Mercredi 2 septembre – toutes les chaînes de télévision allemandes – les grands médias se sont concentrés unilatéralement sur l’empoisonnement présumé de Novichok du critique russe de l’opposition, Alexei Navalny. Cette «�nouvelle » découverte de poison a été faite en …
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mardi 8 septembre 2020
Covid-19 : et si les consignes devenaient enfin simples et souples ?
Par Jean-Paul Laplace.
Nous attendons toujours le chef d’orchestre qui donnera le ton de manière univoque, pour tous et en tous lieux. Cependant, le principe de la loi est une chose mais le détail de sa mise en œuvre nécessite souplesse et tolérance pour que chacun se l’approprie.
Plongez un bâton dans une fourmilière et observez : ce petit monde ordonné devient en un instant le siège d’une activité fébrile de tous les membres de la fourmilière, quel que soit leur rang ou leur fonction.
Il en va de même chez les humains. L’annonce d’une pandémie a déclenché une activité fébrile dans toute la classe politique, chacun s’efforçant d’apporter sa contribution et ses propositions. Les discours des membres du gouvernement et des divers représentants de l’État, désireux de montrer leur investissement, ont une caractéristique commune : ils sont trop longs, répétitifs, parfois verbeux, laborieux, au risque d’endormir l’attention et de devenir contre-productifs. Le chef de l’État, le chef de guerre et les chefaillons
Sur la scène du grand théâtre de la vie politique, l’annonce de l’intrusion de la pandémie a été dramatisée : « Nous sommes en guerre » avait déclaré le chef de l’État. Reconnaissons qu’il est assez bon dans cet exercice de scène ; mais n’est pas Churchill ou de Gaulle qui veut !
En guerre contre un virus nouveau, soit ! L’objectif ayant été énoncé par le chef de l’État, pour conduire à la victoire, il faut un chef de guerre fort, compétent et respecté. S’agissant d’une situation sanitaire complexe, je ne vois guère que le service de santé des armées qui dispose tout à la fois des savoirs et du savoir-faire logistique indispensable pour faire face à une telle situation dans la cohérence et la discipline.
Mais la France dispose d’innombrables chefaillons aux ordres du pouvoir politique ou d’une technostructure, tous deux plus préoccupés de leur pérennité et de leurs privilèges que du résultat final.
On aura vu des ministres empêtrés dans leur propre discours et leurs contradictions, des directeurs d’administration centrale souquant ferme pour nous persuader que tout était sous contrôle, des préfets embarrassés, des agences de santé impréparées…
La France dispose aussi de grands scientifiques. Appelés à éclairer la décision politique, ils l’ont fait au mieux ; mais nécessairement en exprimant les doutes et les incertitudes inhérentes à la science et à la démarche scientifique.
C’est donc au chef que revient la décision… mais laquelle ? par quel chef ? à qui faut-il attribuer l’avalanche de contradictions, d’approximations, d’ordres et contre-ordres qui nous ont été délivrés par tous les niveaux hiérarchiques de l’État, et qui ont été amplifiés et éventuellement déformés par les tambours médiatiques ? Le diable est dans les détails
La saga des masques, déclarés inutiles avant d’être progressivement réhabilités puis recommandés, puis obligatoires, en est un exemple qui restera dans les annales.
Elle a illustré l’enchaînement consécutif au mensonge initial qui visait à détourner l’attention et à cacher l’absence de stocks de l’État mais aussi des acteurs directement concernés. La vérité aurait été mieux perçue.
Certaines communautés n’oublieront pas non plus qu’elles ont été privées de leurs commandes par l’exercice du droit de préemption de l’État perçu comme prédateur.
L’approximation a persisté jusqu’à une date récente dans le discours d’un ministre reconduit dans sa fonction, et consistant à dire : « Nous avons des masques… j’ai signé personnellement la commande ». Ne demandez pas la date prévisionnelle de livraison !
L’improvisation s’est amplifiée dans le débat sur la pertinence, ou non, du port du masque, où et quand. Et la question de la généralisation, ou non, de cette mesure simple à des villes entières ou à des quartiers, aux piétons et aux joggeurs, aux automobilistes et aux motards, mais on peut fumer ou manger son sandwich, ou pas … a fait couler beaucoup de salive et d’encre.
Ordres et contre-ordres se succèdent dans notre pays toujours aussi friand d’exceptions et de dérogations à des règles qui se veulent à la fois généralistes et pointilleuses mais se perdent dans des détails impraticables.
La pagaille est telle que, ouvrant une séquence d’information sur les derniers développements du port du masque vendredi 28 août 2020 vers 17 h, la présentatrice de BFM TV résumait l’opinion générale : « Vous n’y comprenez rien ? … Hé bien nous non plus ! »
La situation n’est guère meilleure si l’on regarde du côté des tests. Ceux-ci nous ont cruellement manqué durant les premiers mois de la pandémie. L’État fut long à accepter l’engagement des laboratoires non hospitaliers ; il le fut encore plus pour accepter l’offre d’appui des laboratoires vétérinaires.
La situation s’est améliorée si l’on en juge par le nombre de tests réalisés, mais la question de la stratégie de lutte fait débat chez les épidémiologistes. Faut-il focaliser les efforts sur les foyers, ces célèbres clusters, ou s’efforcer de tester systématiquement toute la population ?
Bref, la confusion règne et surtout elle dure, régulièrement entretenue par telle ou telle déclaration hâtive, imprécise, ou motivée par des arrière-pensées intercurrentes.
Quel chef donnera de la cohérence aux discours et à l’action ? L’avenir dans le rétroviseur�?
Préférons l’allégorie musicale à l’image guerrière : nous avons besoin d’un chef d’orchestre qui impose à chaque instrument d’exprimer sa propre voix cohérente et harmonieuse avec les voix des autres instruments, dans le respect d’une partition reconnue comme référence. Un chef d’orchestre ne sanctionne pas, ne verbalise pas ; il impose car il est reconnu pour sa rigueur et sa compétence.
Pour jouer ce rôle dans l’aventure de la pandémie, nous avions un Premier ministre, largement apprécié dans l’opinion, qui a su faire front face à l’avalanche initiale avec beaucoup de classe et de solidité. Mais il a finalement choisi (est-ce le mot juste ?) de se consacrer à une fonction municipale.
Un nouveau Premier ministre a donc été donné à la France, en la personne de Jean Castex, très présent sur le terrain durant ce mois d’août, avec un style radicalement différent.
Qu’il me pardonne mais, à chacune de ses apparitions dans un reportage de télévision, je revois immanquablement l’image tutélaire aussi vieillotte que sympathique de l’instituteur et secrétaire de mairie, garant de la République dans nos villages du temps où le même bâtiment abritait autour de la mairie l’école des filles et celle des garçons. Je revois cet homme respecté de tous les paysans alentour, sanglé dans sa blouse grise, et énonçant fermement les noms des départements, de leurs préfectures et sous-préfectures qu’il pointait de sa règle en bois sur la carte de France.
Au demeurant la nomination plus récente de François Bayrou à un Haut Commissariat au Plan vient renforcer le sentiment de retour en arrière de la classe politique ; retour vers le futur des Trente glorieuses, une forme d’exorcisme de la crise peut-être ?
Quoi qu’il en soit, le style du discours n’est peut-être plus adapté à notre époque, surtout s’il s’agit de plaider pour les gestes barrières et le port du masque ! Moins encore lorsqu’il devient moralisateur en conseillant aux grands-parents de ne pas aller chercher leurs petits-enfants à l’école !
La proposition est excessive si le port du masque et l’hygiène des mains sont respectés ; elle est maladroite car la présence des grands-parents est pour certaines familles la seule solution, et renvoyer à une aide périscolaire consiste à charger les collectivités locales ; et surtout n’oublions pas combien la solitude est mortifère. Bref, est-ce le rôle du chef de se noyer dans la mise en œuvre et user d’un langage affectif paternaliste ? Nous attendons toujours le chef d’orchestre ! Pour être efficace, faire simple et rester tolérant
Il aurait finalement été préférable de recommander d’emblée le port du masque en tous lieux et toutes circonstances, compte tenu de l’efficacité relative intéressante de cette mesure et de sa simplicité d’usage en complément des autres gestes barrières. Mais à condition de ne pas verbaliser et de laisser à chacun le soin et la liberté de s’aérer le visage lorsqu’il en éprouve la nécessité.
Pour ma part, je porte le masque de manière régulière, mais après une heure j’apprécie de me découvrir le visage quelques instants. Au-delà du confort, la généralisation récente de l’usage du masque au travail impose d’être conscient de l’effort et de la gêne considérables engendrés par le port du masque dans la durée et surtout pour tous les travailleurs soumis à des ambiances chaudes et à des efforts physiques importants dans leurs ateliers.
Il est donc évident que des aménagements et une tolérance raisonnable sont nécessaires dans bien des cas que la loi ne saurait énumérer a priori.
En ces temps de rentrée des classes, pensons aussi à nos enfants qui devront porter le masque toute la journée, y compris humide au retour d’une récréation un peu remuante ! Il sera nécessaire, inévitable, qu’ils aèrent de temps en temps leurs frimousses. Ils ne seront pas verbalisés, mais seront-ils l’objet de remontrances ? Pour ma part je parie que ce sont eux qui donneront l’exemple.
En définitive, il serait bon qu’un chef d’orchestre maîtrise la cacophonie et donne le ton de manière univoque, pour tous et en tous lieux. Cependant, le principe de la loi est une chose, mais le détail de la mise en œuvre nécessite souplesse et tolérance pour que chacun se l’approprie. Il faut donc laisser à chacun la faculté d’exercer sa liberté de manière responsable. Ces articles pourraient vous intéresser: COVID, prétexte pour mettre les Français sous tutelle (1) Sortir d’une crise sanitaire devenue folle Port du masque généralisé : bon sens ou non-sens ? Covid : Français, soyez « responsables » et surtout… obéissants
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Darwin menacé par l’idéologie décoloniale
Par Frédéric Mas.
Tremblement de terre au musée d’histoire naturelle de Londres. Un audit interne, inspiré par le mouvement Black Lives Matter, suggère que certaines collections présentées par la vénérable institution seraient «�problématiques ». Les spécimens recueillis par Darwin pourraient faire partie de celles qui sont menacées.
Le conseil d’administration du célèbre musée britannique a informé son personnel qu’il avait l’intention de réorganiser les salles et collections afin de respecter les injonctions morales portées par l’audit woke.
Partant du principe que « la science, le racisme et le pouvoir colonial sont intrinsèquement liés », et que les musées existent pour légitimer ce mariage épouvantable, la direction du musée a estimé que la « décolonisation » des esprits passait donc par l’acclimatation des sciences en général et des recherches de Darwin en particulier avec l’idéologie diversitaire. Darwin face aux puritains d’hier et d’aujourd’hui
Quand Charles Darwin publie le 24 novembre 1859 L’origine des espèces, il ne fait pas que révolutionner les sciences en général et la biologie en particulier. Il bouscule aussi les certitudes morales et religieuses de la société victorienne imprégnée de puritanisme qui est la sienne.
La théorie de l’évolution des êtres vivants par la pression de la sélection naturelle remet en question l’ensemble de l’architecture des croyances religieuses de la Grande-Bretagne du XIXe siècle, au point de déclencher l’ire des moralistes et une opposition des fanatiques religieux qui ne s’est toujours pas éteinte en ce début de XXIe siècle.
Le philosophe Daniel Dennett explique que la découverte du savant a remis en question la hiérarchie des connaissances qui faisaient autorité avant lui, et qu’il désigne sous le terme de « pyramide cosmique »1. Celle-ci est le produit intentionnel d’un Esprit, celui de Dieu, qui donne à l’ensemble du monde sa place dans la hiérarchie de l’Être et fonctionne comme premier moteur de l’activité du monde.
Seulement, observe Dennett, en admettant que l’aspect des plantes et des animaux ne sont pas le résultat d’une intention supérieure mais d’un processus régulier et relativement indépendant, celui de la sélection naturelle, alors pourquoi se contenter de cantonner l’explication à cette partie de la création et ne pas l’étendre à l’ensemble de l’expérience, y compris humaine ?
Et si l’Esprit n’était plus la cause première du monde et la précondition de sa mise en forme mais la conséquence du processus de sélection naturelle ? La révolution darwinienne a incité les esprits les plus brillants à mettre leurs certitudes à l’épreuve et les esprits les plus médiocres à réclamer la censure plutôt que la discussion.
Aujourd’hui, ce sont les élites culturelles britanniques qui s’inquiètent des atteintes aux bonnes mœurs que la science d’hier peut faire peser sur notre bel aujourd’hui.
Au nom d’une noble cause, la lutte contre le racisme, tout le monde est prié de faire son autocritique, et en premier lieu les institutions qui ont fait de la civilisation occidentale le phare contemporain de la liberté individuelle et un exemple pour le monde en matière de progrès scientifique et humain.
C’est que le nouvel antiracisme n’a pas grand-chose à voir avec l’ancien, celui qui combattait les préjugés raciaux au nom de l’universalisme des Lumières. Au contraire, la passion identitaire qui s’est emparée de la gauche américaine et de ses bastions culturels emprunte au lexique et au particularisme racial réactionnaire, le tout sur un ton punitif qui menace la liberté d’expression, et dans le domaine scientifique, la liberté de recherches.
La gauche identitaire s’est reconstruite une « pyramide cosmique » qui met au sommet de sa hiérarchie la sacro-sainte inclusivité, dont découle la nécessité d’éliminer tous les discours jugés offensants. Y compris dans le domaine de la science où les polémiques et les désaccords sont le lot commun des chercheurs.
Face à la pression médiatique, force est de constater que les institutions, qu’il s’agisse des universités, des médias ou des musées, offrent peu de résistance face à la nouvelle superstition des élites. Elles ont préféré baisser les armes plutôt que de défendre leur raison d’être. La communauté scientifique est-elle en train de se soumettre sans combattre ?
La peur de se retrouver dans le camp des « racistes » domine tout, et justifie l’effacement orwellien du passé et les sacrifices les plus fous. En se pliant aux recommandations de cet audit, le musée d’histoire naturelle de Londres reconnaît explicitement l’explication marxiste de son existence au sein du monde social.
Le musée n’a qu’une fonction idéologique, celle (superstructurelle) de justifier l’oppression des dominés par les dominants, et n’a donc d’autre solution pour continuer à exister que de se déconstruire, c’est-à -dire d’adopter des dominés contre les dominants. Et la science dans tout ça ? Elle a disparu.
La liberté scientifique est indissociable de la liberté d’expression.
Si depuis le XVIIIe siècle, les libéraux chérissent la liberté d’expression, c’est parce qu’ils y voient des bienfaits analogues à celle de la recherche au sein de la communauté scientifique, quitte à idéaliser une méthode qu’ils rêvaient de transposer à l’Homme2. L’esprit de compétition entre les thèses en présence, l’exigence factuelle de vérité, la rigueur des méthodes et la neutralité des acteurs sont un modèle commun aux sciences et au gouvernement par la discussion qu’est le gouvernement représentatif des libéraux.
La défense de la liberté des sciences est donc indissociable de la liberté d’expression. Darwin continue d’inspirer les scientifiques, les philosophes libéraux, les économistes, et à susciter la colère des bien-pensants. Voilà deux raisons suffisantes de le défendre aujourd’hui.
* Daniel Dennett, Darwin’s Dangerous Idea, Simon & Schulster, 1996. ↩
* Voir par exemple David Hume, Traité de la nature humaine, 1739. ↩
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