Le 6 décembre avait lieu à Paris et dans d’autres villes en France des manifestations de chômeurs et précaires, avec des syndicats, dont la CGT. À Paris, un groupe de manifestants a quitté la manif pour interpeller les socialistes réunis à La Villette. Le service d’ordre du PS a a employé gazeuses, matraques télescopiques et taser pour empêcher l’entrée dans la salle des états généraux, qui a failli avoir lieu…
Des militants du PS étaient en pleurs en constatant les agissements de la milice de leur parti. Des dizaines d’interpellations par la police ont suivi cette action.
Voici le texte qui aurait dû être lu devant les notables du PS :
Intervention aux « états généraux du PS le 6 décembre 2014
Aujourd’hui, ici, vous, corrupteurs corrompus, privilégiés exempts de tout souci du commun, vous osez vous présenter comme « unis contre l’injustice et pour le progrès humain » !
Qui croyez vous berner ainsi ?
Le ministre de l’intérieur l’a admis : un manifestant tué par vos forces de l’ordre, « ce n’est pas une bavure ». Il arrive donc, par exception, que l’un de vous parle vrai et révèle sans fard l’abjection sans limite qui caractérise votre clan de notables repus, de partisans aussi mal dissimulés que farouches de l’ordre social actuel.
« Priorité à la jeunesse » disiez vous, encore fallait-il traduire : tout faire, y compris tuer des opposants, pour préserver le vieux monde.
Le plus souvent, vous ne pouvez communiquer, comme vous dites, c’est-à-dire espérer commander, qu’à la condition de taire ce qui vous motive. À cette fin, vous usez en permanence du même stratagème, répété jusqu’à l’écoeurement : remplacer les choses par des mots, cacher derrière des paroles destinées à les camoufler vos actes et leur signification.
Hier, vous promettiez le changement… Vous avez depuis amplifié démesurément une politique des offrandes aux entreprises et aux actionnaires. Vous parliez pour la montre de justice sociale mais, dans les faits, vous avez augmenté la TVA, cet impôt régressif qui frappe avant tout les bas revenus. Vous vous plaignez du chômage mais vous avez agréé une convention chômage qui va contraindre des millions de personnes à la précarité perpétuelle. Vous faites mine de faire droit à l’altérité avec une loi de modernisation du mariage mais vous poussez les feux de la xénophobie d’état en expulsant plus d’étrangers, en délogeant davantage de Roms que vos prédécesseurs. Vous donnez chaque jour la preuve de votre arrogance et de votre violence décomplexées.
Et pour le grand nombre, quoi ? une survie difficile et la peur du lendemain, les heures sup’ non payés et les horaires en coupure, l’interdiction du revenu minimum aux moins de 25 ans et des incarcérations massives, les courbettes obligées devant les employeurs et la comédie imposée dans les institutions « sociales », l’huissier à la porte et les menaces d’un ministre du travail qui promet de contrôler et sanctionner plus encore les chômeurs, les visites domiciliaires de la CAF et les radiations de Pôle emploi par centaines de milliers, la non indemnisation du chômage et le SMIC horaire en CDD, les morts « de froid » et l’existence asservie, on ne saurait lister ici les violences sociales infligées tant le désastre est multiforme et quotidien.
De votre côté, comme l’ont si bien montrées la carrière de votre secrétaire général et quelques démissions au sommet de l’état, non content d’organiser les conditions de l’exploitation et de la concurrence, on multiplie les abus de bien sociaux, les contrats juteux, la prévarication.
Par l’austérité qu’elle cherche à imposer et par l’autoritarisme répressif dont elle use, votre organisation contribue activement à une guerre contre la population. Et cette guerre, vous la conduisez au nom d’une économie qui n’est rien d’autre que la politique du capital. Et cela commence à se savoir. Vous le pressentiez avec inquiétude. Nous vous le confirmons.
Nul doute, d’autres que nous nous chargerons demain de vous nuire, autant que faire se peut. Apprêtez vous à perdre, préparez vous, l’écart avec votre normalité est appelé à croître et s’organiser. La jouissance perverse que vous éprouvez à dominer vous manquera. Et dès aujourd’hui cela nous met en joie.
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