mardi 12 avril 2016

L’Arabie saoudite continue d’embaucher des lobbyistes à tour de bras, par Lee Fang

L'Arabie saoudite continue d'embaucher des lobbyistes à tour de bras, par Lee Fang

Source : Lee Fang (ancien journaliste du Washington Post) The Intercept, le 21/03/2016

Photo: Mohommed Al-Shaikh/AFP/Getty Images

Photo: Mohommed Al-Shaikh/AFP/Getty Images

Le royaume d’Arabie saoudite ajoute encore des lobbyistes américains à ses effectifs salariés avec l’embauche de BGR Government Affairs, une société fondée par l’ancien président du Comité national républicain Haley Barbour, selon des documents divulgués la semaine dernière.

Le contrat offre 500 000 $ par an à BGR pour aider, avec le soutien des médias américains, au rayonnement du Centre d’études et des affaires médiatiques de la Cour royale saoudienne, un organisme gouvernemental. Le dispositif inclut les services de Jeffrey Birnbaum, ancien journaliste du Washington Post qui couvrait autrefois l’industrie du lobbying et travaille à présent en tant que lobbyiste, ainsi que Ed Rogers, ancien fonctionnaire de l’administration Reagan, qui actuellement milite et écrit une rubrique pour le Post appelée « PostPartisan ».

Ce contrat est le dernier d’une série au cours des deux dernières années.

Comme The Intercept l’a déjà signalé, le gouvernement saoudien a rassemblé un éventail ahurissant d’experts américains et de lobbyistes pour aider la communication des journalistes et influencer les décideurs. Depuis 2014, le régime a payé le groupe Podesta, une société de lobbying dirigée par un collecteur de fonds pour la campagne d’Hillary Clinton ; Norm Coleman, l’ancien sénateur GOP [Grand Old Party] qui dirige un grand Super PAC [comité d’action politique] républicain ; H.P. Goldfield, lobbyiste du cabinet d’avocats Hogan Lovells et vice-président du Albright Stonebridge Group de Madeleine Albright ; Edelman, un poids lourd des relations publiques ; Targeted Victory, un cabinet de conseil fondé par d’anciens assistants de la campagne présidentielle de Mitt Romney ; ainsi que deux grands cabinets d’avocats comprenant une longue liste d’anciens fonctionnaires du gouvernement, DLA Piper et Pillsbury Winthrop Shaw Pittman.

Les honoraires des Saoudiens à Qorvis, son cabinet de lobbying de longue date, ont augmenté de façon spectaculaire. L’an dernier, Qorvis a facturé 7 millions de dollars à l’ambassade d’Arabie saoudite pour ses frais de dépôt semi-annuels, plus de deux fois le montant facturé le cycle précédent.

La semaine dernière, Al Arabiya, une chaîne d’information en anglais soutenue financièrement par les membres de la famille royale saoudienne, a annoncé la création de la commission de relations publiques américano-saoudienne, encore un autre média  fraîchement créé et d’une campagne de lobbying au nom des intérêts saoudiens aux États-Unis.

L’argent dépensé pour le lobbying a été utilisé afin de s’opposer aux controverses croissantes entourant le royaume. Lorsque Nimr al-Nimr, un pacifique critique du gouvernement, a été exécuté en janvier, le groupe Podesta a aidé à élaborer la couverture médiatique du régime, en fournissant une citation du New York Times pour salir Nimr en tant que « terroriste ». D’autres consultants américains travaillant pour l’Ambassade d’Arabie saoudite ont utilisé les médias sociaux et se sont évertués à attaquer Nimr et à justifier son exécution.

Le royaume a compté sur ses médias et ses appareils de lobbying pour lutter contre les critiques de son bilan en matière de droits de l’Homme, dont un taux croissant d’exécutions et de décapitations. Son influence s’étend également à la promotion du rôle controversé de l’Arabie saoudite au Moyen-Orient, y compris l’invasion du Yémen dirigée par les Saoudiens et l’incapacité du pays à désigner les financiers privés des groupes islamiques radicaux tels que l’EI.

Le royaume saoudien peut être concerné par une éventuelle autre série de polémiques. Cette semaine est diffusé un nouveau documentaire, l’Arabie saoudite à nu, révélant des enregistrements de caméras cachées de décapitations publiques, de la police religieuse saoudienne battant des femmes dans la rue, de la destruction d’instruments de musique (jouer de la musique en public est strictement interdit) et d’enfants apprenant dans les écoles saoudiennes à haïr les juifs, les chrétiens et les musulmans chiites. En avril, une visite du président Barack Obama est prévue en Arabie saoudite, pour assister au sommet du Conseil de coopération du Golfe.

Source : Lee Fang (ancien journaliste du Washington Post) The Intercept, le 21/03/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Dites ce qui vous chante...
Mais dites-le !