vendredi 21 octobre 2016

Le Japon : exemple pour The Economist et Stiglitz !

Le Japon : exemple pour The Economist et Stiglitz !




Une politique qui ne se fait pas à la corbeille

Il y a trois ans et demi, quand le Premier ministre Japonais et le patron de sa banque centrale avaient annoncé leur plan pour relancer l'économie de l'archipel, j'avais applaudi. Alors que les pays européens ne pensaient qu'à l'austérité, Tokyo augmentait le déficit budgétaire (à 9% du PIB, avec une dette publique de plus de 200% du PIB) tout en accélérant le plan de rachat de la dette publique par la banque centrale, à 10% du PIB par an pour relancer l'économie et sortir de la déflation. Shinzo Abe montrait à l'Europe qui mettait en place une camisole budgétaire, à un Royaume-Uni embarqué dans un programme de coupes sombres budgétaires, et à des Etats-Unis où les Républicains tentaient de faire de même, qu'une autre voie économique était possible, que l'austérité n'est pas obligatoire.





Dans « La grande fracture », Joseph Stiglitz applaudit le refus de l'austérité fait par le Japon, ainsi que son choix d'une société bien moins inégalitaire que les Etats-Unis, cumulant un niveau de pauvreté bien inférieur et des patrons aux salaires moins élevés. Ce qui est intéressant, c'est que le Japon a décidé d'aller encore plus loin dans sa logique en amplifiant ses choix. Non seulement la vitesse de rachat de la dette publique a été doublée (ce qui est sans doute rendu possible sans dérapage inflationniste par la force de la déflation) mais, comme le rapporte Romaric Godin dans la Tribune, maintenant, la Banque du Japon a carrément annoncé qu'elle fixe un objectif de taux à long terme (0% pour les emprunts à dix ans) qui déterminera ses choix au lieu de laisser les marchés réagir aux mesures annoncées.


Ce faisant, le Japon nous montre l'étendue du pouvoir monétaire, et qu'il peut être une partie intégrante des choix politique de la majorité au pouvoir, à mille lieues du culte de sa pseudo indépendance. Enfin, merci à Tokyo de démontrer qu'annoncer 5% de PIB de monétisation par an est modéré par rapport aux choix de ce pays qui évite tout dérapage inflationniste avec des sommes bien plus élevées.

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