mercredi 7 septembre 2016

Pourquoi il faut bien interdire le port du burkini

Pourquoi il faut bien interdire le port du burkini

Après avoir occupé les débats politiques estivaux et deux jugements cassant les arrêtés municipaux qui l'interdisaient, le burkini sort du débat public. Ceux qui sont opposés à son interdiction jubilent. Pourtant, même si les plages se dégarnissent, pour les droits des femmes, comme la défense des valeurs de notre République, le sujet ne doit pas s'éclipser à l'aube de l'automne.



L'alliance des ultralibéraux et des pires obscurantistes

Le débat sur le burkini est étonnant et les arguments de ceux qui défendent son port abracadabrantesques ! Au dernier papier du Monde « Au nom de quoi limiter la liberté vestimentaire des femmes ? », Jack Dion, de Marianne, a répliqué : « On pourrait croire qu'il s'agit d'une dénonciation de ces pays où les femmes sont enfermées des pieds à la tête dans des bouts de chiffons dissimulant leurs corps afin d'échapper à la concupiscence mâle. Erreur. Vérification faite, l'article en question proclame le devoir de ne rien faire contre le port du burkini en France au nom du droit à la servitude librement choisie. Ouf. On respire. Tout est en bon ordre ». Anne Chemin y soutient que « la question n'est pas la légitimité du port du burkini, mais la légitimité de sa prohibition ». Héritage de l'interdiction d'interdire ?

Par quelle perversion de l'esprit peut-on en venir à refuser l'interdiction du port du burkini au nom du droit des femmes à se vêtir comme elles le veulent, alors justement que bon nombre de celles qui le portent n'ont justement pas le droit de se vêtir comme elles le veulent ! Les média anglo-saxons sont encore plus durs, mais leur argumentation n'est pas plus solide. S'ils le font au nom de la liberté, ils oublient de voir qu'ils promeuvent la liberté de porter une forme de prison mobile. Ils disent que le burkini est un progrès pour les femmes qui ne peuvent pas aller sur des plages mixtes. Mais, ils devraient se souvenir que dans certains pays arabes, la liberté de se vêtir des femmes a beaucoup reculé en quarante ans, et que si, pour certaines il peut y avoir un mieux, pour d'autres, c'est un vrai recul.

C'est exactement ce que montrait un vieux papier de Libérationsur le voile : ce genre de vêtements religieux n'est pas neutre. Enfin, il faut tordre le coup aux arguments sur la décence : il est parfaitement possible de ne pas exhiber son corps avec des vêtements qui ne font pas la promotion de l'inégalité des femmes ou de l'islamisme radical. Parce que le burkini n'est pas qu'un vêtement, c'est aussi l'étendard d'une vision de la société inégalitaire où les femmes sont asservies aux hommes. C'est aussi un étendard religieux, celui d'un islam extrême et militant. Pour ces deux raisons, le burkini n'a pas sa place dans une société qui tient aux droits des femmes et refuse leur asservissement, ni dans une société pour qui la religion doit rester dans le domaine privé et refuse son envahissement de l'espace public.

Bien sûr, il faut bien admettre que certaines femmes le portent volontairement, par raison religieuse ou par volonté de couvrir leur corps. Mais, outre le fait que ce projet de vie n'est sans doute pas compatible avec le projet de société de notre pays, comme le rappelait Elisabeth Badinter sur la burka, même les partisans de l'acceptation du port du burkini doivent reconnaître que toutes ne le font pas volontairement. Et pour cette seule raison, le burkini doit être interdit. La République ne doit pas tolérer les attirails qui bafouent de manière ouverte et militante ses principes. Elle doit clairement signifier que nous ne cèderons pas sur les limites que les fondamentalistes islamistes remettent en question, sous les applaudissements des ultralibéraux qui défendent la liberté de refuser la liberté de l'autre.


Ce faisant les fous de liberté montrent qu'ils ne sont que les ayatollahs de leur idéologie, tellement extrêmes dans le refus de toute règle qu'ils défendent la liberté de nier la liberté de l'autre au nom d'une très illusoire liberté de se soumettre, dans un écho au livre de Houellebecq.

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