samedi 25 mai 2013

Racisme ou Voyoucratie ? Les Émeutes de Stockholm Comme un Test de Rorschach Géant



Les demi-vérités sur les émeutes de Stockholm


source : courrierinternational.com

Les violences dans les banlieues de Stockholm seraient la conséquence des frustrations d'une population d'exclus ? Une explication simpliste, rétorque une journaliste suédoise.


Le récit des émeutes de Husby [banlieue de Stockholm] commence à se mettre en place. Certaines vérités qui n'en sont pas forcément ont été serinées tant de fois qu'elles sont en train d'en devenir. Les émeutes de Husby sont en passe de devenir un test de Rorschach – une tache d'encre dans laquelle tout le monde, des Démocrates de Suède [parti xénophobe] aux anarchistes, pense trouver la confirmation de sa vision personnelle des choses.
Revenons sur quelques-unes des affirmations claironnées par la gauche. Comment les émeutes ont-elles commencé ? Sur son site Internet, l'association locale Megafonen [Le mégaphone] décrit les événements de la nuit de lundi [20 mai] dans les termes suivants : "Deux cents habitants de Husby ont manifesté leur colère après que la police a abattu un homme de 69 ans dans un appartement la semaine dernière."

C'est une hypothèse, bien sûr. Mais la vérité pourrait tout aussi bien venir de ce jeune anonyme du quartier, qui a déclaré à la web-tv [du quotidien] Aftonbladet que la plupart des émeutiers se "foutaient royalement" du sexagénaire et que beaucoup ont simplement profité de l'occasion pour tromper l'ennui.

Les demi-vérités dans les colonnes des journaux


L'association Megafonen n'a pas décidé des activités nocturnes du quartier à l'issue d'un vote, lors de sa réunion annuelle. Or elle prétend savoir ce qui se passe dans la tête des émeutiers. Et la gauche, qui ne porte pas la police dans son cœur, la croit.

Les informations selon lesquelles les policiers auraient usé de termes comme "nègre", "métèque" et "singe" se sont répandues à la même vitesse que les légendes urbaines. Je ne veux pas dire, loin de là, que la police ne s'est pas laissée aller à des invectives racistes. Mais le fait que des caillasseurs anonymes le soutiennent ne suffit pas à ce que j'y vois la vérité et le soutienne à mon tour.

Johanna Langhorst est l'une des journalistes qui savent tout des événements. Dans la page culture [du quotidien] Expressen, elle relie les émeutes à la mort du sexagénaire : "Quand les voitures ont commencé à brûler à Husby, la police a répliqué avec des matraques. Les coups se sont mis à pleuvoir sur les habitants de Husby, sans discernement. Animateurs de quartier, journalistes, médiateurs, tous ceux qui se trouvaient sur le chemin de la police y avaient droit."

Des coups qui pleuvent. Sans discernement. Vraiment ? N'est-il pas étrange, dans ce cas, que les seules blessures dont j'ai eu connaissance concernent des policiers. Dans quel hôpital ont été admis tous les habitants de Husby qui ont été victimes de la violence aveugle de la police ?

Le mythe du quartier abandonné


En une d'Aftonbladet, sous le titre : "La droite se ridiculise à Husby", le social-démocrate Anders Lindberg nous a livré une analyse parfaitement rigoureuse des événements. Ce qui s'est passé à Husby serait une réaction à la politique menée par l'Alliance [la coalition de centre droit au pouvoir] et au fait que "l'assurance-chômage part à vau-l'eau et que des gens se retrouvent exclus de la caisse de chômage". Comme si les individus qui ont mis le feu aux voitures étaient des allocataires de l'assurance-chômage ou des chômeurs en fin de droits perclus de douleurs aux épaules et aux articulations.

Par ailleurs, Anders Lindberg associe le sentiment de frustration à la disparition des "cabinets médicaux, des bureaux de poste, des sages-femmes et des foyers pour les jeunes". Mais, comme souvent, le journaliste est mal informé. S'il n'existe plus de bureau de poste à Husby (comme partout ailleurs, ou presque), on y trouve encore un cabinet médical, il y a une sage-femme à une station de métro de là, ou quinze minutes de marche et, en fait de foyer pour les jeunes, Husby en dénombre trois : un pour les 10-12 ans, un pour les 13-15 ans et un pour les 16-20 ans.

Si ce type de supposé délitement était à l'origine des événements de Husby, ce serait plutôt le fin fond du Norrland [le nord de la Suède] qui devrait s'embraser.

Le prétexte de l'engagement impossible


Sur le site Internet de l'association Megafonen, les violences sont décrites comme "la seule manière d'exprimer la frustration, lorsque d'autres voies démocratiques sont verrouillées". Verrouillées ? Il n'est pas plus difficile de s'engager politiquement à Husby qu'à Bromma [quartier chic de Stockholm], si ? Le porte-parole [de l'association], Rami Al-Khamisi, en constitue lui-même un exemple.

Sur Internet, je suis tombé sur une interview vieille de deux ans de Rami Al-Khamisi, qui en avait alors 23. On y apprenait qu'il était impliqué dans un projet financé par le Conseil de l'Europe où il planchait, aux côtés de jeunes originaires de 25 pays d'Europe, sur les questions liées à l'engagement. Qu'il avait également participé à des projets conjoints avec la municipalité de Stockholm, Svenska Bostäder [première société immobilière de l'agglomération stockholmoise] et Hyresgästföreningen [association suédoise des locataires]. Dans l'article, il était question d'une rencontre à venir avec la famille royale elle-même.

http://www.courrierinternational.com/article/2013/05/24/les-demi-verites-sur-les-emeutes-de-stockholm

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