Uber, le Attila des transports routiers
Décidément, Uber continue à défier les règles du monde des affaires, en affichant des pertes de 1,27 milliards de dollars au premier semestre 2016, pour 2 milliards de chiffre d'affaires. En clair, l'entreprise dépense plus de 3 milliards quand elle en gagne 2 ! Des chiffres extravagants qui en disent long sur les logiques à l'œuvre pour les modèles d'affaire des licornes…
Là où Uber passe, la concurrence ne repousse pas
En effet, même si les marchés sont souvent exubérants et irrationnels, il y a quand même une forme de logique économique à ce qu'une entreprise lancée en 2009 fasse toujours des pertes aussi colossales tout en ayant une trésorerie de 8 milliards, lui permettant de racheter d'autres entreprises prometteuses, et en affichant une valeur estimée à plus de 60 milliards. En fait, les pertes de Uber sont surtout une illustration très parlante de sa stratégie, dans le sens où elles montrent bien l'agressivité de la licorne californienne pour écraser toute concurrence et lui faire rendre gorge. Car les marchés font justement un dumping financier massif, dont l'objectif est de faire table rase de toute concurrence, pour qu'à terme, les consommateurs n'aient plus que l'application Uber sur leurs téléphones.
Car quand Uber sera seul, alors, les chauffeurs n'auront plus aucun moyen de pression contre leur seul pourvoyeur de chiffre d'affaires et l'entreprise pourra leur imposer n'importe quelles conditions. L'objectif est le même pour les consommateurs, qui ne pourront pas faire autre chose qu'accepter les conditions léonines d'Uber quand l'entreprise aura liquidé la concurrence. D'ailleurs, la licorne californienne teste déjà ce modèle opératoire, avec la baisse de 20% de la rémunération de ses chauffeurs, ou les tarifs extravagants qu'elle impose au Réveillon. Malheureusement, cela sera sans doute encore bien pire le jour où les indépendants et les concurrents de Uber auront été poussés hors du marché du fait de son agressivité financière extrême, illustrée par le montant totalement effarant de ses pertes.
Attirés par les profits potentiels colossaux que devrait faire Uber quand il sera en quasi monopole, les marchés patientent et financent des pertes extravagantes. Ceux qui disparaissent ne disparaissent pas forcément du fait de leur inefficacité, mais du fait de la concurrence profondément déloyale des stars de la nouvelle économie. Et peu importe les dégâts qu'elles font. Aux Etats-Unis, 22% de la population en vient à cumuler deux emplois ou plus pour vivre, dont 31% peinent pourtant à joindre les deux bouts. Nous vivons une drôle d'époque où sont loués des barbares sous stéroïdes financiers qui détruisent les marchés où ils opèrent, amenant destruction et grande régression sociale, tout en refusant de contribuer à la société en utilisant toutes les grosses ficelles de la désertion fiscale.
Merci à Marianne de dénoncer l'arnaque de cette « économie du partage », qui est en fait celle de sangsues addictives, de coucous à la recherche de rentes que nos dirigeants laissent le plus souvent faire, d'autant plus que les autorités européennes ont déjà annoncé qu'il est interdit de les interdire…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire