Le Japon : exemple pour The Economist et Stiglitz !
Alors que Stiglitz se fait un critique de plus en plus engagé de l'austérité, de la mondialisation et de l'euro, trois choix souvent défendus par The Economist, il est intéressant de constater qu'ils convergent tous les deux pour faire du Japon un pays dont les politiques économiques devraient davantage inspirer celles de nos pays, alors même que ce pays pratique une politique monétaire peu orthodoxe.
Une politique qui ne se fait pas à la corbeille
D'abord, il convient de modérer la période de crise qu'a traversé le Japon car la baisse de la population camoufle une évolution économique finalement pas moins bonne que celles des autres pays occidentaux, avec une croissance par habitant meilleure que les Etats-Unis et les pays européens. Mais surtout, le remède de cheval voulu par Shinzo Abe fonctionne, comme l'admet The Economist, pourtant pas forcément enclin à soutenir une politique monétaire non indépendante et si peu monétariste. Mais les résultats sont là : la déflation a été vaincue, les prix ayant progressé de 2,5 points en trois ans et demi. Mieux, la population active augmente malgré la chute de la population. Et après la reprise de la rentabilité des entreprises, le gouvernement dit vouloir pousser les salaires à la hausse.
Dans « La grande fracture », Joseph Stiglitz applaudit le refus de l'austérité fait par le Japon, ainsi que son choix d'une société bien moins inégalitaire que les Etats-Unis, cumulant un niveau de pauvreté bien inférieur et des patrons aux salaires moins élevés. Ce qui est intéressant, c'est que le Japon a décidé d'aller encore plus loin dans sa logique en amplifiant ses choix. Non seulement la vitesse de rachat de la dette publique a été doublée (ce qui est sans doute rendu possible sans dérapage inflationniste par la force de la déflation) mais, comme le rapporte Romaric Godin dans la Tribune, maintenant, la Banque du Japon a carrément annoncé qu'elle fixe un objectif de taux à long terme (0% pour les emprunts à dix ans) qui déterminera ses choix au lieu de laisser les marchés réagir aux mesures annoncées.
Ce faisant, le Japon nous montre l'étendue du pouvoir monétaire, et qu'il peut être une partie intégrante des choix politique de la majorité au pouvoir, à mille lieues du culte de sa pseudo indépendance. Enfin, merci à Tokyo de démontrer qu'annoncer 5% de PIB de monétisation par an est modéré par rapport aux choix de ce pays qui évite tout dérapage inflationniste avec des sommes bien plus élevées.
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