[Terrorisme] Loïc Garnier : "L'action kamikaze relève de la psychiatrie"
Source : Matthieu Delahousse et Violette Lazard, pour L’Obs, le 7 janvier 2016. Le patron de la coordination anti-terroriste française parle rarement. A “l'Obs”, Loïc Garnier se confie sur la course d'endurance entamée contre des ombres, prêtes à tout pour se dissimuler. Lorsqu’il dirigeait la crim, Loïc Garnier avait appris que le temps est bien souvent le meilleur allié des enquêtes. Désormais, il mène une course permanente contre la montre. Patron de l’Unité de coordination de la lutte anti-terroriste (Uclat) depuis 2009, Loïc Garnier est chargé de faire circuler les informations entre les différents services et de favoriser le lien entre eux. Sur la base de tous les renseignements qui atterrissent sur son bureau, il rédige chaque semaine une synthèse sur l'état de la menace terroriste en France… Elle n'a jamais été aussi élevée. Loïc Garnier“Le terrorisme est une maladie très compliquée”, diagnostique Loïc Garnier. “Parmi ceux que nous recherchons et que nous pistons, certains ont des motivations religieuses. Mais d’autres ont surtout des problèmes psychiatriques.” Loïc Garnier se souvient par exemple de ce candidat au djihad interpellé avant son entrée en Syrie avec un exemplaire de “l’Islam pour les nuls” dans son sac.
Interpellé par les autorités françaises, un autre avait expliqué sa démarche en ces termes :
Face à cette menace multiforme, le chef de l’Uclat admet que la France est confrontée à “un problème de volume” : “Nos objectifs sont extrêmement nombreux. Cela nous oblige à prioriser certains profils, et donc à faire des choix… Avec le risque de l’erreur…” Depuis les attentats du 13 novembre, tous les niveaux de vigilance ont été relevés. Ce qui était auparavant considéré comme des signaux faibles de radicalisation sont aujourd'hui pris au sérieux immédiatement, ce qui aurait permis les interpellations du mois de décembre. Des techniques de dissimulationPeu avant Noël, une jeune femme présentant un profil radical a été arrêtée à Montpellier (Hérault). A son domicile, les enquêteurs ont retrouvé un faux ventre de femme enceinte qui aurait pu servir à commettre un attentat. Mi-décembre, ce sont deux habitants d'Orléans en lien avec l'Etat islamique soupçonnés de préparer un attentat contre les forces de l'ordre qui ont été interpellés. Au total, dix projets d'attentats ont été déjoués en deux ans selon le ministère de l'Intérieur. Pour faire face aujourd'hui, les fonctionnaires de l'Uclat sont sur le pont en permanence et très peu sont partis en vacances pendant les fêtes. C’est d’ailleurs le cas de tous les services concernés… Pour permettre aux différents services de lutte contre le terrorisme de partager une mémoire collective, un fichier au nom imprononçable (le FSPRT) a été créé. Classifié, il recense le nombre de personnes dangereuses, radicalisées, ayant montré des velléités de départ vers la Syrie… Loïc Garnier note :
Mais il sait qu’une part de la menace demeurera invisible : plus que jamais, le groupe Etat islamique recommande à ses membres les techniques de dissimulation. Pour se cacher, ceux que Daech considère comme des “combattants” sont incités à ne pas porter la barbe. Serrer la main des femmes. Et même de manger du porc… Garnier conclut :
Les mailles ne peuvent pas être resserrées à chaque attentat. Et l'accepter fait partie du boulot. |
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