Les Républicains, ou 7 nuances d'impasse ultralibérale
Hier a eu lieu le troisième et dernier débat des primaires des Républicains. Le premier tour de dimanche a gagné un nouvel intérêt avec la remontée de François Fillon et le dégonflement partiel de la bulle Juppé. Mais derrière les querelles de personnes et de communication, sur les sujets économiques, les candidats sont d'une proximité confondante, jusque dans l'erreur.
La grande course vers le pire
Pour qui prend un peu de recul sur les politiques économiques menées dans les dernières années, il est frappant de constater à quel point les choix économiques de François Hollande ont influencé les candidats des Républicains. En effet, depuis que ce dernier a fait d'une bien illusoire quête de compétitivité basée sur les baisses d'impôts des entreprises et une coupe des dépenses, allant finalement plus à droite que ce que les majorités précédentes avaient fait, les dits Républicains semblent se sentir obligés d'aller eux-aussi plus à droite, pour s'assurer de l'être plus qu'un gouvernement sensément de gauche. Et la réflexion n'étant pas le fort des candidats, leurs propositions sont très proches.
Diminution de 85 à 110 milliards d'euros de la dépense publique, suppression de 300 à 500 mille postes de fonctionnaires, baisse des impôts des entreprises, dérégulation accélérée du marché du travail sont au menu du programme de tous les candidats, qui semblent se fournir chez le même grossiste ultralibéral, même s'ils prennent soin de se différencier sur la décoration. Et encore, ces différences semble davantage venir du positionnement défini par des communiquants, laquelle voulant incarner la modernité numérique, l'autre un renouveau qu'il ne représente pourtant sur aucune dimension, l'un sur la modération, l'autre sur la franchise austère et le dernier sur la majorité silencieuse.
Les économistes ne sont pas tendres avec ces propositions, dont, selon même les études du FMI, on peut déduire que ces programmes provoqueraient une baisse du PIB de 4,5 à 8,5%. Jacques Sapir a dénoncé la récession considérable que provoqueraient ces programmes s'ils étaient appliqués. Olivier Passet, de Xerfi, a dénoncé, lui, le mythe de la baisse massive du nombre de fonctionnaires en donnant une perspective bienvenue aux chiffres de notre pays. Dans un autre article de la Tribune, Ivan Best démonte les mensonges des candidats sur l'économie. Dans Marianne, Etienne Girard résume la situation en faisant de la primaire le « Qui va gagner le concours de la casse sociale ? ».
Il est tout de même effarant que presque personne ne questionne plus fermement le grand virage droitier de la droite sur l'économie. N'est-il pas un peu gros de critiquer Hollande, tout en proposant de prolonger et d'accélérer sa politique, en semblant davantage s'inspirer de ce que le président dit socialiste a fait que de ce qu'ils avaient fait de 2007 à 2012 ? Mais les querelles de personnes semblent attirer toute l'attention. Et la remontée surprise de Fillon pourrait bien chambouler les scénarios écrits à l'avance, car l'ancien Premier ministre prend la place centrale de la primaire, déportant Juppé plus encore vers le centre, ce qui pourrait lui être fatale dans des primaires qui pourraient virer à droite.
Quelle paradoxe que cette primaire, où une droite qui ne réfléchit pas s'engage dans une course ultralibérale en dénonçant la politique menée par le président sortant, alors même qu'elle ne fait que reprendre le cadre que celui-ci a suivi, en l'amplifiant, pour se différencier, sans la moindre vergogne, que devrait leur donner pourtant le fait qu'ils fassent un tel grand écart avec ce qu'ils disaient il y a 5 ans.
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