vendredi 13 janvier 2012

La Grèce, l'Italie, prises au piège d'une monnaie surévaluée : sortir de l'Euro c'est choisir la voie du redressement.



C'est loin d'être la première fois que des nations en crise doivent se battre avec une monnaie largement surévaluée. 
Il est extrêmement instructif d'étudier le cas de deux pays, L'Argentine et la Lettonie qui dans la dernière décennie, ont été confrontés aux problèmes qui hantent désormais les pays du sud de la zone euro comme l'Italie et la Grèce.


L'Argentine a pris ce que nous allons appeler la «voie de sortie», adoptant la thérapie de choc brutale et radicale de dévaluer sa monnaie. La Lettonie a suivi l'approche du FMI, de l'UE, et des investisseurs étrangers que même les membres de l'UE eux-mêmes frappés par la crise ont juré de suivre. C'est ce que nous appellerons l'option : rester dans la zone euro en prenant le douloureux chemin de la baisse des salaires, de la réduction des dépenses du gouvernement, et en libérant leurs marchés des règles de travail rigides qui tuent la productivité.




L'Argentine a rapidement restauré sa compétitivité, devenant l'une des économies les plus dynamiques du monde. La Lettonie, malgré la promulgation des réformes héroïque, aura du mal pendant des années avant de récupérer les niveaux économiques de la fin des années 2000.




Les leçons tirées de l'Argentine et de la Lettonie représentent un risque considérable pour l'euro. L'Italie, la Grèce ou l'Espagne pourraient considerer qu'il est dans leur intérêt de choisir la "voie de sortie" qui a si bien réussi à l'Argentine.


Les deux nations ont rattaché leur économie aux deux plus fortes devises: L'Argentine a attaché le peso au dollar au début des années 1990, et la Lettonie a attelé son lat à l'euro quand elle a rejoint l'U.E en 2004. 
L'Effondrement de l'Argentine est venu en 2001 et 2002, tandis que la Lettonie a implosé en 2008.


En accouplant leurs économies à des monnaies utilisées dans des pays à faible inflation, l'Argentine et la Lettonie ont été en mesure d'emprunter à des taux extrêmement favorables. Le crédit a explosé dans ces deux nations.
Cette hausse du crédit ne venait pas de la vente de plus de biens mais d'un boom de l'immobilier et des services domestiques. La hausse des prix et des salaires résultants de ce "boom" ont détruit leurs exportations, les importations étant beaucoup moins chères que les marchandises qu'ils produisaient à domicile. Aucun de ces deux pays ne pouvaient dévaluer leur monnaie pour baisser le prix de leurs exportations afin qu'elles puissent rivaliser sur les marchés mondiaux.


En fait, pour l'Argentine, le dollar - et donc le peso - ont continué d' augmenter après que le Brésil ait dévalué en 2001, rendant l'Argentine désespérément sous-compétitive. Pour la Lettonie, la crise financière mondiale a taris le flux d'argent facile qui avait fait d'elle la nation ayant la plus forte croissance en Europe au milieu et à la fin des années 2000 .


Le déboires économique de ces deux pays sont extrêmement semblables aux dommages causés par une monnaie surévaluée en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal et en Irlande.


Après sa dévaluation en Janvier 2002, le PIB de l'Argentine est entrée en chute libre, le chômage atteint 20%, et le peso a chuté à quatre pour un dollar. Mais étonnamment, l'Argentine à peine dix trimestres après le début de la récession était remonté à son sommet précédent. De 2002 à 2011, sa production a bondi de 94%, soit plus de 40% en comptant l'inflation, le plus rapide rebond de l'hémisphère occidental, et deux fois le rythme de croissance du Brésil.


L'Argentine est loin d'être un miracle. Son taux d'inflation est en pleine progression à nouveau, et elle est délaissée par les investisseurs internationaux depuis qu'elle a fait défaut sur ses 100 milliards de dollars de dette extérieure. 


Ne misez pas sur le fait que la Grèce ou l'Italie s'abstiennnent de faire de même.
En Lettonie, le PIB a chuté de plus de 22% en 2008 et 2009. Mais elle a quand même choisi de rester liée à l'euro, surtout depuis que le FMI et l'UE lui a accordé € 7,5 milliards de fonds de renflouement, près de 40% de son PIB actuel. Elle a fait l'effort d'accroître sa productivité en orientant les investissements dans des domaines tels que les ordinateurs et les produits pharmaceutiques. 
Pourtant, la Lettonie est coincée avec une monnaie qui est beaucoup trop chère pour lui permettre d'accroitre ses exportations ce qui a sauvé l'Argentine. Elle est confrontée à des années de stagnation et ne connait pas la prospérité que l'Argentine a su retrouver si vite. 
Le taux de chômage en lettonie s'élève à 12%, et le FMI prévoit que la Lettonie ne connaitra pas un retour au sommet de 2008, avant 2016.


Jusqu'où va aller l'euro ?
La question est de savoir si les PIIGS de l'Euro land sont prêts à souffrir le type de processus long, qui épuise actuellement la Lettonie engluée dans une très lente restauration de sa compétitivité. Jusqu'ici, les réformes réellement apliquées sont rares.


C'est le dilemme auquel la Grèce et les autres PIIGS sont maintenant confrontés. Les nations malades commencent à comprendre que "l'autre voie" (la sortie de l'Euro) est extrêmement séduisante. C'est douloureux mais c'est le moindre mal.
Si ces pays décident de faire ce qui est le mieux pour eux, et non pas ce que Berlin leur demande, alors c'est la «voie de sortie de l'euro» qui prévaudra.

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