CETA : espérons que les Wallons tiendront bon !
Manuel Valls s'était rendu récemment au Canada pour rencontrer Justin Trudeau, anticipant la signature de l'accord de libre-échange avec les pays européens. Il semble que les mobilisations citoyennes aient réveillé la conscience d'un dirigeant en Europe : le ministre-président de Wallonie, qui résiste aux diktats effarants des hiérarques européens et continue de résister.
Non à l'applatissement marchand inégalitaire de la planète !
Bien sûr, le précédent Grec, et la capitulation en rase campagne de Syriza et Alexis Tsipras, amènent à être prudent. Il est parfaitement possible que dans les prochains jours, le résistant du jour finisse à céder contre un plat de lentilles. Malgré tout, alors que ces négociations commerciales avançaient généralement dans l'ombre et avec le soutien de tous les dirigeants politiques et n'étaient critiquées que par des partis en marge du pouvoir, Paul Magnette, ministre-président de la Wallonie, rompt le rang des dirigeants européens en bloquant le CETA malgré les injonctions effarantes de la sinistre commissaire européenne au commerce qui semble avoir du mal à comprendre la notion de démocratie.
Alors que Stéphane Le Foll refuse l'évidence et défend ces traités en évoquant des garanties dérisoires, l'actualité remet en perspective ses arguments ridicules. Comment parler de garanties alors qu'un tiers des agriculteurs gagnent moins de 350 euros par mois et que ce traité augmenterait fortement les quotas de produits agricoles que le Canada pourrait vendre en Europe ? L'augmentation de l'offre de produits agricoles pèserait forcément sur les prix, alors que les agriculteurs ne gagnent déjà pas de quoi gagner leur vie ! Et, comme avec le TAFTA, se posent les problèmes des normes moins strictes et le scandaleux arbitrage de ces tribunaux qui mettent Etat et multinationales sur le même plan.
Paul Magnette explique bien sa position, même s'il faut noter qu'il peut sembler faire un pas vers un accord. Vendredi, devant le parlement Wallon, il a noté des progrès en matière agricole, réitérant son opposition à l'importation de bœufs aux hormones, mais il a aussi souligné des problèmes sur les services publics et les tribunaux d'arbitrage. Mais que penser de son idée de négocier directement avec le Canada ? Sur le fond, on peut y voir une initiative qui l'amènerait à soutenir le traité. Mais on peut aussi y voir un salutaire passage au dessus de la tête de cette commission européenne qui n'aurait jamais du se voir gratifier la responsabilité de négocier les traités commerciaux des pays européens.
Quelque ce soit l'issue de cette nouvelle passe d'armes européenne, et même si la Wallonie finissait par se plier à une solution plus ou moins modifiée, il y aura du bon à prendre. En effet, nos voisins montrent une nouvelle fois que le fatalisme de nos dirigeants, en pilotage automatique derrière la politique écrite par les eurocrates, peut parfaitement être remis en cause. Et pour cela, merci à Paul Magnette, même s'il venait à céder. Et ce qui ressort également, c'est que ce monstre institutionnel qu'est l'UE doit être démonté. N'est-il pas révélateur qu'un pays comme le Canada ou une province comme la Wallonie puissent décider de leur destin, alors que la France, l'Italie ou l'Espagne y renoncent ?
En réalité, nos pays peuvent parfaitement reprendre leur destin en mains, parfois en se coordonnant avec les autres pays européens, ou pas. Merci de le démontrer une nouvelle fois, faisant craqueler le fatalisme qui est le dernier ciment de ce projet fou, totalitaire et antisocial qu'est l'UE.
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