Poutine suspend un accord de recyclage de plutonium avec Washington, par RFI
Adieu le désarmement nucléaire…
Ce que les médias disent que les Russes ont dit…
Russie : Poutine suspend un accord de recyclage de plutonium avec Washington
Le Kremlin a décidé de suspendre ce lundi 3 octobre un accord avec les États-Unis sur le recyclage de plutonium. Cet accord signé en 2010 devait entrer en vigueur en 2018. Ils concernaient le plutonium issu des ogives nucléaires.
Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
C'est Vladimir Poutine lui-même qui avait signé l'accord avec Bill Clinton en l’an 2000. Il s'agissait de recycler le plutonium des immenses stocks d'ogives nucléaires hérités de la guerre froide.
Cet accord, complété par un protocole signé en 2010, prévoyait que chaque camp recycle 34 tonnes de plutonium, pour en faire du combustible à oxydes mixtes, autrement dit du Mox, utilisable dans les centrales nucléaires. L’accord devait entrer en application en 2018. D'ici là, les deux pays devaient construire des centrales capables d'utiliser le MOX.
Aujourd'hui, les Russes estiment que les États-Unis n'ont pas rempli leurs obligations, alors que Moscou, selon le porte-parole du Kremlin, a mis en fonction un réacteur en mesure de brûler le MOX.
Vladimir Poutine a justifié cette décision par « les actions inamicales des États-Unis à l'égard de la Russie et leur incapacité à respecter leurs obligations ». Les analystes relativisent la portée de la décision russe, car cet accord n'a jamais été mis en application. Mais il témoigne de la dégradation des relations entre Moscou et Washington.
Source : RFI, 03/10/2016
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Ce que les Russes ont exactement dit… :
Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov commente la publication du décret présidentiel de suspension de l’accord russo-américain de gestion et de traitement du plutonium
03/10/2016
Le président de la Fédération de Russie a émis l’ordre de suspendre l’exécution de l’accord russo-américain de gestion et de traitement du plutonium, signé en l’an 2000 par la Fédération de Russie.
Je voudrais souligner que ceci est une mesure de dernier recours. Nous avons considéré que l’accord était une étape importante vers un désarmement nucléaire. Malheureusement, les États-Unis ont récemment pris plusieurs mesures hostiles à l’égard de la Russie. Plus précisément, Washington a introduit des sanctions, entre autres économiques, à grande échelle contre la Russie, basées sur des accusations non fondées. L’infrastructure militaire de l’OTAN est en pleine expansion, avec un nombre croissant de troupes américaines stationnées à proximité des frontières russes. Les États-Unis et leurs alliés discutent ouvertement et franchement de la transition vers une politique de restriction des relations avec la Russie. Ils menacent même des villes russes d’attaques terroristes.
Toutes ces mesures prises par Washington conduisent à un changement majeur dans la stabilité stratégique, et restreignent de plus en plus les perspectives de coopération en matière de réduction bilatérale de l’arsenal nucléaire.
Notre décision est un signal pour dire à Washington qu’il ne peut pas utiliser le langage de la force, des sanctions et des ultimatums avec la Russie, tout en continuant à coopérer avec notre pays uniquement quand c’est profitable aux États-Unis.
Du point de vue du droit international, cette étape est le résultat d’un changement fondamental des conditions par rapport à celles qui prévalaient quand l’accord, en vertu de la Convention de Vienne de 1969 sur le Droit des Traités, a été signé.
Un autre facteur s’ajoute à la situation de l’accord d’élimination du plutonium. Les États-Unis ont, unilatéralement, commencé à modifier la stratégie de traitement convenue pour son plutonium, en invoquant la nécessité de gagner du temps et des ressources. La stratégie choisie par les États-Unis ne garantit pas l’élimination irréversible, ce qui permet à Washington de préserver sa capacité à se rétracter. Les États-Unis ont fait ce changement quand, de notre côté, la construction des équipements plutôt onéreux d’élimination du plutonium était presque terminée.
Je voudrais souligner que la Russie ne remet pas en question ses obligations de désarmement nucléaire, y compris la réduction de la quantité de matières nucléaires utilisées dans les programmes d’armement. Le plutonium russe, qui n’est plus nécessaire à des fins de défense, restera en dehors de l’industrie de l’armement.
La suspension de notre coopération avec les États-Unis ne concerne que ce domaine. Si Washington ajuste son orientation politique et élimine les circonstances qui ont modifié négativement l’équilibre politique, militaire et économique du monde, nous serons prêts à reprendre les termes de l’accord.
Source: MAE Russe, le 03/10/2016
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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