samedi 13 octobre 2012

Le FMI critique l'austérité en zone euro : un coup dur pour Merkel


Le FMI renonce au dogme de l'austérité


Le FMI soutient Athènes dans sa demande d'un délai supplémentaire de deux ans pour son programme de rigueur. (© AP/dapd)

La directrice du FMI, Christine Lagarde, a demandé aux pays de la zone euro d'accorder plus de temps aux pays en crise pour appliquer les programmes de rigueur. Elle a reconnu que l'austérité affaiblissait davantage l'économie qu'on ne le pensait. Certains commentateurs jugent ce revirement du FMI bénéfique et espèrent que l'UE s'en inspirera. Pour d'autres, cette proposition est un signe d'embarras

El País - Espagne

Berlin doit suivre le revirement du FMI

Le FMI a négocié un tournant dans la lutte contre la crise et l'Allemagne doit le suivre, écrit le quotidien de centre-gauche El País : "La proposition d'accorder plus de temps à l'économie espagnole et d'atténuer la politique d'austérité ne devrait pas rester sans écho. Elle s'inscrit dans une réflexion globale du FMI sur les répercussions négatives de l'austérité à outrance. Elle ne se base pas seulement sur une tentative tactique de relance du keynésianisme, mais aussi sur des études détaillées, qui montrent que les pressions négatives de l'austérité sur la croissance peuvent être deux à quatre fois plus fortes qu'on ne le pensait jusqu'à présent. La stratégie du FMI face la crise connaît ainsi un tournant copernicien, quittant l'extrême orthodoxie actuelle pour aller vers unréalisme nouveau et prometteur. Il faudrait que les décideurs, notamment les dirigeants de l'Union européenne et surtout l'Allemagne, soient nombreux à prendre acte de ces nouvelles conclusions, et à les mettre en œuvre." (12.10.2012)

Kathimerini - Grèce

La visite de Merkel porte ses fruits

Après la visite d'Angela Merkel à Athènes et la critique du tout austérité par le FMI, le quotidien conservateur Kathimerini espère un assouplissement de l'austérité : "Le FMI fait pression pour que la Grèce obtienne plus d'argent et un délai pour la mise en œuvre des objectifs d'austérité. Mais les pays et les institutions de la zone euro réagissent avec réserve. Il y a donc des difficultés et rien n'est certain pour le moment. Le sentiment qui prédomine est toutefois moins menaçant et le contexte plus positif. Dans le même temps, la décision audacieuse de Samaras d'inviter Merkel en Grèce a porté ses fruits. Elle a dit voir la lumière au bout du tunnel, une affirmation qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Comme lorsqu'elle a déclaré qu'elle aidera la Grèce si le pays maintient le cap et effectue rapidement les réformes structurelles, comme Samaras le lui a promis." (12.10.2012)

Deutschlandfunk - Allemagne

Le FMI n'a pas non plus de remède miracle

En demandant un délai supplémentaire pour les pays en crise, la directrice du FMI ne fait que masquer l'embarras de l'institution qu'elle dirige, estime le portail d'information de la radio publique Deutschlandfunk : "A court terme, repousser les objectifs d'austérité soulagera certainement la Grèce et paraîtra raisonnable dans la situation désespérée d'Athènes. Mais en y regardant de plus près, cela ne revient qu'à jouer la montre. Il n'est pas sûr en outre que les autres créanciers jouent le jeu, comme le suggère la réaction plutôt sèche du ministre allemand des Finances à la proposition de la directrice du FMI. Ces dernières années, le FMI s'est de plus en plus transformé en pompier de la finance, sans disposer toutefois du remède miracle qui résoudrait la crise de la dette." (11.10.2012)

Sydsvenskan - Suède

L'homme malade de l'Europe

La proposition de la directrice du FMI, Christine Lagarde, ne résout rien au dilemme dans lequel se trouve l'UE, déplore le quotidien libéral Sydsvenskan : "Maintenir la Grèce encore deux années à flot, dans l'espoir que les réformes seront mises en œuvre et auront un effet, coûtera cher. La Grèce et les autres pays en crise doivent réformer leur économie.  Mais il ne faut pas transformer l'UE en union de transfert, avec une mutualisation automatique de la dette d'un pays. Les principes sont importants, mais un certain pragmatisme est aussi nécessaire. Les demandes faites à la Grèce doivent être réalistes et l'échéancier approprié. Car le risque que le traitement prescrit soit fatal à la Grèce est évident." (12.10.2012)

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