jeudi 17 novembre 2016

Pauvreté en France : le Secours catholique alerte les candidats de la primaire

Pauvreté en France : le Secours catholique alerte les candidats de la primaire

Voilà qui vous permettra peut-être (tout comme moi) de faire le point sur votre situation personnelle.

Amicalement,

f.

INFOGRAPHIE - «La pauvreté ne faiblit pas» souligne le rapport annuel publié ce jeudi. L'association tire la sonnette d'alarme et interpelle les candidats de la primaire de la droite et du centre pour qu'ils inscrivent cette problématique au cœur de leur programme.

À quelques jours du premier tour de la primaire de la droite et du centre, le Secours catholique-Caritas France interpelle les candidats: «La pauvreté ne faiblit pas», leur écrit-elle dans une lettre envoyée cette semaine. L'année dernière, 1.463.000 personnes en difficulté ont poussé les portes de l'association. Soit 38.000 de plus qu'en 2014, selon son rapport annuel publié ce jeudi. Cette enquête, élaborée depuis 34 ans, se base sur la situation et les témoignages des personnes qu'elle a été amenée à aider.

Le Secours catholique incite donc les candidats à débattre de cette problématique et à l'inscrire au cœur de leur projet. «Nous attendons du futur Président qu'il fasse l'unité nationale et combatte la pauvreté et la stigmatisation des plus pauvres», lance la présidente du Secours catholique Véronique Fayet, dans sa missive. Voici les principaux points sur lesquels l'association veut interpeller les candidats, auxquels elle adresse le document.

• Les familles avec enfants fragilisées

«Le nombre de familles en situation de précarité avec des enfants continue d'augmenter», écrit le Secours catholique. Les mères et les pères isolés continuent de représenter la plus grande part des ménages accueillis (28,8 %), suivis par les hommes seuls (22,8). Plus proches du seuil de pauvreté (1008 euros/mois), ces ménages «n'arrivent plus à joindre les deux bouts», constatent les auteurs du rapport. Leurs maigres ressources ne leur permettent plus de faire face à des dépenses de plus en plus lourdes. Ainsi, plus de la moitié des ménages rencontrés par le Secours catholiques faisaient état d'impayés, souvent liés au logement et à l'énergie.

 

• Une population étrangère de plus en plus précaire

Par ailleurs, de plus en plus d'étrangers précaires se sont tournés vers l'association: ils représentent désormais 36% des accueillis. «C'est une population jeune et féminine, arrivée récemment, ayant une moindre maîtrise du français, isolée et sans réseaux d'entraide», remarquent encore les auteurs du rapport. «Ces caractéristiques rendent leur situation plus précaire». De plus, «ceux qui sont sans ressources n'ont peut-être pas connaissance de leurs droits ou sont tout simplement sans droits reconnus, notamment au travail». Par conséquent, le recours à des associations comme le Secours Catholique est alors «la seule alternative possible», soulignent les rapporteurs.

• Les deux tiers vivent avec moins de 672 euros par mois

La situation des plus démunis a peu évolué ces dernières années. En cinq ans, leur revenu médian* a augmenté de 35 euros pour atteindre les 932 euros par mois. Ainsi, l'immense majorité des personnes accueillies par le Secours catholique (92%) restent en dessous du seuil de pauvreté (1008 euros/mois*) et 65% vivent avec moins de 672 euros par mois. Ce sont souvent des hommes seuls, des couples avec enfants ou des mères isolées. Parallèlement, la proportion des ménages sans ressources a continué d'augmenter pour atteindre 19,5% en 2015. Soit quatre points de plus qu'en 2010.

• Face à l'isolement, un réel besoin d'écoute

Contre toute attente, le premier besoin exprimé par les ménages les plus fragiles est l'écoute (57%), devant les besoins alimentaires (55%). Vient ensuite le besoin d'aide pour effectuer des démarches administratives, pour payer le loyer, les factures et les besoins en vêtements.

«La pauvreté n'est pas seulement matérielle et l'isolement est de plus en plus ressenti», commentent les responsables de l'association en introduction du rapport. Concrètement, «plus de 60 % [des personnes prises en charge] déclarent n'avoir aucun proche sur qui compter et près de 80% n'ont aucune activité sociale ou collective». En franchissant les portes du Secours catholique, ils sont en fait nombreux à chercher «du lien social et un rapport humain».

• Les idées reçues sur le RSA

L'étude du Secours catholique vient aussi battre en brèche quelques préjugés sur les aides sociales, et en particulier sur le RSA. Selon ses calculs, 38% des ménages qu'elle a accueillis en 2015 n'ont fait aucune demande de RSA socle (accordé à ceux qui ne travaillent pas), alors qu'ils y étaient éligibles. Plus nombreux encore, les foyers qui ne recourent pas au RSA activité, devenu prime d'activité (accordé à ceux qui travaillent): ils sont 66% à ne pas en bénéficier alors qu'ils pourraient le demander. Le non-recours au RSA n'est pas nouveau. En 2012, une enquête réalisée par la Caisse nationale des allocations familiales avait déjà mis en avant ce non-recours aux RSA.

Comment l'expliquer? Souvent, les ménages ne connaissent pas bien ce dispositif ou sont persuadés de ne pas y avoir le droit. «Les procédures et critères d'attribution sont illisibles pour le grand public», regrette le Secours catholique. D'ailleurs, ceux qui ont des difficultés à lire ou à écrire sont très nombreux à ne pas entamer les démarches (voir infographie ci-dessous). Parfois, c'est la honte qui freine les ménages ou l'absence de logement stable. Pour bénéficier d'une aide sociale, il est impératif de communiquer une adresse. «Si les services sociaux sont à même de d'aider ces ménages à obtenir une domiciliation, beaucoup ne le font pas et donc, n'accède pas au RSA», constatent les auteurs du rapport.

Contrairement aux idées reçues, les étrangers ont moins recours au RSA (37%) que les Français (72%). «Le manque d'information ou une moindre maîtrise du français expliquent vraisemblablement cet écart», commente le Secours catholique. «Cela démontre aussi que les étrangers ne viennent pas en France pour bénéficier de prestations sociales mais pour d'autres motivations».

* À ne pas confondre avec le montant moyen. Le montant médian correspond à la valeur qui se trouve au centre d'un ensemble de données.

 

Source : Le Figaro.fr

Informations complémentaires :

Aucun commentaire: