Par Jonathan Frickert.
Ouf ! Considéré comme cas contact après avoir passé ce samedi avec le directeur du Tour de France Christian Prudhomme, lui-même positif au Covid, le Premier ministre Jean Castex a finalement été testé négatif au virus.
Un résultat qui, en raison de la nature de l’agent pathogène, lui impose tout de même de respecter un protocole sanitaire strict. Même les chefs de majorité sont sujets au télétravail.
Car chef de la majorité, le technocrate Jean Castex souhaite l’être pleinement. Encore faudrait-il que la majorité ne subisse plus l’érosion qu’elle connaît depuis trois ans, tenant uniquement sur la figure présidentielle dont beaucoup de marcheurs sont désormais revenus. Jean Castex, l’anti-Philippe
Grands patrons et élus de la majorité. Tout le capitalisme de connivence incarné par l’exécutif est synthétisé dans cette tournée de rentrée menée par le Premier ministre, oscillant entre les universités d’été du MEDEF fin août et les journées parlementaires des groupes de la majorité en ce début de mois de septembre.
Les trois composantes de la majorité – LREM, MoDem et Agir devenu UDI et Indépendants – dont le tout jeune locataire de Matignon souhaite s’imposer comme le chef incontesté, à moins de 20 mois de la prochaine élection présidentielle.
Il était censé incarner le virage girondin d’un président trop jacobin, Jean Castex souhaite incarner une fonction que son prédécesseur avait longuement délaissée : celui de chef de la majorité présidentielle.
Alors que, comme Édouard Philippe, il a la particularité de ne pas appartenir au parti majoritaire, Jean Castex ne souhaite pas pour autant quitter le navire de l’Assemblée nationale alors que le groupe majoritaire connaît un effritement sans précédent et que les chantiers des retraites et de l’insécurité seront au cœur de cette fin de quinquennat.
Tel est sans doute le paradoxe des chefs de gouvernements chez Emmanuel Macron. Édouard Philippe avait un minimum d’autorité nécessaire à diriger la majorité sans en avoir la volonté. Jean Castex, en bon technocrate au ordres de l’Élysée, en est dépourvu tout en affichant sa volonté de prendre en main les députés.
Il faut dire que ces derniers lui rendent bien. D’après le magazine Challenges, les élus de la majorité seraient particulièrement élogieux à l’égard de l’ancien maire de Prades.
« Dans les institutions de la République, le premier ministre est le chef de la majorité. Ça donne des droits, ça donne surtout des devoirs », a-t-il martelé aux journées parlementaires d’Agir.
Jean Castex semble donc vouloir revenir à la lettre de la Constitution en reprenant le flambeau accaparé par son supérieur direct, à savoir un chef de l’État souhaitant monopoliser les deux fonctions du binôme exécutif : l’incarnation présidentielle et la gouvernance primoministérielle.
Une confusion qu’évoque notamment l’avocat François Sureau et qui a inspiré l’ancien journaliste de The Independent John Lichfield au moment des spéculations autour du remplaçant d’Édouard Philippe.
Cette lettre de la Constitution à laquelle souhaite revenir le chef du gouvernement et éloignant la pratique des institutions de l’hyperprésidentialisation dont elles sont victimes interroge sur une reparlementarisation de fait du régime. Une majorité érodée
Ce n’est donc pas pour rien si le MoDem est désormais bichonné par l’exécutif. Seulement quelques jours après la nomination du président du parti à la tête d’un commissariat au plan sentant bon la naphtaline, les journées parlementaires du parti ont été l’occasion d’un rare exercice d’obséquiosité gouvernementale.
Pas moins de dix ministres, incluant le chef de l’exécutif, se sont rendus ce mardi aux journées parlementaires du parti fondé par François Bayrou et dont l’honneur de la clôture est revenu au Premier ministre lui-même.
Un exercice de baise-mains aux quelques députés MoDem dont deux ne sont ni plus ni moins que d’anciens du groupe LREM.
Des défections particulièrement remarquées, le groupe du parti présidentiel ayant perdu quelque 34 députés en trois ans.
Trois ans pour trois votes de confiance votés avec des majorités de moins en moins larges, passant de 370 voix en 2017 à 345, malgré de nouvelles défections à droite, le seul groupe LREM à l’Assemblée nationale, dont deux sommités de la Macronie se disputent la tête, a perdu 10 % de ses effectifs, perdant en début d’année la majorité absolue avec la création du groupe Écologie, Démocratie Solidarité, composé de 17 anciens marcheurs issus de la gauche.
De quoi expliquer les génuflexions autour du MoDem et d’Agir, permettant à la coalition présidentielle de conserver la main sur 60 % de l’hémicycle.
De quoi mieux comprendre le rôle que s’est désormais donné Jean Castex de redonner du souffle à une majorité ne tenant depuis 3 ans que sur l’unique personnalité d’un chef d’État adepte de l’hyperprésidentialisme.
La nomination de Jean Castex semblait relever du virage. La volonté affichée de ce dernier n’est pas de nature à détromper cela en évoquant une pratique plus proche du parlement.
Cette reparlementarisation des pratiques au sommet de l’exécutif sonne comme le retour de la realpolitik imposée par l’approche du prochain scrutin présidentiel. Le retour de la Troisième ?
Si cet effritement ne sonne rien de bon pour le chef de l’État, il sonne ni plus ni moins qu’un retour à pas feutrés d’un minimum de diversité au sein de l’Assemblée.
Il est ainsi intéressant de noter qu’il existe à l’heure où nous écrivons ces lignes 10 groupes parlementaires à la chambre basse, sans compter les non-inscrits. À titre de comparaison, la législature précédente n’en comptait que la moitié. Les législatures que nous connaissions sous la Cinquième République dépassant rarement les 7 groupes parlementaires, y compris au moment de la proportionnelle entre 1986 et 1988.
Il faut en effet remonter à la dernière législature de la Troisième république pour voir un nombre approchant de 9 groupes parlementaires.
La situation actuelle est donc très proche de ce que connaissent les démocraties parlementaires classiques dont le fonctionnement impose la recherche permanente d’un consensus au sein des chambres, souvent en raison d’un mode de scrutin à majorité relative ou de doses plus ou moins importantes de proportionnelles.
Loin de ces modes de scrutin, et si la majorité présidentielle est particulièrement cohérente sur le plan de sa sociologie, c’est bien sa nature composite sur le plan idéologique qui permet, ou daigne créer cette diversité pourtant étouffée au sommet de l’État.
En d’autres termes, le naturel des chapelles d’antan revient au galop. Reste à savoir si ce naturel survivra aux investitures et au carriérisme d’élus dont la réélection est loin d’être acquise. Ces articles pourraient vous intéresser: La République otage des hauts fonctionnaires ? Jean Castex, l’homme des « territoires » au secours de Jupiter Gouvernement Castex : pas de rupture mais une surprise Remaniement de façade et continuité socialiste
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vendredi 11 septembre 2020
19 ans après, comprendre le 11 septembre
Par Guy Sorman.
Pourquoi New York ? La ville fut désignée comme cible par Sayyid Qutb, le fondateur spirituel de l’islam politique contemporain. Jeune instituteur égyptien, invité en 1947 à New York pour y suivre un stage de formation, il fut pris d’une haine indicible pour cette ville.
À lire Sous l’ombre du Coran et Justice sociale en Islam, qui deviendront les Évangiles des islamistes, New York était l’anti-Islam comme d’autres furent l’Antéchrist. Il y souffrit particulièrement du racisme – sans doute en fut-il victime – et plus encore de la liberté des mœurs des femmes – leurs bras et jambes nus, l’été dans les rues de Manhattan, furent vécus par lui comme des agressions du Diable.
Après que Qutb fut exécuté en prison en 1966 par le régime de Gamal Abdel Nasser, ses disciples, dont Oussama Ben Laden, devinrent à leur tour obsédés par New York. L’objectif était symbolique : détruire les tours jumelles était à l’évidence une atteinte à la virilité américaine. La sexualité et ses fantasmes sont essentiels au comportement de l’Islam radical.
L’attentat du 11 septembre n’était donc pas tant un acte militaire que mystique : Ben Laden n’envisageait évidemment pas de conquérir l’Amérique. Mais par-delà le sacrifice inspiré par Qutb, le 11 septembre s’inscrit aussi dans une démarche stratégique : le véritable objectif de Ben Laden n’était pas New York mais La Mecque.
Ben Laden se percevait en nouveau Commandeur des croyants, destiné à restaurer le Califat dans la lignée de Mahomet : dans cette démarche, il lui fallait nécessairement prendre La Mecque ainsi que Mahomet y parvint.
Cette victoire exigeait que l’armée saoudienne soit vaincue ou qu’elle se soumette à Ben Laden : ce qui lui semblait possible si les États-Unis cessaient de soutenir le régime saoudien. Pareil pour la tyrannie égyptienne que Ben Laden estimait aussi manipulée par les États-Unis.
Il espérait donc que l’attentat contre New York frapperait les Américains au point qu’ils se replient sur eux-mêmes et renoncent à soutenir leurs alliés arabes. Les peuples arabes libérés de la tutelle des despotes pro-Occidentaux se seraient alors ralliés en masse à leur nouveau guide.
Le 11 septembre n’était donc pas, dans l’esprit de son auteur, un acte de terrorisme gratuit ainsi qu’on le qualifie en Occident , mais une guerre symbolique contre le Mal et stratégique pour le pouvoir : un mélange de mystique et de politique, comme l’est le mouvement islamiste tout entier.
Mais Ben Laden s’est évidemment trompé sur la réaction américaine : George W. Bush ne pouvait pas accepter un second Pearl Harbour sans réagir, et comme après Pearl Harbor, la réaction ne pouvait être que militaire. Les États-Unis sont une nation martiale peu portée à la négociation, ce que n’ont toujours pas compris les Européens qui auraient préféré des opérations de police plutôt que la guerre.
Ben Laden s’est trompé davantage encore sur son propre monde : exceptée une poignée de mystiques et de mercenaires, les Arabes n’ont aucun désir de retourner au temps du Prophète sous les ordres d’un Ben Laden.
On s’en doutait mais ils nous en ont assené la preuve : les révolutions arabes en cours (l’article a été rédigé en 2011, NDlR) ne se réclament pas de l’Islam radical, mais des droits universel de l’Homme.
Le 11 septembre, Ben Laden et sa mouvance ont gagné une bataille et perdu la guerre, une guerre qui opposait les musulmans à d’autres musulmans : l’Occident n’en fut jamais l’enjeu premier, mais l’occidentalisation du monde, oui.
�Article initialement publié en septembre 2011.
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Renouvelable : le lobby profite de la crise du Covid
Par Gérard Petit.
Les incertitudes liées à la situation économique actuelle, fortement contraintes par la Covid-19, étant l’occasion de remises en cause drastiques, il est vite apparu vital aux tenants de la ligne énergétique hasardeuse, du tout renouvelable, de devoir outrer leurs assertions, pour ne pas risquer un cinglant désaveu.
En effet, à la destruction des paysages et aux ardeurs tarifaires et fiscales, s’ajoute sans surprise l’absence patente de résultats en matière de lutte contre les émissions de GES, une situation pour le moins préoccupante ; il convient donc de rassurer !
Aussi, pour reconditionner d’urgence une opinion qui commence à douter, les déclarations gouvernementales et celles des partis supportant cette même dérive, ne s’embarrassent-t-elles guère d’objectivité. Renouvelable et truismes
Mieux vaut avoir l’opinion de son côté quand on veut la prendre à témoin et donc mieux vaut l’avoir préalablement conditionnée pour éviter les mauvaises surprises.
En France, dans le domaine de l’énergie (sa production, son utilisation et les sujets qui leur sont connexes, comme l’acceptabilité sociétale des processus considérés), la mode est justement de feindre de s’en remettre au bon sens populaire pour trancher sur tout et le contraire de tout.
C’est en effet au travers de sondages ou plus récemment d’enquêtes dédiées, devenus de véritables boussoles, que des orientations politico-technico-économiques se valident, s’infléchissent, capotent, ressuscitent…
Aussi, l’exécutif et certains partis politiques n’hésitent-ils guère à fourvoyer cette opinion pour parvenir à leurs fins, mêlant dans l’argument ce qui n’est pas miscible, identifiant des choses dissemblables, confondant des finalités sans relation et omettant ostensiblement des fondamentaux.
Les questions énergétiques sont, pour les travers précités et bien d’autres, une vraie terre d’élection. Les quelques exemples qui suivent en attestent, choisis dans notre système électrique. L’exemple du nucléaire
Alors que la politique énergétique du pays s’oriente quasi-univoquement vers la diminution des émissions de GES, on se prive de l’un des meilleurs leviers pour y contribuer en réduisant la part du nucléaire dans notre mix électrique… en invoquant la raison climatique !
Pour ce faire, on n’hésite pas, entre autres avanies, à laisser propager le message que le nucléaire serait un émetteur important et même un « réchauffeur global » quand on considère que les deux-tiers de l’énergie utilisée dans le processus sont directement perdus dans la nature (conséquence d’une limitation intrinsèque du rendement de la transformation de la chaleur en travail, qui vaut pour toutes les machines thermiques).
Et le résultat attendu est au rendez-vous, puisque dans un récent sondage 69 % de « l’échantillon représentatif » pensent que le nucléaire émet significativement des GES, proportion qui atteint 86 % pour la génération 18-34 ans.
Avec de telles croyances, on comprend mieux l’empressement des jeunes à suivre Greta Thunberg, laquelle déclare pourtant fonder son argumentation sur des éléments scientifiques incontestables, cette rigueur trouvant sans doute là ses limites.
Par ailleurs, même si on doit se garder des connexions hasardeuses, comme des généralités, comment ne pas voir dans cette désinformation des lycéens devenus étudiants, puis acteurs économiques, l’effet de l’enseignement rarement neutre reçu dans le domaine du nucléaire.
Il ne paraît pourtant pas pédagogiquement insurmontable d’expliquer que briser un noyau d’uranium est un processus différent de celui d’oxyder un atome de carbone !
Quant à l’échauffement direct par les rejets thermiques, il suffit de les comparer une fois avec l’énergie que la Terre reçoit du Soleil pour ne plus jamais reposer la question. La question des déchets
Voulant jauger les périls, relativement, on en arrive à mettre sur le même plan les dangers du réchauffement climatique et ceux que présenteraient les déchets nucléaires. Coup gagnant, puisque déjà cet argument vaut au nucléaire d’être exclu des financements européens destinés à soutenir la transition énergétique.
Les messages les plus radicaux ont fait loi, la question des déchets radioactifs étant considérée comme insoluble, et l’enfouissement en couches géologiques comme une tentative d’empoisonnement de la planète vivante.
Dilemme bien connu : il faudrait éviter de devoir risquer la peste nucléaire pour éviter le choléra climatique.
Mais là encore, tromperie absolue des opinions, car même en suspens cette problématique des déchets ne serait nullement à l’échelle de celle du climat.
Et c’est à grand renfort d’arguments éthiques et de symboles qu’on cherche à contourner les données physiques solides démontrant qu’une solution existe bel et bien. Et le service rendu pour le consommateur ?
Sur le plan économique, on se refuse à inter-comparer énergies renouvelables électriques et autres moyens de production, dont le nucléaire, à partir du seul critère qui vaille : « le service électrique rendu par les contributeurs », lequel intègre tous les paramètres signifiants.
En effet, indépendamment de son coût marginal de production (domaine où les énergies dites renouvelables sont imbattables, soleil et vent étant gratuits), une fourniture aléatoire déconnectée des besoins (un kWh subi ou manquant), n’a pas la même valeur marchande qu’une fourniture effective à la demande (un kWh à disposition), et parfois même pas de valeur du tout !
De même, la contribution au bon fonctionnement du réseau, en participant à la tenue de sa fréquence via l’équilibre production-consommation et de sa tension via la fourniture ou l’absorption d’énergie réactive, est une dimension essentielle à considérer, très largement occultée dans les comparaisons, car très défavorables au renouvelable. L’accès au réseau priorisé pour le renouvelable
Quand elles sont effectives, les productions d’énergie renouvelable sont généreusement prépayées (via l’obligation d’achat faite à EDF) et bénéficient d’un accès inconditionnel au réseau quels que soient les besoins de celui-ci, les autres contributeurs devant s’adapter.
Économiquement, cela revient à diminuer le volume du marché que se partagent les autres producteurs qui valorisent moins bien un parc de production qu’ils ne peuvent réduire qu’à la marge (compte tenu du caractère aléatoire de la contribution des dites énergies renouvelables), conduisant à une baisse des prix de vente, consécutive au déséquilibre offre-demande ainsi créé.
En résumé, au motif de soutien aux nouveaux arrivants, ceux qui continuent à assurer l’essentiel de la production et surtout garantissent la continuité de la fourniture, produisent de façon plus difficile et vendent moins et moins bien, minant ce qui constitue le socle de tout le système électrique européen et décourageant tout investissement lourd de moyens pilotables.
Mais un tel signal d’alerte ne franchit pas la censure médiatique, car orthogonal aux messages délivrés d’ordinaire et auxquels l’opinion s’est accoutumée. Les aides de l’Etat au renouvelable
Près d’un tiers du plan de relance gouvernemental (2020-2022) ira, nous dit-on, à la transition écologique, mot-valise s’il en est.
Et même si l’isolation des bâtiments et la mobilité électrique sont éligibles à la manne, une part importante d’icelle continuera d’être engloutie dans le soutien aux énergies renouvelables, dont le système électrique français n’a nul besoin et dont les équipements sont intégralement importés (pour les panneaux solaires) et importés (ou construits ou assemblés sous licence) pour les aérogénérateurs, leurs mats et leurs pales géants.
Parmi les mesures écologiques du plan de relance, seule l’isolation des bâtiments dont les habitants auront moins froid, moins chaud et dont les factures énergétiques diminueront, est vraiment vertueuse, car également propice à la création d’emplois pérennes.
Mais c’est une tâche gigantesque, dispendieuse et de très longue haleine, dont le bénéfice certainement positif pour le climat n’en restera pas moins hyper-marginal, à condition même qu’on ne se décourage pas en route.
En la matière, un autre levier possible est le changement du mode de conditionnement des bâtiments, avec le retour en grâce du chauffage électrique dans ses acceptions modernes (pompe à chaleur, convecteur intelligent…) option qui fait sens en France qui bénéficie d’un courant très largement décarboné.
Mais là encore, le chauffage électrique reste pour beaucoup synonyme de chauffage nucléaire, une image qui a surtout profité au gaz, et servie de plus par une réglementation le favorisant outrancièrement, biais qui n’a été que partiellement corrigé dans la dernière actualisation de la norme via la Règlementation Thermique 2020, une position pusillanime une fois de plus !
Mais les contempteurs ont encore plus d’une flèche en carquois, le chauffage électrique étant jugé responsable de l’exacerbation des pointes de consommation en France, lesquelles conduisaient jadis à mobiliser ponctuellement des moyens thermiques à côté du nucléaire et de l’hydraulique, et désormais à importer un courant rarement vert.
Un bilan global des émissions évitées par le chauffage électrique décarboné remet les pendules à l’heure, mais l’opprobre a été jetée, qu’une campagne de l’ADEME devenue Agence de la Transition écologique pourrait contrer efficacement. Mais l’organisme, dont les avis sont orientés de longue date, ne se commettra pas. Réduire le nucléaire… pour augmenter le gaz ?
Et le discret soutien du gouvernement au gigantesque projet gazier de Total en Russie (Artic-LNG), qui accrédite l’idée que l’étrécissement du nucléaire dans le mix électrique se fera bien au bénéfice du gaz… les masques tombent en tout temps, même en celui de la covid 19.
Et pourtant, l’objectif affiché de cette grande mutation, était la diminution des émissions de GES ; une erreur d’aiguillage, sans doute. Consensus fabriqué
Mais les opinions ne se forgent pas ex nihilo. Elles sont le résultat de courants d’influences, rarement le fruit de réflexions internes produites par l’information non faussée et la culture scientifique (surtout celle des ordres de grandeur, voire des unités utilisées), d’entités ou de penseurs indépendants.
Si, revenant aux sources lexicales, les lobbies sont des groupes de pression qui cherchent à influencer la puissance publique, c’est d’abord en pénétrant les opinions qu’ils agissent désormais, y gagnant une forme de légitimité (pour ne pas parler de blanchiment), quand les idées, les modes, les engouements, les phobies, sont repris par la gouvernance du pays après interrogation directe ou indirecte du bon peuple.
C’est même un jeu de billard à trois bandes, puisque les médias sont l’indispensable variable intermédiaire de cette mutation. Et quoi de mieux en effet, vu des lobbies, que réussir à convertir un vecteur aussi puissant, le chaînon magique pour arriver à leurs fins.
Les médias se prêtent à ce jeu, qui sert aussi leurs intérêts, on en arrive même à leur donner la paternité des idées qu’ils véhiculent en oubliant les sources partisanes qui les alimentent et les influences qu’ils servent.
La boucle peut même se contrôler, les vecteurs adaptant leur message aux évolutions des opinions, poussant ou retenant, c’est selon. Apprentis sorciers
Mais une fois initiée, la bascule des opinions peut être assez brutale. Ainsi, dans un contexte de grande incertitude favorisant l’émergence des radicalités, est-il apparu saugrenu et même coupable d’avoir depuis des années utilisé l’avion pour des vols intérieurs en France.
Pourtant, les paramètres sociaux ou économiques auguraux à long terme, n’ont pas varié dans l’intervalle, juste les perceptions vite devenues doxas, par un mécanisme d’unification rapide de la pensée. Que d’un coup, ce qui avait mis des années à se mettre en place, qui avait atteint un haut degré d’efficacité et de sophistication, et qui rendait à l’économie des services signalés, se voie délégitimé, ne signe guère la maturité de notre société.
Le secteur mis à mal par la covid-19 et qui, comme les patients, cherchait de l’oxygène, s’est vu conditionner l’aide de l’État à des réformes écologiques de son fonctionnement. Une équation insoluble, à l’exception d’une solution triviale revenant à clouer les avions au sol.
Dans le présent exemple, quand on aura constaté que le train en général, plus particulièrement le TGV, malgré des qualités insignes, n’est pas en capacité (au double sens du terme) d’offrir le même service, revenir en arrière ne sera pas facile.
Air France, pressée de changer de modèle, taille drastiquement dans sa flotte, dans ses lignes et dans ses effectifs, un remède de cheval pour Pégase, qui pourrait se transformer en Rossinante, voire ne pas survivre. Inhibitions
Une forme « d’appairage idées-media » s’opère assez naturellement en fonction des sensibilités politiques ou sociétales affichées, avec parfois des contradictions outrancières que l’opinion inhibée ne souligne pas.
Ainsi, des mouvements de gauche, voire de la gauche de la gauche refusent-ils de voir que le développement immodéré de l’éolien et du solaire et de toute la machinerie physique et intellectuelle associée (producteurs-consommateurs indépendants, îlots autonomes, secteurs à énergie positive, réseaux dits intelligents,…) enrichit démesurément, aux frais des contribuables et des consommateurs, des investisseurs opportunistes, dont le cœur s’est très récemment mis à battre fort pour la protection de la planète.
Ainsi, des mouvements censés préserver les habitants, leur santé, leur cadre de vie, soutiennent-ils ce qui conduit à une destruction des paysages, à la mobilisation de surfaces et de volumes considérables, au minage des sols par de gigantesques massifs de béton densément ferraillés et qui demeureront là, ad vitam aeternam, juste recouverts de quelques pieds de terre… sans parler des pales des hélices, en matériaux composites, dont on ne sait aujourd’hui que faire. Mêmes problématiques pour les panneaux solaires. Ces articles pourraient vous intéresser: L’imposture de l’éolien et du photovoltaïque Ni durable, ni renouvelable Le véritable scandale du nucléaire Hulot sur le nucléaire : un idéologue au pouvoir
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