samedi 4 février 2012

Les socialistes français doivent faire plus que gagner en 2012



L'impopularité de Sarkozy est susceptible d'amener la gauche au pouvoir. Leur défi résidera dans la formulation d'un programme économique alternatif crédible


Depuis plus de quinze ans la France n'a pas eu un président de gauche, le dernier étant François Mitterrand qui a passé le pouvoir à jacques Chirac en 1995. Depuis lors, la gauche est passé par un certain nombre de défaites humiliantes: d'abord en 2002, quand son candidat, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin, n'a même pas pu atteindre le deuxième tour, et en 2007, quand Ségolène Royal a été battue par Nicolas Sarkozy.


Maintenant, les chances sont en faveur du candidat socialiste à l'élection présidentielle en mai prochain, à la fois en raison de l'impopularité profonde de Sarkozy et de l'impact de la crise financière sur la vie des français.


C'est un changement remarquable par rapport à la situation qui existait seulement un an plus tôt. Le "super favori" pour la présidence française était Dominique Strauss-Kahn , alors directeur général du Fonds monétaire international, un ancien ministre des Finances de Lionel Jospin et un socialiste pragmatique avec une grande crédibilité économique nécessaire en temps de crise. L'arrestation de "DSK" en mai dernier a été un désastre pour les partisans de gauche, qui avaient finis par ètre convaincus d'un complot visant à nuire à leur héros. Il a ensuite été lavé de tout soupçons (ou presque) , mais sa carrière politique a été détruite, réduite en miettes. Plus par le ridicule de sa situation (la sexualité fait toujours rire), que par des accusations de malhonnèteté qui traditionellement glissent en France sur les personnalités politiques.


Or, cet événement a été une bénédiction pour le parti socialiste. Il a eu lieu avant que solférino ait choisi son candidat pour l'élection présidentielle de 2012, et les révélations sur la vie privée de Strauss-Kahn auraient été bien plus dommageables une fois qu'il aurait été désigné comme candidat.


L'an dernier, le parti socialiste a menée avec succès des primaires ouvertes pour sélectionner son candidat parmi six prétendants. François Hollande , ancien premier secrétaire du parti, qui avait été rejeté en tant que "voué à l'échec" quand il a décidé de contester Strauss-Kahn un an plus tôt, a facilement remporté l'investiture.


Avec François Hollande, les électeurs de gauche ont choisi un politicien modéré et qualifié pour les représenter, en dépit de son manque d'expérience gouvernementale. Ils l'ont choisi, malgré sa promesse impopulaire d'atteindre un budget équilibré à la fin de son mandat de cinq ans s'il est élu et son image d'incarner une «gauche molle», comme sa principale rivale, Martine Aubry, l'a décrit ne semble pas lui avoir couté bien cher. Bien qu'il sache les bons mots clés de la mythologie de gauche, il a été désigné sur un programme qui n'est pas très socialiste.


Il n'est pas le seul à parler pour la gauche en France. Le personnage principal de la «gauche de la gauche» est Jean-Luc Mélenchon , un ancien ministre socialiste de l'enseignement supérieur, qui s'est séparée de la partie socialiste afin d'incarner la ligne "Die Linke" d'Oskar Lafontaine en Allemagne et de créer un parti plus radical à sa gauche .


Mélenchon mènera campagne avec les restes du parti communiste, autrefois très puissant, sous le nom de Front de Gauche. Les derniers sondages d'opinion indiquent qu'il pourrait obtenir près de 10% des voix, une augmentation significative par rapport à ses premiers jours.


Sont également classés à gauche, les défenseurs de l'environnement d' Europe-Ecologie-Les Verts- (EELV), qui ont fait des gains importants lors des élections locales et européennes, mais ils semblent promis à une lourde défaite en mai, avec leur candidat Eva Joly, une ancienne  juge anti-corruption d'origine norvégienne. EELV a un pacte électoral avec les socialistes, qui leur ont donné quelques circonscriptions pour les élections législatives de Juin 2012.


Il ya de grandes différences idéologiques entre ces trois familles de la gauche (non compris les deux partis trotskistes ; et l'ancien ministre de la Défense Jean-Pierre Chevènement, le souverainiste du parti).


Le principal défi pour la gauche n'est pas de pouvoir gagner: L'impopularité de Sarkozy va faire le travail pour eux, c'est au sujet de leur programme. Ni les socialistes, ni leurs rivaux de gauche ont été en mesure de produire un programme d'alternative crédible adapté aux crises des économies européennes qui sont actuellement en cours d'aggravation. Personne ne peut plus dire ce que le socialisme signifie aujourd'hui en europe, et plus particulièrement en Euro zone.


Le pragmatisme de François Hollande est sans doute le mieux adapté pour rallier les électeurs modérés. Mais il sera confronté à une forte pression sur sa gauche pour des réformes plus radicales, qui ne sont pas compatibles avec les engagements européens de la France et la pression des marchés obligataires.


Impatients qu'ils sont de revenir au pouvoir, les socialistes français savent que la victoire en 2012 est la partie la plus facile dans le défi qui les attend.

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