moins prospères du monde non-communiste. Dans la plupart des pays d’Asie, il y a une pauvreté abjecte que l’Occident doit atténuer autant qu’il est en son pouvoir de le faire. Il y a aussi une grande amertume causée par les siècles d’insolente domination européenne en Asie. Cela devrait être traité par une combinaison de tact patient et d’engagements décisifs de renoncer aux reliques de la domination blanche telle qu’elle survit en Asie. Le communisme est une doctrine prenant sa source dans la pauvreté, la haine et les conflits. Sa propagation ne peut être stoppée qu’en diminuant l’emprise de la pauvreté et de la rancune.

Texte provenant de Portraits de mémoire, publié en 1956

Source : Richard Geib’s Personal Website

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.