Ce que révèle l'effarant accord sur les migrants entre l'UE et la Turquie
Il y a deux semaines, Angela Merkel avait fait un hold up sur un énième sommet européen consacré à la question des migrants en sortant de son chapeau une proposition d'accord avec la Turquie. Les dirigeants européens, après des négociations difficiles, ont fini par s'entendre et accepter, sans grandes modifications, les propositions de l'Allemagne et du Premier ministre Turc. Une pure logique de rapports de force L'accord est le suivant : tous les migrants illégaux arrivés en Grèce seront renvoyés en Turquie, mais pour chaque Syrien reconduit, un Syrien réfugié en Turquie sera accueilli dans un pays de l'UE, dans la limite de 72 000 places. En contre-partie, Ankara devrait obtenir des aides supplémentaires après les 3 milliards d'euros promis par l'UE, les visas vers l'Europe seront libéralisés pour les citoyens Turcs et le processus d'adhésion du pays à l'UE sera accéléré. L'aide de la Turquie pour gérer les flux énormes de migrants n'est pas une aide négligeable. Renvoyer les migrants dans ce pays pourrait être un moyen de réduire les flux qui arrivent en Grèce (environ un million de personnes en 2015, 10% de la population du pays), que le pays, qui a été essoré par les plans européens, n'a pas les moyens de gérer. Mais cet accord pose de nombreux problèmes. Il montre les failles de Schengen : sans frontières intérieures, les migrants ne dirigent en masse en Grèce puisque c'est une porte d'entrée à toute l'UE et au pays de leur choix, même si cela est moins vrai aujourd'hui avec le retour de certaines frontières intérieures. Ensuite, il est très compliqué, avec son mécanisme d'accueil automatique de Syriens, ce qui devrait imposer un mécanisme d'attribution kafkaïen par pays. Puis, ceci aura un coût pour des pays européens dont les poches ne sont pas pleines. La libéralisation de la circulation des 80 millions de Turcs dans l'UE n'est pas vraiment une idée particulièrement attrayante à l'heure du djihadisme globalisé. Enfin, il est effarant de négocier l'adhésion de la Turquie, qui n'a rien à faire dans l'UE. Ce faisant, cet accord révèle que cette UE, outre le fait d'être un acide pour les démocraties des pays européens, en imposant des négociations globales kafkaïennes, fait régner la loi du plus fort. Et les plus forts ici, ce sont les Allemands et les Turcs, qui ont pu imposer leur solution aux autres pays européens. Angela Merkel reste la dirigeante de fait de cette tour de Babel européenne, malgré ses prises de position fluctuantes sur la question, et qui ont généré une grande partie des problèmes de l'an dernier, en créant un immense appel d'air qui a encore empiré la situation en Grèce. Et la Turquie a sauté sur l'occasion offerte par les dysfonctionnements de l'UE pour obtenir beaucoup de choses des pays européens. Il est probable que rien n'a été résolu, comme souvent avec cette Europe. Encore une fois, ce sommet européen n'a rien résolu. Après des montagnes de sommets sur la crise des migrants, après ceux sur la crise de la zone euro, difficile de ne pas comprendre que l'UE est totalement dysfonctionnelle et que c'est cette Europe, qui, outre le fait de créer des problèmes, en empêche directement leur résolution. A quand le clap de fin ? |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Dites ce qui vous chante...
Mais dites-le !