Un coup de gueule de Yves Cohen-Tanugi Comment la Droite Démocratique peut elle être assez folle pour baptiser et laisser baptiser une GRANDE MANIFESTATION NATIONALE DE REJET GLOBAL… « Manif Contre le Mariage pour tous » ? Comment peut-on gâcher une occasion unique de déverser sur Paris des millions de Français en colère en se focalisant sur ce mariage bidon, sur lequel, quoi qu’on dise, il sera possible de revenir ? MANIF CONTRE LE CHOMAGE, LES PRELEVEMENTS, LA DIMINUTION DES RETRAITES, LES NOUVEAUX IMPOTS DEGUISES, L’IMMOBILISME, L’ABSENCE DE COURAGE ET DE PROJET, LE MENSONGE, ETC Nos jeunes ne travaillent pas….Nos anciens sont dans la misère….. Patrons, Ouvriers, Etudiants, Retraités… ENSEMBLE CONTRE UNE GAUCHE ARROGANTE ET ASSOIFFEE DE POUVOIR STERILE. Soyez lucides! C’est cette gauche qui a créé les problèmes d’homophobie, de racisme exacerbé…. Elle divise pour dissimuler une politique faible et frileuse… Ce gouvernement gère la pénurie et la misère ! Arrêtons avec ce leurre du mariage ,qui n’est qu’un chiffon rouge agité par des socialistes à l’agonie ! Il faut vite réagir ! L’Etat d’urgence est décrété ! Faites passer ce message à nos leaders qui vont rater une occasion exceptionnelle de faire bouger les lignes ! Messieurs Fillon, Copé, Guaino et tous les autres… L’heure est grave mais peut ête décisive! IL FAUT MANIFESTER POUR QUE LE GOUVERNEMENT ENTENDE UNE COLERE TOTALE, GENERALE, MULTIPLE DE TOUTES LES COUCHES DE LA SOCIETE ! IMPOSONS AUX MEDIAS LA « MANIF DU REFUS ET DE LA COLERE ». 80% des Français souffrent et n’ont plus d’espoir… Ce pays est à nous ! Ils parlent de Démocratie mais détestent la Démocratie ! IL FAUT LES OBLIGER A CONSULTER LE PEUPLE DE FRANCE ! VITE !
Un tournant ? Quelques phrases tirées d’un discours prononcé le 22 avril par le président de la Commission européenne ne sont pas passées inaperçues dans le landerneau bruxellois. José Manuel Barroso a bien sûr rappelé que les politiques d’austérité conduites jusqu’à présent étaient « justes », mais il a estimé qu’elles trouvaient désormais « leurs limites ».
Il ne faut certes pas imaginer que ces propos annoncent un changement de cap. La pression visant à réduire les dépenses publiques nationales reste, hélas, d’actualité. Pour des raisons juridiques, d’abord : les mécanismes de la « gouvernance européenne » sont bien en place, en particulier le traité dit TSCG, qui n’a rien de facultatif. Pour des raisons politiques, ensuite : les dirigeants allemands, qui en furent à l’origine, entendent bien en surveiller la stricte application. Dans la pratique, enfin, aucun gouvernement n’a annoncé quelque intention d’abandonner ou même d’alléger les coupes budgétaires en cours.
Cela vaut particulièrement pour la France. Le patron de Bercy, Pierre Moscovici, a précisé qu’on n’irait pas au-delà, cette année, des 30 milliards d’« économies » annoncés, manière de confirmer que les restrictions supplémentaires décidées au premier trimestre ne sont nullement remises en question. Et pour cause : Paris met en avant cette « bonne volonté » dans les délicates négociations avec Bruxelles en vue de repousser d’un an l’épée de Damoclès des sanctions pour déficit excessif. A cet égard, ceux qui se disent déçus, voire trahis, par l’hôte de l’Elysée sont injustes : le candidat Hollande ne s’est jamais engagé à sortir le pays du carcan européen. Le principe et même l’ampleur de l’austérité – même si le mot est évité – étaient donc inscrits dans les textes bruxellois. Seuls ceux qui aiment s’aveugler peuvent être surpris.
Cependant, on aurait tort de sous-estimer les propos de M. Barroso. Car ils témoignent d’une double réalité : une spectaculaire impasse économique, et une redoutable colère populaire aux quatre coins de l’UE. La catastrophe économique s’illustre en particulier par la montée continue et massive du chômage et de la récession, de même que des dettes publiques… que les cures austéritaires étaient précisément censées endiguer. Vingt et un Etats sur vingt-sept ont vu leur endettement grimper en 2012, pour un total de 576 milliards de nouvelles dettes. Ce que même les économistes naguère partisans des économies budgétaires drastiques constatent depuis quelques mois se confirme : comprimer les dépenses publiques plombe lourdement la croissance et l’emploi, et aggrave les « déséquilibres budgétaires » qu’on disait vouloir réduire. En outre, les dirigeants européens ne peuvent être insensibles aux avertissements de plus en plus impérieux qui viennent de Washington, du FMI, voire du G20 : l’UE, homme malade de l’économie mondiale, pourrait bien entrainer l’ensemble de celle-ci dans le gouffre.
Quant à la colère populaire, elle hante désormais les eurocrates de tous poils. L’hypothèse de révoltes sociales violentes est un « risque » pris très au sérieux à Bruxelles. Ainsi, il n’ pas pu échapper à José Manuel Barroso que des centaines de milliers de ses compatriotes portugais ont récemment défilé en chantant l’air qui donna le signal de la « révolution des œillets » de 1974. Et quand ce n’est pas la rue, ce sont les urnes. La gifle infligée il y a deux mois à Mario Monti par les électeurs italiens s’adressait largement à Bruxelles : les dirigeants européens n’ont aucun doute à cet égard.
D’où l’avertissement lancé par le chef de l’exécutif européen : « pour fonctionner, une politique ne doit pas seulement être bien conçue, elle doit recueillir un minimum de soutien politique et social ». Quel aveu ! Sauf que les dirigeants de l’UE font face à un dilemme insoluble : s’ils persévèrent dans l’austérité, les mêmes causes aggraveront les mêmes effets ; mais s’ils relâchaient quelque peu la pression, l’euro serait condamné à voler en éclats à bref délai.
Le fondateur de Mediapart Edwy Plenel a dénoncé aujourd'hui "l'utilisation de l'administration policière pour porter atteinte au secret des sources", lors de la première journée de la commission d'enquête parlementaire sur l'action du gouvernement pendant l'affaire Cahuzac. Un message envoyé le 11 décembre par la chef de cabinet du ministre du budget, Marie-Hélène Valente, fait en effet état de conversations téléphoniques entre Edwy Plenel et une source de l'affaire, explique Fabrice Arfi, journaliste du site d'informations en ligne, à l'origine des révélations: "La police a été mise en branle pour surveiller les rapports téléphoniques entre Edwy Plenel et l'un des protagonistes de l'affaire."
"L'affaire Cahuzac devient l'affaire Hollande"
Mardi soir, les invités de l'émission Ça vous regarde, diffusée sur LCP en partenariat avec leJDD.fr, revenait sur les premières auditions réalisées par la commission d'enquête relative à l'affaire Cahuzac. "Je retiens l'esprit de corps de la classe politique", a noté le député écologiste Sergio Coronado. Pour Fabrice Arfi, le journaliste de Mediapart qui a fait éclater l'affaire, "les zones d'ombre sont encore nombreuses, notamment sur l'exécutif. A-t-il été naïf ? Incompétent ? Complice ?" "l'affaire Cahuzac devient l'affaire Hollande, Moscovici, Valls, Taubira…" Révélations Commission Cahuzac : L' Elysée a Tenté d' Etouffer l' Affaire
La commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac a auditionné les journalistes de Mediapart et Michel Gonelle, l'ancien député-maire de Villeneuve-sur-Lot. Travaux en commission : Commission d’enquête... par LCP «Si je suis en accusation, dites-le ! Vous instruisez mon procès mais ce n'est pas moi qui ai commis les actes les plus graves.» Michel Gonelle, l'ancien député-maire RPR de Villeneuve-sur-Lot, s'énerve. Depuis une heure et demie, il répond aux questions des députés de la commission parlementaire sur l'affaire Cahuzac taraudés par la même question : «Mais pourquoi avez-vous gardé secret pendant une dizaine d'années l'enregistrement du message de Cahuzac évoquant son compte en Suisse ?»
Informer «officieusement» le fisc
Gonelle leur a expliqué qu'il n'a pas voulu le rendre public de peur de «polluer le climat» de la campagne municipale de Villeneuve-sur-Lot en 2001, et d'une réaction de Jérôme Cahuzac qui est un «adversaire très particulier qui sait répliquer si on fait un pas de travers». À l'époque, il a préféré informer officieusement le fisc par l'intermédiaire d'un ami fonctionnaire des impôts. Une initiative éteinte aussitôt, selon lui, par Bercy. En 2006, Gonelle a remis une copie de l'enregistrement au juge Bruguière, lui-même candidat aux législatives de 2007 contre Cahuzac. Mais il se défend d'avoir fourni cette cassette à Mediapart. La commission auditionnera Bruguière pour savoir quel usage il a fait de cette pièce majeure du dossier.
Gonelle a, lui, expliqué en détail avoir voulu transmettre une lettre à François Hollande au mois de décembre dernier par l'intermédiaire d'Alain Zabulon, directeur-adjoint de cabinet du président de la République et ancien sous-préfet de Villeneuve-sur-Lot, mais que l'Élysée n'a jamais donné suite à cette démarche. «J'ai pensé alors que l'État était en train de dysfonctionner», conclut-il. Travaux en commission : Auditions de Edwy Plenel par LCP C'est d'ailleurs ce que pensent aussi Edwy Plenel et Fabrice Arfi, les journalistes de Médiapart, entendus auparavant par la commission. «Qui voulait savoir pouvait savoir dès le mois de décembre», ont-ils plaidé, ciblant principalement Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie. «Je ne veux pas dire que M. Moscovici a été forcément complice d'une manœuvre voulant absolument cacher la vérité, je dis néanmoins qu'il a mal travaillé !», a affirmé Plenel qui a ajouté : «Les questions posées à l'administration fiscale suisse sont objectivement de mauvaise foi». Plus tôt, à la radio, Pierre Moscovici, qui sera entendu par la commission, avait déclaré que «l'administration avait fait tout ce qu'elle pouvait, tout ce qu'elle devait». audition Michel Gonelle (intégralité) http://www.ladepeche.fr/article/2013/05/22/1631867-affaire-cahuzac-l-enquete-parlementaire-a-commence.html
Emprunts toxiques de Dexia : l’Etat doit choisir son camp, celui des banques ou celui des gens !
Comme nous l’avons écrit et expliqué depuis fort longtemps, sans une mise en faillite ordonnée suivant les critères du Glass-Steagall Act (loi de séparation bancaire et de triage des dettes imposée par Franklin Roosevelt en 1933), la liquidation du géant bancaire Franco-belge Dexia restera un Tchernobyl financier ingérable crachant des bombes toxiques à toute vitesse. A l’origine de la nouvelle fièvre qui guette la Place de Paris, le jugement du Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Dans son verdict du 8 février, le TGI avait donné raison au Conseil général de Seine-Saint-Denis qui contestait face à Dexia les conditions « toxiques » imposées par la banque dans plusieurs emprunts. Les juges ont ordonnés l’annulation des taux d’intérêt de trois emprunts structurés (dont certains explosaient en fonction de la parité euro/franc suisse) et leur remplacement par le taux légal de 0,71% (et de 0,04 % en 2013). Motif invoqué : Dexia avait « oublié » de mentionner sur certains documents le taux effectif global (TEG). Dexia avait immédiatement annoncé qu’elle ferait appel de la décision. C’est chose faite depuis jeudi dernier. Puisque l’appel suspend la décision, le département le plus pauvre de France, le 93, se voit de nouveau forcé de continuer à payer des taux très élevés tant que l’affaire n’est pas rejugée. En attendant, l’incertitude fait paniquer toute la place de Paris. Ainsi, début mars, affirme Le Figaro, « les banques françaises ont été convoquées dans le plus grand secret à Bercy ». Lors de cette réunion, les représentants de Dexia, BPCE, Société générale et consorts ont été interrogés sur leur évaluation du risque porté par chacun d’eux.
Une bombe de 20 milliards d’euros
Si le premier jugement du TGI se trouve appliqué à l’ensemble des crédits alloués aux collectivités locales et toutes les banques qui ont accordé des prêts à ces acteurs, c’est une perte d’environ 20 milliards d’euros pour la Place dont la moitié serait pour l’Etat. Précisons que ce dernier vient de nationaliser les actifs français de Dexia, repris par la nouvelle banque supposée financer les collectivités locales, la Société de financement local (SFIL). Détenue à 75 % par l’Etat, à 20 % par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et à 5 % par la Banque postale, la SFIL a repris de Dexia 90 milliards d’euros de prêts aux collectivités locales dont au moins 9,4 milliards d’euros toxiques…. Les fatalistes diront qu’il s’agit d’un problème insoluble. Si l’on oblige les collectivités locales à payer, c’est le contribuable local qui payera et qui sanctionnera les élus locaux lors de la prochaine élection municipale. Si on laisse tomber les taux toxiques, c’est l’Etat qui devra payer l’ardoise, c’est-à-dire le contribuable national… Alors que Claude Bartelone, l’ancien président du Conseil général du 93, siège désormais au perchoir, son successeur, Stéphane Troussel, a lancé mardi un appel solennel à son camarade socialiste Pierre Moscovici pour « intervenir auprès de la SFIL » pour que Dexia revienne sur sa politique. « Premiers investisseurs publics, les collectivités doivent impérativement trouver une réponse aux nombreuses alertes qu’elles ont envoyées quant à l’explosion de certains taux d’emprunts toxiques », fait valoir M. Troussel. « Il apparaît pour le moins paradoxal d’obliger notre collectivité à payer 26 millions d’euros d’intérêts supplémentaires au moment même où la priorité est de trouver des financements pérennes pour les allocations de solidarité », ajoute-t-il.
La contre-attaque de Moscovici et les banques
Libération du 10 avril souligne que Moscovici, Bercy et les banquiers ne comptent pas en rester là : « Pour éviter que la décision du tribunal de Nanterre fasse jurisprudence, l’idée imaginée par Bercy et les banquiers est de faire adopter un article [par exemple glissé dans la loi Hamon sur la consommation] établissant qu’un fax ne peut pas constituer un contrat de prêt. Et que seul est valable l’accord, signé a posteriori (et où le TEG était bien mentionné) ». Un banquier cité par Libé précise que c’est justement là où cela se complique, car le texte doit être rétroactif. Or pour qu’une loi soit rétroactive en matière civile, il y a une jurisprudence claire du Conseil constitutionnel. Il faut démontrer qu’il y a un motif d’intérêt général. « Un risque systémique causé par un effondrement bancaire pourrait être un bon argument » argumente le banquier. C’est dit. Stéphane Troussel, le président du 93 a donc bien raison quand il dit : « Maintenant, l’Etat doit choisir son camp : celui des banques, ou celui des collectivités locales ! » Suite à la confiscation des dépôts infligée aux citoyens chypriotes et avec la bombe de 20 milliards d’euros de Dexia, il apparaît clairement que loi de réforme bancaire élaborée par Berger-Moscovici, écrite par les banques et pour les banques, doit être rejetée et remplacée sur le champs par une vraie loi de séparation bancaire et de réforme du crédit. http://www.solidariteetprogres.org/actualites-001/article/faillite-de-dexia-l-etat-doit-choisir-son-camp.html
Sans leader réel, pas d’actions réelles. Nous nous sommes habitués à un fantastique degré d'imposture, d'apparence. Et à ne pas croire ce que nous entendons.
Aux derniers feux d’un système finissant, une étrange irréalité gagne ce pays. Jusque dans les moindres détails. Il y a peu, j’appris en écoutant la radio que notre presque Président de la République venait de rendre hommage au grand François Jacob*. C’était inexact. Ce brave Hollande venait de lire aux Invalides un discours rédigé par un conseiller rémunéré pour cela. Cela n’a rien à voir. Ce n’était pas lui qui parlait, c’était sa fiche. Son nègre l’avait ventriloqué. Quand Malraux rendit hommage en 1964 à Jean Moulin lors de l’entrée de sa dépouille au Panthéon, on entendit alors beaucoup plus que le son de sa voix. C’était son être profond qui parlait. On s’en souvient. Pas de falsification à la tribune. Du discours du pâle Hollande on ne se souviendra pas car rien de réel ne s’est alors produit dans la cour des Invalides. Une fiche de plus a été lue. Pourquoi ai-je écrit notre « presque Président » ou « ce brave Hollande » ? Pour nommer les choses telles qu’elles sont : notre corrézien est effectivement un brave homme mais il ne peut hélas pas être réellement président. Accéder à sa puissance interne n’est pas affaire de scrutin. René Coty, en son temps, eut la même infirmité. Même le plus fidèle colleur d’affiches du PS sait bien que ce haut-fonctionnaire (F.H.) tient son pouvoir de sa fonction au lieu de donner son pouvoir personnel à son titre. De Charles (de Gaulle) nous avons appris, nous Français, que l’autorité présidentielle procède de l’être profond, d’une certaine manière d’être conquise sur soi-même, avant d’être confirmée par l’élection populaire. Il existe une différence de nature entre être président et occuper le fauteuil. Tous, nous nous sommes habitués à un fantastique degré d’irréalité dans notre vie publique, d’imposture, d’apparence. Et à ne pas croire ce que nous entendons. Les organes d’information rapportent quotidiennement un déluge de faits non réels mais apparents, retransmettent sans rire des postures, des propos tenus par de prétendus responsables qui jouent des personnages au lieu d’être ce qu’ils disent ; et nous feignons de les croire mais en vérité nous sentons bien, au fond de nôtre coeur, ce qui a le parfum du vrai ou l’odeur du factice. La pastorale des partis ne se fixe plus dans nos neurones, non parce qu’elle serait sotte ou sans portée mais parce qu’elle est majoritairement émise par des êtres qui semblent avoir cessé de produire leur être, des sortes d’absents à eux-mêmes, incapables de prendre appui sur une idée de soi puissante. Sans émetteurs réels pas de récepteurs réels. Quand Hollande parle, franchement, ressentez-vous ce que vous avez pu éprouver un jour devant un Pierre Mendès-France, une Sœur Emmanuelle ou une Françoise Dolto ? Discours plaqué, glacé. Inaudible. La première fois que j’ai vu Jacques Chirac, c’était il y a une dizaine d’années je crois dans une sous-préfecture, à Château-Gontier, où il fit semblant de prendre la parole en lisant une fiche, lui aussi. J’ai été frappé par l’ahurissant niveau de dépersonnalisation que génère cette pratique de plagiaire. Bien évidemment, personne n’a écouté vraiment sa marionnette. Son déplacement ne s’est donc pas inscrit dans le réel. Je me suis alors demandé, avec effroi, si un individu accoutumé depuis longtemps à prononcer des mots qui ne sont pas les siens pouvait encore gouverner le réel, adhérer à sa propre pensée. La réponse est hélas tragique : sans leaders intensément réels, pas d’action réelle. Inévitablement, la com se substitue à la transformation des faits. Et la confiance meurt. Charles, lui, courait le risque d’être absolument réel ; surtout celui de la France Libre. Le 11 novembre dernier, Laurent Delahousse m’avait invité sur France 2, avec le ministre apparent d’une Education nationale que chacun sait ingouvernable, Vincent Peillon. Dans la salle de maquillage, juste avant de passer sur le plateau, nous avions eu une conversation d’honnêtes hommes. J’avais quelqu’un en face de moi, le vrai Peillon, assez touchant. Puis il passa avant moi sur le plateau et je vis apparaître sur les écrans de contrôle… sa marionnette officielle. Fausse voix. Discours plaqué, glacé. Inaudible. Une fiche derrière des lunettes. Une colère irraisonnée me gagna. Pourquoi cet homme de qualité ne nous faisait-il pas confiance en se montrant dans sa réalité au lieu de se cacher derrière sa fonction ? En le rejoignant sur le plateau, j’ai alors renoncé à la comédie habituelle qui veut qu’entre invités on taise le off : devant les caméras, j’ai dit que Peillon n’était pas du tout raccord avec son personnage réel que j’avais vu un instant plus tôt en coulisses. En direct, j’ai nommé son masque en rappelant qu’il semblait réel cinq minutes avant, et que j’entendais poursuivre la conversation avec le type authentique, pas avec la cassette. Deux heures plus tard, le rédac-chef de Delahousse me rappela pour m’informer que ce passage serait rediffusé le soir-même au 20 heures Le site de France-Télévision s’était embrasé. Les gens voulaient, massivement, que cesse le jeu habituel des rôles. Et bien dans cette chronique, je vais m’y employer, m’y appliquer même avec jubilation. Pressé de vivre une grande époque, je n’ai plus l’intention de coopérer avec une France irréelle. On ne peut pas éternellement congédier la réalité sans dommages, sans précipiter la nation vers la révolte – hors ou dans les urnes. Charlien par toutes mes fibres, je refuse la détérioration du sens du réel. Je dis « charlien » car le gaullisme est lié à l’action historique d’un mouvement qui se retrouva, par la force des choses, sur la droite de l’échiquier politique. Le « charlisme» est une manière d’être éternelle, de se tenir droit. Pour commencer, je vous lance un appel avec joie. Dites-moi, sur le net, qui sur la scène de ce pays vous paraît encore réel, incarné, non truqué : acteurs francs, patrons carrés, politiques inapte à la posture, médecins entiers, syndicalistes, infirmières, enseignants bouleversants, militants associatifs vibrants, entrepreneurs bouillants, etc. En écartant de grâce les agités qui se vautrent dans l’extrémisme ; car les venimeux ont hélas toujours eu un certain talent pour l’authenticité. Qui dans ce pays renfrogné a encore l’honneur d’être une femme ou homme d’une poignante vérité ? Quelle parole éveille en vous cette chose merveilleuse que l’on appelle la confiance ? * biologiste hors-normes, prix Nobel de médecine, Français libre absolument libre, plume vivifiante.