Uber, Tesla et Rocket vont-ils faire faillite ?
Jusqu'à présent, tout va bien pour les stars de la nouvelle économie, qui lèvent des milliards sans problèmes et sans faire de profits. Leurs patrons sont des stars avec tous les excès que cela provoque. Mais quelques uns commencent à se demander si leurs modèles d'affaires extravagants ne vont pas les amener dans le mur, comme se demande le Monde pour Rocketou Pierre André pour Uber.
Quand la bulle va-t-elle exploser ?
Il y a un mois, Pierre André, un entrepreneur de la nouvelle économie, publiait un papier qui devrait faire froid dans le dos de ceux qui ont donné des milliards à Uber. Il se demande si l'entreprise ne sera pas, tout simplement, « la prochaine faillite du siècle ». Car si son modèle d'affaire peut avoir du sens, sans actifs et sans responsabilités vis-à-vis de ses chauffeurs (même si quelques menaces planent), pour qui prend un peu de recul, comme lui, on se demande si l'enthousiasme des investisseurs n'est pas surtout délirant. Il rappelle qu'Uber a encore perdu 1,2 milliards au premier semestre, pour un chiffre d'affaires de 2,1 milliards, sept ans après son lancement et note qu'Uber bat tous les records de pertes dans le secteur, y compris dans son pré carré étasunien malgré une position solide.
Il y voit un nouvel exemple d'exubérance irrationnelle des marchés, exposé à un atterrissage brutal du fait des difficultés légales, de la concurrence encore possible et d'un modèle aux dépenses extravagantes. Et Uber n'est pas seul. On pense également à Tesla, et ses pertes de 300 millions au second trimestre, malgré la hausse de son chiffre d'affaires, à 1,27 milliards, et qui vaudrait 30 milliards, malgré plusieurs incidents, comme pour l'autre projet de son patron, SpaceX, dont le dernier lanceur a explosé… Enfin, Rocket Internet, la fabrique à start up allemande, a annoncé des pertes de 617 millions, du fait de dépréciations, mais qui affiche encore des pertes opérationnelles. Mais les marchés ne s'arrêtent aux bêtes profits : la valorisation peut suivre les fonds levés, comme le montre The Economist.
Tout ceci a le goût des préludes des dernières crises boursières, que ce soit 2008 avec le secteur financier, ou 2001, avec la bulle des nouvelles technologies. On peut également y voir un parallèle avec les années qui ont précédé le grand krach de 1929, quand les investisseurs pariaient des sommes inconsidérées dans les secteurs en vogue de l'époque, comme la radio, et, comme toujours, les derniers joujous financiers. Le niveau totalement délirant de valorisation de ces entreprises, qui perdent des sommes extravagantes des années après leur lancement, même si on peut y voir une certaine logique, semble un signe d'exubérance caractérisé des marchés financiers. Et tout le monde sait comment se terminent en général ces coups de folie des marchés, à défaut de savoir quand cela pourrait avoir lieu.
Merci à ceux qui rappellent aux thuriféraires qui idolâtrent cette nouvelle économie sans prendre de recul par rapport à ses résultats économiques réels. Bien sûr, quelques uns ont su se créer des rentes colossales qui durent, et ils ne seront peut-être pas les derniers. Mais dans le cas de Uber et Tesla au moins, les excès de valorisation semblent plus qu'avérés. Plus dure sera la chute…
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