lundi 23 mai 2016

Salaire des patrons : l’appel des 40 au CAC 40

Salaire des patrons : l'appel des 40 au CAC 40

Excellent appel, auquel je m’associe totalement.

Je rappelle la vieille série PDG de 2011 à lire ici, une des premières réalisées sur le blog.

Et pour une fois, cet appel est intelligent, les auteurs n’ont pas cherché à mettre une limite à 20 ou 12 SMIC (c’est comme ça qu’une votation en Suisse a été bêtement perdue).

Le niveau est secondaire. Le 1er combat est de passer de “pas de limite” à “une limite”, même 150 ou 200 SMIC.

Plus c’est haut, mieux c’est, car il y aura de moins en moins d’opposants.

Quand ce sera en place et qu’un aura vu que tout s’est bien passé, on pourra discuter de passer à 90 ou 80, etc.

À mon avis, 1 million d’euros est une bonne limite.

Enfin, rappelons que pour moi, cela s’applique uniquement aux dirigeants salariés des grandes entreprises, pas aux autres professions – avocats, footballeurs, stars, là c’est à l’impôt de corriger.

Source : Libération19/05/2016

Appel des 40

Appel des 40

A l’initiative de «Libération», quarante personnalités demandent au gouvernement de légiférer pour qu’un patron ne perçoive pas plus de 100 Smic.

Parce que nous vivons une période ­inédite dans l'histoire du capitalisme contemporain. Alors que, dans les ­années 60, les rémunérations des PDG ­représentaient 40 fois le salaire moyen ­pratiqué dans les plus grandes entreprises améri­caines, cet écart a explosé pour at­teindre aujourd'hui plus de 200 au sein de ces dernières et 120 dans les sociétés ­françaises.

Parce que le gouvernement a fait en 2013 le pari de l'autorégulation et que celui-ci a échoué. Rien qu'en 2015, la rémunération ­totale des patrons du CAC 40 a augmenté ­entre 5 % et 11 % selon les évaluations, pour atteindre un montant moyen de 4,2 millions d'euros par an, soit 240 Smic.

Parce que le principal argument patronal pour justifier de telles pratiques – celui d'un marché mondial des très hauts dirigeants qui nécessiterait un alignement des salaires par le haut – n'est corroboré par aucune étude économique sérieuse et aucune réalité ­concrète.

Parce que plusieurs institutions internationales, comme l'OCDE et le FMI, s'alarment depuis plusieurs années du poids croissant des inégalités et de leurs conséquences négatives sur le potentiel de croissance de nos économies occidentales.

Parce qu'en se comportant de la sorte, notre élite économique entretient un sentiment de chacun pour soi délétère. Alors que la majorité des Français a dû consentir de gros efforts depuis la crise de 2008, ces pra­tiques patronales remettent en question ­notre pacte de solidarité, nourrissent la ­défiance vis-à-vis de nos institutions et ­alimentent le vote d'extrême droite.

Pour toutes ces ­raisons, nous demandons au gouvernement de légiférer pour que ­désormais, en France, un patron ne puisse pas être rémunéré plus de 100 Smic, soit 1,75 million d'euros par an.

On nous objectera qu'une telle loi est dif­ficile en France, car elle pourrait se heurter à une censure du Conseil constitu­tionnel.

On répondra que le gouvernement peut trouver les moyens de rendre compatible cette ­exigence d'un salaire plafond avec ­notre ­Constitution.

On nous objectera que la France sera alors le seul pays au monde à inscrire dans la loi un tel plafond.

On répondra que ce sera un motif de fierté nationale.

On nous objectera qu'à cause de cette loi, les investisseurs étrangers vont être découragés d'investir en France.

On répondra que ces derniers profiteront d'un vivier de dirigeants «bon marché».

On nous objectera que 100 Smic, c'est bien trop.

On répondra que c'est un début et que si cette loi est votée, elle obligera la quasi-totalité des patrons du CAC 40 (et donc une très grande partie de leur comité exécutif) à baisser leur rémunération d'au moins 58 %.

 Retrouvez et signez la pétition sur change.org

Et vous pouvez aussi interpeller votre parlementaire sur le sujet.

Les 40 premiers signataires:

Christophe Alévêque, humoriste et patron de PME
Claude Bartolone, président PS de l'Assemblée nationale
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT
Karine Berger, députée PS
Luc Bérille, secrétaire général de l’Unsa
Philippe Besson, écrivain
Jean-Marc Borello, président de Groupe SOS
Christophe Borgel, député PS
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS
Patrick Chamoiseau, écrivain
Daniel Cohn-Bendit, cofondateur d'EE-LV
Carole Couvert, présidente de la CFE-CGC
Didier Daeninckx, écrivain
Cécile Duflot, députée EE-LV
Irène Frachon, pneumologue
Jean-Paul Fitoussi, économiste
Marcel Gauchet, historien
Raphaël Glucksman, écrivain et réalisateur
Benoît Hamon, député PS
Anne Hidalgo, maire PS de Paris
Nicolas Hulot, militant écologiste
Thierry Kuhn, président d’Emmaüs France
Pierre Larrouturou, coprésident de Nouvelle donne
Jean Lassalle, député centriste non inscrit
Claude Lévêque, artiste plasticien
Philippe Louis, président de la CFTC
Edouard Martin, eurodéputé PS
William Martinet, Unef
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT
Dominique Méda, sociologue
Arnaud Montebourg, entrepreneur et ancien ministre de l'Economie
Serge Papin, PDG de Systeme U
Thomas Piketty, économiste
Eric Rheinardt, écrivain
Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du monde
Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-Point
Jean Rouaud, écrivain
Dominique Rousseau, professeur de droit public
Pierre Rosanvallon, historien
Henri Sterdinyak, cofondateur des économistes Atterrés
Michel Wieviorka, sociologue

 Pour nous écrire à propos de cette pétition ou proposer une contribution sur le sujet, écrivez à appel [at] libe.fr

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LIBERATION

Source : Libération19/05/2016

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Salaires des grands patrons : l’État dispose de leviers d’action pour les limiter

Source : Le Nouvel Obs, Philippe Villemus, 20-05-2016

LE PLUS. Faut-il limiter la rémunération des grands patrons ? Oui, répondent 40 personnalités dans “Libération”. “Nous demandons au gouvernement de légiférer pour que, désormais, un patron ne puisse pas être rémunéré plus de 100 Smic”, écrivent-ils. Une telle limite est-elle pertinente et possible ? Éclairage de Philippe Villemus, auteur de “Le patron, le football et le smicard”.

Édité par Sébastien Billard

Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, au salon de l'auto de Pékin, le 29 avril 2016 (F. DUFOUR/AFP).

Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, au salon de l’auto de Pékin, le 29 avril 2016 (F. DUFOUR/AFP).

La question de la rémunération des grands patrons est récurrente. Et pour cause : depuis le début des années 1990, celles-ci se sont envolées. À tel point que les patrons français sont aujourd'hui sans conteste les mieux payés du monde après les Américains…

Non seulement ces rémunérations ont augmenté à un rythme sans commune mesure avec l'évolution de la rémunération moyenne des Français, mais en plus, la situation s'aggrave encore, les écarts se creusent plus que jamais, et ce en dépit des polémiques.

Une singularité française

En matière de rémunération, il faut savoir qu'il existe bel et bien une singularité française. Si les rémunérations de “nos” patrons sont si élevées, c'est d'abord parce que cette élite est dans notre pays bien plus petite que dans d'autres.

On parle ici d'une élite d'à peu près 200 personnes, dont une bonne moitié est issue des grands corps d'État. Ils ont souvent été dans les mêmes lycées, fait les mêmes prépas, les mêmes écoles, travaillé dans les mêmes cabinets ministériels.

De par la structure du capitalisme à la française, il y a des relations très incestueuses entre ces individus, et une grande porosité entre Bercy et les conseils d'administration des grands groupes français. Conséquence : nos patrons sont des cumulards. Ils cumulent les mandats dans les conseils d'administration, et un système de renvoi d'ascenseur existe.

En France, les grands patrons sont pour la plupart d'anciens hauts fonctionnaires, là où, aux États-Unis, on note plus de concurrence, de diversité, de mouvement.

Le marché mondial des patrons ? Un mythe

Au regard de cette situation, limiter les rémunérations des grands patrons me semble à la fois souhaitable et possible.

Ceux qui refusent toute modération se cachent souvent derrière le mythe d'un marché international des PDG. Si on limite les rémunérations des patrons français, ces dernières iront travailler pour de grands groupes étrangers, disent-ils.

Ceci est pourtant un mythe dénué de toute réalité. C’est une farce inventée par l'establishment français pour justifier de gros salaires. Car à la différence du marché des footballeurs, ou du marché des cadres de haut niveau, il n'existe pas de marché mondial des patrons.

Aucun Français n'est à la tête d'une groupe du Dow Jones, aucun Français n'est à la tête d'un groupe du Nasdaq, aucun Français n'est à la tête d'un groupe du DAX. Tout juste trouve-t-on un demi PDG français au Nikkei si l'on compte Carlos Ghosn chez Nissan. Depuis 1986, date de création du CAC 40, aucun PDG français n'a même été débauché par un groupe étranger à un poste de PDG

Oui, l'État dispose de leviers d’action

L'existence d'un marché mondial des patrons étant une farce, on ne voit pas bien pourquoi l'État ne pourrait pas agir sur ce sujet. Il dispose d'ailleurs de plusieurs leviers pour le faire.

1. Augmenter la fiscalité

Si ce n'est pas à l'État de fixer le niveau des salaires dans des entreprises privées, il peut en revanche agir à travers le niveau d'imposition, en mettant en place une fiscalité dissuasive sur les très hauts salaires. Pourquoi, par exemple, ne pas imaginer un taux d'imposition de 80 ou 90% pour la part des salaires supérieures à 3 ou 5 millions d'euros ?

2. Intervenir dans les conseils d'administration

Dans les entreprises dans lesquelles il possède des participations, l'État peut aussi avoir son mot à dire dans les conseils d'administration et les comités de rémunération.

S'il ne le fait pas aujourd'hui, ou insuffisamment, c'est parce que les liens entre hauts fonctionnaires (et plus particulièrement Bercy) et grands patrons sont très forts en France, comme nous l'avons dit plus haut. Les rémunérations ne sont pas tant fonction de l'utilité ou du talent mais le résultat de l'arbitraire et de la cooptation.

3. Interdire les parachutes dorés

Derrière les rémunérations importantes des patrons français se cache un important “mille-feuille” dont le salaire n'est qu'une partie, parfois même “négligeable”. Parachutes dorés, retraites chapeau, bonus, actions s'ajoutent au salaire proprement dit. Ces dispositifs peuvent être interdits. Leur légitimité est d'autant plus posée qu'ils soulèvent un problème de responsabilité.

Les parachutes dorés, par exemple, ne sont pas autre chose qu'une incitation à l'échec. C'est bien la preuve que rémunération importante va rarement de pair avec responsabilité sociale. De même, les retraites chapeaux devraient être interdites : car pourquoi rémunérer la fonction quand on ne l’occupe plus au-delà des seuils normaux de retraite.

4. Mettre en place des contre-pouvoirs

Enfin, il est urgent de réformer la composition des conseils d'administration. Des administrateurs vraiment indépendants doivent y avoir une place et surtout, une plus grande transparence doit primer. Car le pouvoir absolu dont bénéficie les grands patrons français les a rendu jusqu'à maintenant absolument fous.

Propos recueillis par Sébastien Billard

Source : Libération19/05/2016

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Une raison de plus d’être pour :

salaires

Primo, j’attends de voir si le Conseil Constitutionnel oserait censurer ça, et sur quelle base (La déclaration de 1789 ? Ca aurait bien fait rire Danton ou Marat…).

S’il le fait, le référendum sera la bonne voie.

Il faudra en profiter pour changer la composition du Conseil Constitutionnel, qui prend de plus en plus de décisions politiques, pour qu’il ne soit plus composé que de hauts spécialistes de Droit Constitutionnel.

Secundo, Macron, ce n’est pas le ministre qui voulait plafonner… les dommages et intérêts alloués par les tribunaux en cas de licenciement ABUSIF ? Et qui pense donc qu'on ne peut pas limiter les salaires par la loi mais ne voit aucune anomalie à limiter les réparations accordées par les tribunaux à un montant inférieur au préjudice réellement subi ?

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