Burkini : la faute du conseil d'Etat, les sophismes de Raphaël Enthoven et la complaisance de Thomas Sotto
Hier, le Conseil d'Etat a jugé que l'arrêté d'interdiction du burkini de Villeneuve-Loubet porte « une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d'aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle ». Après des semaines de débat, et sous les applaudissements de la majorité des média, ce jugement est une honte pour l'institution. L'effarant relativisme d'une partie des élites Je serais curieux de connaître le sexe des juges du Conseil d'Etat qui ont porté un tel jugement. Comment notre plus haute cour de Justice peut émettre un jugement aussi aberrant ? Car faire de l'interdiction du burkini une « atteinte grave aux libertés fondamentales » est proprement révoltant. Comment peut-on faire de ce vêtement, qui manifeste un refus d'intégration, une ségrégation des femmes et la promotion d'une forme extrémiste d'islamisme, un symbole des libertés fondamentales ? C'est une forme de perversion de la pensée inquiétante de la part d'une telle institution. Même s'il y avait malheureusement matière juridique à un tel jugement, le faire au nom des libertés fondamentales est méprisable car c'est préserver les libertés fondamentales de ceux qui veulent faire reculer celles des femmes. Naturellement, Raphaël Enthoven s'est rangé du côté de ceux qui refusent l'interdiction du port du burkini, même s'il a commis un texte amusant appelant les défenseurs du burkini à demander l'autorisation du port du bikini en Arabie Saoudite. Mais le philosophe ultra-libertaire et ultra-libérals'est aussi livré à un exercice oratoire assez osé, lui permettant d'affirmer qu'en matière de burkini, résister, ce serait permettre. Dans un raisonnement alambiqué, où il rappelle pourtant le sens de ce vêtement, et le fait qu'il est une contrainte, il refuse l'interdiction car il ne faudrait pas permettre la victimisation de ceux qui le défendent et « les ennemis de la liberté prospèrent quand on renonce à une liberté, même quand c'est celle de se nuire ». Mais ne peut-on pas accepter la polygamie ou l'excision avec de tels raisonnements du moment que l'on trouverait des femmes pour dire qu'elles l'ont fait totalement volontairement ? Europe 1 ne s'est pas arrêtée là avec l'interview effarante du grand imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, un défenseur du burkini, par Thomas Sotto. Naturellement, les journalistes peuvent avoir une opinion, mais quand on réalise une interview, on doit être capable d'en faire au point en partie abstraction et questionner son invité. Vendredi, Thomas Sotto a été d'une complaisance qui n'a d'égale que celle des médias publics des régimes totalitaires. Non seulement il n'a pas posé la moindre question dérangeante à Tareq Oubrou, mais il lui a passé les plats, comme s'ils étaient les acteurs d'un duo répété à l'avance, le « journaliste » rappelant à l'Imam les arguments illustrant sa thèse au lieu de les questionner. Jamais un tel échange ne devrait être appelée une interview. Un contre-exemple de journalisme. La tonalité de certains médias est assez écœurante. Certains veulent clore le débat. Bien sûr, ils ne sont sans doute pas très sûrs de la portée de leurs arguments, mais cela est profondément antidémocratique. Dans un pays comme la France, il est légitime de discuter de l'interdiction du port du burkini, ce maillot militant, porteur à la fois d'une vision de la femme inacceptable mais aussi d'une vision aussi extrémiste qu'agressive de l'islam, même si les anglo-saxons ne le comprennent pas. Même si une partie des médias soutient de facto l'interdiction, il est tout de même effarant qu'une telle part des rédactions parisiennes semblent vouloir défendre la discrimination des femmes et la tolérance pour les islamistes. Heureusement, le débat ne devrait pas s'éteindre après le jugement du Conseil d'Etat. Ce jugement démontre aussi la dérisoire inutilité de la synthèse à la Hollande, qui donne le spectacle d'un gouvernement qui ne fait rien mais qui commente de manière contradictoire. Mais on peut penser qu'il sera difficile de ne pas agir maintenant. Les choses sont claires : ceux qui ne veulent pas du burkini devront déposer une loi. Un test pour leur courage et leurs convictions. |
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