Le-Ayrault sont fatigués, par Philippe Grasset
Source : De defensa, Philippe Grasset, 02-04-2016 3 avril 2016 – Celle-là aussi, je l'ai ratée ! Honte à moi, mais comme je vous l'expliquai en une autre occasion j'en rate souvent ; d'autre part et pour compléter mon explication, je précise que j'ai un peu, et même drôlement fait l'impasse sur la littérature quotidienne-Système française, remisée dans mon trou noir de l'inconnaissance. Les élites-Système françaises m'épuisent, et les débats qu'elles déclenchent, et même les ripostes de nombre de ceux qu'on pourrait qualifier d'antiSystème, ne me réconcilient pas avec l'ardeur et l'allant dont j'ai besoin. Donc, je passe outre, et parfois je rate… Heureusement pour le cas qui nous occupe, les valeureux guerriers de Russia Insider (RI) veillaient au grain et, trois jours plus tard, nous ont sorti la pépite et ainsi me rattrapant au collet, in extremis. Ils ont diffusé un texte absolument tonitruant, mi scandalisé mi-fou-de-rire, sur notre-ministre, successeur par ascendance indirecte et il faut bien le dire un peu accidentelle, disons de la main gauche, de Vergennes et de Talleyrand. Je me suis précipité sur les bonnes sources pour vérifier, in French dans le texte. Aucun doute, le-Ayrault, visitant Alger-la-blanche que j'eus l'heur de bien connaître comme l'on habille ses souvenirs d'une si intense nostalgie, a bien dit ce qu'on dit qu'il a dit, disons à Bouteflika pour faire bref, qui se résume à ceci : "Certes, cher ami, l'immonde Assad a libéré Palmyre et l'on ne peut pas dire que c'est entièrement mauvais et catastrophique, mais hein, il n'avait qu'à mieux défendre, avec un peu plus d'allant et de courage, ce bijou de notre-civilisation aux valeurs libérales qu'est Palmyre, et on n'aurait (notre-coalition essentiellement) pas eu à le libérer, vraiment l'armée de ce Assad est au-dessous de tout, et Assad lui-même, comme disait un philosophe de mes proches, ne mérite pas d'exister…" Je cite Le Point, source absolument pure comme de l'eau de source : « La reprise de Palmyre est une victoire de Bachar el-Assad, mais également pour la coalition. "On ne va pas se plaindre que Palmyre ne soit plus aux mains de Daech. Palmyre, aux yeux de beaucoup, c'est un symbole", a déclaré Jean-Marc Ayrault, en visite à Alger. "Mais en même temps, quand Palmyre a été conquise par Daech (en mai 2015, NDLR), on ne peut pas dire que le régime de Damas ait été très défensif. On peut le regretter. Peut-être que, s'il y avait eu à l’époque une réaction aussi forte, on n'en serait pas là, on aurait pu éviter la prise de Palmyre", a-t-il estimé. » La victoire des forces du régime "ne doit pas exonérer le régime de Damas" de ses responsabilités dans le conflit, a souligné le ministre des Affaires étrangères lors d'une rencontre avec la presse, après avoir rencontré les autorités algériennes, dont le président Abdelaziz Bouteflika. Alger soutient le président syrien Bachar el-Assad quand Paris répète qu'il ne peut être l'avenir de la Syrie. » "C'est un point sur lequel nous divergeons. Eux n’en font pas un sujet prioritaire", a indiqué Jean-Marc Ayrault, qui a par ailleurs précisé n’avoir pas rencontré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem. Hasard du calendrier, Walid Mouallem effectue une visite en Algérie et se trouvait dans la capitale en même temps que son homologue français. "Je n'étais pas informé de cette visite. Les Algériens font ce qu'ils ont à faire. Je n'ai pas eu le souhait ni l'opportunité de (le) rencontrer", a déclaré Jean-Marc Ayrault. » RI se moque longuement, totalement stupéfié par ces déclarations du ministre français, l'étrange le-Ayrault. RI a le courage de faire l'effort de rappeler comment tout s'est passé, puis de préciser que, constamment, depuis 2011, la France réduisant par tous les moyens les capacités de l'armée d'Assad et renforçant idem les rebelles devenus islamistes extrémistes et Daesh massacrant à Paris, et également prenant Palmyre ; et soudain, le voilà qui remarque, le-Ayrault, presque avec accablement devant tant de laisser-aller et de manque de conscience, que vraiment Assad et son armée ont laissé tomber Palmyre dans les mains des barbares, et qu'il était temps qu'ils les reprennent … Encore que, précisons, « La reprise de Palmyre est une victoire de Bachar el-Assad, mais également pour la coalition… » ; or donc, de quelle coalition parle-t-il, le-Ayrault ? La sienne, celle qui est pleine de ses Rafale actifs et zélés ? (Tiens, quelle secrète inspiration comme une réponse à l'intervention déjà faite mais ignorée de le-Ayrault nous avait fait écrire cette remarque, qui n'avait aucune nécessité directe, dans ce texte du 31 mars : « …Question du flâneur, tout à fait en passant : que sont devenus nos superbes Rafale de l'Armée de l'Air française dans toutes ces pérégrinations, eux qui étaient prêts à sauter à la gorge d'Assad à la fin août 2013 pour le punir de l'attaque chimique montée à grand frais par Prince Sultan déguisé en Assad, qui furent à grand'peine retenu par un Obama-Hamlet revenu au dernier moment sur sa décision d'attaquer ? Le silence pudique est de rigueur, la gloire de la France étant aujourd'hui dépendantes des bons points de l'UE et de sa loyale imitation de la sagesse américaniste. Il n'y avait donc pas de Rafale au-dessus de Palmyre. ») Ainsi, l'on peut raconter ces choses, avec, en six-sept mots comme l'a fait le-Ayrault , quatre ou cinq contradictions, contre-vérités, bouffonneries assez mornes quoiqu'énormes, énormités grossières de logique violentée sans violence trop bruyante et effronteries de l'esprit totalement perverti sans trop se compromettre? Je l'entends d'ici, avec ce ton-chicon (*) comme l'on dirait dans le digne Royaume de Belgique. Il a une façon de dire qui fait que la plus formidable imposture passe comme un suppositoire bien tourné, sans trop occasionner de dégâts, sans qu'on ne remarque ni même ne ressente l'opération sur le moment. Et ainsi me questionnai-je, dans cette journée des premières et timides douceurs d'un printemps si tardif : qu'est-ce qui fait que ces gens disent des choses aussi grosses et aussi sottes, aussi méprisantes pour la vérité-de-situation, aussi absurdes et insensées, avec ce complet désintérêt pour la cohérence du discours, pour l'ordre de la pensée ? Car c'est bien le cas dans le fait d'accuser un monstre illégitime dont vous proclamez depuis quatre ans son impuissance totale et sa très-prochaine (deux-trois semaines) chute, et qu'il faut tout faire pour réduire ses forces à néant, et dans le même souffle de l'esprit (l'esprit de Fabius souffre dans l'esprit de le-Ayrault), l'accuser, ce barbare absolu, de n'avoir pas été assez fort, assez résistant, assez courageux, assez légitime au nom de l'humanité, pour empêcher que Palmyre tombât aux mains des barbares ? Tout cela dit avec le clin d'œil-chicon, l'air de dire assez mornement "à moi, on ne la fait pas" ? La première hypothèse est qu'ils parlent, ces gens-là, comme on mâche du chewing-gum, made in USA, sans prêter non seulement la moindre attention, mais le moindre intérêt pour la signification des mots qu'ils disent. On leur a fait un petit carton : "là, si on vous pose cette question, vous répondez : bla, bla, bla…" (Pourquoi ne répondent-ils pas justement et simplement, et vraiment : "Bla bla bla…", cela serait de l'humour-chicon, et l'on rirait joyeusement.) La deuxième hypothèse est qu'ils ne savent même pas qu'ils parlent, ils sont parlés par quelque inspiration mystérieuse qui dépasse même le petit carton de leur conseiller en com', comme un automate bien remonté. La troisième hypothèse est qu'il ne s'est rien passé du tout après tout, que si vous les interrogez lors du debriefing, ils ne se rappellent de rien parce que quelque chose d'autre a parlé pour eux, même pas au travers d'eux, non, à leur place. On a cru que c'était le-Ayrault mais on se trompe : le Diable ricanant s'est substitué à lui sans qu'il y prenne garde. Le Diable est un garnement et il sait y faire ; et quand je dis "le Diable", hein, je plaisante à peine, car l'on sait bien mes tendances à conjecturer sur ces forces qui transpercent ces psychologies si faiblardes, surtout celles qui sont aussi translucides que du chicon. (Une autre joyeuse en passant, à une question sur la présence en même temps que lui, – ces Algériens ont de ces culots, – du ministre des affaires étrangères du barbare Assad à Alger. Réponse de le-Ayrault, superbement au courant de la marche du monde : "Moi pas être au courant, et d'ailleurs si je l'avais été j'aurais fui en courant…" [« Je n'étais pas informé de cette visite. Les Algériens font ce qu'ils ont à faire. Je n'ai pas eu le souhait ni l'opportunité de (le)rencontrer »]. Ca être une leçon de diplomatie, mon fieux, du vrai bwana.) Quoi qu'il en soit, tout s'est bien passé et, sans aucun doute, François sera content et "l'honneur de la France" diablement sauf. (Le Diable, vous dis-je.) Vraiment, la France est en train de nous interpréter une pièce d'un brio extraordinaire ; il en faut, je vous assure, pour parvenir à être, comme dit la pub' de la lessive, plus bas que bas, plus sot que sot, plus inverti qu'inverti, plus zombie que zombie, plus chicon que chicon enfin. (Le-Ayrault, ou le zombie-chicon : à retenir, cela…) … Et dire que ce héros a son cul-chicon et maigrelet dignement carré dans le fauteuil de Vergennes ! Il est vrai qu'entretemps il y a eu une révolution (la Grande, la Seule-Vraie) et que, depuis, je vous l'assure, tout va diablement mieux, comme si le Diable s'était enfin mis sérieusement à l'œuvre… (Dans sa tombe, chèrement gagnée par une réconciliation de dernière minute avec notre Très-Sainte-Mère l'Église, j'entends le diable boiteux qui se tord de rire, libéré des contraintes de l'étiquette qu'il savait si bien utiliser. "Le-Ayrault, le Talleyrand-chicon !" hurle-t-il dans son fou-rire de spectre fantomatique qui hante le Quai d'Orsay. S'il ne l'était déjà, le diable boiteux en mourrait de rire.) Note (*) Le mot "chicon", absolument admis et répertorié, et d'usage universel en Belgique, est simplement un homonyme d'endive. (Il est bon qu'un Français rapatrié puis émigré sacrifie de temps à autre aux coutumes locales. Cela amadoue les autorités du cru et le rend moins suspect.) C'est, le chicon-endive, un légume plein de vertus mais qui manque, dans son aspect-simulacre autant que dans la réputation qui lui est faite, de cette pétulance, de cette vigueur qui font les belles réputations et comblent les rêves des jolies dames. Le-Ayrault est un héros-endive, dirais-je, c'est-à-dire l'équivalent type d'Artagnan-postmoderne, d'un zombie-chicon. En attendant, que ce digne "légume plein de vertus" me pardonne : je l'ai pris comme symbole et notre héros, en vérité, ne vaut pas, sur le plan de l'utilité pour la nature des choses et la bonne marche de l'horlogerie du monde, le tiers du quart d'une endive. Ainsi soit-il mais plutôt gratiné, je préfère. Source : De defensa, Philippe Grasset, 02-04-2016 =============================================== Comme j’y suis, on a eu ça aussi cette semaine : «Ils disent beaucoup de choses ces jours-ci et je ne vais pas le leur interdire » a répondu Hillary Clinton. « La création de l’Etat islamique est principalement et avant tout le résultat d’une situation désastreuse en Syrie causée par Bachar el-Assad qui est appuyé et encouragé par l’Iran et la Russie» s'est justifiée l'ancienne secrétaire d'état. Pas mal pour un bidule créé par des Irakiens… #1984
=============================================== [2015] Pourquoi Palmyre n’a pas résisté à l’assaut de DaechSource ; l’Express, Catherine Gousset, 22-05-2015 Après quelques jours d’assaut, le groupe Etat islamique s’est emparée de la ville de Palmyre. Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, revient sur les raisons et les implications stratégiques de cette victoire du groupe djihadiste. Pourquoi l’armée syrienne n’a-t-elle pas été capable de résister à l’offensive de l’EI à Palmyre? J’ai moi-même été surpris de la rapidité de sa défaite. Il y a quelque jours, le gouverneur de Homs avait été envoyé dans la ville pour proclamer que tout allait bien. J’ai donc du mal à croire que le régime ait délibérément abandonné la ville dans le seul but d’en retirer des dividendes médiatiques, c’est-à-dire pour profiter de l’émotion que suscite en Occident les atteintes au patrimoine archéologique et se poser en rempart contre la barbarie de Daech. Si le régime avait laissé entrer les djihadistes dans la ville antique avant de les repousser, il aurait pu jouer les “défenseurs du patrimoine de l’humanité”, mais en perdant complètement Palmyre en quelques heures, il subit une grave humiliation et une défaite stratégique. Même aux yeux de ceux qui, en Occident, prônent une alliance avec Assad contre Daech, le régime syrien risque désormais d’apparaître comme une branche pourrie. Quelle est la valeur d’un partenaire incapable de tenir ses positions, ou ne serait-ce que de réagir de manière un tant soit peu vigoureuse? Quelles sont les implications de la perte de Palmyre en termes militaires? La perte de Palmyre est considérable. La cité est un noeud routier important qui relie l’est (Deir Ezzor) à l’ouest de la Syrie: Homs, Hama et Damas. C’est la seule voie terrestre pour accéder à la dernière garnison du régime dans la région de Deir Ezzor. Le régime doit désormais se contenter de l’aviation pour ravitailler cette base. Cela va poser également des problèmes énergétiques à Damas puisque la région abrite à la fois des champs gaziers et des gazoducs et oléoducs en provenance de l’est. En perdant Palmyre, le régime perd aussi un aéroport militaire. Enfin Il s’agit d’une région tribale. Le régime essayait d’y recruter des supplétifs. Mais les tribus recherchent avant tout des alliances qui garantissent leur protection; elles ne se préoccupent guère d’idéologie. A partir du moment où l’armée est en déroute, les dirigeants tribaux n’ont plus de raison de se rallier à elle. Que dit alors cette défaite de l’état des forces en présence? L’armée a très clairement un problème d’effectifs. Les autorités de Damas savaient depuis un moment que Palmyre était menacée. Elles n’ont pas eu la capacité d’envoyer des renforts. Il se passe la même chose qu’à Idleb, tombée en mars aux mains des rebelles. L’offensive était préparée depuis des mois. On a pu un temps croire que le régime avait renoncé à défendre cette ville pour se concentrer sur la protection de Jisr al-Chogour, plus importante à ses yeux. mais Jisr al-Chogour est à son tour tombée en avril. L’armée n’a tout simplement pas assez d’hommes pour combattre (voir à ce sujet l’interview du démographe Youssef Courbage). Depuis l’année passée, on sait qu’elle a recours au recrutement forcé, parmi les sunnites. Ces nouvelles recrues sont très jeunes, peu aguerries et guère motivées, contrairement aux insurgés. Les pertes humaines dans les combats sont très lourdes, pour peu de résultats. Enfin l’aviation syrienne qui se consacre essentiellement à bombarder les zones civiles est peu performante en termes tactiques. L’EI sort donc renforcé de cette bataille? Oui, mais il faut relativiser cette puissance. On a dit que l’EI contrôlait désormais 50% du territoire syrien. Sauf qu’il s’agit de zones en grande partie désertiques. L’EI est très à l’aise dans la guerre du désert. L’organisation est très mobile. Dans l’ouest du pays, qui concentre l’essentiel des zones habitées, c’est une autre affaire. Les zones de combats sont très statiques. A l’exception du Qalamoun, qui est le prolongement du désert syrien. Dans les zones densément peuplées, chaque village représente un obstacle puisqu’il est occupé soit par les forces du régime, soit par les rebelles. Ajoutons que l’EI a connu très récemment des revers contres les Kurdes à l’ouest de Hassaké. Source ; l’Express, Catherine Gousset, 22-05-2015 ================================= [2015] L’armée syrienne impuissante et démotivée face au groupe État islamiqueSource : France Inter, 23-05-2015 L’organisation terroriste contrôle désormais la moitié de la Syrie. Impuissante, désorganisée, l’armée syrienne va de défaite en défaite. La chute de Palmyre, cette semaine, constitue un sérieux revers. Après quatre ans de guerre civile, l’armée syrienne est épuisée. Les fronts sont trop nombreux, et depuis plusieurs semaines, les défaites militaires s’enchaînent. Les soldats de Bachar al-Assad ont perdu les villes d’Idlib et de Jisr al-Choghour dans le nord, ainsi que la cité antique de Palmyre, à l’est. Sans oublier tous les postes-frontières tombés dans le giron des djihadistes : le dernier en date, celui de Tanaf, point de passage stratégique avec l’Irak. Le régime de Damas ne contrôle donc plus que sa frontière avec le Liban. L’armée syrienne a perdu la moitié de ses hommes en quatre ansL’étau se resserre sur la capitale Damas, que de nombreux cadres du régime commencent à quitter pour rejoindre Tartous ou Lattaquié, sur le littoral, une province acquise au pouvoir. L’armée paye cher ses divisions confessionnelles et ses désertions. Avant la guerre civile, elle comptait près de 300.000 hommes, elle n’en compte plus que 150.000 aujourd’hui. Démotivés, les soldats syriens n’ont pas d’autre choix que de tuer ou d’être tués. Source : France Inter, 23-05-2015 |
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