Le niveau en orthographe des écoliers français plonge
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Contributeur anonyme
Des écoliers, dans une classe de Marseille, le 2 septembre 2014. JEAN PAUL PELISSIER / REUTERSPour une
Qui peut ignorer que l’orthographe des petits Français s’est détériorée ces dernières années ? L’étude que publie mercredi 9 novembre le ministère de l’éducation nationale dessine même une plongée. La complainte est récurrente, et pas seulement parmi ceux, nombreux dans les cercles conservateurs, pour qui « l’école, c’était mieux avant ». Ou pour les ténors de la droite qui, sur le terrain de l’éducation, n’ont que le « retour aux fondamentaux » à la bouche. Le phénomène préoccupe aussi la gauche qui a un bilan éducatif à défendre : trois mois après l’entrée en vigueur, à la rentrée, de nouveaux programmes, le ministère a décidé de rendre publique une évaluation de son service statistique, recontextualisée sur une longue période, des performances en orthographe des élèves en fin d’école primaire.
Soit une dictée-type d’une dizaine de lignes donnée à des écoliers de CM2 à trois reprises ces trois dernières décennies – 1987, 2007 et 2015. Comparez leurs résultats… et vous ravirez les déclinistes : arrivés au terme de leur scolarité primaire, alors qu’ils ont face à eux la marche de l’entrée au collège à franchir – un collège rénové précisément cette année –, nos enfants font en moyenne 17,8 erreurs, contre 14,3 en 2007 et 10,6 en 1987. C’est 3 erreurs de plus que leurs aînés testés dans les mêmes conditions en 2007, voire 7 de plus si l’on ose la comparaison avec 1987, pour un texte comportant 67 mots et 16 signes de ponctuation.
On aimerait le croire compliqué. « Le texte ne présente pas de difficultés linguistiques particulières, apprend-on à la lecture de cette note d’information. En revanche, il met l’accent sur la gestion des chaînes d’accord, et nécessite d’en assurer la continuité tout au long de la dictée. » Où les élèves pèchent-ils ? Les erreurs lexicales, bien qu’en augmentation, restent les moins fréquentes. Dans une langue réputée parmi les plus compliquées, c’est l’orthographe grammaticale – règles d’accord sujet-verbe, groupe nominal, accords du participe passé – qui perd les écoliers. Et cette perte ne concerne pas seulement quelques-uns : près d’un élève sur cinq (19,8 %) commet 25 erreurs en 2015 ; ils étaient 11,3 % dans cette situation alarmante en 2007, et seulement 5,4 % en 1987. « Le nombre d’élèves cumulant les difficultés orthographiques est ainsi multiplié par deux à chaque constat », écrit la DEPP.
Les programmes en question
A l’augmentation « sensible » du nombre d’erreurs se conjugue une « plus grande disparité des résultats » : de moins en moins d’enfants orthographient correctement le texte. L’augmentation des erreurs semble transcender les catégories socio-économiques. En revanche, on n’observe pas de dégradation en compréhension de l’écrit. Et pas d’aggravation en ZEP.
Ce diagnostic fait mal, d’autant que l’orthographe, plus qu’aucun autre sujet en matière d’éducation – à l’exception peut-être de l’enseignement de l’histoire – est prompt à déclencher les passions : on l’a vu au printemps, avec la controverse sur des « rectifications orthographiques » (accents circonflexe, traits d’union…) qui ont réveillé nos Immortels de l’Académie française alors que cette prétendue réforme remontait… à 1990.
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Derrière l’enjeu de l’orthographe, c’est toute la question des méthodes et des programmes scolaires qui se pose. Rue de Grenelle, on braque d’ailleurs les projecteurs en ce sens, en rappelant que l’évaluation orthographique concerne « des élèves entrés en CP en 2010 et qui ont suivi les programmes de 2008 ». Ceux insufflés par la droite, en somme. Et pas ceux tout juste réécrits par le Conseil supérieur des programmes et arrivés dans les classes en septembre.
« Grâce à la recherche scientifique, ces nouveaux programmes ont été pensés pour être plus cohérents, plus progressifs, et surtout mettre véritablement l’accent sur l’apprentissage et la consolidation du français », fait valoir Najat Vallaud-Belkacem, rappelant, entre autres, « l’instauration d’un exercice désormais quotidien de dictée ». Pour symboliser la passerelle qui existe avec la recherche scientifique, pour, assure la ministre, « dépasser les clivages partisans », elle devait, ce même 9 novembre, réunir une foule de chercheurs, tous courants et spécialités confondus, pour une journée d’études consacrée à l’enseignement de la langue.
Rassemblement scientifique « historique », pronostiquent certains ; « coup de com’», glissent d’autres alors que la droite tape dur sur la question. Le risque existe, à six mois de la présidentielle, de donner au grand public le sentiment que les politiques se renvoient la balle en un jeu de ping-pong idéologique peu compréhensible du néophyte. Et pas nécessairement pour le bénéfice des enfants.
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Mattea Battaglia
Journaliste au Monde
Source : Le Monde.fr via la Revue de presse de notre Contributeur anonyme
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