mercredi 18 mai 2016

L’État islamique entraîne 400 combattants pour ensanglanter l’Europe, par Associated Press

L'État islamique entraîne 400 combattants pour ensanglanter l'Europe, par Associated Press

Ca, je l’avais sous le coude – alors je le sors quand même, dans la série “ça va mieux”…

Source : Associated Press, le 23/03/2016

Par LORI HINNANT et PAISLEY DODDS

Dans cette image fournie par la Police Fédérale belge à Bruxelles mardi, le 22 mars 2016 de trois hommes qui sont soupçonnés de participation dans les attaques à l'Aéroport Zaventem de la Belgique. Le site Web de la Police Fédérale de la Belgique lundi, le 28 mars a commencé à porter une 32 deuxième vidéo d'un homme mystérieux dans un chapeau soupçonné d'avoir la participation dans le 22 mars l'attentat à la bombe(le bombardement) d'Aéroport de Bruxelles.

Dans cette image fournie par la Police Fédérale belge à Bruxelles mardi, le 22 mars 2016 de trois hommes qui sont soupçonnés de participation dans les attaques à l’Aéroport Zaventem en Belgique.

PARIS (AP) – Le groupe État islamique aurait formé au moins 400 combattants pour cibler l’Europe par des vagues mortelles d’attaques, en créant des cellules terroristes interconnectées comme celles qui ont frappé Bruxelles et Paris avec pour consignes de choisir le moment, le lieu et la méthode afin de provoquer un chaos maximal, comme l’ont déclaré des responsables à l’Associated Press.

Ce réseau de cellules mobiles et semi autonomes montre la détermination du groupe extrémiste en Europe, même s’il perd du terrain en Syrie et en Irak.

Les responsables, incluant des membres du renseignement européen et irakien ainsi qu’un législateur français qui suit les réseaux djihadistes, ont décrit des camps en Syrie, en Irak et peut-être également dans les territoires de l’ancien bloc soviétique où les attaquants sont formés pour cibler l’Occident. Avant d’être tué dans un raid de la police, le chef de file des attentats de Paris du 13 novembre a affirmé qu’il était entré en Europe dans un groupe multinational de 90 combattants, qui s’est dispersé “un peu partout.”

Mais la plus grande révélation dans l’enquête sur les attentats de Paris – l’arrestation vendredi du fugitif Salah Abdeslam – n’a pas permis de contrecarrer l’attaque multi-site seulement quatre jours après sur la zone aéroportuaire de la capitale belge et dans le métro, qui a fait 31 morts et environ 270 blessés. Trois kamikazes sont morts également.

Tout comme à Paris, les autorités belges étaient à la recherche d’au moins un fugitif après les attentats de mardi – cette fois il s’agit d’un homme vêtu d’une veste blanche qui a été vu sur des images vidéos de caméras de sécurité de l’aéroport avec les deux complices morts dans les attentats suicides. La crainte est que l’homme, dont l’identité reste inconnue des responsables belges, ne suive le chemin d’Abdeslam.

Après avoir fui Paris immédiatement après les attentats de novembre, Abdeslam a forgé un nouveau réseau dans le quartier de son enfance à Molenbeek, connu depuis longtemps comme un refuge de djihadistes, et a pu reconstruire des liens, selon les autorités belges.

“Non seulement il a pu échapper à la surveillance, mais il l’a fait pour organiser une autre attaque, avec des complices locaux et des ceintures d’explosifs. Deux attaques ont été organisées comme à Paris. Et malgré son arrestation, maintenant que l’on sait qu’il va parler, l’attaque est déjà une réponse : “Que se passera-t-il s’il est arêté ? Nous vous montrerons que ça ne change rien.” a dit la sénatrice française Nathalie Goulet, coprésidente d’une commission de suivi des réseaux djihadistes.

On estime entre 400 et 600 le nombre de combattants de l’État islamique formés aux attaques en territoire étranger selon les enquêteurs, dont Nathalie Goulet. Environ 5000 Européens sont partis pour la Syrie.

« La vérité est que si nous savions exactement combien ils étaient, cela n’arriverait pas, » dit-elle.

Plus de quatre sources ayant accès aux décomptes des combattants chargés d’attaques en Europe ont indépendamment corroboré le nombre de combattants formés pour des attaques spécifiques en Europe, y compris certaines qui ont parlé aux combattants directement. D’autres ont croisé les informations concernant les combattants qui partent et ceux qui reviennent.

Deux des kamikazes des attentats de mardi, les frères, nés en Belgique, Ibrahim et Khalid El Bakraoui, étaient connus des autorités comme des criminels ordinaires, des radicaux pas particulièrement anti-occidentaux jusqu’à ce que l’appartement de l’un d’eux ait été loué pour Abdeslam la semaine dernière, selon la chaîne étatique belge RTBF. De même, un Algérien tué à l’intérieur de cet appartement le 15 mars était inconnu, mais cumulait de petits délits en Suède – il s’était toutefois engagé comme kamikaze auprès de l’État islamique en 2014, puis était retourné en Europe pour participer au 13 novembre.

En revendiquant la responsabilité de l’attaque de mardi, le groupe État islamique a confirmé l’existence de ces “cellules secrètes de soldats” envoyés à Bruxelles dans ce but. L’existence de ces cellules “dormantes” a été confirmée par l’agence de police de l’UE, Europol, dans un rapport fin janvier, précisant qu’ils croyaient que ce groupe “avait été entraîné à des actions extérieures de grande envergure.”

Des francophones ayant des liens avec l’Afrique du Nord, la France et la Belgique semblent diriger les unités et sont chargés d’élaborer des stratégies d’attaque en Europe, a déclaré un responsable de la sécurité européenne qui a parlé sous condition d’anonymat, parce qu’il n’a pas été autorisé à discuter des documents d’information. Il est également familier des interrogatoires d’anciens combattants qui se sont dé-radicalisés en Europe. Certains ont été emprisonnés après avoir quitté l’EI tandis que d’autres ont été chassés du groupe terroriste, et ce sont soit des musulmans, soit des musulmans convertis de toute l’Europe.

Les combattants de ces unités sont formés aux stratégies de champ de bataille, au maniement d’explosifs, aux techniques de surveillance et de contre-surveillance, selon le responsable de la sécurité.

« La différence est que, en 2014, certains de ces combattants islamiques recevaient seulement quelques semaines de formation, a-t-il dit. Maintenant, la stratégie a changé. Des unités spéciales ont été mises en place. La formation est plus longue. Et l’objectif ne semble plus être de tuer autant de personnes que possible, mais plutôt d’avoir autant d’opérations terroristes que possible, de sorte que l’ennemi soit forcé de dépenser plus d’argent ou d’utiliser plus de moyens humains et de ressources. »

Des méthodes similaires ont été mises au point et utilisées par al-Qaïda, mais à présent c’est à une autre échelle, a-t-il dit. Une autre différence est que les combattants sont formés pour être leurs propres opérateurs donc autonomes – sans nécessairement devoir rendre des comptes à la forteresse de l’EI à Raqqa, en Syrie ou ailleurs.

Plusieurs responsables de la sécurité ont dit qu’il n’y a même plus de preuves pour confirmer que la majeure partie de la formation se déroule en Syrie, en Libye et ailleurs en Afrique du Nord. Dans le cas des attentats de mardi, l’arrestation d’Abdeslam a probablement été le déclencheur d’un complot déjà prévu de longue date.

“Pour organiser une attaque de ce niveau, vous avez besoin de formation, de planification, de matériel et d’un objectif,” a déclaré Shiraz Maher, chercheur principal au Centre international pour l’étude de la Radicalisation au Collège King de Londres, qui a l’une des plus grandes bases de données sur les combattants et leurs réseaux.

“Même s’ils avaient travaillé d’arrache-pied, les attaques à Bruxelles auraient eu besoin d’au moins quatre jours,” a déclaré Maher, qui a mené des entretiens approfondis avec des combattants étrangers.

La question pour beaucoup de responsables du renseignement et de la sécurité se tourne maintenant vers combien de combattants sont encore présents et sont prêts pour plus d’attaques.

Un haut responsable du renseignement irakien, qui n’a pas été autorisé à parler publiquement, dit que les gens de la cellule qui a effectué les attentats de Paris sont dispersés à travers l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Danemark et la Suède. Récemment, un nouveau groupe est arrivé, venant de la Turquie, a indiqué le responsable.

Mercredi, les autorités turques ont indiqué que l’un des attaquants suicides de Bruxelles, Ibrahim El Bakraoui, avait été capturé en juin dernier près de la frontière syrienne et expulsé vers les Pays-Bas. Ankara aurait averti les fonctionnaires néerlandais et belges qu’il était un “combattant terroriste étranger”. Mais il a été libéré par les Pays-Bas en raison du manque de preuves d’implication dans des activités liées à l’extrémisme.

Le ministre de la Justice belge Koen Geens a déclaré mercredi que les autorités n’avaient aucune raison de le détenir parce qu’il n’était “pas connu pour des actes de terrorisme, mais comme un criminel de droit commun qui était en liberté conditionnelle.”

Le dernier nouveau nom qui a fait surface cette semaine, Najim Laachraoui, s’est révélé être l’artificier qui a réalisé les gilets de suicide utilisés dans les attentats de Paris, selon les responsables français et belges. Les attaquants ont utilisé un explosif connu sous le nom triacétone triperoxide, ou TATP, fabriqué à partir de produits chimiques ménagers courants. Les traces ADN indiquent qu’il est décédé mardi dans l’attentat suicide contre l’aéroport, deux fonctionnaires informés de l’enquête l’ont déclaré à l’AP.

Quinze kilos de TATP ont été trouvés dans un appartement lié aux attaquants à Bruxelles, ainsi que d’autres matières explosives. L’homme non identifié vu sur des images de caméras de sécurité portant une veste blanche et un chapeau noir à l’aéroport de Bruxelles, le mardi, est toujours en fuite, un lien fugace dans la chaîne encore solide des acteurs de la terreur.

Dodds a contribué de Londres. Qassim Abdul-Zahra a contribué de Bagdad.

Source : Associated Press, le 23/03/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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