Brexit : les entreprises britanniques bientôt forcées de lister leurs employés étrangers ?
Ils ont tout à fait raison, décidément les Britaniques m'étonnent en ce moment...
La ministre de l’Intérieur Amber Rudd veut pousser les sociétés britanniques à embaucher plus de travailleurs locaux. Nombreux représentants d’entreprises s’indignent d’une proposition qu’ils considèrent «xénophobe ».
Le titre de Bloomberg laisse peu de place à la nuance : « La Grande-Bretagne va-t-elle également nommer et pointer du doigt les patrons étrangers ? » L'agence fait référence à une proposition de la ministre britannique de l'Intérieur Amber Rudd qui fait grand bruit de l'autre côté de la Manche : forcer les entreprises britanniques à établir des listes de leurs employés étrangers.
Immédiatement, la proposition a été critiquée, notamment dans la presse. The Times considère que la mesure vise à « faire honte » aux entreprises n'employant pas assez de Britanniques :
Pour le Financial Times , il s'agirait de « débusquer » ces employés, une « attaque » en règle « contre les entreprises ». Le directeur général par intérim des Chambres de commerce britanniques (BCC), Adam Marshall, va dans le même sens : « Les entreprises font déjà tellement pour former et mener des embauches locales, je ne pense pas qu'elles devraient être pénalisées en raison de leur recrutement à l'étranger quand elles ont des besoins de compétences spécifiques ».
Pour Carolyn Fairbairn, directrice générale de la Confédération de l'industrie britannique (CBI), la proposition pourrait envoyer un mauvais message aux entreprises « déjà nerveuses au sujet des risques du Brexit » : « Cette idée que cela va être honteux d'avoir des employés d'autres pays qui travaillent dans nos sociétés est une mauvaise chose : nous ne sommes pas ce genre de pays. »
Mesure « xénophobe »
De mauvaise idée, la proposition de la ministre de l'Intérieur est très rapidement devenue une mesure « polémique ». Outre le « badge de la honte » dont seraient affublés les travailleurs étrangers, la proposition est désormais considérée comme « xénophobe » et même la Première ministre d'Ecosse, Nicola Sturgeon, demande clarification :
Le leader du parti travailliste Jeremy Corbyn s'indigne que « les dirigeants du Parti conservateur sombrent à un nouveau niveau de bassesse cette semaine en attisant les flammes xénophobes et en tentant de blâmer les étrangers pour leurs propres échecs ".
Une accusation que tente de balayer d'emblée Amber Rudd indiquant que son discours de mardi lors du congrès du parti conservateur visait à ne pas tomber dans ce piège : les entreprises britanniques ont une « responsabilité vis-à-vis de l'emploi local et nous leur demandons de nous rejoindre sur ce voyage afin qu'ils n'aillent pas automatiquement vers l'étranger » dit-elle. Sur la radio BBC4 , elle va plus loin : « Nous devrions être en mesure d'avoir une conversation sur l'immigration, nous devrions être en mesure d'avoir une conversation sur les compétences que nous voulons avoir dans le Royaume-Uni... »
Alors, après la polémique, les regards étaient dirigés vers la Première ministre Theresa May, qui s'exprimait lors de la clôture du congrès du parti conservateur. Là, les mots de May dévoilaient comme une tentative de rassurer ceux qui ont soutenu le Brexit principalement en raison de leurs inquiétudes au sujet de l'immigration.
Et selon The Guardian, les perdants de la politique de May, à en croire son discours, seront bien les travailleurs étrangers : « Son discours aura énervé notamment les médecins étrangers, dont la Première ministre a suggéré qu'ils seraient autorisés à rester en Grande-Bretagne durant une durée limitée ».
Source : Lesechos.fr
Informations complémentaires :
Crashdebug.fr : John Perkins : Les confessions d’un assassin financier
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