lundi 1 octobre 2012

Gouvernement Ayrault : une gauche europeïste sans idées nouvelles

Une « gauche » soumise et perdue


L'Espoir - Site de réflexion économique et politique

L’accès au pouvoir duParti Socialiste ne nous laissait guère d’espoirs d’assister à une évolution favorable de la situation économique du pays. Même si les mesures fiscales décidées par le gouvernement actuel apparaissent plus justes que celles appliquées par Nicolas Sarkozy, le duo Hollande-Ayrault nous offre une impression pour la moins mitigée entre hésitations sur la politique à mener et soumission au système en place.
Le récent passage de Jean-Marc Ayrault dans l’émission « Des paroles et des actes » constitue une illustration parfaite du début de mandat de la « gauche socialiste ». En apparence, elle ne manque pas de bons sentiments et se distingue de ce point de vue de la droite « décomplexée » de Nicolas Sarkozy. La politique fiscale apparait plus juste en égalisant la taxation du capital avec celle du travail ou en imposant davantage les plus hauts revenus et les grandes entreprises pour mieux favoriser les bas revenus et les PME qui constituent les entreprises les plus créatrices d’emplois. La baisse des dépenses publiques, qui est conséquente (10 milliards), reste probablement inférieure à ce qu’aurait fait la droite.

Le problème est que cette politique se réalise dans un cadre qui est déjà dépassé comme l’atteste le cas de nos voisins d’Europe du Sud. Et nos dirigeants ne semblent pas en avoir conscience. Ainsi face à la question d’un François Lenglet, enfin inspiré, qui lui demanda pourquoi mener une telle politique de rigueur alors que les cas de la Grèce, de l’Espagne ou de l’Italie ont montré l’inefficacité de ces mesures qui ne font que renforcer les difficultés économiques, le Premier Ministre ne nous proposa rien de mieux que la comparaison classique du budget d’un Etat avec celui d’un ménage… Jean-Marc Ayrault était certainement sous pression et a voulu faire preuve d’une extrême pédagogie, mais tout de même le fait d’entendre de tels propos dans la bouche de notre chef de gouvernement donne des sueurs froides.
Car non la gestion du budget d’un Etat ne sera jamais comparable à celui d’un ménage. Un ménage se doit d’équilibrer ces dépenses avec ses recettes afin de ne pas se retrouver en difficulté financière. Mais globalement ses recettes restent constantes ou augmentent progressivement avec le temps et il suffit d’ajuster son « train de vie » en fonction. Les quelques investissements (achat maison, voiture…) doivent être effectués pour ne pas mettre en péril cet équilibre mensuel.

Pour un Etat, la question est totalement différente puisqu’il s’agit de créer de l’activité et donc de la richesse sur son territoire c'est-à-dire favoriser les conditions qui permettront de générer de la croissance économique. Le PIB dépend essentiellement de la consommation, de l’investissement et du solde extérieur. Hors en période de crise, la consommation se réduit tout comme l’investissement privé. Notre balance commerciale étant négative, quel levier reste à notre disposition pour relancer la croissance ? L’investissement public, qui pourtant creuse notre dette à court terme. Le fait que ce raisonnement ne soit pas dans la tête de Jean-Marc Ayrault est très inquiétant car cela signifie qu’il n’a aucune stratégie pour améliorer la situation de notre pays.
A ce sujet sa réponse à la perspective de voir la courbe du chômage s’inverser illustre parfaitement son état d’esprit. Il indique que son gouvernement fera le maximum ce qui sous-entend déjà qu’il n’y parviendra pas. La preuve est donc donnée qu’il n’y a pas de pilote dans la maison France et que le discours du PS consiste simplement à accuser la droite et à utiliser des mesures fiscales de gauche. 

Le problème est que le gouvernement ne propose aucun changement structurel qui permettrait au pays d’inverser la tendance et cela crée une grande fragilité. Ainsi les médias ne se privent pas d’attaquer violement un gouvernement incapable de prendre des mesures « courageuses ». Ainsi les Pujadas, Lenglet ou Dessertine se posent en donneurs de leçon et invitent le gouvernement à exercer une déflation salariale qui permettrait de relancer la croissance grâce à une compétitivité qui permettrait de relancer nos exportations. Ils se trompent lourdement puisque la croissance mondiale s’étouffe à cause de cette compétition mondiale qui génère une paupérisation globale. Mais cela la « gauche » gouvernementale ne peut même pas l’exprimer.
Notre gouvernement reste piégé par son allégeance au système par cette croyance religieuse dans lelibre-échange qui l’empêche de trouver des solutions pertinentes. Le paradoxe est là. Nous avons porté au pouvoir des personnes parmi les plus intelligentes du pays mais qui restent des produits du système. Le système leur ayant tout apporté, ils n’ont pas le courage de le remettre en question. Ils sont en quelque sorte victime de leur côté « bon élève ». Cette soumission au système apparait très dangereuse puisque même persuadés d’aller dans le mur, les membres du gouvernement appuient sur l’accélérateur comme le montre l’acceptation du TSCG (traité sur la stabilité, la convergence et la gouvernance) qui n’a pas été renégocié.

Au sein de cette équipe gouvernementale, la lumière aurait pu venir d’un homme : Arnaud Montebourg. Le défenseur acharné de la démondialisation lors des primaires socialistes semble avoir vendu ses idées pour un vulgaire plat de lentille. Le « démondialisateur en actes » ne convainc plus. Il y a un an, il crevait l’écran avec ses idées et sa verve et aujourd’hui sa verve a du mal à faire oublier ses idées. Il reste tout de même l’ultime lueur d’espoir d’un gouvernement promis à un destin à la Papandréou. Mais cette lueur s’assombrit chaque jour un peu plus…



Theux

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