Les arguments de ceux qui acceptent le burkini ne tiennent pas
Après avoir animé l'été, le sujet semble sortir du débat public. Le trop plein de l'été peut expliquer cela, mais en l'absence de la moindre décision du gouvernement, après avoir revu il y a quelques jours les arguments pour l'interdiction, et rappelé les prises de position d'intellectuels comme Salman Rushdie ou Malika Sorel, je pense qu'il est encore nécessaire de démonter les arguments de ceux qui l'acceptent.
Anarchie, amalgame et petit bout de la lorgnette
Le premier argument invoqué est souvent le rejet de toute remise en cause de la liberté de se vêtir. Vu sous l'angle de celles qui choisissent librement de mettre un burkini, angle aussi partial que partiel, sur lequel je vais revenir, l'interdiction du burkini représenterait une remise en question des libertés individuelles. C'est d'ailleurs un peu le raisonnement du Conseil d'Etat, qui évoquait les libertés fondamentales, ou le discours de Raphaël Enthoven. Mais on décèle derrière cet argument un fond très libertaire, pour ne pas dire quasi anarchique, un retour de « l'interdiction d'interdire ». La vie en société suppose d'accepter quelques petites restrictions à sa liberté, et ici, elle est d'autant plus limitée que le burkini est récent, et donc peu courant, et qu'en plus, il y a d'innombrables alternatives plus neutres.
Comme Enthoven, certains opposants à l'interdiction du burkini soutiennent que l'interdiction stigmatise les musulmans. Mais ce discours pose doublement problème. D'abord, pour que cela stigmatise les musulmans, il faudrait que le burkini soit utilisé par une grande partie d'eux, ce qui n'est pas le cas. En les assimilant à celles qui portent ce vêtement, ils suivent en fait le chemin des ultra-identitaires ou du FN, qui amalgament toute une population à ceux qui ont des comportements ultra-minoritaires. Comme quoi, les ultralibéraux sont bien les meilleurs ennemis des ultra-identitaires… Ce n'est pas parce que certains prêtres ont commis des crimes qu'il faut jeter l'opprobre sur toute la religion catholique par exemple. Pourquoi les musulmans qui ne portent pas le burkini se sentiraient concernés ?
Enfin, les opposants à l'interdiction évoquent volontiers le fait que cela permettrait à des femmes d'aller à la plage. D'abord, pour celle qui veulent, ou auxquelles on impose, une couverture totale de leur corps, il existe des alternatives. Ensuite, n'est-il pas choquant que les règles de nos sociétés se calent sur des pratiques qui ne respectent pas notre contrat social, où les femmes ne seraient pas libres de d'habiller comme elles le souhaitent. Demain, faudra-t-il autoriser le voile ou la burka à l'école sur des islamistes refusaient d'envoyer leurs filles sans cela ? Et ce raisonnement est extraordinairement partiel : comment ne pas admettre que le refus de l'interdiction peut pousser certains à imposer le burkini à des femmes qui allaient à la plage comme elles le souhaitaient. Et cela est totalement inacceptable.
Plus je m'y penche, plus je pense qu'il faut interdire le burkini. Les arguments de ceux qui refusent l'interdiction, comme The Economist, ne tiennent pas. Et l'interdire, ce n'est pas un recul des libertés, mais une protection de la liberté du mode de vie de notre pays, notamment pour les femmes.
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