jeudi 13 février 2014

De Washington à Sotchi : Les Journalistes Français Entre Décadence Et Machisme

Rappelés à l' ordre! Avec Hollande et Obama à Washington Les merdias en mode "racaille de salon"


LA QUENELLE DU BUREAU OVALE

Par Daniel Schneidermann le 12/02/2014


On ne s'en lasse pas. Il faut voir, et revoir, ce selfie de la colo hollando-journalistique française dans le bureau ovale. Ce n'est pas seulement un défoulement de gamins en sortie scolaire (toute la galerie photos est là). Il y a dans cette jubilation profondément, délibérément régressive, un bras d'honneur à l'actualité dramatique que ces journalistes sont censés traiter. Pour la première et sans doute dernière fois de leur vie, ils sont au coeur du coeur du coeur du pouvoir. Ils n'y reviendront jamais. C'est le sommet de leur carrière. Il faut immortaliser l'instant, pour le montrer plus tard aux enfants. Et, improvisant, ils inventent donc la quenelle des pro-Système. A poil Hollande ! A poil Obama ! Il faut remercier la mode du selfie, qui nous révèle, mieux que toutes nos émissions ne sauraient le faire, ce qu'est devenu le journalisme mainstream. Cette image (au premier rang, oui, c'est Thomas Wieder, du Monde) mérite bien d'incarner désormais notre dossier sur la mondialisation heureuse.





Eh quoi ? On n'a plus le droit de s'amuser ? Mais si. Amusez-vous. Comme Obama lui-même s'amusait aux obsèques de Mandela, avec la première ministre danoise. Comme Obama s'est encore amusé à la conférence de presse qui a suivi sa rencontre avec Hollande, à menacer les patrons français. Comment ? Vous n'avez rien lu sur le sujet ? Ah oui, les accrédités comptaient le nombre de retweets de leurs selfies. On ne peut pas être partout. Alors voilà. La semaine dernière, une délégation de 116 entreprises françaises, emmenées par le Medef, s'est rendue à Téhéran."En visite exploratoire", a expliqué le Quai d'Orsay, alors que les sanctions contre l'Iran ne sont pas encore levées. Mais il faut bien occuper le terrain comme les copains : les patrons allemands, italiens, turcs, coréens du Sud, etc, se succèdent en Iran. Les Américains n'ont pas été contents du tout. Eh ! Nos sanctions, qu'est-ce qu'elles deviennent ? Kerry a appelé Fabius, qui a regardé le bout de ses chaussures. Et donc, devant Hollande, le facétieux Obama a menacé ces entreprises de leur envoyer "une tonne de briques" sur la tête, si elles cassaient l'embargo (dans le cadrage de la video embeddée par le New York Times, on ne voit pas la tête de l'ami François. Dommage). Voilà l'affaire; En France, le media mainstream qui le mieux traité la question est Le Parisien.

Il y a eu d'autres moments bien amusants, dans cette conférence de presse. Par exemple, quand François a promis à Barack d'accélérer la mise en oeuvre du traité tansatlantique, ce traité qui fait peser de lourdes craintes sur la sécurité sanitaire et sur l'environnement (notre enquête est ici, notre émission est là), et inquiète, parait-il, la gauche du PS. Rigolo, oui. Mais beaucoup moins, je l'admets, que de savoir qui était assis (e) à côté du french bachelor au dîner d'Etat, question qui a ouvert le journal de 8 heures de France Inter (je ne vous fais pas languir, il était finalement entre Barack et Michelle).


JO de Sotchi 2014 : Médaille d'or du commentaire sexiste !


Alors que l'homophobie n'était imputable qu'à la Russie, le sexisme, lui, est bien une tare française. Bien que les filles fassent une entrée en force dans certaines disciplines, brisant le cou aux stéréotypes qui les empêchaient de s'illustrer, elles restent mises en avant pour leur physique et non pas pour leurs exploits. 

Et dans cette discipline, la première marche du podium est monopolisée par un duo d'"athlètes" à la fois indétrônables et affligeants : Nelson Monfort et Philippe Candeloro.

Pourtant considéré comme une référence en commentaires sportifs, le multilingue ​Nelson Monfort ne parle visiblement pas le langage du sport féminin, qui est pourtant le même que le sport masculin, à l'exception des noms qui doivent être accordés peut-être. Ainsi, quand il faudrait louer la performance de certaines qui se surpassent, le commentateur de France Télévisions se concentre sur... leur beauté et leurs silhouettes élancées. "Ce sont des jeunes femmes extrêmement fines, extrêmement jolies, extrêmement élancées, dont l’aérodynamisme n’a d’égal que le charme", déclare-t-il à propos des patineuses de vitesse. Et de constater "Ce ne sont pas du tout, contrairement à ce que certains clichés pourraient laisser entendre, des mastodontes." 

Et sinon, côté performance, on en pense quoi ? Pas grand chose mis à part que l'effort leur fait un visage disgracieux.


Questions gênantes, sportifs embarassés

Olympiade après olympiade, Tour de France après Tour de France, Roland-Garros après Roland-Garros, malgré les casseroles (ici ouencore là), il continue d’écorcher les noms des sportifs – ou des têtes couronnées.


Du côté des consultants, Jérôme Alonzo est aussi sous le feu des critiques. Ancien joueur de football, sa légitmité à couvrir les JO d'hiver était controversée. Dans des circonstances pareilles, il aurait plutôt eu intérêt à faire profil bas. Pas de chance car son interview avec Perrine Laffont a été remarquée. Amère et déçue par sa 14e place dans l'épreuve du ski de bosses, la jeune fille doit subir les questions gênantes de l'ancien gardien de buts : "Le plus dur, c'est de savoir que t'y es plus ou qu'elles y sont encore ?" / "Là, si tu pouvais avoir une baguette magique, qu'est-ce que tu ferais ?".




Enfin, pour ceux qui ont envie de rendre ces ennuyeux JO plus ludiques, florilège des phrases cultes que l'on retrouve à chaque JO d'hiver (image ci dessus). De quoi alimenter les longues soirées passées devant le patinage artistique ou le saut à skis...

JO de Sochi 2014 : Médaille d'or du commentaire sexiste ! - aufeminin

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