La nouvelle abdication de la Grèce face à ses créanciers tortionnaires
Ce qui se passe en Grèce est absolument stupéfiant, même s'il était possible de l'anticiper. J'aurais préféré avoir tort et que le pays se libère du jougs financier, dont on voit bien, après six ans, qu'il ne fonctionne pas. Malheureusement, Tsipras poursuit et a fait voter un énième plan d'austérité, qui ne marchera pas. Perseverare diabolicum est Dimanche, le premier ministre qui avait fait campagne il y a plus d'un an pour mettre fin à l'austérité et la tutelle humiliante de son pays, a donc réussi à faire voter un nouveau plan d'austérité, après ceux passés l'an dernier. Sa majorité, qui craignait sans doute davantage de nouvelles élections que les contradictions avec ses promesses d'il y a 18 mois, a approuvé un nouveau plan d'austérité de l'ordre de 3% du PIB du pays. Les études du FMI montrent pourtant que cela va faire baisser le PIB du pays, et donc alourdir plus encore le poids de sa dette… Bien sûr, ce plan est plus équilibré, mais la grève générale indique bien qu'il va toucher presque tous les Grecs, notamment par la baisse du seuil d'exemption de l'impôt sur le revenu. L'idée est d'obtenir vite les sommes promises en 2015. Derrière ces nouvelles exigences se trouve la volonté d'assurer un excédent primaire du budget de 3,5% du PIB (avant paiement des intérêts). Mais même si le FMI juge aujourd'hui que cet objectif n'est sans doute pas réaliste et semble ouvrir la porte à une renégociation de la dette Grecque, les pays européens n'y sont pas tout à fait prêts. En effet, comment espérer que le pays retrouve la croissance en prélevant tous les ans 3,5% du PIB de plus qu'il ne dépense ? Le pays risque de s'enfermer dans une récession dont le seul résultat sera de rendre la dette plus insoutenable encore. Dans cette construction totalement folle qu'est la monnaie unique, il est délicat pour les créanciers d'accorder une remise à Athènes. Mais si elle avait gardé sa monnaie, une relance à la Japonaise serait possible. Mais s'il est possible de comprendre le point de vue de l'Eurogroupe, à savoir qu'une décote accordée à la Grèce pourrait alors provoquer des demandes, plus importantes, de l'Espagne ou de l'Italie, la question qui se pose depuis 6 ans, c'est de comprendre pourquoi les Grecs persévèrent eux aussi dans l'erreur, erreur difficilement contestable aujourd'hui après 6 années de plans inconclusifs et un risque de défaut toujours présent. Malheureusement, comme je l'avais pressenti dès 2010, il est très difficile pour la Grèce de dire « non » à la main qui l'a tellement aidé pendant trente ans, surtout étant donnée l'évolution de la Turquie. C'est sans doute aussi une conséquence de la complexité institutionnelle de l'UE, qui pousse ainsi nos dirigeants européens à prendre de si mauvaises décisions. |
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