jeudi 27 octobre 2016

Le grand abandon de nos forces de l’ordre

Le grand abandon de nos forces de l'ordre

Les manifestations des forces de l'ordre, en plein état d'urgence, chose théoriquement interdite, comme le note Jacques Sapir, démontre une bien une profonde crise de régime. Mais, en lisant les témoignages effarants de policiers à cette occasion, elles révèlent également la profondeur du malaise d'un pilier de notre République, abandonnés par absolument tous nos dirigeants.



Le produit de la RGPP et du libertarisme

Bien sûr, alors que la gauche est au pouvoir, et du fait des nombreux choix qu'elle a fait dans le passé, il est tentant de souligner sa responsabilité. Sapir ne manque pas également de dénoncer le court-termisme d'un François Hollande qui ne fait que réagir, sans jamais concevoir de plan d'ensemble. Le relativisme d'une partie de la gauche à l'égard des délinquants, ou même des criminels (que sont ceux qui mettent feu à une voiture dont les occupants sont à bord, comme à Viry-Chatillon, et pas des sauvageons, comme l'a dit le ministre), et certaines mesures (suppression des peines planchers) a logiquement créé un fossé entre les forces de l'ordre et la gauche, de gouvernement ou pas.

Mais en écoutant les témoignages, on constate qu'il y a un double problème. Bien sûr, il y a un problème de droit, avec cette indulgence, pour ne pas dire cette impunité, des délinquants, qui osent affronter directement ceux qui assurent l'ordre public, au point que les policiers finissent par ne pas oser se défendre. Mais on voit aussi un énorme problème de moyens, avec nos policiers aux équipements misérables, entre arme chargée à moitié, voiture qui affiche 250 000 kilomètres (outre le fait de n'être souvent pas Français), l'absence d'aide pour l'entretien de commissariats en piteux état. Ce manque de moyens, cela vient également de l'étendue des tâches qui sont demandées en état d'urgence.

Tout ceci aggrave une situation qui impose des patrouilles à deux, ce qui semble juste pour patrouiller dans les zones sensibles. Enfin, les policiers dénoncent une politique du chiffre qui les éloigne d'un traitement de fond des problèmes. Tout ceci amène à prendre un peu plus de recul, et à voir que la droite, et notamment Nicolas Sarkozy, a été au pouvoir pendant dix des quatorze dernières années et demie, et que derrière les agitations législatives et les déclarations martiales, elle a coupé des milliers de postes et mis en place cette fameuse RGPP, qui porte une lourde part de responsabilité dans le dénuement actuel des commissariats. Bref, la droite est au moins aussi responsable que la gauche.

Les annonces du gouvernement, après les premières mesures annoncées en début d'année (hausse des effectifs ainsi que du traitement), contribueront sans doute à améliorer l'ordinaire. L'allègement des tâches, l'alignement des peines commises contre personne détentrice de l'autorité de l'Etat et un budget additionnel de 250 millions d'euros pour l'équipement vont dans la bonne direction. Mais comme le dit Sapir, ce sont des solutions conjoncturelles, de court terme. Bien sûr, ce n'est pas en quelques jours que l'on peut traiter la question de la légitime défense ou des zones de non droit et il vaut mieux prendre le temps de bien le faire, mais cela aurait pu être fait depuis 2012, comme depuis 2002.


Les 91% de soutien à ce mouvement ne marquent pas obligatoirement un durcissement sécuritaire, mais seulement la volonté d'un respect de l'ordre républicain et de la défense du service public. Malheureusement, aucune réflexion de fond n'est entamée à gauche comme à droite, et cette dernière semble vouloir suivre le mauvais exemple britannique avec toujours plus de coupes.

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