Les candidats à la primaire de la droite et l'économie : zéro partout
En cette rentrée, les candidats aux primaires de la droite ont tous développé leur programme économique. Dans une chorégraphie peu surprenante, ils cherchent tous à déborder la majorité actuelle par la droite par des mesures souvent proches, mêlant fortes coupes dans les dépenses publiques et baisse des impôts des entreprises d'abord, et parfois des ménages. Une impasse économique.
Austérité récessive et chèque en blanc aux multinationales
Bien sûr, les candidats ne manquent pas de s'égratigner sur leurs programmes économiques, s'appuyant sur de vraies différences (hausse de la TVA ou pas, baisse des impôts pour les ménages ou pas), mais pour qui examine leurs propositions, on constate qu'elles sont très proches. Tous les candidats proposent une baisse des dépenses publique d'environ 100 milliards (85 à 90 pour Le Maire, 80 à 100 pour Juppé, 100 pour NKMet Sarkozy, 110 pour Fillon) trouvant le moyen de dépasser l'ultralibérale IFRAP. Si Jacques Sapir a bien décrypté les propositions de Juppé, il est effarant que les journalistes ne questionnent pas les candidats sur les conséquences de telles mesures sur la croissance : selon les estimations du FMI, une telle coupe des dépenses réduirait le PIB de la France de 4,5 à 8,5% !
Bref, alors que tout le monde constate les conséquences ravageuses de l'austérité, les candidats de la primaire proposent tous de poursuivre dans l'impasse : face au mur austéritaire, ils décident d'accélerer. Bien sûr, une grande partie de ces économies doit servir à financer une baisse des cotisations sociales des entreprises, dans une quète dérisoire et maladive de compétitive face à des pays dont les salaires sont 5 à 20 fois plus bas que les nôtres. Les candidats promettent 50 à 100 milliards de baisse de cotisations sociales, et un assouplissement accéléré du droit du travail, dépassant la loi El Khomri. La plupart proposent la suppression de l'ISF, une baisse de l'IS (25% pour NKM, 28% pour Sarkozy, 30% pour Le Maire, de 24 à 30% pour Juppé) et souvent de la fiscalité sur le capital.
Si NKM refuse la fin de l'ISF, elle va très loin dans ses propositions, inspirées de l'uberisation de nos sociétés. En revanche, Nicolas Sarkozy a décidé de se différencier en proposant une baisse de l'impôt sur le revenu et le retour de la défiscalisation des heures supplémentaires, dès son élection, s'attirant les foudres de François Fillon, qui propose au contraire une hausse de la TVA de 2 points, contre 1 à Juppé. Derrière les postures, se dessinent des politiques qui ne font qu'amplifier la politique menée par François Hollande, même s'il faut reconnaître qu'ils vont plus loin sur la coupe de la dépense publique ou la baisse des impôts pour les entreprises. Ironiquement, les propositions de la droite sont plus proches de la politique menée depuis 2012 que des politiques menées de 2002 à 2012…
Mais, ce faisant, c'est le même logiciel qui est à l'œuvre, celui qui échoue depuis plus de quatre ans. Et penser qu'accélérer plutôt que de changer de logiciel résoudra nos problèmes est complètement illusoire. Au contraire, les coupes prévues ne feraient que prolonger notre torpeur économique, tout en dégradant la qualité de notre service public, alors même que l'exemple britannique, sur lequel je vais bientôt revenir, nous démontre que ce n'est pas la voie à suivre. Les milliards de baisses d'impôt sur les entreprises sont à contre-temps d'une époque où leurs bénéfices sont au plus haut, et ne feraient qu'enrichir des actionnaires, qui n'en ont pas besoin, au détriment de l'ensemble de la collectivité. De même, la suppression de l'ISF est à contre-temps d'une époque où les inégalités explosent.
Bref, même s'il est dans le vent de l'époque, les programmes des candidats aux primaires dites de la droite et du centre sont quasiment aussi mauvais les uns que les autres, démontrant qu'ils n'ont absolument pas réfléchi à ces sujets, se contentant paradoxalement de copier ce qui a été fait ses dernières années, tout en y ajoutant quelques postures destinées à se différencier. Pauvre France.
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