mercredi 22 mai 2013

François Hollande : Un Président iréel Au Discours Terne et Inaudible


Cette étrange irréalité qui gagne le pays

articles de Alexandre Jardin lopinion.fr


Sans leader réel, pas d’actions réelles. Nous nous sommes habitués à un fantastique degré d'imposture, d'apparence. Et à ne pas croire ce que nous entendons.


Aux derniers feux d’un système finissant, une étrange irréalité gagne ce pays. Jusque dans les moindres détails. Il y a peu, j’appris en écoutant la radio que notre presque Président de la République venait de rendre hommage au grand François Jacob*. C’était inexact. Ce brave Hollande venait de lire aux Invalides un discours rédigé par un conseiller rémunéré pour cela. Cela n’a rien à voir. Ce n’était pas lui qui parlait, c’était sa fiche. Son nègre l’avait ventriloqué. Quand Malraux rendit hommage en 1964 à Jean Moulin lors de l’entrée de sa dépouille au Panthéon, on entendit alors beaucoup plus que le son de sa voix. C’était son être profond qui parlait. On s’en souvient. Pas de falsification à la tribune. Du discours du pâle Hollande on ne se souviendra pas car rien de réel ne s’est alors produit dans la cour des Invalides. Une fiche de plus a été lue. Pourquoi ai-je écrit notre « presque Président » ou « ce brave Hollande » ? Pour nommer les choses telles qu’elles sont : notre corrézien est effectivement un brave homme mais il ne peut hélas pas être réellement président. Accéder à sa puissance interne n’est pas affaire de scrutin. René Coty, en son temps, eut la même infirmité. Même le plus fidèle colleur d’affiches du PS sait bien que ce haut-fonctionnaire (F.H.) tient son pouvoir de sa fonction au lieu de donner son pouvoir personnel à son titre. De Charles (de Gaulle) nous avons appris, nous Français, que l’autorité présidentielle procède de l’être profond, d’une certaine manière d’être conquise sur soi-même, avant d’être confirmée par l’élection populaire. Il existe une différence de nature entre être président et occuper le fauteuil.

Tous, nous nous sommes habitués à un fantastique degré d’irréalité dans notre vie publique, d’imposture, d’apparence. Et à ne pas croire ce que nous entendons.

Les organes d’information rapportent quotidiennement un déluge de faits non réels mais apparents, retransmettent sans rire des postures, des propos tenus par de prétendus responsables qui jouent des personnages au lieu d’être ce qu’ils disent ; et nous feignons de les croire mais en vérité nous sentons bien, au fond de nôtre coeur, ce qui a le parfum du vrai ou l’odeur du factice. La pastorale des partis ne se fixe plus dans nos neurones, non parce qu’elle serait sotte ou sans portée mais parce qu’elle est majoritairement émise par des êtres qui semblent avoir cessé de produire leur être, des sortes d’absents à eux-mêmes, incapables de prendre appui sur une idée de soi puissante. Sans émetteurs réels pas de récepteurs réels. Quand Hollande parle, franchement, ressentez-vous ce que vous avez pu éprouver un jour devant un Pierre Mendès-France, une Sœur Emmanuelle ou une Françoise Dolto ?

Discours plaqué, glacé. Inaudible. La première fois que j’ai vu Jacques Chirac, c’était il y a une dizaine d’années je crois dans une sous-préfecture, à Château-Gontier, où il fit semblant de prendre la parole en lisant une fiche, lui aussi. J’ai été frappé par l’ahurissant niveau de dépersonnalisation que génère cette pratique de plagiaire. Bien évidemment, personne n’a écouté vraiment sa marionnette. Son déplacement ne s’est donc pas inscrit dans le réel. Je me suis alors demandé, avec effroi, si un individu accoutumé depuis longtemps à prononcer des mots qui ne sont pas les siens pouvait encore gouverner le réel, adhérer à sa propre pensée.

La réponse est hélas tragique : sans leaders intensément réels, pas d’action réelle. Inévitablement, la com se substitue à la transformation des faits. Et la confiance meurt. Charles, lui, courait le risque d’être absolument réel ; surtout celui de la France Libre.

Le 11 novembre dernier, Laurent Delahousse m’avait invité sur France 2, avec le ministre apparent d’une Education nationale que chacun sait ingouvernable, Vincent Peillon. Dans la salle de maquillage, juste avant de passer sur le plateau, nous avions eu une conversation d’honnêtes hommes. J’avais quelqu’un en face de moi, le vrai Peillon, assez touchant. Puis il passa avant moi sur le plateau et je vis apparaître sur les écrans de contrôle… sa marionnette officielle. Fausse voix. Discours plaqué, glacé. Inaudible. Une fiche derrière des lunettes. Une colère irraisonnée me gagna. Pourquoi cet homme de qualité ne nous faisait-il pas confiance en se montrant dans sa réalité au lieu de se cacher derrière sa fonction ? En le rejoignant sur le plateau, j’ai alors renoncé à la comédie habituelle qui veut qu’entre invités on taise le off : devant les caméras, j’ai dit que Peillon n’était pas du tout raccord avec son personnage réel que j’avais vu un instant plus tôt en coulisses. En direct, j’ai nommé son masque en rappelant qu’il semblait réel cinq minutes avant, et que j’entendais poursuivre la conversation avec le type authentique, pas avec la cassette. Deux heures plus tard, le rédac-chef de Delahousse me rappela pour m’informer que ce passage serait rediffusé le soir-même au 20 heures Le site de France-Télévision s’était embrasé. Les gens voulaient, massivement, que cesse le jeu habituel des rôles.

Et bien dans cette chronique, je vais m’y employer, m’y appliquer même avec jubilation. Pressé de vivre une grande époque, je n’ai plus l’intention de coopérer avec une France irréelle. On ne peut pas éternellement congédier la réalité sans dommages, sans précipiter la nation vers la révolte – hors ou dans les urnes. Charlien par toutes mes fibres, je refuse la détérioration du sens du réel.

Je dis « charlien » car le gaullisme est lié à l’action historique d’un mouvement qui se retrouva, par la force des choses, sur la droite de l’échiquier politique. Le « charlisme» est une manière d’être éternelle, de se tenir droit.

Pour commencer, je vous lance un appel avec joie. Dites-moi, sur le net, qui sur la scène de ce pays vous paraît encore réel, incarné, non truqué : acteurs francs, patrons carrés, politiques inapte à la posture, médecins entiers, syndicalistes, infirmières, enseignants bouleversants, militants associatifs vibrants, entrepreneurs bouillants, etc. En écartant de grâce les agités qui se vautrent dans l’extrémisme ; car les venimeux ont hélas toujours eu un certain talent pour l’authenticité. Qui dans ce pays renfrogné a encore l’honneur d’être une femme ou homme d’une poignante vérité ? Quelle parole éveille en vous cette chose merveilleuse que l’on appelle la confiance ?

* biologiste hors-normes, prix Nobel de médecine, Français libre absolument libre, plume vivifiante.

source : lopinion.fr

1 commentaire:

  1. "Quand Hollande parle, franchement, ressentez-vous ce que vous avez pu éprouver un jour devant un Pierre Mendès-France, une Sœur Emmanuelle ou une Françoise Dolto "
    Contre le marrane Hollande, vous nous citez 3 Juifs (emmanuelle est une Dreyfus) ? Non, je n'ai jamais rien ressenti face à ces 3 là !

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