jeudi 9 juin 2016

Les Suisses votent contre le revenu de base

Les Suisses votent contre le revenu de base




Vrai progrès sociétal ou décomposition de la société ?

Difficile d'interpréter clairement ce que pourrait représenter l'instauration d'un revenu universel, dit aussi de base, dans nos sociétés. En Suisse, la proposition rejettée par plus de trois quarts des électeurs évoquait une somme mensuelle importante de 2500 francs suisses par adulte, plus de 2200 euros (et 650 pour les mineurs). Cela aurait nécessité plus de 200 milliards, soit 25 de plus que toutes les aides et assurances sociales du pays. Mais certains partisans de la mesure évoquaient la possibilité de la financer par la mise en place d'une taxe sur les transactions électroniques (0,2% aurait été suffisant pour financer le projet). Mais le montant très important du projet explique sans doute en bonne partie le refus des Suisses, dont la majorité ont sans doute rejeté le coût et les conséquences du projet.

Cette mesure peut paraître à la fois très sociale, dans la mesure où elle pourrait fournir un filet de sécurité à l'ensemble de la société. Mais elle est également parfois populaire dans les milieux très libéraux, à la fois pour la simplification radicale qu'elle pourrait apporter au système social, en fusionnant l'ensemble des aides dans le revenu universel, qui plus est, en laissant chaque personne en faire ce qu'elle veut. Mais ce faisant, ce revenu universel peut aussi poser problème car, en rebattant les cartes de la solidarité nationale pour en égaliser ce que l'Etat donne aux citoyens, cela revient à prendre à ceux qui ont le plus besoin de la solidarité nationale pour le donner à ce qui en ont le plus besoin. Les actifs et les bien portant y gagneraient fortement au détriment des malades, les retraités ou les chômeurs.


Bien sûr, le revenu universel peut mettre fin à une pauvreté difficilement acceptable dans nos sociétés, ainsi qu'à la menace d'un déclassement social complet. Mais il peut aussi être un pseudo égalitarisme cachant un refus de solidarité surtout individualiste. Difficile de conclure donc.

Inondations : 782 communes déclarées en état de catastrophe naturelle

Inondations : 782 communes déclarées en état de catastrophe naturelle

© Dominique Faget, AFP | Un habitant de la ville de Nemours, au sud-est de Paris, tente de traverser la rue,
le 1er juin 2016.

L'arrêté de catastrophe naturelle pour 782 communes situées dans 16 départements a été pris mercredi en Conseil des ministres, ouvrant la voie à une indemnisation plus rapide des sinistrés victimes des inondations.

Le gouvernement français a annoncé mercredi 8 juin qu'un arrêté de catastrophe naturelle pour 782 communes situées dans 16 départements a été pris suite aux inondations exceptionnelles qui ont fait quatre morts et de très importants dégâts en France.

"Un premier arrêté interministériel reconnaissant l'état de catastrophe naturelle dans 782 communes situées dans 16 départements sera publié dès demain (jeudi) au Journal officiel", selon une source proche de l'exécutif citée par l'AFP. Par ailleurs, 215 dossiers de communes sont en attente d'être traités.

L'état de catastrophe naturelle permettra aux habitants des communes concernées d'être indemnisés au titre de cette garantie dans les limites et conditions des contrats d'assurance souscrits. Les assureurs ont deux mois pour verser une première provision et trois mois pour indemniser intégralement.

À compter de la parution de l'arrêté de catastrophe naturelle, les assurés ont jusqu'à dix jours pour adresser leur déclaration de sinistre à leur assureur. Selon l'Association française de l'assurance (AFA), les assureurs, attentifs à la situation des assurés seront flexibles, certains laissant jusqu'au 30 juin pour effectuer leur déclaration.

Selon l'AFA, "le montant final des dommages assurés" occasionnés par les inondations est évalué à un montant compris entre 900 millions et 1,4 milliard d'euros "à ce stade".

 

France24.com Avec AFP

 

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Inondations : le douloureux retour à la normale

 

On a eu le mois d’avril le plus chaud de l’histoire! Qui avait remarqué ?

On a eu le mois d'avril le plus chaud de l'histoire! Qui avait remarqué ?

Source : News Monkey, 16-05-2016

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Bon ça commence à être inquiétant là, non? La NASA tire à nouveau la sonnette d’alarme: le mois d’avril 2016 est le plus chaud jamais enregistré, dépassant de plus d’un degré le record précédent! C’est le septième mois d’affilée à battre un record de températures, et le troisième mois de suite à le faire dans de telles proportions…

2016 est donc bien partie pour être l’année la plus chaude jamais enregistrée. Si on en croit la NASA, le mois d’avril est donc le troisième mois consécutif à battre de plus d’un degré la température moyenne enregistrée entre 1951 et 1980. Lorsque ce triste record a débuté, en février, les spécialistes parlaient d’une situation urgente pour le climat. On est en avril, et ce phénomène ne semble pas prendre fin.

El Niño comme facteur aggravant

Cette masse d’air chaud qui englobe la planète est stimulé par un courant marin d’eau chaude qui répond au doux nom d’El Niño. Il s’agit en fait d’une anomalie climatique qui empêche l’eau froide de remonter vers les côtes sud-américaines. Mais ce n’est pas tout: El Niño a également la force de repousser des zones de précipitations et de sécheresse ou même de dévier des cyclones.

Cela dit, il ne s’agit pas du plus gros phénomène El Niño enregistré à ce jour. Et il ne peut expliquer à lui seul un tel pic des températures. Mais son influence s’inscrit dans une période de réchauffement global. Ce qui pousse les températures vers des records jamais atteints.

“La chose intéressante est l’ampleur avec laquelle nous brisons ces records”, a déclaré Andy Pitman, un climatologue australien. Mais il n’est pas surpris non plus par le phénomène: “les experts climatiques n’ont de cesse de le répéter depuis les années 80. Et vu que la situation est encore plus claire depuis les années 2000, je me demande vraiment où est la surprise?”

  • Février 2016: + 1,33 degré Celsius
  • Mars 2016: + 1,29 degré Celsius
  • Janvier 2016: + 1,11 degré Celsius
  • Avril 2016: + 1,11 degré Celsius
  • Décembre 2015: + 1,10 degré Celsius
  • Octobre 2015: + 1,07 degré Celsius
  • Novembre 2015: + 1,01 degré Celsius

Source: The Gardian

Source : News Monkey, 16-05-2016

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Avril 2016 : records de températures battus à l’échelle de la planète

Source : Météo City,  Jean-baptiste Giraud, 18-05-2016

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Le mois d’avril 2016 est donc le nouveau détenteur du record de température, à l’échelle de la planète, depuis que les statistiques météo existent, soit un peu moins de deux siècles. Il bat de 0,24 degré celsius le précédent record (2010), pour un mois d’avril. Mais il est surtout supérieur de 1,11 degré celsius à la température moyenne enregistrée, sur terre et en mer, entre 1951 et 1980…

L’année 2016, bien partie pour être celle de tous les records

Pour les météorologues, l’année 2016 risque de prendre la première place, en matière de records de température. Tous les mois, depuis le début de l’année, ont en effet déjà battu des records de douceur !

Mais pour une fois, le réchauffement climatique global ne serait pas le seul responsable de cette succession de records. C’est El Nino, très actif depuis quelques mois, qui adoucit les températures dans l’hémisphère Nord, et par conséquent, augmente la moyenne à l’échelle planétaire.

Néammoins, nombre de climatologues affirment que l’espoir de contenir à 1,5 degré celsius l’augmentation globale de la température sur la planète, au XXIe siècle, soit définitivement impossible à tenir. Désormais, la limite basse, pour eux, est de 2 degrés. À condition que l’on bouge vraiment pour contenir les émissions de gaz à effet de serre, notamment, ce qui n’est pas gagné…
En savoir plus sur http://www.meteocity.com/magazine/actualites/record-temperature-avril-2016_3598/#eHscsaw1Qzok4gGh.99

Source : Météo City,  Jean-baptiste Giraud, 18-05-2016

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Chaleur record en mars pour le 11e mois consécutif, du jamais vu depuis 137 ans

Source : Sud-Ouest, 19/04/2016

Le mois de mars est le onzième consécutif à battre un record de chaleur. © AFP DENIS CHARLET

Le mois de mars est le onzième consécutif à battre un record de chaleur. © AFP DENIS CHARLET

La température moyenne mondiale à la surface de la planète en mars 2016 a été “la plus élevée pour un mois de mars dans les annales

Le mois dernier a été le mois de mars le plus chaud jamais enregistré et le onzième mois consécutif au cours duquel un tel record a été battu, une série inédite en 137 ans de relevés.

La température moyenne mondiale à la surface de la planète en mars 2016 a été “la plus élevée pour un mois de mars dans les annales des statistiques sur la température mondiale de la NOAA“, l’Agence américaine océanique et atmosphérique. Celle-ci effectue des relevés depuis 1880.

La température moyenne sur la Terre en mars a été de 12,7 degrés Celsius, soit 1,22°C supérieure à la moyenne du XXe siècle.
“Cela a dépassé le précédent record établi en (mars) 2015 de 0,32°C”, a ajouté la NOAA, précisant que cet écart de 1,22°C en fait la plus importante anomalie par rapport à la moyenne des plus de 1 600 mois mesurés depuis 1880.

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Réchauffement planétaire

Ces derniers records de température illustrent la poursuite de l’accélération du réchauffement planétaire. Le mercure a ainsi battu, et de loin, un nouveau record pour l’année 2015, surpassant celui de 2014, un phénomène que la plupart des climatologues attribuent à l’accumulation dans l’atmosphère des gaz à effet de serre provenant de la combustion du pétrole et du charbon.

Depuis 1997, première année depuis 1880 à avoir connu une montée record du thermomètre sur la planète, 16 des 18 années qui ont suivi ont été plus chaudes, selon la NOAA.

“En tout, les neuf mois avec les anomalies de températures les plus importantes par rapport à la moyenne du XXe siècle sont tous intervenus ces neuf derniers mois“, constate encore l’agence américaine.

Source : Sud-Ouest, 19/04/2016

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Record de chaleur en Inde: 51°C

Source : La PresseAnnie Banerji,  20-05-2016

Les services météo ont lancé une alerte en raison de la persistance de cette «forte vague de chaleur» pendant le week-end sur le nord et l'ouest de l'Inde, en particulier à New Delhi où la température a atteint 47 °C cette semaine. PHOTO ROBERTO SCHMIDT, AFP

Les services météo ont lancé une alerte en raison de la persistance de cette «forte vague de chaleur» pendant le week-end sur le nord et l’ouest de l’Inde, en particulier à New Delhi où la température a atteint 47 °C cette semaine.
PHOTO ROBERTO SCHMIDT, AFP

Le nord de l’Inde affronte une sévère vague de chaleur, le thermomètre ayant atteint un record de 51 °C dans une ville de l’État désertique du Rajasthan, qui complique le quotidien d’un pays où centaines de personnes meurent chaque année de la chaleur.

Ce record a été enregistré jeudi à Phalodi, à environ 600 km à l’ouest de New Delhi. Le précédent record remontait à 1956, avec une température enregistrée de 50,6 °C dans ce même État du Rajasthan.

«Hier a été enregistrée la température la plus chaude jamais connue dans le pays, 51 °C à Phalodi», a dit B.P. Yadav, haut responsable de l’India Meteorological Department, à l’AFP.

Des centaines de personnes meurent chaque année de la chaleur en Inde. Les températures dépassent régulièrement les 40 °C dans le nord du pays en mai et juin, mois les plus chauds de l’année.

Les services météo ont lancé une alerte en raison de la persistance de cette «forte vague de chaleur» pendant le week-end sur le nord et l’ouest de l’Inde, en particulier à New Delhi où la température a atteint 47 °C cette semaine.

Les animaux du zoo de la capitale ont pris des bains froids et ont reçu des solutés contre la déshydratation.

La consommation d’électricité a atteint jeudi un nouveau record dans cette mégapole de 17 millions d’habitants, sous l’effet du fonctionnement à plein régime des appareils de climatisation.

Les policiers en poste aux carrefours ont aussi reçu des liquides anti-déshydratation et des «écharpes rafraichissantes» spéciales contenant des cristaux pour abaisser la température corporelle, selon la presse locale.

Les hôpitaux de la capitale ont enregistré un pic de visites pour des coups de chaleur et des gastroentérites tandis que plusieurs États ont anticipé le début des vacances d’été en raison de la chaleur.

Les plus pauvres sont les plus touchés par la chaleur.

«Les sans-abri souffrent le plus de la chaleur. Les hébergements d’urgence sont insuffisants et inadaptés» à Delhi, explique Sunil Kumar Aldelia, directeur du Centre For Holistic Development (CHD), spécialisé dans l’hébergement des sans-abri.

«Une centaine de ces centres sont en tôle, inadaptés aux fortes chaleurs. Et ces centres manquent d’approvisionnement en eau potable, de ventilateurs et de sanitaires», ajoute-t-il à l’AFP, réclamant la mise en oeuvre d’un plan d’urgence.

Pénurie d’eau

Une alerte «vague de chaleur» est lancée quand les températures maximales atteignent 45 °C, ou dépassent de 5 °C la moyenne des années précédentes sur la même zone.

Au Gujarat (ouest), la principale ville Ahmedabad a enregistré sa température la plus élevée depuis 100 ans jeudi à 48 °C.

Cette vague de chaleur survient au moment où l’Inde doit affronter une sévère sécheresse depuis plusieurs mois. Quelque 330 millions de personnes, soit un quart de la population est affectée par le manque d’eau après deux années de faible mousson.

Des pénuries d’eau potable touchent plusieurs États et la faiblesse des précipitations a contraint à des mesures extrêmes, comme la surveillance des retenues d’eau par des gardes armés ou l’envoi de trains pour approvisionner en eau les régions les plus affectées.

Les services météo prévoient une mousson supérieure à la moyenne cette année, offrant un rayon d’espoir au secteur agricole qui fait vivre 60 % de la population. Nombre d’agriculteurs ont été forcés de prendre le chemin des villes cette année pour travailler comme ouvrier journalier.

Mais elle ne devrait toucher le Kerala (sud) que le 7 juin, six jours plus tard que la moyenne, avant de s’étendre au reste du pays.

La sécheresse a alimenté la propagation des feux de forêt dans les monts de l’Uttarakhand (nord) et certaines parties de l’Himachal Pradesh (nord), destinations appréciées de dizaines de milliers de touristes à cette époque de l’année.

La chaleur avait tué plus de 2400 personnes l’an dernier en Inde, l’une des vagues les plus meurtrières de son histoire récente.

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Source : La PresseAnnie Banerji,  20-05-2016

Point sur le climat en graphiques

Point sur le climat en graphiques

J’ai remis à jour quelques graphiques sur le climat, complété par quelques autres.

(pour mémoire, la série mensuelle sur la météo n’existe plus car aucun volontaire ne s’est proposé pour le faire (2 heures par mois environ), tout comme la grosse étude sur le climat à remettre à jour (long, mais à faire une seule fois) – je dis ça, je dis rien… Vous pouvez nous contacter ici)

Voici l’évolution de la température planétaire (sur les terres et les océans) :

p-1

2015 a battu le record historique de 2014…

Et la même lissée sur 3 ans :

p-2

Pour mémoire, “l’argumentation” des négativistes est du genre :

  • En 1996 : “ça monte, mais pas depuis longtemps, ça ne veut rien dire !
  • En 1999 : “donnons-nous un peu de temps pour confirmer la hausse”
  • En 2000 : “ben vous voyez, ça baisse ! C’est n’importe quoi”
  • En 2001 : “ok, ça augmente de nouveau, mais on voit que c’est conjoncturel”
  • En 2003 : “des canicules, ça arrive ! Attendons…”
  • En 2004 : “j’avais raison ça baisse !”
  • En 2010 : “on est sur un plateau, victoire !”
  • En 2013 : “ça repart, mais on manque de recul !”
  • En 2015 : “bizarre ce record, donnons-nous un peu de temps !”
  • etc…

Intéressons-nous maintenant à l’hémisphère nord, et aux seules terres émergées :

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2015 est encore historique…

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La même chose, depuis 1976, avec pour référence la période pré-industrielle :

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+ 1,6 °C sur la planète…

temperature-2

+ 3,1 °C sur les terres de l’hémisphère nord, en février…

Voici le détail :

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(on voit que c’est l’hiver qui se réchauffe le plus, et l’été le moins en général)

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(ce tableau est impressionnant ; je ne l’avais pas mis à jour depuis 2012, et zou, il m’a fallu créer 2 sauts d’échelle d’un coup, et j’aurais même dû en faire 3…)

Cela se répartit ainsi en fait en février (mois record) selon la latitude (Pôle sud à gauche, Pôle nord à droite ; Paris est à 48 ° de latitude) :

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On voit que le réchauffement est croissant avec la latitude (et il y a même un minuscule refroidissement du pôle sud)

Ce sont ces zones en marron qui chauffent le plus (jusqu’à + 15 °C !) :

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Voici pour avril :

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Pour voir l’évolution des températures cliquez ici

Les mois avec les plus gros écarts à la moyenne sur la planète :

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99 % de chance que 2016 batte 2015…

P.S. inutile de lancer un “débat” sur le réchauffement climatique en commentaire (ils seront supprimés). Si vous n’êtes pas d’accord, c’est votre droit, mais la procédure correcte est alors de rédiger un papier scientifique, est de l’envoyer à Science pour publication svp. Signalez-nous quand il sera accepté, nous le reprendrons alors. Merci.

Le réchauffement mondial s’accélère, par Nicholas C. Arguimbau

Le réchauffement mondial s'accélère, par Nicholas C. Arguimbau

Source : Consortiumnews.com, le 18/05/2016

Le 18 mai 2016

Les nouvelles données climatiques montrent que le réchauffement mondial empire, s’accélérant à un rythme plus rapide que ce qui était prévu à la conférence de Paris sur le changement climatique, écrit Nicolas C. Arguimbau.

Par Nicholas C. Arguimbau

Les participants à la conférence de Paris sur le changement climatique ont conclu « un accord qualifié d’historique, de durable et d’ambitieux » et présenté comme « le plus grand succès diplomatique du monde, » selon le Guardian du 15 décembre 2015.

Le président du Conseil de la défense des ressources naturelles a déclaré : « Le vent a tourné. Le monde a fini par s’unir contre le défi écologique qui se trouve au cœur de notre temps. »

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L’image de la Terre qui se lève sur la surface de la lune. Photographie prise par les premiers astronautes étatsuniens placés en orbite autour de la Lune.

Ils se réjouissaient encore de leur succès, quand est arrivée la nouvelle d’une hausse soudaine et excessive de la température mondiale, décrite par les climatologues comme « stupéfiante », « ahurissante », « une vraie bombe » , « un élément qui, à une vitesse effrayante, se heurte à la limitation de 2 degrés centigrades par rapport à l’ère pré-industrielle » , « une sorte d’urgence climatique », un événement qui ne nous laisse plus de marge de manœuvre ».

Le Guardian britannique : « Le mois de février bat les records de température mondiaux d’une façon plus que préoccupante. » Un événement, en bref, qui rend obsolète tout ce qui a été accompli à la Conférence de Paris.

L’aspect le plus significatif de ce qui s’est produit en février est probablement la vitesse avec laquelle cela s’est passé. Il y a des pics de la température mondiale lors des épisodes El Niño, même si, d’habitude, cela n’a pas lieu dans les régions arctiques ou l’hémisphère Sud, et ce pic a été le plus important qui ait jamais eu lieu. Il fait paraître dérisoire la pointe du dernier épisode El Niño de 1998.

Voici à quoi ressemble l’histoire récente de la température mondiale mensuelle moyenne de la surface de la mer et de la terre.

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Comme vous le voyez, la température mondiale moyenne a augmenté dans les deux derniers mois d’à peu près autant qu’elle l’avait fait dans les 35 ans précédents. Certes, El Niño a des effets bizarres, mais il est bien difficile de trouver un El Niño qui ait de telles conséquences.

Comme vous le voyez, l’anomalie de température de février a atteint 1,35 degré, de loin la plus importante de l’histoire alors que, quelques semaines plus tôt, la Conférence de Paris avait exprimé un attachement de pure forme à la limitation d’une hausse en dessous de 1,5 degré. Et il est manifestement déjà impossible d’atteindre cet objectif avec une température qui monte anormalement de 0,8 degré. Cela n’était pas censé se produire jusqu’à ce que nous dépassions les 2 degrés, mais nous voici à 1,35 deux ans seulement après avoir atteint la barre de 0,8 degré.

On a l’impression qu’on aurait dû tracer la limite de sécurité relative à 0,8 degré ou au-dessous au lieu de 2, mais on dispose de BEAUCOUP trop peu d’informations parce que les chiffres sont trop « criants ».

Lecture des données

Que ce passe-y-il réellement ? Nous savons qu’El Niño produit des pics de température mais pas comme le montre ce graphique de la glace sur l’eau en février.

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La glace fond dans l’Arctique, nous le savons tous, ce qui inquiète puisque la ville de Miami pourrait être engloutie dans la mer si une certaine quantité de glace fond. On se rend compte cependant que l’engloutissement des villes n’est pas tout. Voici une photo de la couverture de la glace arctique en septembre depuis 1979. Comme on peut le voir, la couverture de glace a diminué d’une façon très spectaculaire dans la dernière décennie, et elle s’est particulièrement affinée ces neuf dernières années.

Il y a une étonnante vidéo de la fonte de la glace de l’Arctique si on préfère les documents visuels. On fait beaucoup plus attention à la glace de l’Océan arctique qu’à celle de la neige à l’intérieur des terres, peut-être parce que la couverture de glace recouvre de grands champs pétrolifères et comme l’a demandé Peter Seeger : « Allons-nous apprendre un jour ? » Mais le même phénomène se produit sur une échelle beaucoup plus grande pour la couverture de neige du printemps dans l’hémisphère Nord.

Voici un graphique de l’anomalie de la couche de neige en juin. Dans la même période durant laquelle l’Océan arctique a perdu 3 millions de kilomètres carrés de glace, l’hémisphère Nord, dans son ensemble, a perdu, et c’est incroyable, 7 millions de kilomètres carrés de couche de neige. Voir la figure 4 ci-dessous.

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Miami a de quoi s’inquiéter et nous aussi. On appelle la fraction de lumière réfléchie par un objet « son albédo ». Les albédos de la glace et de la neige sont proches de 1 tandis que les albédos de la terre et de l’océan sont proches de 0. Ainsi si la neige et la glace fondent, la terre absorbera plus de lumière et sa température augmentera. C’est l’effet albédo.

Le réchauffement provoque la fonte de la glace et de la neige et cette fonte provoque le réchauffement, un cercle vicieux qui pourrait s’accélérer jusqu’à ce qu’il ne reste plus de glace ni de neige.

Contentez-vous de vous souvenir de cette formule. Si la neige ou la glace fondent, l’augmentation de l’énergie de la chaleur entrante absorbée par la terre est égale à l’albédo de la neige ou de la glace moins l’albédo de ce qu’elle découvre, multiplié par l’intensité par surface unitaire de l’énergie radiante entrante, multiplié par la surface impliquée. C’est un réchauffement qui est indépendant de celui provoqué par le CO2 qui entre dans l’atmosphère et auquel il s’ajoute.

Ainsi, si la neige fond mais ne découvre que de la neige, rien ne change, et, dans le cas contraire, le changement est proportionnel à la surface d’eau ou de terre dévoilée.

Évaluation de l’effet albédo

Ce n’est que récemment que les scientifiques ont découvert la puissance de l’effet albédo. On a élaboré des modèles dans les années 60 pour évaluer ce problème, desquels on concluait que la couverture nuageuse de l’Arctique pourrait l’empêcher de devenir un problème sérieux. On n’a pas cependant mesuré effectivement ce phénomène jusqu’à il y a deux ans en utilisant des données satellitaires. Pourquoi cela a-t-il pris tant de temps ? C’est un mystère. Voulions-« nous » vraiment savoir ?

Quoi qu’il en soit, les scientifiques ont montré que, sur la période de 1979 à 2014, le réchauffement attribuable à l’effet albédo dans le seul Océan arctique a atteint 25 pour cent du réchauffement directement attribuable au CO2. Pistone, Eisenman et Ramanathan, de l’Académie Nationale des Sciences; “Détermination observationnelle de la réduction de l’albédo causée par la disparition de la glace de mer arctique.” Ces gens devraient recevoir un prix Nobel.

Ce n’est pas un petit effet. Cela signifie que si nous évaluons le réchauffement global en mesurant les gaz à effet de serre dans l’atmosphère, nous manquons 20 pour cent du réchauffement rien que pour une petite partie de la couverture de neige et de glace de l’hémisphère Nord. C’est beaucoup, et ça indique au moins une raison pour laquelle le réchauffement est encore plus rapide que tout ce qu’on attendait, et, en fait, de plus en plus rapide.

De plus en plus rapide parce que c’est ce que fait une “boucle de rétroaction positive”. L’aspect vraiment problématique de la boucle de rétroaction positive est qu’elle opère dès lors que la température est au-dessus d’un niveau critique, et que réduire les émissions de gaz à effet de serre peut ralentir le réchauffement mais pas l’inverser.

L’effet albédo était complètement ignoré à Paris. En conséquence, les nations ont systématiquement sous-estimé le degré de réchauffement auquel nous avons à faire face, surestimé le temps que nous avons pour cela, et se sont par erreur données un large “budget” d’augmentation permise des émissions. Elles doivent se rencontrer dans cinq ans pour un rapport d’état, et au train où vont les choses, nous aurons passé les deux degrés d’ici là.

Une situation déplorable et qui empire

C’est déjà mauvais mais il y a pire. Nous devons être prudents dans la manière dont nous comprenons ce nombre, 25 pour cent, parce qu’il concerne le réchauffement accumulé depuis 1979 sur presque quatre décennies, pas le réchauffement ici et maintenant. Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessus, la fonte des glaces s’est énormément accélérée dans la dernière décennie, et en conséquence l’effet albédo de l’Océan arctique.

Si on utilisait la dernière décennie comme période de comparaison entre le réchauffement global lié à l’albédo dans l’Arctique et le réchauffement global lié aux gaz à effet de serre sur la dernière décennie, les chiffres pourraient être plus proches de 100 pour cent. Et ça empirera encore, parce que jusqu’ici l’Océan arctique conserve encore au moins un quart de sa couverture de glace en été, mais celle-ci tombera à zéro à une date encore indéterminée, réduisant l’albédo moyen substantiellement.

“Quand l’Arctique sera-t-il libre de glace en été ? Peut-être dans quatre ans. Ou dans 40,” dit le Washington Post. Ainsi, si l’effet albédo n’est pas encore aussi fort que l’effet des gaz à effet de serre, il le sera bientôt.

Tout ceci est une TRÈS mauvaise nouvelle. Les gens sont allés à Paris et ont parlé de réduction des émissions de CO2. Le but pendant des années a été de prendre des mesures de façon à limiter le réchauffement global dans la limite de 2 degrés Celsius avec une probabilité de 2/3. L’industrie pétrolière se plaint de ce que ça lui coûterait 30 milliards de dollars. En pratique, en cédant aux doléances de l’industrie, les documents de Paris ont “budgété” 30 milliards de dollars de pétrole supplémentaires à brûler, réduisant ainsi la probabilité de rester sous les 2 degrés de moitié.

Une fois démarré, l’effet albédo devient sa propre cause, et l’arrêt total des émissions de CO2 n’arrêtera plus le réchauffement. En décembre, il semblait que nous avions une toute petite marge de sécurité que nous pouvions dépenser afin que le public puisse acheter et que l’industrie des combustibles fossiles puisse vendre encore 30 milliards de dollars de carbone. [Voir “Les ‘recettes’ de l’Agence Internationale de l’Énergie pour Paris: une ‘dernière chance’ qui ne fait que prolonger 40 ans d’échecs” par N. Arguimbau]

Mais ceci ne semble plus possible. Nous pouvons contrôler les émissions mondiales de CO2, au moins en théorie, et nous ferions sacrément bien, MAINTENANT (l’effet albédo signifie que les milliers de gigatonnes d’émissions supplémentaires de CO2 que les nations se sont autorisées comme “budget” et ont donné gratuitement à l’industrie n’existent plus), mais le réchauffement pour cause de fonte des glaces arctiques continuera, quoi que nous fassions pour ralentir les émissions de CO2.

De même pour le réchauffement dû à la fonte de la neige de Sibérie et d’Amérique du Nord, qui est apparemment deux fois celle de la glace arctique et qui, la neige occupant une surface plusieurs fois plus étendue que l’Océan arctique, aura finalement un effet albédo plusieurs fois plus grand.

La disparition de la neige

La couverture de neige de l’hémisphère Nord doit réchauffer la terre à peu près deux fois aussi vite que la fonte de la glace de l’Arctique. Puis, bien sûr, il y a la glace fondue qui flotte sur la mer qui entoure l’Antarctique et qui vient d’une surface comparable à celle où la glace de l’Arctique a fondu mais qui n’a pas encore atteint le même stade.

Enfin, le réchauffement provoqué par la fonte de la couverture de neige et de glace du Groenland — et de l’Antarctique mais le réchauffement actuel n’est sans doute pas encore suffisant pour affirmer cela —, ne se produit pas encore. En effet, jusqu’à maintenant la neige et la glace sont trop épaisses pour que la terre soit à découvert au moment où elles fondent, mais ce réchauffement aura un début à moins que, pour quelque raison non encore découverte, un rafraîchissement n’ait lieu ailleurs.

Et puis il y a le méthane. Aïe ! Et ne l’oublions pas, ce sont les effets qu’on peut attendre à cause des effets de l’albédo même si l’on arrête aujourd’hui toutes les émissions de gaz à effet de serre.

En tout cas, c’est ce qui semble à l’auteur de ces lignes, qui s’excuse de ne pas être un scientifique, mais qui ne s’excuse pas tant que cela parce que les scientifiques auraient dû se pencher là-dessus depuis des décennies.

Il n’y a rien manifestement qui puisse empêcher un réchauffement comme celui que provoquerait l’effet albédo après la disparition de toute la glace et de la neige de l’hémisphère Nord PLUS le réchauffement dû aux émissions de gaz à effet de serre que nous pourrons peut-être ou peut-être pas contrôler.

L’auteur de ces lignes a une hypothèse fondée : on en arrivera à 3,5 degrés aussi bien à cause de l’effet albédo que des émissions de gaz à effet de serre, mais il n’entrera pas dans les détails pour rester bref et peut-être pourra-t-on persuader les climatologues de sortir de la clandestinité.

Un réchauffement considérable outre celui provoqué directement par les émissions de CO2 est maintenant inévitable si on ne commence pas très vite à inverser le réchauffement EXISTANT et/ou la contamination atmosphérique EXISTANTE par le CO2.

Tout au plus la rapidité du réchauffement par l’effet albédo et peut-être par l’entrée dans la danse de la terre de l’Antarctique peut être affectée par la masse de CO2 que nous continuons à déverser dans l’atmosphère. Et souvenez-vous, le « budget » de plusieurs milliers de gigatonnes que nous nous sommes donné n’existe plus.

Les scientifiques et les pays ont besoin de se réunir de nouveau et de recommencer de zéro. Qu’ils aient les tripes pour le faire, ça, c’est autre chose.

Il n’y a absolument rien de nouveau au sujet de ce que l’auteur de ces lignes affirme, sauf que l’inévitable est en train de se produire et que c’est indéniable. Les choses n’étaient pas censées échapper à notre contrôle jusqu’à ce que nous ayons atteint les 2 degrés, un chiffre fixé par presque tous les gouvernements et tous les grands groupes écologistes.

Mais il n’y a pas et il n’y a jamais eu de justification scientifique pour le choix de 2 degrés comme barrière de sécurité. Deux degrés a été un compromis politique du style : « Nous sommes d’accord. Nous n’allons couper que la moitié de la tête du bébé. » Nous voulions acheter les énergies fossiles et l’industrie voulait les vendre, pour des milliers de milliards par an aussi longtemps qu’ils le pourraient. Et c’est ainsi que nous avons conclu ce compromis irrémédiable.

La prophétie ignorée

Les scientifiques de la NASA ont évoqué ce sujet il y a une dizaine d’années. James Hansen de la NASA disait à l’époque que « pour éviter le point de non-retour », nous devions « commencer à réduire non seulement les émissions de carbone, mais encore sa présence totale dans l’atmosphère » et il suggérait un objectif de 300-350 ppm de CO2 dans l’atmosphère, 300 ppm étant équivalent à 1 degré de réchauffement. D’autres affirmaient que nous avions déjà atteint le point où la glace arctique était condamnée.

Ce qu’ils disaient et que leurs pays ignoraient est maintenant prouvé.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Cela a été notre choix. Les compromis politiques. C’est juste la façon dont l’humanité prend ses décisions et l’a toujours fait. Et nos propres grands groupes d’écologistes ont acquiescé.

Le compromis politique est quelque chose qui fonctionne quand il s’agit d’une petite communauté, n quand les décisions n’impliquent pas l’avenir de la Terre. Les décisions sur le climat impactent l’avenir de la Terre et nous ne sommes pas une petite communauté.

Et personne ne sait comment prendre des décisions au sujet de la société sans compromis politique. Nous aimons blâmer les hommes politiques corrompus, mais c’est nous qui les avons élus. Nous aimons blâmer ces voleurs de capitalistes, mais nous sommes ravis de les employer pour des milliers de millions de dollars. Nous aimons en appeler à la révolution, mais combien de temps cela prendra-t-il ?

Si nous nous tirons de cette situation impossible, qu’on aurait pu éviter en réduisant de moitié le plafond de la température du réchauffement mondial, et peut-être un peu plus, nous devrons nous rappeler quelque chose. Si nous survivons, nous aurons besoin de nous réorganiser en populations et communautés assez petites et inoffensives pour que les compromis politiques ne puissent pas nous rapprocher de la destruction de la Terre. Nous avons appris que si nous pouvons le faire, nous le ferons, tôt ou tard.

Nicholas C. Aguimbau est un avocat en retraite, titulaire d’une licence de physique de Harvard et d’une licence de droit de l’UCLA. Il vit avec un chat, un chien et 40 arbres fruitiers dans l’ouest du Massachusetts.

Source : Consortiumnews.com, le 18/05/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Quelle réponse de l’UE en cas de Brexit ?, par Romaric Godin

Quelle réponse de l'UE en cas de Brexit ?, par Romaric Godin

Source : La Tribune, Romaric Godin, 27/05/2016

Le Brexit devrait ouvrir de nouvelles divisions au sein de l'UE... (Crédits : © Phil Noble / Reuters)

Le Brexit devrait ouvrir de nouvelles divisions au sein de l’UE… (Crédits : © Phil Noble / Reuters)

L’option d’une sortie du Royaume-Uni ne peut toujours être exclue. Les Européens réfléchissent à une réponse, mais, comme d’habitude, sont fort divisés sur la stratégie à mener.

Alors que le débat sur les conséquences d’une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (« Brexit ») fait rage au Royaume-Uni, le reste de l’UE commence à s’interroger sur la conduite à tenir en cas d’un vote favorable au divorce le 23 juin prochain. Cette option n’est pas à écarter. Les sondages disponibles restent contradictoires selon qu’ils sont réalisés en ligne ou par téléphone.

Dans le dernier cas, le camp pro-UE affiche une large avance, mais dans le second cas, les partisans du Brexit font jeu égal avec leurs adversaires et parfois les dépassent même. Ainsi, le sondage en ligne Yougov des 23 et 24 mai place les deux camps à égalité (44 % chacun), tandis que celui de BMG des 20 à 25 mai (en ligne aussi), donne 45 % au Brexit et 44 % au maintien dans l’UE. A l’inverse, le sondage par téléphone de Survation du 24 mai, accorde une avance de six points au maintien dans l’UE (44 % contre 38 %). Dans tous les cas, la proportion d’indécis demeure importante (de 10 à 18 points) et ce sont sans doute ces indécis qui auront in fine, le dernier mot.

Risque pour l’UE

La possibilité d’une décision du peuple britannique d’activer l’article 50 du traité de l’UE pour quitter l’ensemble européen ne peut donc être exclue. Et, comme le rapporte le Financial Times de ce vendredi 27 mai, les dirigeants européens semblent entamer des discussions pour tracer les lignes d’une UE sans le Royaume-Uni. Le FT indique que lors de récentes rencontres, les dirigeants européens ont échafaudé des stratégies. Problème : les divisions accompagnent déjà ces premières discussions.

Si les Britanniques choisissent le Brexit, ce sera la première utilisation du fameux article 50 si cher à tous ceux qui veulent en finir avec l’Union européenne. L’appel à l’utilisation de cet article ne sera plus un simple exercice de style, mais une réalité dont pourront se prévaloir les forces eurosceptiques un peu partout. Ceci inquiète particulièrement à Bruxelles et dans les capitales européennes. Car si le Brexit ne provoque pas la catastrophe prévue par la plupart des études, si l’UE se montre « compréhensive » pour éviter des conséquences économiques dramatiques outre-Manche, il deviendra un exemple pour ceux qui plaident pour une sortie de l’UE. « Faire du Brexit un succès, ce sera la fin de l’UE. Cela ne peut pas se produire », explique un « politicien européen de premier plan » cité par le FT.

Paris veut faire un exemple

Les partisans les plus absolus de la ligne dure seraient les Français qui voudraient « faire un exemple » pour ôter au Front National un argument durant la campagne présidentielle. En cela, Paris peut sans doute compter sur l’appui du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, qui a récemment déclaré dans une interview au Monde que « les déserteurs ne seront pas accueillis bras ouverts. » Le plan français est donc d’imposer un nouvel accord commercial très contraignant pour le Royaume-Uni, peut-être même en refusant à ce pays l’entrée dans l’espace économique européen où sont intégrées la Suisse, la Norvège et l’Islande, par exemple. La dureté des négociations pourrait avoir de sérieuses conséquences sur l’activité économique britannique. Une étude du Trésor britannique avait estimé que l’impact sur le PIB au bout de 15 ans serait fort différent selon les formes de coopérations commerciales entre le Royaume-Uni et l’UE. En cas d’entrée dans l’EEE, la chute du PIB pourrait atteindre 3,8 %, en cas d’absence d’accord précis et donc de relations réglées par le cadre de l’OMC, le recul pourrait aller jusqu’à 7,5 %.

La stratégie du pire de Paris

Certes, les chiffres sont contestables et la période de campagne est propice à des scénarios apocalyptiques, mais il ne faut pas négliger l’effet de ces projections à court terme. Si les négociations patinent ou s’annoncent difficiles pour Londres, les marchés pourraient paniquer et vendre massivement leurs actifs britanniques. Or, le modèle économique britannique repose sur son déficit courant, donc sur l’entrée de capitaux étrangers. Les taux pourraient remonter fortement, la livre sterling chuter et l’épargne augmenter. Le Royaume-Uni aura alors bien du mal à éviter une récession et la Banque d’Angleterre, prise entre le besoin de relever ses taux pour freiner les sorties de capitaux et celui de les baisser pour soutenir l’activité, serait impuissante. C’est sans doute le but que se fixe la stratégie française. Dans ce cas, il serait difficile pour le FN au printemps 2017 de faire campagne pour une sortie de l’UE.

Berlin plus prudent que Paris

Selon le FT, cette position n’est cependant pas celle que privilégierait Berlin. L’Allemagne, officiellement, redoute qu’une position dure « ne renforce la division » de l’UE alors que l’union sera déjà en danger. En réalité, les motivations de la prudence allemande pourraient être plus terre-à-terre. En tant que puissance exportatrices dont les marchés en croissance, émergents, sont plus que jamais, en phase de décélération, l’Allemagne ne veut pas prendre le risque d’une quelconque panique sur les marchés. La première économie d’Europe a livré, en 2015, 89 milliards d’euros de marchandises au Royaume-Uni qui est son troisième client. Une récession outre-Manche associée à une panique boursière serait une mauvaise nouvelle pour l’Allemagne et pourrait toucher un secteur bancaire allemand, notamment la Deutsche Bank, très fragile et très sensible aux évolutions des taux et des changes. On comprend bien que la « punition politique » voulue par Paris fait grincer des dents à Berlin qui a tout intérêt à conserver des liens commerciaux intacts avec le Royaume-Uni. L’Allemagne pourra sans doute compter sur des pays proches des Britanniques comme l’Irlande, en première ligne en cas de Brexit… Les discussions s’annoncent donc serrées.

Vers plus d’intégration dans la zone euro ?

Les Européens devront aussi s’interroger pour savoir s’ils doivent ou non, pour répondre au risque de dislocation, renforcer les liens entre les 27 pays restants. Une solution serait alors une plus forte intégration de la zone euro, une option qui avait déjà été à l’ordre du jour après la crise grecque de l’été 2015, mais qui n’a guère avancé. Selon le FT, cette option a été évoquée dans une réunion à quatre qui s’est tenue cette semaine et a regroupé Jean-Claude Juncker, Mario Draghi, président de la BCE, Donald Tusk, président du Conseil de l’UE et Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe. Les deux premiers auraient souhaité une plus forte intégration de la zone euro en réponse au Brexit, Les deux derniers auraient émis « de profondes réserves », estime le FT.

En réalité, l’option de l’intégration est peu probable. Un plan franco-allemand est, en théorie, en préparation, mais on sait qu’il sera peu ambitieux. Mario Draghi réclame une meilleure coordination des politiques de la zone euro depuis longtemps et avait espéré que la politique de la BCE puisse être l’occasion de s’engager dans cette voie pour « compléter » cette politique. Peine perdue et Mario Draghi a quasiment perdu espoir d’imposer cette architecture. Selon le FT, Jeroen Dijsselbloem est un farouche opposant à une réponse « intégrative ». Rien d’étonnant à cela : on votera en avril 2017 aux Pays-Bas pour renouveler la chambre basse du parlement et le parti du ministre des Finances, les Travaillistes, est en plein désarroi avec moins de 10 % d’intentions de vote. Alors que l’humeur eurosceptique domine au pays de Rembrandt, le gouvernement de La Haye n’est pas prêt à sauter le pas vers plus d’intégration. La remarque vaut aussi pour Angela Merkel qui va tout faire pour tenter de contenir la poussée d’Alternative für Deutschland (AfD). Plus d’intégration alimenterait le discours sur le risque porté par les contribuables allemands dans le « sauvetage de la zone euro », un sujet que la chancelière préfèrerait éviter…

La solution : une Europe de la sécurité et de la défense ?

La réponse au Brexit devrait donc être surtout sécuritaire, souligne le FT. Les 27 devraient chercher avant tout à renforcer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme et la défense pour « faire revivre la popularité de l’UE ». Mais quels types de politiques seront-elles mises en avant ? Y aura-t-il la mise en place d’une armée commune ou d’un budget commun ? Contrairement à ce que pensent les sources du FT, ces sujets ne font pas nécessairement l’objet d’un consensus au sein de l’UE, le long débat sur les PNR, les données des passagers aériens, l’a prouvé. La prudence de l’Allemagne, même après les attentats du 13 novembre à Paris, dans son soutien militaire à la France en est une autre preuve. En réalité, on voit mal comment une stratégie militaire européenne peut se mettre en place… sans le Royaume-Uni. Mais, dans ce cas, il sera difficile de mener une politique dure dans les négociations commerciales…

Nouvelles brèches dans le « couple franco-allemand »

Le Brexit risque donc une nouvelle fois d’ouvrir des brèches au sein de l’UE à 27. L’attitude de l’UE face au Royaume-Uni sorti de son sein est loin d’être certaine. Les pays exportateurs, Allemagne, Pays-Bas et Irlande en tête, seront soucieux, quoi qu’ils en disent durant la campagne, de « limiter les dégâts » en limitant l’incertitude et le durcissement des conditions commerciales avec les Britanniques. Pour des raisons politiques, la France pourrait freiner des quatre fers, peut-être avec l’appui de l’Italie, où Matteo Renzi est menacé par le Mouvement 5 Etoiles, allié de l’UKIP au parlement européen. Une chose est certaine : l’UE à 27 risque d’être pris dans des injonctions contradictoires. Et le « couple franco-allemand » pourrait bien être une victime collatérale d’un éventuel Brexit.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 27/05/2016