Fillon, de Séguin à Thatcher, signe d'une époque
Il y a plus de 20 ans, François Fillon était le premier lieutenant de Philippe Séguin, défenseur d'un gaullisme social, qui dénonçait le « Munich social » que représentait la préférence pour un franc cher et l'austérité à une vraie politique de lutte contre le chômage. Aujourd'hui, il verse dans un ultralibéralisme de plus en plus extrême pour essayer d'exister dans les primaires de son parti. Ce vent ultralibéral qui pousse les girouettes Mais comment François Fillon peut-il décemment faire un tel grand écart ? Lui qui semble sérieux ne semble pas prendre très au sérieux les idées qu'il dit défendre, passant d'une position à l'autre, au gré du sens du vent, se faisant social dans les années 1990, sarkozystes dans les années 2000 (imposant quelques grands écarts d'un point de vue des idées et des politiques menées), virant ultralibéral dans les années 2010 pour essayer de se faire désespéremment remarquer lors de la campagne des primaires. Il propose de supprimer un demi-million de postes de fonctionnaires, la retraite à 64 ans, la fin du statut de fonctionnaire. Dans le même temps, il propose aussi la suppression de l'ISF, des exonérations d'impôts sur le revenu et une baisse massive du coût du travail financé par la TVA. François Fillon va tellement loin que, même dans un parti virant de plus en plus à droite, Bruno Le Maire l'a attaqué en évoquant ses « concurrents à la primaire qui se sont engagés dans une course à l'échalote 'plus thatchérien que moi tu meurs' ». On peut espérer que cette course à l'échalote ultralibérale finisse par faire des Républicains un parti marginal. Malheureusement, cela reflète aussi le courant pour l'instant dominant dans notre pays, comme dans d'autres pays européens. Comme l'avait bien théorisé Jacques Généreux, les dégâts de l'ultralibéralisme créent malheureusement les conditions pour le renforcer quand les opposants ne parviennent pas à bien le dénoncer et qu'une majorité des médias et des politiques suivent le sens du vent, phénomène qui s'est malheureusement encore accru. |
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