jeudi 4 juin 2015

AREVA Sauvé Par EDF : "Tous Demandent Un Abaissement De La Sécurité"!



L'Etat fait les fonds de poches d'EDF pour sauver Areva


Wed, 03 Jun 2015 00:00:00 +0200 - (source)

Quel que soit le schéma de reprise finalement retenu, EDF entend bien obtenir des compensations pour l’aide apportée à l’État. La première a déjà été annoncée par Jean-Bernard Lévy. Le président d’EDF réclame une augmentation des tarifs de 2,5 % par an sur trois ans. Cette hausse des tarifs figurait déjà parmi les recommandations du rapport Roussely. Celui-ci préconisait des hausses sensibles des prix, compte tenu des multitudes de charges auxquelles l’entreprise publique avait à faire face.

La deuxième réclamation est présentée de façon plus discrète. Elle chemine dans les couloirs et fédère tous les soutiens de la filière nucléaire. Tous demandent un abaissement des exigences de la sécurité nucléaire, un encadrement du rôle de l’Agence de sûreté nucléaire, voire son enterrement en première classe. À les entendre, l’EPR n’est pas la catastrophe industrielle et financière annoncée. Les failles repérées lors de la construction de la centrale, ou dans l’acier de la cuve, seraient largement passées inaperçues et auraient été acceptées, s’il n’y avait eu l’ASN. Toutes ces précautions, insistent-ils, sont démesurées et entraînent des surcoûts considérables.

L’abaissement des contraintes de sécurité, la reprise en main de l’ASN, jugée bien trop indépendante, figuraient aussi dans les recommandations du rapport Roussely. Les exigences de sécurité, expliquait alors l’ancien PDG d’EDF, étaient poussées à un niveau tel, qu’elles déclassaient les réacteurs français par rapport à ses concurrents du fait des surcoûts imposés, et tuaient la filière nucléaire française. À l’époque, Nicolas Sarkozy avait jugé plus sûr d’enterrer le débat. Mais les défenseurs du nucléaire français, oublieux tout même de Fukushima, n’en démordent : ils veulent en finir avec l’ASN et ses pouvoirs jugés exorbitants. Et il n’est pas sûr que cette fois ils n’obtiennent pas gain de cause, au nom de la compétitivité française, du rayonnement du nucléaire français et tant d’autres beaux principes.

Même si le gouvernement s’arrange pour étaler les coûts dans le temps, en reporter sur d’autres, en cacher certains, le sauvetage d’Areva, tel qu’il s’annonce, va coûter des milliards à l’État. Et encore, l’addition n’est pas définitivement arrêtée. Le sujet des activités renouvelables du groupe nucléaire n’est toujours pas traité. Les pertes de cette branche sont encore tues : elles s’élèveraient, selon nos informations, à 1,5 milliard d’euros. « C’est un sujet que le gouvernement ne peut pas aborder pour l’instant. À la veille du sommet sur le climat, il ne peut pas annoncer qu’il enterre les activités renouvelables d’Areva. Et puis, ce dossier a des implications industrielles. Il y a beaucoup de PME qui travaillent pour le groupe. Elles sont souvent dans des régions de gauche. C’est un sujet qui réapparaîtra après la fin du sommet sur le climat et les régionales », prédit un proche du dossier.


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