Elève de première au lycée Flora Tristan à Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), K., 16 ans, s’est vu refuser l’accès de son établissement, mardi 3 mai, en raison de sa robe, jugée trop longue. La veille, la proviseure lui avait signifié que sa tenue vestimentaire était un “signe ostentatoire religieux”, et donc qu’elle ne pouvait pas la porter dans le lycée.
Depuis 2004, la loi prévoit que :
“Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.
Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève.”
Les signes religieux discrets sont tolérés, par respect pour les libertés publiques. Mais où placer la frontière ? Sur la question des jupes longues, le Conseil d’Etat ne s’est pas encore prononcé.
Convertie à l’islam
K. s’est convertie à l’islam il y a un an. Chaque matin, avant d’entrer en cours, elle retire son voile. Mais ce mardi, la jeune fille, en robe longue noire H&M, un gilet arrivant au genoux et des baskets est accueillie à l’entrée par la proviseure. “Elle lui a signifié qu’elle était interdite d’entrée dans l’établissement avec cette tenue, sans lui expliquer pourquoi”, raconte sa mère Marie-Christine de Sousa, jointe par “L’Obs”.
“Ma fille, franco-portugaise, issue d’une famille catholique, s’est convertie à l’islam, oui. Je l’ai toujours accompagnée dans son choix et dans ses décisions. En début d’année, je l’ai autorisée à porter le voile, qu’elle enlève avant d’entrer en cours. Et donc elle met des robes longues pour aller à l’école”.
Lundi, en fin de journée, après la convocation dans le bureau de la proviseure, la jeune fille avait prévenu sa mère par SMS, selon le récit de cette dernière : “Ne pouvant joindre la proviseure, j’ai appelé la CPE [conseiller principal d’éducation, ndlr] pour savoir ce qui se passait. Le lendemain, je me suis présentée au lycée pour demander à voir la proviseure”.
La responsable de l’établissement reçoit brièvement Marie-Christine de Sousa. Elle lui explique que “porter des robes longues dans un établissement public et laïc n’est pas tolérable, c’est un signe religieux”. La maman demande alors un document écrit sur lequel est fait mention du motif de l’exclusion. “Elle a refusé et a insisté sur le fait que dorénavant, ma fille ne serait pas admise en robe longue.”
Une plainte est envisagée
Après notre coup de fil au lycée mercredi, l’adjointe de la proviseure a appelé la famille pour proposer un dialogue lundi. La famille compte porter plainte. Marie-Christine de Sousa juge sévèrement la décision du lycée :
“Ma fille respecte la loi, je respecte sa religion, il y a juste de la tolérance et du respect. Jusque là, on ne lui avait fait aucune remarque sur sa tenue. Excepté les quelques problèmes de bavardages, c’est une fille très discrète sur sa conversion. Il faut que les gens arrêtent de faire des amalgames et de juger trop vite”.
K. a fait l’objet d’une enquête du personnel éducatif concernant sa conversion. “La procédure , habituelle dans ce genre de cas, s’est bien passé, on est venu chez nous, on a interrogé le corps enseignant et le dossier a conclu qu’il n’y avait aucun risque d’embrigadement. Le lycée en avait été avisé”, explique la mère.
Euh, c’est une blague ça ? Il y a donc une procédure standard pour suivre la religion des élèves hmmm ? Quelqu’un est au courant – me contacter svp ?
“Une robe longue n’est pas un motif d’exclusion”
Joint ce mercredi, l’Académie de Créteil assure que la jeune fille “n’a en aucun cas été exclue de l’établissement”.
“Elle a été convoquée, cela n’a pas été d’une absolue sérénité, mais un dialogue a eu lieu avec la famille et qui va être poursuivi lundi et qui sera maintenu. L’intérêt c’est que cette jeune fille est qu’elle poursuive sa scolarité de façon normale. Une robe longue n’est pas un motif d’exclusion”.
“Ce sont certes des cas isolés”, estime Yasser Louati, porte-parole du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) qui a relayé l’affaire sur son site, “mais certains personnels de l’Education nationale n'en font qu'à leur tête”.
L’actualité de l’année 2015 avait été ponctuée de nombreuses histoires similaires, dans un contexte de crispation autour de la notion de laïcité. Une tension telle qu’un hashtag s’était créé sur Twitter : #JePorteMaJupeCommeJeVeux.
Sarah Diffalah
Source : Le Nouvel Obs, Sarah Diffalah, 05-05-2016
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