La PAC 2025 américaine ?
De l’autre côté de l’atlantique les Américains avec le Farm Bill ont fait un choix très clair : augmenter la production pour exporter. Afin d’atteindre cet objectif ils mettent en place une nouvelle politique qui sécurise complètement le producteur au plan économique ce qui est le meilleur moyen de l’inciter à produire davantage (nous le savons très bien puisque c’était notre politique durant les trente glorieuses). Cette politique ne se préoccupe pas trop de l’OMC !! Elle est en même temps comme toujours aux USA polymorphes avec un volet alimentaire (les fameux food stamps) primordial, un soutien aux agricultures périurbaines, aux circuits courts et une forte dimension environnementale « préservatrice ». Avec une telle politique le budget agricole public peut varier beaucoup d’une année à l’autre à cause des fluctuations de prix puisque d’une manière ou d’une autre l’État compense partiellement ces écarts. Dans un contexte de budget contraint le gouvernement américain parie donc sur une progression régulière de la demande et des prix durablement élevés, mais c’est lui, et non les producteurs, qui assume ce risque.
Une ambition exportatrice pour l’Europe
Du côté de l’Union Européenne on peut imaginer que le contexte d’une demande mondiale durablement élevée et d’une tension assez continue sur les marchés pourrait changer la vision de la PAC. Néanmoins une politique « à l’américaine » buterait sur un obstacle budgétaire. Dans une Europe à 28 l’approche budgétaire a toujours été conduite dans une stricte gestion annuelle, sans aucun report d’une année sur l’autre, les excédents étant reversés aux États en fin d’année. Le budget agricole est figé et sécurisé par des stabilisateurs budgétaires. Il est donc impossible d’avoir une politique souple en fonction de la conjoncture économique. Si l’Union veut s’engager dans cette voie il faudra des évolutions allant bien au-delà de la PAC et la doter d’un véritable budget autonome et de ressources financières propres.
Enfin la géopolitique pèsera sur la négociation quand elle entrera dans sa phase active. Ainsi par exemple un éventuel retrait du Royaume Uni de l’Union Européenne aurait un impact très fort sur les équilibres internes et renforcerait sans doute la position allemande.
La future réforme de la PAC aura donc sans doute, encore plus qu’hier, une dimension extrêmement politique. Cela pose deux questions fondamentales : quelles finalités de la politique agricole en Europe et en France et quelle compatibilité entre les deux ?
La PAC 2025 sera-t-elle américaine, Elevage - Pleinchamp
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire