dimanche 10 avril 2016

Même The Economist dénonce le budget antisocial de Cameron

Même The Economist dénonce le budget antisocial de Cameron




Une illustration de la théorie de Todd sur les MAZ ?

Dans son premier compte-rendu du budget, The Economist parlait de « direction économique raisonnable », et jugeait que ses bénéficaires le méritaient. En revanche, il critiquait son caractère extrêmement complexe, notamment les 86 nouvelles mesures fiscales annoncées. Mais une semaine plus tard, l'hebdomadaire ultra-libéral se fait bien plus critique, publiant notamment un dessin qui pourrait trouver sa place dans l'Humanité, en décortiquant les résultats d'une étude sur l'impact fiscal sur les ménages en fonction de leurs revenus. Et les résultats sont assez effarants. Déjà, le premier mandat de David Cameron avait fait fait peser le poids de l'austérité bien plus lourdement sur les ménages les moins riches, qui y avaient perdu 6% de leurs revenus, contre 1,5 à 3,5% pour les 50% aux plus hauts revenus.








Cette capacité à aller au-delà des intérêts de la classe qui l'achète et dénoncer les excès d'une époque dont il soutient pourtant le logiciel est une raison de lire The Economist. Merci de continuer à rapporter les faits qui permettent de remettre en cause les politiques que vous soutenez.

#PanamaPapers : le « journalisme d’investigation » du Ctrl+F par Viktor Dedaj

#PanamaPapers : le « journalisme d'investigation » du Ctrl+F par Viktor Dedaj

Source : Le Grand Soir, Viktor Dedaj, 04-04-2016

arton30186-f6174Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez réussi à lacer vos chaussures sans assistance ? Peut-être pas, mais vous avez sûrement sautillé sur place avec fierté, abordé tout adulte présent dans le périmètre pour lui faire constater de visu l'exploit. Plus débrouillard, vous auriez sans doute appelé un huissier pour immortaliser ce grand moment. Et même si les versions divergent, les Anciens qui ont connu cet épisode sont unanimes au moins sur un point : vous étiez drôlement mignon.

Connaissiez-vous le Consortium International des Journalistes d'Investigation ? Avouez que vous n'en aviez jamais entendu parler avant. Et pourtant, il existe depuis 1997. Basé aux Etats-Unis (à Washington – quelle meilleure base arrière pour faire des enquêtes et lancer des alertes ?), le Consortium affiche une liste de médias plus prestititigieux les uns que les autres, véritable « dream team » de la presse libre : El Pais, El Mundo, le Monde, Le New York Times, Le Washington Post, BBC, The Guardian, El Nacion… et j'en passe, d'un peu partout dans le monde.

Ah la la… On se souviendra avec émotion du travail inoubliable accompli par ce Consortium du Monde Libre (*). Leur travail sur les attentats du 11 Septembre 2001 – un modèle du genre. Leur ténacité sur les armes de destruction massive en Irak – un bijou. Leur longues enquêtes sur la plus féroce et longue « tentative de crime humanitaire du 20ème siècle », et qui perdure, à savoir la tentative de blocus des Etats-Unis contre Cuba… Leur détermination à révéler les origines et relations de l'Etat Islamique – j'en pleure encore. Ah, sans oublier leur couverture des nazis en Ukraine, des charniers en Colombie, des cartels de la drogue au Mexique (où, entre 1997 et février 2016, on compte un peu plus de 200 journalistes assassinés), des tentatives de coups d'état au Venezuela… bref, la liste est tellement longue.

Depuis hier, le Consortium est en surchauffe et en mode auto-congratulation maximum car voici qu'on nous annonce la plus grande révélation de tous les temps (graphiques à l'appui). Certes, certains médias français ont encore du mal à cracher le nom de leur patron présent dans la liste (Rappel : il s'appelle Drahi), mais bon, ne faisons pas la fine-bouche.

Pour le reste, j'ai noté la présence de personnalités plus ou moins déjà « grillées » (une sorte de confirmation, dirons-nous) et – sans surprise, avouons-le – quelques chefs d'état qui n'étaient déjà pas en odeur de sainteté sous nos latitudes (je trouve qu'il manque un peu de Front National pour boucler la boucle).

Permettez-moi de rendre un hommage appuyé à ces guerriers de l'information car il en faut du professionnalisme et de l'abnégation pour :

1 – soulever son cul de sa chaise
2 – ouvrir une enveloppe trouvée dans son casier
3 – sortir la clé USB
4 – la connecter à son ordinateur
5 – décompresser (probablement) les fichiers et
6 – lancer une recherche (Ctrl+F) sur des Giga Octets de données histoire de voir qui c'est qu'on y trouve.

Yep. Du grand travail d' « investigation ». Du même niveau que celui que nous déployions pour trouver des œufs de Pâques cachés dans le jardin – et encore.

Remarquons que tous les commentateurs prennent soin de préciser que « toutes ces transactions/comptes » ne sont pas forcément « illégaux », et même loin de là (sauf évidemment, dans le cas des premiers noms lâchés dans la nature, cela va de soi). Et prévenir qu'il n'y a pas obligatoirement de l'illégalité dans l'air ni de blanchiment en cause permet de laisser la porte ouverte à toute découverte un peu malencontreuse et inopinée (la présence d'un copain, quoi… Drahi, tu nous entends ?).

Ils tentent de nous la jouer « super wikileaks » mais pendant ce temps, d'autres lanceurs d'alerte croupissent dans les prisons US (Chelsea Manning ?), ou ont été obligés de fuir (Edward Snowden) ou se réfugier dans une ambassade compréhensive (Julian Assange ? (**) ) et tous ont été lâchés, trahis et enterrés par ces mêmes médias une fois leur os rongé. Et je ne cite que les 3 noms les plus connus.

Non. Le Consortium préfère chasser des œufs de Pâques déposés par d'autres et nous les montrer en poussant de petits piaillements de joie. On verra – un signe qui ne trompe pas – combien de ces journalistes connaîtront des « problèmes ». Car, au cas où ils ne l'auraient pas remarqué, le système se défend lorsqu'il se sent menacé. Alors autant les prévenir : l'ambassade de l'Equateur à Londres affiche complet depuis 4 ans.

Viktor Dedaj
« encore un effort pour vous racheter les gars »

(*) A quoi vous attendiez-vous ? La fuite est gérée par un organisme qui porte le nom grandiose, mais qui prête à rire quand on connait l'oiseau, de « Consortium international des journalistes d'investigation ». Il est entièrement financé et géré par le Centre des États-Unis pour l'intégrité publique. Leurs bailleurs de fonds comprennent :

– La fondation Ford
– La fondation Carnegie
– La fondation de la famille Rockefeller
– La Fondation W K Kellogg
– La Fondation pour une société ouverte (Soros)

Le Consortium International des journalistes d'investigation (ICIJ) fait partie du Projet de rapport sur le crime organisé et la corruption (OCCRP) qui est financé par le gouvernement américain à travers l'USAID. cf : http://www.legrandsoir.info/les-panamapapers-sont-un-moyen-de-chantage…

(**) Le cas de Julian Assange étant à lui seul révélateur de la médiocrité de ces pseudo-investigateurs. Faut-il leur rappeler – combien de fois encore ? – que ce dernier n'a violé aucune loi (laquelle, au fait ?), et qu'il n'est pas poursuivi pour viol ou violences sexuelles par la Suède – mais a été « convoqué » par une procureure suédoise qui veut absolumentl'interroger sur le sol suédois (pas sur place, à Londres, ni via une vidéo-conférence, comme proposé). Sur le sol suédois où il existe un accord d'extradition de « témoins » avec les Etats-Unis. Les Etats-Unis, où un Grand-Jury a déjà été constitué pour régler le compte à quelqu'un qui n'a violé (on tourne en rond) aucune loi couverte par une juridiction US…

Source : Le Grand Soir, Viktor Dedaj, 04-04-2016

[Actu’Ukraine] Une Française dans le Donbass

[Actu'Ukraine] Une Française dans le Donbass

Article de Catalina.B, lectrice du blog, qui est partie dans le Donbass…

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Nous sommes nombreux à nous intéresser au Donbass. Il nous est bien sûr difficile de nous imaginer la vie sur place c’est pourquoi j’ai fait le voyage. Bien que je n’ai pas pu, parce que je ne parle pas russe, mettre en oeuvre mes projets humanitaires, je vous restitue des éléments de la vie quotidienne, celle dont on ne parle pas dans les médias. J’ai mis en lien  des articles de L.Brayard-journaliste français, écrivain et historien,  résident du Donbass que j’ai rencontré à Donetsk-ainsi que ses photographies qu’il a généreusement partagé avec moi, n’ayant pas les deux accréditations(presse et militaire)  nécessaires pour faire moi-même des photos et des entretiens.

Voici donc mon expérience, Donetsk vu par une Française, ne parlant pas le russe, je ne peux restituer ici que mon propre ressenti, amputé de relations sociales plus approfondies avec les gens du Donbass. J’espère qu’il vous apportera quelquechose, c’est tout ce que je souhaite à cet article.

Séjour d’un mois  à Donetsk, Février 2016

Les images les plus marquantes dès la frontière Russie-Donbass passée sont les énormes plots de ciment, que je suppose anti chars tellement ils sont imposants. On ne peut qu'imaginer à quoi ils sont promis et la réalité de la guerre explose aux alentours. Les impacts des tirs sur les arbres et les nombreuses tombes, toutes fleuries, parlent de deuils, de destructions, de souffrances.

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Photo L.Brayard

En regardant mieux, depuis le minibus-taxi qui nous emmène brinquebalant sur les routes défoncées, je discerne des maisons détruites au milieu d'autres. Pourquoi cette maison-ci et pas une autre ?

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Photo L.Brayard

En effet, pas de cible stratégique dans ces villages perdus dans la steppe où les gens restent parfois malgré les tirs quotidiens parce qu’ils n’ont nulle part où aller.

Ces gens qui semblent oubliés de tous. Qui se terrent dans les caves la nuit venue, et qui vivent, le jour, sous la menace proche des canons de l’armée ukrainienne.

En complément : Les enfants dans les caves du Donbass

Tous les jours les tirs résonnent dans la ville de Donetsk. Ces tirs qui pilonnent des villages dans la périphérie, déjà en partie détruits. Des tirs qui n’épargnent personne, ni aucun bâtiment, serait-ce une école.

Vidéo de L. Brayard, sans sous-titre mais suffisamment éloquente

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“on a connu le nazisme il y a 70 ans et ça recommence ?” (Photo L. Brayard)

A Donetsk, J’ai fait cet enregistrement depuis mon hôtel. Comme vous l’entendez, l’armée pilonne les villages dans la périphérie.
<<<Vidéo MVI_1763.AVI>>>

Situation de mon hôtel à Donetsk : Google Maps.

Les gens souvent démunis reconstruisent avec ce qu’ils ont. Là, on se sert de tapis pour recouvrir les toits.

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Explosions des fenêtres à cause des bombardements. Beaucoup de gens sont blessés s’ils sont à proximité.
Photos L. Brayard

A Donetsk, la vie suit son cours sous le bruit journalier des canons. Il y a des soldats dans les rues, des contrôles sur les grands axes, les banques sont fermées ainsi que les mac do et autres grand magasins.
Les universités sont ouvertes et c’est avec plaisir que je croise de nombreux étudiants.
Dans les rues, les gens vaquent à leurs occupations. La ville est très bien entretenue, très propre, il y a des poubelles partout et des agents d’entretien s’occupent des nombreux jardins disséminés dans la ville.
A Donetsk, on peut contempler des chefs d’oeuvres de la ferronnerie d’art.

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Photo Catalina

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Une belle ville (Photo L. Brayard)

Les bus qui n’ont jamais cessé de fonctionner sont bondés au petit matin. La ville vit comme toutes les grandes villes même si beaucoup d’entreprises ont fermé.
Insolite, le comportement des gens est très confiant, ainsi, dans le bus, si vous ne pouvez pas composter, vous donnez votre ticket à quelqu’un qui le donnera à une autre personne jusqu’à le compostage et il vous revient, idem avec l’argent, on se le passe jusqu’au chauffeur. Autre chose de bien différent de chez nous est que les hommes même jeunes laissent toujours la place assise aux femmes.

Les hôpitaux fonctionnent malgré les manques de moyens. La Russie essayant au mieux de pallier au manque de fournitures médicales. J’ai eu l’occasion de visiter un hôpital et j’ai eu l’impression de me retrouver 20 ans en arrière : peintures décrépies, murs défoncés, bois de portes vermoulus. Les problèmes de corruption de l’Ukraine sont pires aujourd’hui mais étaient déjà énormes avant le Maidan. Sur 17,5 milliards créés par le Donbass en richesse, seulement 6 milliards lui revenait. Ce qui explique l’état de délabrement de certaines structures hospitalières. Dans cet hôpital et dans d’autres, il nous faut honorer le personnel qui a parfois travaillé sans salaire plusieurs mois d’affilée avec un courage inégalable.

En me promenant je croise parfois des gens très pauvres qui font la manche. La vie ici est difficile, L’Ukraine ayant décidé de ne plus verser les pensions.

En complément : Ukraine : centre infernal d'un monde en décomposition par Kevin Queral (son site)

La Russie a pris le relais mais ne peut donner la totalité des salaires ou autres prestations. Elle aide comme elle peut le Donbass en accueillant des enfants pour des soins et en affrétant de nombreux convois humanitaires. Sur la ligne de front, la vie est plus que dramatique. En attendant l’instruction de leur demande de pension, beaucoup de familles n’ont pratiquement rien et bénéficient juste d’une aide financière ponctuelle et de produits distribués par des associations.

En complément : Plus de 60 tonnes d’aide humanitaire délivrée au Donbass par la Russie depuis Aout 2014

En complément : Sébastien Hairon lance un appel pour un hôpital de Donetsk

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Photos Catalina

Laurent Brayard journaliste et humanitaire prévoit toujours d’avoir de l’argent à donner aux plus nécessiteux.

En complément : “Veuves de guerre du Donbass, aux portes du malheur.”

En complément : Spartak, une mission humanitaire pour les civils sous les obus ukrainiens

En me promenant dans Donetsk, je croise des mamans avec leurs bambins, au loin, le bruit des tirs résonne et je ne peux m’empêcher de penser à ces petiots et à leur ressenti. Moi qui ne vis pas ici, j’en rêve la nuit et eux, quels sont leurs rêves?
A aucun moment dans mes conversations avec des gens d’ici, ils ne parlent de vengeance, ou simplement de haine. Bien que des jeunes-femmes m’aient montré leurs photos en tenue de soldats, elles n’ajoutent pas de commentaire, seulement qu’elles aimeraient que la paix revienne.
Le Donbass se reconstruit malgré les incessantes attaques de l’armée de Kiev. Il s’évertue à contrer la guerre en organisant de nombreuses manifestations culturelles.

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Photos L. Brayard

En complément : Un concert pour les enfants ayant perdu leurs maisons bombardées par les Ukrainiens.

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Donetsk à Noël (Photo L. Brayard)

Accords de Minsk et OSCE

Le Donbass respecte le cessez-le-feu. Il y a malgré tout des combats initiés par l’armée ukrainienne qui tente de percer la ligne de front et qui continue malgré les accords de Minsk à avancer et utiliser des armes interdites.

OSCE/Donbass : Plus de 600 observateurs déployés. Octobre 2015.

Rapport de situation de Lougansk : L’Ukraine empêche l’OSCE de travailler et tente de fermer les points de passage avec la RPL – 14 mars 2016.

Violation du cessez-le-feu par l'Armée ukrainienne le 16 Oct 2015.

Depuis le début des accords, l’armée ukrainienne n’a jamais respecté le cessez-le-feu. Elle bombarde, pille les villages et les fôrêts et continue à tuer. Les problèmes à l’intérieur même de l’armée ukrainienne vont en s’amplifiant, les conditions de vie déplorables étant en partie une des raisons de ces problèmes. D’autres sont liés à l’abus d’alcool et des mésententes entre bataillons ultranationalistes et soldats de l’armée régulière.

Le pillage des réserves forestières du Donbass par l’Ukraine.

Pillages systématiques (pogroms) du Donbass par l'armée de Kiev – Reportage d'une TV ukrainienne (Kiev).

Ukraine : délabrement et alcoolisme dans les forces armées [VOSTFR]

La situation militaire

Rapports de situation de Lougansk et de Donetsk : ici et .

“C'est inimaginable ce qu'ils font, les Ukrainiens. Ils tirent sur les enfants allant à l'école, les adultes partant travailler…. C'est pareil le jour comme la nuit.”
Novorossia

Les milices du Donbass surveillent les points stratégiques sur la ligne de contact, elles repoussent les essais de percées ukrainiens.
Bien souvent terrées dans les tranchées, elles sécurisent la région du mieux quelles le peuvent et parfois, à l’intérieur même des villages ciblés par l’armée ukrainienne.

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Photo L. Bravard

Situation politique.

Les réunions au format Normandie n’ont aucun impact sur le cessez-le-feu.

DniPress : Rapport de situation de Donetsk : Les FAU se préparent pour des combats en milieu urbain – 20 mars 2016.

Le président ukrainien semble ne pas avoir suffisamment d’autorité pour contraindre son armée à l’arrêt des hostilités.
La présence de l’OCSE n’a pas l’air d’avoir quelque incidence sur la situation.
Avec leur humour particulier, les opticiens du Donbass ont offert 80% de réduction aux gens de l’OSCE.
Deux délégations étrangères à caractère d’investigation sont allées dans le Donbass, il s’agit de la délégation tchèque et d’une délégation française.

BlogSpot Gaideclin : Jacques Clostermann : ” Demain, les combattants français dans le Donbass seront connus “.

DniPress : La délégation tchèque est arrivée en RPD pour apprécier les besoins humanitaires.

Article Facebook : A Genève, s’est ouverte la conférence des Nations Unies sur la tragédie d’Odessa de mai 2014 : dans la maison des syndicats des nationalistes ukrainiens (nazis)ont tué des dizaines de personnes, brûlant vives de nombreuses personnes.

Sur la ligne de front, la situation perdure avec des attaques quotidiennes, des exactions auprès des villageois, des pillages.
Le Donbass lui se reconstruit.

DniNews : Environ 40 entreprises de la République Populaire de Lugansk rétablies depuis le début de 2016.

L’avenir

Les enfants rêvent de paix, de reconstructions.

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Photos L. Bravard

Espoir de la nouvelle république

” L’autodétermination des peuples à décider pour eux-mêmes ”

DniPress : La distribution des passeports de la RPD a commencé à Donetsk le 16 mars 2016.

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Photo L. Bravard

La guerre

La guerre c’est aussi cette jeune maman qui s’est jeté sur son fils dans le bus ciblé par les tirs pour le protéger et qui a perdu un bras.

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Cette autre jolie jeune femme qui en plus a perdu son mari et son petit garçon.

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ou encore cette autre jolie femme qui a perdu une jambe…

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Photos L. Bravard

En conclusion

Des milliers de personnes dans la tourmente, des milliers de personnes en exode, des centaines de personnes mutilées pour toujours, des dizaines de vies d’enfants, perdues à jamais, des milliers de vies menacées par le choix d’absence de diplomatie du gouvernement de l’Ukraine qui refuse toute discussion avec le Donbass et lui impose ses troupes armées.

Le silence de l’ue sur cette tragédie et sa participation puisqu’elle ne met pas la pression sur le président pour qu’il respecte les accords de Minsk et qu’elle continue malgré tout à négocier avec l’Ukraine son éventuelle entrée dans l’union. Sans compter l’argent qu’elle lui prête alors que l’Ukraine ne fait pas partie de l’ue. En comparaison avec ce qu’impose l’UE à la Grèce, on est en droit de se poser des questions.

En complément : Rapport de presse Europa.

Le silence sans étonnement des chiens de garde qui doivent être occupés à ronger d’autres os tous aussi sanglants. Et le pire, cacher ces nazis qu’on ne saurait voir.

J’espère que ces petiots seront encore là dans 5 ans….

Catalina.B pour www.les-crises.fr, avril 2016

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Justine Brabant : « Le conflit au Congo n’est pas oublié, il est mal regardé »

Justine Brabant : « Le conflit au Congo n'est pas oublié, il est mal regardé »

Je vous recommande ce livre de Justine Brabant sur un conflit qui fait hélas rarement la une des médias…

Source : RFI, Florence Morice, 12-03-2016Capture d'écran 2016-03-14 à 23.10.40

Qui sont les hommes et les femmes qui se battent parfois depuis des décennies dans l'est de la République du Congo… Pourquoi se battent-ils ? Comment sont-ils organisés, de quoi ont-ils peur, à quoi rêvent-ils lorsqu'ils ne sont pas en train de se battre ? Les réponses à ces questions, Justine Brabant est allée les chercher, pendant trois ans, sur les sentiers du Kivu, province de l'est du Congo. Le résultat, c'est un livre qui vient de sortir, intitulé Qu'on nous laisse combattre et la guerre finira. Justine Brabant en parle au micro de Florence Morice.

RFI: A propos de la situation dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), vous écrivez dans votre livre « Ce n'est pas un conflit oublié, mais c'est un conflit mal regardé ». Qu'entendez-vous par là ?

Justine Brabant: J'ai longtemps cru que le Congo, on l'avait un peu oublié. En creusant, je me suis rendue compte qu'il n'était pas, à mon sens, oublié parce que dans la presse française, on en parle souvent. J'ajoute également que cette question des sept millions de morts qu'on utilise souvent pour dire « voilà, c'est un conflit oublié, la preuve il y a sept millions de morts et on n'en parle pas assez », c'est en fait un chiffre un petit peu exagéré.

Et finalement vous le remettez en cause dans votre ouvrage ?

Voilà. C'est quelque chose d'un peu contestable et aujourd'hui, les humanitaires s'accordent à dire, sur le bilan chiffré des morts au Congo, qu'il y en aurait plusieurs millions. Donc, conflit pas oublié mais, à mon sens, mal regardé parce que parfois on a tendance à le regarder avec des automatismes qui marchent sur toute l'Afrique, comme par exemple, le prisme du conflit ethnique. Cependant, si l'on raisonne uniquement avec des questions de conflits ethniques, on peut comprendre que certains groupes s'affrontent, mais on ne comprend pas pourquoi, dans un premier temps, ils ont commencé à s'affronter.

Justement vous, pour comprendre cela, vous allez à la rencontre de combattants ou de chefs de guerre congolais pour leur poser la question. Qu'est-ce qu'on vous répond ?

Il y en a beaucoup qui commencent à se décrire en des traits qui sont très surprenants, comme par exemple « résistants » aux invasions menées par des mouvements rebelles venus du Rwanda à l'époque, comme le RCD [Rassemblement congolais pour la démocratie]. D'autres qui se décrivent en « patriotes » ou encore en « protecteurs de leur village », ou « protecteurs d'un Congo » qu'ils jugent menacé par des agressions extérieures.

Vous vous inscrivez donc en faux contre cette image répandue de rebelles sanguinaires qui passent leur temps à piller et à violer. Malgré tout, des exactions sont commises par des groupes armés à l'est de la RDC. Ne craigniez-vous pas qu'on vous accuse d'angélisme ?

Il me semble que j'explique clairement, dans ce livre, le dilemme qu'on a quand on se rend au Congo parce qu'en fait, on sait et on a lu les rapports. Seulement, quand on arrive sur place, on ne se trouve pas face à des gens qui ont l'air de venir de tuer ou de violer des centaines de personnes. J'ai donc considéré que mon travail de journaliste et de chercheuse consistait à raconter ce que j'ai vu et à décrire, avec autant d'honnêteté que possible, ce dilemme parfois très compliqué à gérer entre ce que l'on sait que les gens ont fait et les personnes qui se présentent à nous qui, souvent, s'expriment en des termes très simples et peuvent même paraître parfois sympathiques.

Parce que finalement à vous lire, on comprend que combattre, pour beaucoup d'entre eux, ce n'est pas forcément un choix mais un engrenage. Quel est l'exemple qui vous a le plus surpris ?

C'était quelqu'un qui était hébergé dans la plaine de la Ruzizi, peu après le génocide au Rwanda, et qui a vu arriver des réfugiés au Congo, et notamment des réfugiés [qui deviendront par la suite les FDLR, les Forces démocratiques de libération du Rwanda]. Dans la suite de ces réfugiés, il y a eu des gens qu'il a vus comme des agresseurs et qui étaient des gens de l'AFDL [Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo] qui ont renversé Mobutu et qui ont installé Kabila au pouvoir.

Quand il a vu arriver ces gens, la première chose qu'on lui a fait, c'est qu'on lui a pris ses vaches. Et lui, en tant que berger, sa vache c'était l'essentiel de sa vie, l'essentiel de son revenu. Alors au début, il a tout simplement pris des flèches ou ce qui lui tombait sous la main et il a rassemblé quelques hommes autour de lui. Il ne pensait pas qu'il s'engageait dans une guerre qui allait durer 20 ans et qui allait faire des millions de morts. La plupart, bien entendu, n'imaginaient pas une seconde que, à l'image de ce berger, ils allaient devenir colonel ou finir par tuer ou encore voir leurs camarades tués. Parfois, ils ont tout simplement commencé par jeter des pierres.

Du coup, vous vous demandez aussi comment appeler ces personnes. Est-ce qu'il faut les appeler des rebelles ? Est-ce qu'il faut les appeler des miliciens ? Est-ce qu'ils ne sont que des supplétifs de l'armée régulière ? Avez-vous trouvé une réponse à cette question, aujourd'hui ?

Disons, à l'inverse, qu'il y a certains termes que j'essaie d'éviter d'utiliser maintenant. J'ai remarqué, au début, que j'avais tendance à parler très facilement de rebelles, en faisant référence à certains des Maï-Maï que j'ai rencontrés. Or, ces groupes locaux d'auto-défense, à leur début, ont été fournis en armes et en logistique par Kinshasa. Par conséquent, est-ce que des groupes, qui font un peu office de supplétifs de l'armée régulière, peuvent être appelés des rebelles ?

Même parler des civils, c'est compliqué parce qu'au Congo, vous avez des gens qui sont étudiants le jour et qui, la nuit, font des patrouilles avec d'autres jeunes du village pour se protéger. Est-ce qu'ils sont déjà un petit peu combattants ou est-ce qu'on peut vraiment parler de civils ? Ce livre, donc, c'est aussi une réflexion sur la manière dont on parle de la guerre. J'ai le sentiment que parfois on donne une image trop blanche ou trop noire de ce conflit alors qu'il est plein de zones grises.

Et plein de frontières poreuses. On le voit bien entre armée régulière et groupes armés puisque beaucoup passent de l'un à l'autre. Poreuses également entre groupes armés et humanitaire ?

Oui. On découvre, en enquêtant, que bon nombre de jeunes combattants, à leurs heures perdues, sont eux-mêmes investis généralement dans des associations, très locales, de développement en rapport avec la paysannerie. Il y en a même certains qui viennent d'ONGs internationales. Il y a ainsi des passerelles qui sont liées au fait que, quand on est jeunes au Kivu et si on est un peu diplômés, les deux débouchés sont généralement la guerre ou l'humanitaire.

Est-ce qu'en voyant tout ça, vous avez eu le sentiment que vos interlocuteurs voulaient réellement mettre fin au conflit ?

Je pense que beaucoup d'entre eux ne sauraient pas quoi faire d'autre que la guerre. Enfin, pour beaucoup, le premier réflexe n'est pas de se dire comment en sortir mais, comment faire avec.

C'est le sens de votre titre ?

C'est une partie du sens du titre. Le sens, je le laisse à ce vieil homme que j'avais rencontré dans un village où j'étais partie interroger un commandant Maï-Maï. Il a voulu conclure un entretien en disant, « de toute façon, qu'on nous laisse combattre et la guerre finira ».

Je ne sais pas exactement ce qu'il voulait dire par là mais, moi, je le comprends et je l'ai choisi comme titre parce que c'est la clé du paradoxe de cette guerre. De plus en plus de gens, en effet, s'engagent en pensant que c'est grâce à leur engagement que cela se terminera, que finalement il y a eu tellement de violences passées, qu'il faut soi-même, à son tour, prendre les armes pour y mettre fin définitivement, et si besoin en étant encore plus violents que les précédents. C'est un paradoxe terrible mais je pense qu'il explique, en partie, cette guerre qui dure tant.

Qu'on nous laisse combattre et la guerre finira, de Justine Brabant, paru aux Editions La découverte.

Qu'on nous laisse combattre et la guerre finira, de Justine Brabant, paru aux Editions La découverte.

Source : RFI, Florence Morice, 12-03-2016

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“Qu’on nous laisse combattre, et la guerre finira”
Avec les combattants du Kivu 

 

Qu'on nous laisse combattre et la guerre finira, de Justine Brabant, paru aux Editions La découverte.

Qu'on nous laisse combattre et la guerre finira, de Justine Brabant, paru aux Editions La découverte.

Lorsque le Congo se fraie un chemin jusque dans les colonnes de nos journaux, c'est souvent pour raconter les mêmes histoires tragiques : les trafics de minerais qui alimentent les groupes armés, les milliers de femmes violées, les colonnes de réfugiés fuyant une guerre qui semble ne jamais s'arrêter.
Et pourtant, nous ne savons rien ou presque de ceux qui font cette guerre. Pourquoi se battent-ils ? Pourquoi se sont-ils engagés dans une série de conflits qui a fait des millions de morts depuis vingt ans ? D'où viennent ces combattants dont on nous dit qu'ils violent et pillent sans scrupules ? Comment sont-ils organisés, de quoi ont-ils peur, à quoi rêvent-ils lorsqu'ils ne sont pas en train de se battre ? Les réponses à ces questions, Justine Brabant est allée les chercher, pendant trois ans, sur les sentiers du Kivu, province de l'est du Congo.
Elle livre ici la chronique de ses rencontres. Bergers devenus colonels, chefs insurgés de père en fils ou civils qui transportent leur vie dans un sac à dos : elle s'est plongée dans le quotidien de ces hommes – et de ces femmes – dont certains n'ont jamais connu la paix et qui ont la guerre pour seul horizon.
Rompant avec les récits habituels sur la « violence aveugle » et les « conflits ethniques », l'auteure décrit un monde où les frontières se brouillent entre civils et combattants, entre rebelles et forces de l'ordre, entre militaires et humanitaires. Son enquête offre par là même une réflexion originale sur ces guerres qui durent depuis si longtemps qu'on a fini, nous aussi, par ne plus les voir.

Source : Editions La découverte