dimanche 4 décembre 2016

L’effarante droitisation de la campagne présidentielle

L'effarante droitisation de la campagne présidentielle

En deux semaines, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Hollande ont pris leur retraite politique. Mais si l'on peut s'en réjouir, le ton pris par la campagne présidentielle demeure très inquiétant. L'ultralibéralisme semble gagner la bataille des idées, comme l'a montré la victoire sans appel de François Fillon, et peut-être plus encore les résultats des sondages sur son programme.



L'attaque du zombie thatchérien

Si le programme économique de Fillon divise les Français, les détails du sondage publié jeudi sont assez étourdissants : seulement 44% des sondés le trouvent trop libéral, contre 52% d'un avis contraire, soit une vraie majorité qui le soutient ! Et si seulement 29% soutiennent la suppression de l'ISF et 37% le report de l'âge de la retraite à 65 ans, en revanche, pas moins de 79% se déclarent favorables à une forte baisse des dépenses publiques, 61% à l'augmentation du temps de travail des fonctionnaires et 60% à la dégressivité des allocations chômage. De manière effarante, l'ultralibéralisme l'emporte alors que les dernières années ont montré toute la toxicité de ces politiques, en France et ailleurs.



Malheureusement, avec une opinion qui croit aux balivernes ultralibérales, Fillon semble bien parti, lui qui est passé devant Le Pen dans les sondages. En cinq ans, le débat public a fortement glissé à droite, la majorité actuelle étant allée plus loin que la précédente, qui la dépasse de nouveau dans ses propositions. Dès lors, l'équation du FN pourrait devenir compliquée, en affrontant des candidats moins usés que Sarkozy ou Hollande et il n'est pas évident qu'il soit le réceptable du dernier carré d'anti-ultralibéraux, qui pourraient lui préférer un Mélenchon plus proche de Corbyn ou Sanders. Avec Marine Le Pen en avocate bien malhabile de l'opposition à l'ultralibéralisme, ce dernier joue gagnant…


Mais si le FN joue un rôle non négligeable dans la victoire temporaire de l'ultralibéralisme, du fait du manque criant de maîtrise de ce sujet par sa chef, qui nourrit le procès en incompétence, irréalisme et absence d'alternative des ultralibéraux, on peut aussi penser qu'il y a pour l'instant un phénomène psychologique qui pousse l'opinion à croire à ses balivernes, comme l'explique Généreux dans « la Dissociété ».

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