samedi 7 mai 2016

Porto Rico ne suit pas le contre-exemple Grec

Porto Rico ne suit pas le contre-exemple Grec

Le parallèle est instructif : 6 ans après le premier plan et après avoir accepté une multitude de demandes de ses créanciers, la Grèce est paralysée par une grève générale d'opposition aux dernières demandes. Mais de l'autre côté de l'Atlantique, Porto Rico a choisi la voie du défaut.



Grèce dans l'impasse, Porto Rico qui prend la sortie

La situation de la Grèce six longues années après le choix d'une austérité maladive démontre à quel point la voie du maintien dans la monnaie unique est une impasse. Trois gouvernements différents ont accepté des mesures similaires exigées par les créanciers et rien ne change. Pris dans un cercle vicieux que ni les Grecs ni les eurobéats ne veulent reconnaître, le pays doit constamment prendre de nouvelles mesures d'austérité pour essayer de tenir des objectifs intenables. Moins d'un an après sa capitulation en rase campagne, Alexis Tsipras se voit donc demander des mesures contingentes pour garantir un excédent primaire à 3,5% du PIB pour 2018, des coupes équivalentes à 2% du PIB, qui se déclencheraient automatiquement si jamais tout ce qui avait été entrepris n'était pas suffisant pour l'atteindre.

Il est tout de même effarant que toutes les parties prenantes continuent dans la logique qui n'a produit que de l'échec depuis 2010, et qui consiste à faire grossir une dette dont il est bien évident qu'elle ne pourra pas être remboursée par la Grèce car avec 3,5% d'excédent primaire, il est bien évidemment que la croissance ne sera pas là, sans même pouvoir espérer réduire la dette puisqu'il y a les intérêts à payer. Bref, tous ces sinistres acteurs s'enfèrent dans une impasse dont ils font payer le prix à tout un peuple, littéralement saigné pour ses créanciers, d'autant plus, que, comme le rappelle Romaric Godin, 95% des soit-disantes aides sont allés aux créanciers… L'histoire sera sans doute très dure dans quelques années avec tous ceux qui ont pu soutenir une telle horreur, une forme de crime contre l'humanité.

Parallèlement, après des mois d'atermoiements, Porto Rico, cette petite île étasunienne qui traverse une grave crise économique qui pousse ses habitants à partir sur le continent, a décidé de faire défaut et de ne pas payer 422 millions de dollars de dette, malgré le fait que ses créanciers étaient des fonds étasuniens rompus aux procédures contre les Etats, comme on a pu le voir avec l'Argentine. Le gouverneur de l'île a déclaré « j'ai décidé que vos besoins de base étaient plus importants que quoi que ce soit d'autre » et a demandé au Congrès étasunien de permettre à lîle de restructurer sa dette de 72 milliards en lui donnant accès au droit à la faillite auquel ont accepté les Etats et les villes. Où l'on voit, ici aussi, qu'une même monnaie ne peut pas convenir à des ensembles trop disparates.


Mais ce qui est intéressant ici, c'est de voir à quel point les européens, et les dirigeants Grecs de tous les bords persistent dans l'erreur malgré les conséquences dramatiques de leurs politiques. Merci à Porto Rico de montrer que l'on peut choisir le peuple contre des créanciers sanguinaires.

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