jeudi 1 décembre 2016

Perturbateurs endocriniens : des scientifiques dénoncent la position de l’Europe

Perturbateurs endocriniens : des scientifiques dénoncent la position de l'Europe

Les perturbateurs endocriniens jouent notamment sur le QI, et ça fait 25 ans que les industriels le savent, mais on comprend l’urgence de ne rien faire. Maintenant les gens sont tellement cons qu’ils plébiscitent des programmes comme celui de François Fillon, et j’ai bien peur que ça ne s’arrange pas pour les générations futures, il suffit de voir l’article de ce matin sur les performances scolaires de nos enfants.

Mais comme tout le monde s’en fout, 7 milliards de consommateurs (et d’électeurs) totalement abrutis, avouez que ça fait envie, enfin surtout pour les industriels qui nous vendent leur merde.

Près de 100 scientifiques réputés ont signé une tribune dénonçant la stratégie des industriels, qui orientent la politique de Bruxelles en matière de santé publique et d’environnement.

Jusqu’à quand la dangerosité des perturbateurs endocriniens sera-t-elle minimisée par les instances politiques ? Jusqu’à quand les industriels parviendront-ils à imposer leur calendriers et leurs choix en matière de réglementation européenne sur des substances pourtant décriées depuis des années par la communauté scientifique ? C’est en matière ce que dénonce une tribune, publiée mardi dans Le Monde, en français et en anglais, et signée par près de 100 scientifiques internationaux renommés, spécialistes des troubles hormonaux ou des évolutions climatiques.

Selon eux, le lobbying des industriels (qui fabriquent et vendent les substances considérées comme des perturbateurs endocriniens) est tel, que depuis des années, l’Europe reste incapable de légiférer pour encadrer correctement l’utilisation de ces produits, pourtant jugés dangereux pour la santé humaine.

Les perturbateurs endocriniens, substances chimiques capables d’interférer avec notre système hormonal et de le contaminer, sont présentes dans de très nombreux produits de notre quotidien (alimentation, cosmétiques, ameublement, matériaux de construction…)

D’un côté, des études qui dénoncent le danger

Les études démontrant leur dangerosité même à très petite dose, se sont multipliées ces dernières années. Selon les scientifiques, l’exposition à ces polluants est particulièrement critique lors de « certaines périodes du développement, pendant la grossesse ou la puberté, lorsque notre organisme est particulièrement vulnérable ».

Leur effet est souvent irréversible.

Résultat : leur prolifération est une véritable « menace mondiale pour la santé », alertent les signataires de la tribune.

Jamais l’humanité n’a été confrontée à un fardeau aussi important de maladies en lien avec le système hormonal : cancers du sein, du testicule, de l’ovaire ou de la prostate, troubles du développement du cerveau, diabète, obésité, non-descente des testicules à la naissance, malformations du pénis et détérioration de la qualité spermatique.

Selon eux, une seule solution existe pour enrayer cette hausse des maladies hormonales : limiter l'exposition de la population aux substances nocives en réglementant strictement leur utilisation. 

De l'autre, des industriels qui veulent gagner du temps

Face à ces études alarmantes, la première réaction aurait pu être la décision d'appliquer le "principe de précaution" et de stopper l'utilisation des substances mises en cause.

Mais c'était sans compter sur les enjeux financiers d'une telle décision, beaucoup trop importants pour être ignorés par les industriels. 

Aussi, selon les signataires de la tribune, la stratégie des fabricants est souvent la même : 

  1. Nier en bloc les accusations
  2. Si une étude vient confirmer les risques, sortir une contre-étude pour maintenir le doute
  3. Créer une controverse scientifique pour laisser les politiques dans le flou, afin de gagner du temps sur les législations

Et ces industriels ne se battent pas seuls : ils peuvent compter sur certains États hors Europe, précieux alliés de leurs intérêts économiques. 

Car au-delà des enjeux financiers pour les fabricants de substances chimiques, c'est une partie du système de libre-échange mondial qui pourrait être remise en cause si l'Europe venait à légiférer strictement sur les perturbateurs endocriniens et donc à limiter leur utilisation et leur importation sur le territoire.

En tête de file de la fronde anti-législation, les États-Unis, qui alertent à plusieurs reprises l'Organisation mondiale du commerce (OMC) du risque de "perturbation des marchés" en cas de limitation des perturbateurs endocriniens. 

Selon Le Monde, les Américains font aussi savoir ouvertement aux commissaires européens leur désaccord sur une éventuelle législation et les menacent à demi-mots de poursuites en cas de prise de décision trop radicale. 

Face à ces études contradictoires et ces pressions, comment réagissent les responsables gouvernementaux chargés de mettre en place les politiques de santé publique ?

Au milieu, l'Europe incapable de légiférer

Le dossier sur les perturbateurs endocriniens traîne dans les bureaux européens depuis 2009. Sans cesse repoussée, la définition même de ce qu'est un perturbateur endocrinien a finalement été timidement adoptée en juin dernier par Bruxelles, mais son contenu scandalise scientifiques et ONG. 

Parmi les critiques faites à cette définition : 

  • Le fait qu'elle ne prenne en compte que les effets sur la santé humaine. Une substance testée sur les animaux et présentant des risques avérés pourrait ne pas être considérée comme un perturbateur endocrinien par l'Europe, car non confirmée sur l'homme. 
  • Le fait qu'elle ne classe les substances qu'en deux catégories : perturbateur endocrinien avéré, ou non. Impossible donc d'émettre un doute ou d'appliquer un principe de précaution, comme c'est le cas pour les substances cancérogènes, classées en quatre catégories (avéré, probable, inclassable, inoffensif). 

Pourquoi une telle frilosité à réglementer l'utilisation de ces substances ?

Selon les signataires de la tribune parue dans Le Monde, les financements privés gangrènent la prétendue impartialité des études européennes sur lesquelles se basent les législations.

"Des individus dans le déni de la science ou financés par des intérêts industriels déforment délibérément des preuves scientifiques afin de créer une fausse impression de controverse."

Le Monde s'est procuré une série de documents internes à la Commission, détaillant comment les conclusions scientifiques sur les perturbateurs endocriniens étaient écrites à l'avance pour faire correspondre les études de l'EFSA (l'autorité européenne de sécurité des aliments) à la volonté politique. Les "recommandations/conclusions" sont édifiantes.

L'omniprésence des lobbies et conflits d'intérêts au sein des institutions européennes n'est pas une découverte nouvelle. Depuis des années, des ONG dénoncent le manque d'impartialité des commissaires européens.

Ces derniers, responsables de l'initiation, de la négociation et du vote de lois qui affectent le quotidien de 500 millions de citoyens, dans des domaines aussi essentiels que le climat, l'agriculture, l'alimentation, la finance, occupent parallèlement des postes dans de grands groupes financiers ou industriels, dans les domaines qu'ils sont censés encadrer législativement. 

L'an dernier, l'ONG Corporate Europe Observatory (CEO) dévoilait des chiffres accablants : un tiers des anciens commissaires - soit 9 sur 27 - auraient pris des fonctions dans de grandes entreprises privées issues de secteurs souvent proches de leurs affectations politiques. 

Comment changer la donne ?

Pour les scientifiques signataires de la tribune, le principal enjeu est de garantir l'indépendance des études, nécessaire à une prise de décision impartiale et efficace.

"Un moyen efficace pourrait être la création, sous les auspices de l'Organisation des Nations unies, d'un groupe (indépendant, ndlr) chargé d'évaluer les connaissances scientifiques destinées aux responsables politiques dans l'intérêt général et mettrait la science à l'abri de l'influence des intérêts privés."

Ils appellent également leurs confrères à revendiquer leur indépendance et à défendre leurs études face à la volonté de "désinformation" des industriels.

"La plupart des scientifiques pensent qu'exprimer publiquement leur point de vue sur des questions politiques et participer aux débats de société pourrait compromettre leur objectivité et leur neutralité (...) Mais ce sont ceux qui nient la science qui laissent leurs opinions politiques obscurcir leur jugement. Avec, pour conséquence, des dommages irréparables."

 

Source : Sudouest.fr

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Agenda 21
Crashdebug.fr : Sous le feu des ondes

 

 

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