samedi 19 mars 2016

[Canada] Pourquoi Justin Trudeau nous fait “capoter”* ?

[Canada] Pourquoi Justin Trudeau nous fait "capoter"* ?

Le cri d’amour d’un ex-journal de gauche pour un libéral canadien

Alain Madelin est fait pour eux…

Source : Le Nouvel Obs, Celine Lussato, 10-03-2016

Le Premier ministre canadien, reçu ce jeudi à la Maison Blanche, soulève un enthousiasme proche de celui provoqué il y a quelques années par Barack Obama himself. Outre son charisme, c’est sa politique, à l’opposé de celle de nos dirigeants européens, qui séduit.

La photo fera date. C’est en effet la première fois en 19 ans qu’un Premier ministre canadien en visite officielle aux Etats-Unis est reçu à un dîner d’Etat à la Maison Blanche ce jeudi 10 mars. Smoking et robe de gala, sourires étincelants et poses décontractées devraient faire le tour du monde. L’engouement international pour Barack Obama, désormais dans la dernière année de son second mandat de président des Etats-Unis, n’est plus à souligner.

Celui pour Justin Trudeau ne cesse, lui, de progresser. Car si la popularité mondiale des premiers jours du mandat du jeune Premier ministre trouvait sa source, ne nous le cachons pas, essentiellement dans son physique avantageux, elle est bien davantage due aujourd’hui à ses premières décisions politiques, à contre-courant de la crispation identitaire et sécuritaire européenne.

Retour sur les cinq mesures qui font battre nos cœurs pour le libéral Justin Trudeau.

# Déchéance de nationalité

C’était une promesse de campagne et Justin Trudeau a tenu parole. Alors que la France veut constitutionnaliser la déchéance de nationalité, le premier ministre a supprimé cette sanction pour les binationaux condamnés pour actes de terrorisme ou crimes contre l'intérêt national.

“Tous les citoyens canadiens sont égaux devant la loi, qu'ils soient nés au Canada, aient été naturalisés au Canada ou possèdent une double citoyenneté”, a déclaré son ministre de l’Immigration John McCallum. “On ne peut faire son choix entre les bons et les mauvais Canadiens.”

# Accueil des réfugiés

“Sortis de l’avion ce soir en tant que réfugiés, ils ressortiront de l’aérogare en tant que résidents permanents au Canada avec un numéro de sécurité sociale, une carte de santé et une opportunité de devenir pleinement Canadiens”.

C’est ce qu’a déclaré Justin Trudeau en décembre dernier peu après l’atterrissage du premier avion militaire amenant au Canada des réfugiés syriens. Une déclaration qui a fait le tour du monde et forcé l’admiration des partisans d’un accueil de ces hommes et ces femmes qui fuient la guerre dans leur pays quand les chancelleries européennes ferment leurs frontières à double tour. “Le Premier ministre canadien Justin Trudeau vient juste de donner aux politiciens américains une leçon rafraîchissante de compassion”, avait alors titré le magazine “GQ“. Depuis, le Canada, qui a accueilli en 2015 26.000 réfugiés syriens a décidé de doubler ce chiffre pour le porter en 2016 à entre 51.000 et 57.000.

Lors de l'accueil des premiers réfugiés à l'aéroport (Sipa)

Lors de l’accueil des premiers réfugiés à l’aéroport (Sipa)

# Frappes en Irak

Le Canada s’illustre également dans la lutte contre Daech. L’armée canadienne a mis fin en effet aux bombardements du groupe armé État islamique (EI) en Irak et en Syrie. Outre que l’efficacité des frappes pour éradiquer l’EI a été remise en cause, celles-ci sont à l’origine de nombreux morts civils. Et ce désengagement n’en est toutefois pas un : Ottawa continue de soutenir ses alliés de la coalition internationale, mais en se consacrant d’abord et avant tout à des efforts de formation et d’aide humanitaire, dans le cadre d’une nouvelle approche.

Le gouvernement Trudeau entend ainsi tripler sa mission de formation et d’assistance aux forces de sécurité irakiennes et du personnel médical des Forces armées canadiennes offrira notamment de la formation à l’armée irakienne pour la prise en charge des blessés. La nouvelle approche prévoit aussi 840 millions de dollars en aide humanitaire au cours des trois prochaines années dont 270 millions pour améliorer les services de base offerts aux réfugiés (eau potable, éducation, santé, services d’hygiène, etc.).

# Droits des LGBTIQ

Si les droits des LGBTIQ (lesbiennes, gays, intersexuels ou queer) progressent lentement dans le monde, Justin Trudeau a, lui, fait de cette cause un engagement personnel et a annoncé sa prochaine participation à la Gay Pride de Toronto. Il a fait cette annonce sur Twitter en postant une photo de lui formant un cœur avec les mains sur un fond rose, avec le logo de l'événement. “Je suis très heureux de participer à nouveau, cette fois en tant que Premier ministre”, a-t-il déclaré. Justin Trudeau a déjà participé à cet événement mais c’est la première fois qu’un Premier ministre se déplace à une marche des fiertés au Canada.

Le directeur de l’événement de Toronto s’est déclaré très heureux :

“Non seulement parce qu'il est probablement le politicien le plus sexy du monde, mais aussi parce qu'aucun dirigeant d'un pays n'a encore participé à une parade (…) C'est une belle façon d'entrer dans l'histoire”.
A la marche des Fiertés de Toronto en 2015 (Sipa)

A la marche des Fiertés de Toronto en 2015 (Sipa)

# Légalisation du cannabis

Autre promesse électorale que le Premier ministre canadien souhaite tenir durant son mandat, et autre sujet éminemment polémique : la légalisation de la marijuana. Lors d’une rencontre publique fin décembre, Justin Trudeau a même évoqué la possibilité de mettre en place une telle mesure rapidement, en 2016 ou 2017. “L’important pour moi, c’est de le faire comme il faut”, a-t-il répondu à une jeune fille de 15 ans qui l’interrogeait sur sa promesse. Il a d’ailleurs confié le dossier début 2016 à un ancien chef de la police de Toronto, élu sous la bannière libérale lors des dernières élections fédérales. Affaire en cours.

Céline Lussato

Source : Le Nouvel Obs, Celine Lussato, 10-03-2016

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