vendredi 6 mai 2016

Présentation de la Syrie par le Quai d’Orsay

Présentation de la Syrie par le Quai d'Orsay

Quand le Quai d’Orsay t’explique l’Histoire…

Là aussi, niveau propagande délirante, on fait difficilement mieux….

"On avait parfaitement compris, longtemps avant Georges Orwell, qu'il fallait réprimer la mémoire. Et pas seulement la mémoire, mais aussi la conscience de ce qui se passe sous nos yeux, car, si la population comprend ce qu'on est en train de faire en son nom, il est probable qu'elle ne le permettra pas." [Noam Chomsky, La doctrine des bonnes intentions]

Source : France Diplomatie, 02-09-2014

Introduction

Dès mars 2011, à l'instar de ses partenaires occidentaux, la France a appelé au départ du président Bachar al-Assad, et a soutenu l'aspiration du peuple syrien à la démocratie et à la liberté en se mobilisant en faveur d'une transition politique en Syrie. Dans cet esprit, la France a reconnu la Coalition des forces de la révolution et de l'opposition syrienne formée le 11 novembre 2012 à Doha comme « seul représentant légitime du peuple syrien ».

Site de l'ambassade de France en Syrie (fermée depuis mars 2012)

Opposition syrienne

Historique de la révolution

Dès mars 2011, de fréquentes manifestations, principalement à Damas, Deraa, Hama et Homs, ont mobilisé des dizaines de milliers de personnes pour réclamer des réformes politiques et démocratiques. Dès le premier mois, elles ont été réprimées dans le sang. Le régime a pratiqué une répression à grande échelle : arrestations massives, tirs contre les manifestants pacifiques, tortures, y compris sur des mineurs, perquisitions d'habitations, exécutions. Les principaux foyers de la révolution – notamment Hama, Homs et Deraa – ont été la cible d'une répression d'une extrême violence. Les bombardements par l'armée et les affrontements entre soldats du régime et combattants de l'opposition y ont entraîné la mort de plusieurs milliers de personnes.

Dans ce contexte, certains opposants ont pris les armes. Un groupe de militaires ayant fait défection a annoncé, le 29 juillet 2011, la formation de l'Armée Syrienne Libre (ASL). Elle a bientôt été ralliée par des milliers de civils. Dès l'automne, des affrontements ont eu lieu entre, d'une part, l'ASL et d'autres groupes armés de la contestation, et, d'autre part, les forces de sécurité et les chabbiha – les milices pro-régime.

L'opposition a également cherché à se structurer sur le plan politique : sous la présidence de Burhan Ghalioun, le Conseil national syrien (CNS), fondé à Istanbul le 15 septembre 2011, unifie une grande partie de l'opposition intérieure et extérieure de différentes sensibilités (libérale, islamiste, nationaliste), recevant notamment le soutien des comités locaux de coordination, groupes d'opposition laïcs créés en avril 2011. Le CNS appelle à une transition politique impliquant le départ de Bachar al-Assad.

Bachar al-Assad a entretenu l'illusion de réformes : un référendum sur l'adoption d'une nouvelle constitution a été organisé le 26 février 2012. Le régime a annoncé un taux de participation de 57% ; 89% des Syriens auraient voté « oui ». Ce vote a été suivi d'élections législatives le 7 mai. Mais le régime a été affaibli par la défection de personnalités de premier plan, notamment celles du vice-ministre syrien du pétrole, Abdo Hussammedine, en mars, de Manaf Tlass, haut gradé de l'armée et ami d'enfance d'Assad, en juillet, et de Riad Hijab, Premier ministre depuis à peine plus d'un mois, en août. En outre, des attentats ont frappé l'appareil de sécurité du régime, en particulier celui du 18 juillet, qui a tué quatre hauts responsables de la sécurité, dont le beau-frère d'Assad, Assef Chawkat.

Depuis l'automne 2012, plusieurs évènements ont aggravé le risque d'une déstabilisation régionale : tirs parfois meurtriers hors des frontières syriennes au Liban et en Turquie, incursions de l'armée syrienne au-delà de la frontière Nord avec le Liban, attentat du 19 octobre à Beyrouth, causant la mort du général Wissam al-Hassan, le chef des renseignements libanais et attentat du 27 novembre 2013 à Beyrouth entraînant la mort de Mohammed Chatah,

Structuration de l'opposition

De son côté, l'opposition a poursuivi ses efforts de structuration. Ces efforts ont abouti le 11 novembre 2012 à Doha, avec la formation de la Coalition nationale des forces de la révolution et de l'opposition syriennes, qui englobe notamment les mouvements actifs sur le terrain. La Coalition était présidée à l'origine par un dignitaire sunnite, ancien imam de la mosquée des Omeyyades à Damas, le cheikh Ahmad Moaz al-Khatib, opposant de longue date. Ahmad al-Assi al-Jarba lui a succédé à la tête de la Coalition en juillet 2013 et a été réélu en tant que président, lors de l'Assemblée générale de la Coalition du 6 et 7 janvier 2014 à Istanbul. L'Assemblée générale de la Coalition d'avril 2014 avait permis d'élargir son comité politique, qui compte désormais 24 membres. L'Assemblée générale du 6 au 9 juillet 2014 a placé à la tête de la Coalition Hadi al-Bahra, conformément au souhait d'Ahmad al-Jarba.

La Coalition a continué à se structurer en intégrant l'opposition kurde, en novembre 2013, à travers le CNKS (huit nouveaux membres, portant le total des membres de la Coalition à 123 en 2013) et en désignant un gouvernement provisoire (liste au point quatre) dirigé par Ahmed Tomeh. Ce gouvernement, qui a vocation à céder sa place à un gouvernement de transition lorsque celui-ci sera mis en place, est conçu comme un pourvoyeur de services fonctionnant sous l'égide de la Coalition.

Sur le plan humanitaire, l'opposition poursuit une action efficace notamment dans des zones dites « libérées », administrées par des conseils révolutionnaires. Pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire dans les zones libérées, la Coalition a mis en place une Unité de Coordination des Aides (ACU) intégrée au sein du gouvernement provisoire d'Ahmad Tomeh. Lors de la réunion internationale de soutien à la Coalition qui s'est tenue le 28 janvier 2013 à Paris, de nombreux pays se sont engagés à soutenir financièrement cette structure.

Sur le terrain, les révolutionnaires ont pris le contrôle d' importantes parties de l'Est – vallée de l'Euphrate – et du Nord du pays. Cependant, le régime poursuit une politique d'asphyxie des villes assiégées qui a abouti à la reddition de la vieille ville de Homs, dont l'évacuation, objet d'un accord négocié entre les insurgés et le régime, s'est achevée le 9 mai Les combats demeurent intenses dans certaines de ces zones, et l'aviation syrienne continue de pilonner les zones libérées, tuant de nombreux civils, notamment à Alep. Le régime est également responsable de nombreux sièges qui privent quelque 200.000 personnes d'accès aux vivres et aux médicaments, notamment autour de Damas

L'opposition modérée subit la répression du régime mais aussi les fréquentes attaques des jihadistes. Depuis janvier dernier, de violents combats opposent ainsi l'opposition modérée à l'Etat islamique (EI), anciennement Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et ont fait plusieurs milliers de victimes. Le Chef du groupe, Abou Bakr al-Baghdadi, a proclamé le rétablissement du califat islamique le 29 juin 2014 sur les territoires contrôlés par l'EI entre l'Irak et la Syrie. La quasi-totalité de la province de Deir Ezzor est aux mains de l'EI, qui poursuit son effort vers l'Ouest et vers les enclaves contrôlées par les Kurdes au nord du pays à la frontière turque. Ces derniers ont importé des renforts de Turquie afin de combattre les jihadistes de l'EI dans la ville kurde assiégée d'Aïn al-Arab.

Le régime syrien, qui avait complaisamment laissé se développer le groupe jihadiste afin de décrédibiliser l'opposition modérée, se confronte désormais à lui dans l'est du pays en bombardant ses positions, notamment depuis les combats autour du champ gazier de Chaar et la prise de la base aérienne de Tabqa par le groupe jihadiste. Ses frappes demeurent cependant d'une ampleur limitée et n'entravent pas la progression du groupe au Nord dans son avancée vers Alep.

Processus de Genève

Le processus politique de négociations inter syriennes (Conférence de Genève) est dans l'impasse, du fait de l'obstruction du régime. Les négociations sont ainsi interrompues de facto depuis le 15 février dernier. Lakhdar Brahimi – l'envoyé spécial conjoint de la Ligue arabe et des Nations Unies – a démissionné le 13 mai 2014. Staffan de Mistura a été nommé le 10 juillet 2014 pour lui succéder, secondé de M. Ramzi Ezzedine, ancien représentant de la Ligue arabe auprès de l'Autriche. Il a pris ses fonctions le 1er septembre. Il devrait chercher à recréer rapidement une nouvelle dynamique politique en vue d'un règlement de la crise.

Situation économique

La crise intérieure, l'isolement régional et les sanctions économiques décidées par l'Union européenne et les Etats-Unis ont conduit à une dégradation de la situation économique en Syrie. Un certain nombre d'hommes d'affaires ont pris leurs distances avec le régime. Les sanctions pétrolières sont efficaces, la Syrie ne parvenant plus à exporter de pétrole, alors que ces exportations représentaient 25% des revenus du régime. Selon le ministre syrien du Pétrole, Souleimane Al-Abbas, la production pétrolière s'est effondrée de 96% depuis le début de la crise. Le régime syrien dépend aujourd'hui de l'Iran pour ses importations de brut.

Les finances publiques sont extrêmement dégradées, et la livre syrienne a été dépréciée de plus de 200% depuis le début de la crise.

Situation humanitaire

Selon l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme, la crise syrienne a fait plus de 191.000 morts depuis trois ans. 10 millions de personnes seraient désormais affectés par la crise et nécessiteraient une aide humanitaire d'urgence tandis que 6.7 millions de personnes seraient déplacés à l'intérieur du pays. Les dommages matériels sont également considérables et affectent lourdement le quotidien de la population syrienne : le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies rapporte que 1,2 million de foyers auraient été endommagés dont 400.000 entièrement détruits et que près de 5.000 écoles ne seraient plus en mesure d'accueillir leurs élèves, laissant 1.9 million d'enfants (sur un total de 5.4 million) sans accès à l'éducation. En dépit des appels de l'ONU, l'accès aux populations, dans un contexte sécuritaire très dégradé, reste complexe et aléatoire. Les attaques ciblant les travailleurs humanitaires sont fréquentes et font obstacle à la bonne marche des programmes d'aide à l'intérieur du pays.

Le régime demeure le principal responsable des difficultés entravant l'acheminement de l'aide humanitaire dans tout le territoire syrien. Il prive délibérément et de façon systématique la population syrienne se trouvant dans des zones tenues par l'opposition des biens de première nécessité indispensables à sa survie. Il en résulte le développement de situations de famine et d'épidémies. On observe actuellement notamment la résurgence de la poliomyélite alors que l'épidémie était sur le point d'être éradiquée au niveau mondial. Nonobstant les difficultés d'accès et les contraintes sécuritaires, les opérateurs (Agences, ONG locales et internationales), tentent de poursuivre leur activité sur le terrain.

La situation humanitaire est également très préoccupante hors des frontières syriennes. Dans les pays voisins, l'afflux massif et croissant de réfugiés a des conséquences désastreuses sur les communautés hôtes. Au 15 juillet, le HCR compte plus de 3 millions de réfugiés syriens enregistrés ou en cours d'enregistrement, dont 1.176.971 au Liban, 832.508 en Turquie, 613.252 en Jordanie, 215.303 en Irak et 139.289 en Egypte.

La communauté internationale se mobilise pour venir en aide aux pays voisins de la Syrie et les aider à gérer cet afflux de réfugiés. A cet égard, un Groupe international de soutien au Liban a été mis en place sous l'égide du Secrétariat général des Nations Unies dans l'objectif d'apporter une réponse collective à la crise que traverse ce pays.

Politique extérieure

Ligue arabe

En novembre 2011, la Ligue arabe a décidé le gel de l'adhésion de la Syrie à toutes ses réunions et à ses instances. Le 22 décembre 2011, des observateurs arabes ont été déployés en Syrie, dont la mission était de vérifier la mise en œuvre du plan en quatre volets établi par la Ligue arabe et accepté par Damas, prévoyant notamment l'arrêt de la répression et la libération de tous les prisonniers politiques. Mais la mission, qui s'est déroulée dans un climat de recrudescence des violences, a pris fin officiellement le 12 février 2012. Suite à cette mission, deux points ont été ajoutés au plan de la Ligue : la formation d'un gouvernement d'union nationale et l'effacement simultané de Bachar al-Assad au profit du vice-président Farouk al-Charaa.

En février 2012, la Ligue arabe a demandé à ses Etats membres de mettre fin à toute coopération diplomatique avec la Syrie et elle a décidé, le 25 mars 2013, le principe d'attribuer le siège de la Syrie à la Coalition Nationale Syrienne.Moaz al Khatib, alors président de la Coalition, a représenté le peuple syrien lors du 24ème Sommet de la Ligue tenu à Doha le 26 mars.

Lors de sa réunion ministérielle du 1er septembre 2013, la Ligue arabe a imputé au régime syrien la responsabilité des massacres chimiques du 21 août à Damas et a appelé à prendre des mesures dissuasives à son égard. Elle a également renouvelé son soutien à la Coalition nationale syrienne dans sa résolution du 3 novembre et appelé à ce que les négociations de Genève II débouchent avec succès sur la mise en place d'un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs exécutifs.

Nations Unies

Résolution 2118 (27 septembre 2013)

La fermeté dont la France a fait preuve après les massacres chimiques perpétrés par le régime le 21 août 2013 à Damas a favorisé l'adoption à l'unanimité par le Conseil de sécurité le 27 septembre de la résolution 2118. Celle-ci contraint le régime syrien à démanteler son arsenal chimique et constitue la première résolution adoptée par le Conseil de sécurité depuis le début de la crise syrienne qui impose des obligations à la Syrie en prévoyant des mesures coercitives en cas de non-respect.

L'adoption de cette résolution a elle-même été rendue possible par l'adoption à La Haye, au niveau du Conseil exécutif de l'OIAC, d'un texte qui prévoit un dispositif d'exception, un calendrier contraignant pour la déclaration et la destruction des armes chimiques syriennes, ainsi qu'un processus de vérification précis.

Les derniers stocks d'agents chimiques déclarés par le régime ont été sortis de Syrie le 23 juin. Cette évacuation intervient une semaine avant la date-butoir pour la destruction totale des armes chimiques syriennes. Elle aurait toutefois déjà dû être réalisée depuis plusieurs mois (avant le 31 décembre 2013 ou le 5 février 2014 selon les produits). Damas doit par ailleurs encore s'acquitter de ses obligations de destruction de douze installations de fabrication d'armes chimiques et clarifier les zones d'ombre de sa déclaration initiale. Enfin, le rapport intérimaire de la mission OIAC d'établissement des faits confirme la crédibilité des allégations d'emploi de gaz de chlore et en souligne le caractère systématique. Ses investigations doivent encore se poursuivre. Lors des consultations du Conseil de sécurité du 4 juin 2014, l'ensemble des délégations a appelé à ce que les résultats de la mission soient présentés au Conseil de Sécurité.

La résolution 2118 votée le 27 septembre comporte également un volet politique : elle endosse pour la première fois le communiqué de Genève du 30 juin 2012 et appelle à la tenue d'une conférence internationale sur la Syrie pour mettre en œuvre les principes agréés lors de Genève I.

Résolution 2139 (22 février 2014)

S'agissant de la question humanitaire, face à l'absence d'avancées suite à la déclaration présidentielle adoptée le 2 octobre 2013 à l'unanimité au Conseil de sécurité des Nations Unies qui demandait notamment aux autorités syriennes de faciliter les opérations humanitaires de secours -y compris celles depuis les pays limitrophes et à travers les lignes de front -, le 22 février 2014, la résolution 2139 du Conseil de Sécurité des Nations Unies a été adoptée. Elle contient des demandes précises : l'arrêt de l'emploi indiscriminé d'armes contre les civils, notamment les tirs d'obus et bombardements aériens avec l'emploi de barils d'explosifs ; la levée immédiate des sièges des zones peuplées, notamment dans le quartier de Yarmouk.

La résolution exige le libre acheminement de l'aide humanitaire, y compris l'aide médicale, et l'évacuation rapide, en toute sécurité et sans entrave des civils qui le souhaitent. Elle souligne que les parties doivent s'accorder sur des pauses humanitaires, des jours de tranquillité, des cessez-le-feu localisés et des trêves. En outre, le texte demande un accès de l'aide à travers les lignes de conflit et les frontières des pays voisins et le respect des missions médicales et des soins aux blessés.

Résolution 2165 (14 juillet 2014)

Le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité, le 14 juillet, la résolution 2165 sur l'accès humanitaire en Syrie. Cette résolution autorise l'ouverture de quatre points de passage transfrontaliers depuis la Turquie (Bab al-Hawa et Bab al-Salamé), la Jordanie (Al-Ramtha) et l'Irak (Al-Yarubiyah), en plus de ceux déjà utilisés, sans requérir le consentement du régime syrien. Elle décide également de la création d'un mécanisme de monitoring des Nations Unies, sous l'autorité du Secrétaire Général, pour contrôler le chargement des biens humanitaires dans les convois, depuis les pays voisins de la Syrie et avec leur consentement.

Le mécanisme de surveillance des convois est opérationnel à trois points de passage (Bal al-Hawa, Bab al-Salamé et Al-Ramtha). Neuf convois transfrontaliers ont permis de porter secours à 70.000 personnes pour l'alimentation, 120.000 pour les biens non alimentaires et 190.000 pour les médicaments. Des consultations au CSNU se sont tenues le 29 août sur l'accès humanitaire en Syrie qui font état de progrès mais notent que ceux-ci sont très limités compte-tenu des besoins. Le régime syrien continue à entraver l'accès, fixant notamment de nombreux obstacles administratifs.

Autres résolutions 

D'autres organes des Nations Unies ont adopté des résolutions dénonçant les violations des droits de l'homme dont s'est rendu coupable le régime de Damas :

  • L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté six résolutions à ce jour : résolution 66/176 du 19 décembre 2011, condamnant la répression en Syrie ; résolution 66/253A du 16 février 2012, condamnant la répression et soutenant le plan de sortie de crise de la Ligue arabe ; résolution 66/253B du 3 août 2012 condamnant notamment l'utilisation d'armes lourdes par le régime de Damas ; résolution 67/183 du 20 décembre 2012 condamnant la répression et appelant à saisir la justice internationale ; résolution du 15 mai 2013 67/262 condamnant les violations des droits de l'Homme et saluant la création de la Coalition nationale syrienne ; résolution 68/182 du 18 décembre 2013 condamnant l'utilisation d'armes chimiques et souscrivant au Communiqué de Genève.
  • Quinze résolutions ont été adoptées à ce stade par le Conseil des Droits de l'Homme : 1. Résolution du 29 avril 2011 dénonçant avec vigueur les violations massives des droits de l'Homme par le régime syrien et la mort de très nombreux civils. 2. Résolution du 22 août 2011 établissant une commission d'enquête indépendante ; 3. Résolution du 2 décembre 2011, endossant le rapport de cette commission rendu en novembre, qui fait état de « crimes contre l'humanité » commis par le régime syrien, et appelle les Nations Unies à une action appropriée ; 4. Résolution du 1er mars 2012, exhortant notamment Damas à permettre un accès humanitaire ; 5. Résolution du 23 mars 2012, renouvelant notamment le mandat de la commission d'enquête indépendante ; 6. Résolution du 1er juin 2012 condamnant fermement le massacre de Houla et les violations des droits de l'Homme commises par le régime ; 7. Résolution du 6 juillet 2012 condamnant la répression 8. Résolution du 28 septembre 2012 renouvelant notamment le mandat de la commission d'enquête pour six mois ; 9. Résolution du 22 mars 2013 condamnant les crimes commis en Syrie et renouvelant pour une année complète le mandat de la commission d'enquête sur les violations des droits de l'homme en Syrie. 10. Résolution du 28 mai 2013 sur la détérioration de la situation humanitaire et condamnant le massacre d'al Qusayr 11. Résolution du 29 mai 2013 soutenant le processus politique, condamnant l'usage de la violence, revendiquant l'obligation de rendre des comptes en cas de violation du droit international et appelant tous les Etats à augmenter leur aide humanitaire. 12. Résolution du 14 juin 2013 exigeant un accès immédiat, libre et sans entrave au territoire syrien de la commission d'enquête sur la Syrie et dénonçant la présence de combattants étrangers sur le territoire syrien 13. Résolution du 27 septembre 2013 condamnant les violations des droits de l'Homme, rappelant l'exigence urgente de garantir un accès de la Commission d'enquête internationale au territoire syrien ainsi que l'accès de tous les acteurs humanitaires. 14. Résolution du 28 mars 2014 condamnant les violations graves et systématiques des droits de l'Homme en Syrie, notamment l'usage de la torture, les attaques contre les civils et l'utilisation de la famine et des sièges comme méthode de guerre par le régime de Damas. 15. Résolution du 27 juin 2014 exhortant les parties à s'abstenir d'exercer des représailles et de commettre des actes de violence, notamment de violence sexuelle et de torture, se déclarant profondément préoccupé par les allégations concernant l'utilisation de produits chimiques toxiques ainsi que par la propagation de l'extrémisme et condamnant le déni délibéré d'aide humanitaire aux civils, quels qu'en soient les auteurs.

Union européenne

Depuis août 2011, l'Union européenne appelle au départ de Bachar al-Assad. En mai 2011, elle a adopté les premières sanctions à l'encontre du régime syrien : à ce jour, vingt trains de sanctions ont été adoptés. Ces sanctions prévoient notamment un embargo sur les armes et sur les exportations de pétrole syrien à destination de l'Europe, des sanctions financières et commerciales, ainsi que le gel de fonds et l'interdiction d'entrée sur le territoire de l'UE visant, à ce jour, 191 personnes, ainsi que 53 entités impliquées dans le financement du régime et la répression en Syrie.

Concernant la destruction de l'arsenal chimique syrien, l'Union européenne a confirmé le 17 février 2014 le déblocage de douze millions d'euros au profit du fonds d'assistance de l'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques (OIAC) pour la destruction des armes chimiques syriennes.

L'UE est également active sur le plan politique. Le Conseil des Affaires étrangères de l'UE du 19 novembre 2012 a salué la formation de la Coalition nationale syrienne, dont les composantes constituent pour l'UE « des représentants légitimes des aspirations du peuple syrien ». A l'initiative de la France, le Conseil des affaires étrangères de l'Union européenne a adopté le 21 octobre 2013 des conclusions sur la Syrie, qui soulignent l'impératif d'une solution politique en appelant toutes les parties à adhérer publiquement à un processus de transition crédible et à s'engager en vue de la conférence de Genève II.

Le 14 avril 2014, le Conseil de l'Union européenne a réaffirmé, dans ses conclusions sur la Syrie, qu'il ne saurait y avoir qu'une solution politique au conflit syrien et souligné qu'il importe de relancer le processus de Genève. Le Conseil de l'UE s'est dit préoccupé par les tentatives du régime visant à contourner les mesures restrictives de l'UE. Les graves exactions des groupes terroristes présents en Syrie ont été dénoncées. Le Conseil a également déploré que la mise en œuvre de la résolution 2139 du Conseil de Sécurité n'ait pas progressé et est préoccupée par les cas de reddition forcée, imposées par le régime au moyen de sièges. Le Conseil a enfin réitéré son appel en faveur d'un achèvement rapide des transferts d'armes chimiques.

Le 30 août 2014, le Conseil de l'Union européenne a manifesté, dans ses conclusions sur la Syrie et l'Irak, son inquiétude vis-à-vis de la détérioration de la situation humanitaire et sécuritaire en Syrie et en Irak résultant de l'occupation de certaines parties de leur territoire par l'EI. Le Conseil a rappelé à ce titre que la guerre brutale menée par Bachar al-Assad contre son peuple était à l'origine du développement de ce groupe, qui constitue une menace directe pour la sécurité des pays de l'Union européenne.

Sur le plan humanitaire, le montant total mobilisé par l'Union européenne depuis le début de la crise dans le cadre de son budget ECHO est de 515M€, soit 165M€ en 2011, 2012 et 350M€ pour 2013. Cet appui consiste en Syrie à fournir une aide médicale d'urgence, une assistance alimentaire et nutritionnelle, un approvisionnement en eau, des services d'assainissement et d'hygiène, un hébergement et des services logistiques. Dans les pays voisins, ces fonds permettent d'assurer une assistance humanitaire aux réfugiés syriens, notamment des soins de santé, des biens alimentaires, des abris, des kits d'hygiène, des services d'approvisionnement en eau et d'assainissement.

Depuis le début de la crise, cette aide est répartie à 44% à l'intérieur de la Syrie et à 56% à destination des pays voisins (26% pour le Liban, 22% pour la Jordanie, 4% pour l'Irak, 4% pour la Turquie).

Groupe des Amis du peuple syrien

A l'initiative de la France, un Groupe des Amis du peuple syrien a été constitué en 2012, afin d'accroître la pression diplomatique sur le régime de Bachar al-Assad, montrer son isolement croissant et condamner la poursuite de la répression. Il regroupe à ce stade 115 Etats et organisations, et a déjà tenu cinq plénières à niveau ministériel : à Tunis, le 24 février 2012 ; à Istanbul, le 1er avril 2012 ; à Paris, le 6 juillet 2012 ; à Marrakech, le 12 décembre 2012 et à New-York, le 26 septembre 2013.

Le Core Group, réunissant les 11 pays les plus proches de la Coalition nationale syrienne s'est également réuni à plusieurs reprises : à Rome, le 28 février 2013 ; à Amman, le 22 mai 2013 ; à Doha, le 22 juin 2013 et à Londres, le 22 octobre 2013.

A Marrakech, les Amis, qui ont appelé au départ de Bachar al-Assad, ont reconnu collectivement la Coalition comme le représentant légitime du peuple syrien. Le communiqué publié lors de la réunion de Londres le 22 octobre 2013 appelle à ce que le gouvernement de transition mis en place suite à Genève II soit doté des pleins pouvoirs exécutifs et contrôle toutes les institutions, y compris sécuritaires. Les ministres des Affaires étrangères des onze pays Amis de la Syrie se sont réunis le 12 janvier 2014 à Paris avec une délégation de la Coalition nationale syrienne. Les principaux points du communiqué final portent sur la condamnation des atrocités commises par le régime, notamment les bombardements d'Alep et les blocus qui privent la population d'accès à la nourriture et aux médicaments ; l'appel à une résolution humanitaire du CSNU ; la réaffirmation d'un plein soutien au communiqué ministériel du Core Group du 22 octobre ; la condamnation de la présence de combattants étrangers en Syrie, tant du côté du régime que de l'opposition.

La dernière réunion du Core Group des Amis du peuple syrien s'est tenue le 15 mai à Londres en présence d'Ahmad al-Jarba. Dans son communiqué final, le Core Group, outre la dénonciation de la mascarade électorale du 3 juin, a décidé de prendre des mesures supplémentaires en soutien à la Coalition et à son état-major conjoint. Il tient le régime de Bachar al-Assad responsable du développement du terrorisme, appelle à la saisine de la CPI et à l'augmentation de l'aide transfrontalière.

Mise à jour : 02.09.14

Source : France Diplomatie, 02-09-2014

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